Zouzou

Le 28 novembre 2021
Zouzou, 8 rue Léopold Bellan, 75002 Paris
Du lundi au vendredi de 9h à 17h, samedi (brunch) de 10h à 18h.
Note globale : 12+
Situation : 12
Cadre : 11
Accueil : 11
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 2,40 €

Aux mots croisés du jour :
« Souvent pressée dès le réveil » (orange)

 

Zouzou : l’héroïne* du film ? Non, un coffee-shop voisin de la grouillante rue Montorgueil qu’on a repéré samedi dernier.
Il était plein comme un œuf : bon signe ! 

A l’ouverture aujourd’hui, pas un chat ! Première question avant même d’entrer : « Vous avez réservé ? »
Heu … Ouf, comme il est tôt, on a l’autorisation de s’installer.
Le cadre est comme l’accueil : fonctionnel et dépouillé. Pas plus que de sourire, on ne trouve de plantes vertes, coussins ou tableaux colorés. A trop vouloir épurer et se concentrer, il manque l’essentiel : un peu d’âme ! Pourtant, si la patronne** quitte l’industrie du luxe en 2017, c’est – renseignements pris – pour être « au cœur de l’humain et du rapport à la nature ».

Une superbe Marzocco*** me rassure néanmoins : avec une telle bécane, mon expresso ne peut être qu’à la hauteur, d’autant qu’il est préparé avec un café de spécialité. Mais mon cher et tendre fait grise mine : ni dessin, ni même mousse sur son Latte servi dans un verre tristement banal. Décidément, ce n’est pas notre jour !

Coup d’œil sur la carte : courte (ce qui est en général de bon augure) et inventive, elle change quotidiennement. Aujourd’hui, le jus de fruits réalisé sur commande est à base de pommes-poires-gingembre, le moelleux (qui attend sagement sous sa cloche de verre) aux noisettes et au caramel, et le brunch doit être fameux … si l’on en croit les clients qui arrivent à présent par grappes.

Les habitués s’agglutinent au comptoir, une (nombreuse) famille réquisitionne la table d’hôtes tandis que des duos investissent les banquettes. L’ambiance devient nettement plus chaleureuse.
La devise de Zouzou ? « Good food = good mood ! »  Mais cette bonne humeur, c’est surtout aux consom’acteurs qu’on la doit.

Pour conclure : des recettes qui font recette.

www.zouzoucafe.com

* Qui a donné son nom au film réalisé par Marc Allégret en 1934, avec Joséphine Baker et Jean Gabin.
** A 59 ans, Sophie Lambert est une passionnée de cuisine. Elle s’est inspirée des coffee-shops australiens, pour proposer,
avec sa fille et le chef-cuisinier, non seulement un bon café mais aussi de petits plats bios, faits maison, frais et de saison.
*** Machine à café expresso haut de gamme produite par l’entreprise italienne du même nom, fondée en 1927 à Florence.




Joe & the juice

Le 21 novembre 2021
Joe & the juice, 92 avenue Victor Hugo, 75116 Paris
Tous les jours de 8h à 20h
Note globale : 10
Situation : 13
Cadre : 11
Accueil : 5
Ambiance : 7
Café : 14 
Prix d’un café : 2,60 €

Aux mots croisés du jour :
« Libéré au bénéfice du doute » (euh)

 

Joe & the juice ? Kaspar (et non Joe !) en a l’idée en 2002, en découvrant les nouveaux cafés présents dans les magasins de Copenhague. Il quitte son agence de publicité et crée un bar à jus dans la boutique de vêtements de ses amis. Elle devient coffee shop et sandwicherie à base de produits sains, dans une ambiance urbaine pour millennials*.
Depuis, la marque ne cesse de se développer : New-York, Londres, Singapour, Séoul, Hong Kong. En France, elle débarque àl’aéroport de Nice, puis sous la coupole des Galeries Lafayette** en décembre 2019, et ici l’an dernier.

Gros tuyaux au plafond, photos en noir et blanc et néons rose fluo : il y a comme un air d’American Graffiti*** ! Sur le comptoir, des paniers géants débordant de pommes nous montrent que, oui, les fameux jus**** sont bien préparés à partir de produits frais. Quelques sièges le long des murs mais surtout un vaste espace au centre pour permettre le ballet des livreurs d’Ubereats et Déliveroo : s’asseoir n’est pas vraiment le concept ! « L’accueil » nous le confirme : ni bonjour, ni sourire … et l’impression d’être un peu des intrus ! Casquettes à l’envers, tatouages à l’endroit, les jeunes serveurs se concentrent sur la préparation des commandes. « New-York, new wave » lit-on sur leurs tee-shirts : elle est si glaciale, la nouvelle vague new-yorkaise ? On se sent à mille lieues du Danemark d’origine, pays le plus heureux du monde …

Heureusement, le café se révèle d’une grande délicatesse, avec ses arômes de fruits exotiques et sa légère acidité. Originaire du Honduras – nous précise le mur ( !) – il est servi dans un gobelet en carton avec une cuillère en bois « pour limiter l’impact environnemental ». Tant pis si c’est au détriment du goût !

Pour conclure : on dérange ?

https://www.joejuice.com

* Génération des personnes nées entre 1980 et 2000, qui ont grandi avec la révolution internet et vu émerger les technologies de l’information et de la communication digitale.
Le mot vient de l’adjectif anglais « millennial » qui signifie « millénaire ».
** Au deuxième étage de ces grands magasins du boulevard Haussmann … avec vue sur la coupole !
*** Film comique américain coécrit et réalisé par George Lucas en 1973  (NB. « Graffiti américain » au Québec) 
**** De fruits ou de légumes frais, dont le « Joe’s Identity » à base de chou frisé, brocoli, épinard, citron et concombre. 
Et pour les fans d’épices, « Herb Tonic » avec pomme, gingembre, curcuma, ananas et poivron rouge …




Le Brébant

Le 14 novembre 2021
Le Brébant, 32 bd Poissonnière, 75 009 Paris
Tous les jours de 7h30 à 4h30
Note globale : 13
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 10
Ambiance : 15
Café : 10 

Prix d’un café : 3,00 €

Aux mots croisés du jour : « Vers à pieds » (alexandrin)

 

Brébant ? « Le maître-queux, le général en chef des restaurants ! » disait-on.
Ce chef-cuisinier avait repris cet établissement des Grands Boulevards en 1865. Il y accueillait les « dîners » où les hommes d’influence de l’époque se retrouvaient à rythme régulier. « Académique » pour l’élite des institutions politiques, économiques et culturelles, « Quatre Saisons », « Spartiates » ou « Rigobert* » pour les artistes, «  Bœuf nature », « Homme à la Bêche** » ou «  Canard aux navets*** » pour les intellectuels, chacun avait son nom … dont certains laissaient penser qu’on y passait, aussi, de joyeux moments !

On les imagine, les Flaubert, Renan, Zola ou Goncourt, attablés dans cette salle immense aux gigantesques miroirs et statues dorées. Plus de sept mètres de haut !
Le style a changé, il est à présent plutôt néobaroque avec des accents tropicaux, mais les volumes restent impressionnants. Un long zinc cuivré de 15 mètres, d’énormes bouquets de lys à l’odeur entêtante, des forêts d’ampoules et une végétation luxuriante qui dégringole du plafond : tout est démesuré !

A l’arrivée, on s’installe comme dans un moulin. D’ailleurs c’est un moulin !
La patronne virevolte avec son plateau en donnant des ordres à ses employés. Une serveuse passe à grandes enjambées et nous tend les cartes d’un geste sec, sans s’arrêter. Pas besoin, nous savons ce que nous voulons ! Nous a-t-elle seulement entendus ? Eh, si : son collègue arrive peu après avec nos boissons. Impeccable dans son costume de limonadier (bretelles et cravate noires sur chemise et tablier blancs) … et nettement plus affable !

Notre crème est servi dans une chope siglée (original !) mais pour l’expresso, c’est une tasse basique, blanche, sans biscuit ni chocolat – autant dire, le minimum syndical. Le prix par contre est maximum ; la démesure est décidément partout ! J’ai limite dû prendre un crédit à la consommation pour pouvoir ajouter un sucre !

Pour conclure : la limonade est amère quand le patron se sucre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Brébant

* En cherchant comment le nommer, on réalisa que le Saint du jour était Rigobert … d’où ce nom pittoresque !
Auguste Lepage les décrit en 1884 : « Ces dîners sont très gais ; on y dépense beaucoup d’esprit, on y dit pas mal de bêtises et jamais on ne s’occupe de choses sérieuses, ce qui est le comble de l’esprit. Si, par hasard, une question grave est imprudemment mise en circulation, elle est aussitôt étouffée sous les rires et les plaisanteries. »
** Celui des rimeurs publiés par la Maison Lemerre, dont la couverture représentait bonhomme vêtu de cet instrument aratoire.
*** Nom trouvé dès le premier dîner au Brébant quand Cham, un caricaturiste, improvisa une fable intitulée « les Deux Canards » …




Le Saint-Patrick

Le 7 novembre 2021
Le Saint-Patrick, 24 rue Sainte-Barbe, 35 400 Saint-Malo
De 11h à 1h, 12h le samedi, 15h le dimanche
Note globale : 16
Situation : 16
Cadre : 16
Accueil : 14
Ambiance : 18
Café : 13 
Prix d’un café : 1,80 €

Aux mots croisés du jour : « Espace verre » (bar)

 

La nuit tombe sur la Cité corsaire … et la pluie ! Près de la Porte Saint-Vincent, des silhouettes furtives pressent le pas.
Au coin d’une ruelle, une lumière tremblote. Sur une vieille bâtisse aux volets verts, on distingue une enseigne :
le Saint-Patrick. La couleur est donnée, c’est un pub irlandais.

Poussons la porte. Surprise : une pièce sombre au cadre aussi vieillot que pittoresque, mélange d’Irlande et de cité malouine. Sur trois niveaux, les salles s’enchaînent, biscornues et encombrées d’un joli capharnaüm.
Tout est de bric et de broc, mais on fait de belles trouvailles : les bouteilles de whisky servent d’abat-jours, les tonneaux et fûts de rhum de tables. Pas de doute, on est dans un vrai pub marin !

Avis aux amateurs de football, handball et rugby :
des maillots recouvrent le plafond du bar et vous pouvez suivre les matchs sur de grands écrans.
Au premier étage, vous pouvez même les voir d’une banquette circulaire surplombant le rez-de-chaussée (insolite !) ou d’un des vieux strapontins qui l’entourent.
Vous préférez les fléchettes ? Lancez-vous dans une partie endiablée sur fond de vieux rocks bien choisis !
Pour une soirée entre amis, c’est vraiment le bon plan ! L’ambiance est toujours animée, même en basse saison, voire enflammée *. Les graffitis laissés sur les murs en témoignent. Eh, oui ! Ici, l’expression est libre. Les petits d’hommes qui accompagnent leurs géniteurs ce matin sont éberlués … et ravis !

Par contre, mieux vaut ne pas être PMR** : les escaliers sont (très) raides, et en plus, il faut prendre sa conso en bas puis l’emporter à l’étage. Heureusement, on y boit bien – avec modération, of course ! : bières au Fût (dont la Saint-Patrick, uniquement brassée pour eux), whiskies au choix hallucinant, Irish coffee … mais aussi simple café (Ouf !).
Les téméraires pourront tenter le Chouchenn, voire le rhum au piment maison … mais l’accompagneront de saucisson*** (c’est atrocement fort !) Me croirez-vous : il y a même un vin alsacien et les meilleurs bretzels du coin 😉

Pour conclure : un rocher sur lequel il est bon de s’échouer.

https://www.facebook.com/lesaintpatrickirishpub/

* Soirées étudiantes le jeudi, concerts le samedi – sans compter la Saint-Patrick ou « Paddy’s Day » :
chaque 17 mars, les Irlandais du monde entier se retrouvent pour la célébrer.
Le vert, couleur de leur pays, est de sortie et la bière coule à flots.    
** Personne à Mobilité Réduite.                                                        
*** Saucisson de qualité avec planche à découper (5 €).  

NB. Au 3 de la même rue, un café encore plus incroyable : http://lescafesdottilie.fr/la-java-saint-malo/