Les deux gares

Le 15 décembre 2024
Les deux gares, 1 rue des deux gares, 75 010 Paris
De 9h à minuit, 10h le samedi (fermé le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 12
Cadre : 13
Accueil : 15
Ambiance : 16
Café : 14
Prix du café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Signal d’alarme » (gare)

Le petit froid cinglant m’a donné envie d’aller chercher du pain d’épices au marché de Noël alsacien, Gare de l’Est*. Près du photomaton, une jolie brune attend son tirage. Amélie ? Eh non ! … Poursuivons vers la Gare du Nord* toute proche, où notre héroïne prenait le train d’Enghien-les-Bains : la rue d’Alsace et son bel escalier à double volée nous rappelle à nouveau le film**. Et tout en haut, sur l’esplanade qui surplombe les voies ferrées, la terrasse d’un bistrot qui porte bien son nom : les deux gares.

Il y a encore peu, on pouvait prendre son petit noir à l’avant d’une BB 222*** en guise de zinc. Ou s’asseoir sur des sièges de train pour casser la croûte. Ils ont été remplacés par des chaises Thonet**** et un comptoir de bois – carmin, comme les portes, verrières … et couleur des ballons***** ! Une ribambelle de quilles***** complète la déco.

Malgré la proximité des deux gares et leur brouhaha, l’endroit est étonnamment calme. Les voyageurs s’y réfugient nombreux le temps d’une correspondance : un couple arrivé de Bruges commande une bière avant de poursuivre vers la Suisse. Entre valises et poussette, une famille déjeune en attendant le Thalys. Devant sa crème brûlée, l’aînée ne boude pas son plaisir : elle casse la croûte sucrée à la pointe de sa petite cuillère (encore une fan** !) Un groupe d’anglaises tout juste descendu de l’Eurostar s’installe sur la banquette du fond pour se réhydra-thé. Tandis que, accoudés au comptoir, les papys du coin profitent de l’animation …

Pour conclure : du gros rouge qui se détache.

                                        https://hoteldeuxgares.com/fr/cafe.html

* La première dessert l’Est de Paris, de la France et l’Allemagne depuis 1849. La seconde le nord de Paris, de la France et ses pays limitrophes : l’Angleterre avec l’Eurostar ; la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas avec le Thalys depuis 1946 ; c’est aussi la première gare d’Europe pour le trafic, devenue Monument Historique en 1975.
** « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » a remporté un succès phénoménal avec 33,4 millions d’entrées, 13 Césars et 5 Oscars (mais refusé par Cannes !). Incarnée par Audrey Tautou, Amélie est une serveuse Montmartroise rêveuse et romantique qui observe les gens qui l’entourent et se plait à faire le bien (2001). 
*** Locomotive électrique de ligne bicourant de la SNCF, déployée à partir de 1976 et toujours en service.
**** Conçues en 1859 par l’industriel allemand Michael Thonet et plus connues sous le nom de « chaises bistrot » …
***** Verres à vin qui doivent leur nom à leur forme et bouteilles de vin à leurs formes et tailles analogues à celles des quilles.




Café de l’Est

Le 19 mars 2023

Café de l’Est, 78 bd de Strasbourg, 75 010 Paris
Tous les jours de 7h à 23h (8h le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 14
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 3 € (1,30 € au comptoir)

Aux mots croisés du jour : « C’est une menace » (Gare !) 

Inutile d’accélérer le train : le nôtre a été annulé sans crier gare, et au train où vont les grèves, il y en a pour un moment ! L’occasion d’une pause, d’autant que j’apprécie particulièrement l’ambiance des cafés de gares. A l’Est, je me mets en quête. 

A l’entrée des quais, de nombreux stands en servent dans un gobelet en carton. Et pour le boire sur place, c’est debout au milieu des courants d’air ! Juste en face, des enseignes internationales vous offrent un siège – après avoir fait la queue pour récupérer votre mixture … dans un gobelet en carton ! Où est la qualité, le service, le confort ??

Dépités, nous sortons. De l’autre côté de la rue, un café ordinaire en apparence avec ses tables en terrasse et sa véranda à l’angle. Qu’importe : tout sauf une chaîne. Et là, c’est la bonne surprise. L’intérieur est spacieux, confortable et chaleureux. De beaux volumes, des tons beiges et orangés, beaucoup de rondeur (Le comptoir et les (immenses) banquettes sont arrondis : très Feng-shui !) Griotte sur le Strudel, les grands lustres à l’ancienne dégringolant d’abat-jours coniques : j’adore !

Mais ce n’est pas tout : il y a aussi, et surtout, une vraie ambiance de brasserie de gare* : beaucoup de voyageurs – des parisiens, des provinciaux, des étrangers -, en attente de départ ou en retrouvailles. Une cohorte de serveurs et leurs plateaux qui virevolte entre les (nombreuses) valises : un service express qui ne manque pas d’entrain. Quel sens de l’équilibre, il faut les présenter à la course des garçons de café !** Impeccables dans leur tenue traditionnelle***, tous sont souriants et attentionnés du début à la fin (rare !) Ah, on peut dire qu’ici, ça brasse !  

Pour conclure : une affaire qui roule.
                                
                                        http://www.cafedelest.com 

* La dénomination « Brasserie  » vient des brasseurs qui créaient des lieux de vente de leur bières.
Ceux d’Alsace arrivèrent dans la capitale à la création de la ligne de chemin de fer entre Strasbourg et Paris en 1852.
** Course mettant à l’épreuve les talents de rapidité et d’équilibre des serveuses et garçons de café. Ils doivent courir avec un plateau sur lequel sont déposés des verres et une bouteille remplis de liquide, sans les renverser, sur un parcours donné.
*** Long tablier blanc sur chemise blanche, gilet et pantalon noirs … d’où leur surnom parfois de « pingouins » !




L’Imprévu

Le 1er janvier 2023
L’imprévu, 30 bd Bonne Nouvelle, 75 010 Paris
Tous les jours de 8h à 2h 
Note globale : 13
Situation : 15
Cadre : 13
Accueil : 8 
Ambiance : 15
Café : 14  
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Planches à billets » (théâtre)

Comme lui*, j’aime flâner sur les grands boulevards, 
Y a tant d’cinés, tant de théâtres**, tant de cafés pour boire.
J’en ai choisi au hasard : « L’imprévu » et sa terrasse
En retrait des voitures et passants trop pressés, 
Inattendu avec ses chaises en osier
Recouvertes de fourrures moelleuses à souhait,
Où, tranquillement installés,
On en oublie le temps qui passe …

Un lendemain de Saint Sylvestre
La coupe (de champagne) est pleine :
On préfère l’café sans conteste
Et les belles bulles d’la mousse du crème …
Trop tôt pour croiser, à l’improviste, des acteurs,
Mais les touristes américains ne boudent pas leur bonheur :
Improbable, leur petit déjeuner, œufs au plat sur viande grillée
avec frites aux truffes et jus d’oranges pressées.

« Meilleurs voeux 2023 ! » s’enthousiasme un habitué ;
« Pour passer une bonne année », bougonne le patron,
« Il faut faire des efforts qui sont payants dit-on, 
Mais moi qui avais du mal à en faire, si en plus il faut payer … »
On n’est pourtant tout près d’une Bonne Nouvelle, 
D’une belle rencontre, d’une jolie ritournelle,
Des lumières scintillantes et de grands espoirs, 
C’est pour ça qu’on aime flâner sur les grands boulevards …

Pour conclure : début d’année … Imprévu.

https://youtu.be/BXPAdwQ4YZs

* Yves Montand chantant « J’aime flâner sur les grands boulevards » (1950).
** Le Grand Rex (salle de cinéma aussi mythique que gigantesque, inscrite aux monuments historiques), le Gymnase (célèbre théâtre accueillant jusqu’à 800 spectateurs depuis 1820) et le Jamel Comedy Club (scène accueillant de jeunes talents pour des spectacles d’humour ou de world music).




République of Coffee

Le 24 avril 2022
République of Coffee, 2 bd Saint-Martin, 75 010 Paris
De 8h30 à 19h (9h le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 13
Accueil : 16
Ambiance : 14
Café : 15 
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Donne de la voix » (vote)

 

La République est à l’honneur : on (ré ?)élit son président !
Résultats ce soir. En attendant, on patiente non loin de sa place.
Elle est loin d’être l’endroit le plus glamour de la capitale malgré sa coûteuse rénovation. Mais à quelques mètres, on a déniché un coffee shop beaucoup plus cozy. De la place, on aperçoit sa grande verrière et son enseigne en néon rose flashy, « Graïn » tellement instagramée* que beaucoup pensent (à tort) que c’est son nom.

Murs et plafonds vitrés côté boulevard, pour profiter du moindre rayon de soleil, en miroirs côté salle pour démultiplier l’espace, mais une même déco design.

L’équipe est au taquet, discrète et attentive malgré les clients qui arrivent sans discontinuer : des touristes (beaucoup !), des geeks du café (comme nous !), quelques nomophobes** et deux accros à Street Fighters 2 qui s’affrontent sur la Super Nintendo du fond.

Un coffee-shop vend du bon café. Evidemment. Effectivement, il est déjà prometteur au nez ; notre palais confirme ensuite. Mais si vous vous sentez l’âme d’un aventurier, demandez-le agrémenté d’un sirop de citrouille épicé, de lait chaud, de mousse de lait et de cannelle*** ou en version vanille au Charbon****. Ceux-là, vous ne les trouverez qu’ici !

Autre originalité du lieu, des spécialités mexicaines pour se sustenter, à l’image du chef choisi en 2016 pour l’ouverture : c’est ainsi que notre République of coffee est devenu le premier coffee-shop mexicain de Paris ! Ni cactus ni s ombreros, mais des burritos, quesadillas et guacamoles – avec une petite touche US, tout de même !

Pour conclure : Vive la République et surtout … vive le café !

                     https://www.instagram.com/republiqueofcoffee/?hl=fr

* Cf. Instagram, application, réseau social et service de partage de photos et de vidéos lancés en 2010.
** Contraction de « no mobile phone » et de « phobia » : qui a peur d’être séparé de son téléphone.
*** « Pumkin Spice Latte »                               
**** « Charcoal laté »




La P’tite Bougnate

Le 6 février 2022
La p’tite bougnate, 85 bd de Magenta, 75010 Paris
Tous les jours de 7h à 1h, accessible
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 14
Accueil : 16
Ambiance : 15
Café : 12 
Prix d’un café : 2,50 €

 

« Bougnate » rime avec auvergnate … et pour cause : après avoir été porteurs d’eau*, frotteurs de parquets, rémouleurs, étameurs ou chaudronniers jusqu’au Second Empire, ces immigrés
du Massif Central se tournent vers le commerce, dont les fameux « cafés-charbons ». A la fois fournisseurs de charbon et débits de boissons, le mari livre le premier tandis que la femme sert les secondes aux clients. Associé à « charbonnier », « Auvergnat » devient « charbouniat », puis « Bougnat** ». De nos jours, leurs descendants*** sont encore nombreux à tenir les cafés et brasseries de la capitale … 

Celui-ci est au cœur du quartier populaire d’entre les gares de l’Est et du Nord, face au marché
St Quentin. L’animation ne manque pas sur sa terrasse, d’autant qu’elle donne sur le boulevard Magenta, très passant … donc bruyant !

Heureusement, l’intérieur est plus calme, surtout dans l’alcôve discrète et chaleureuse et l’arrière-salle. Sur le mur, on découvre la devanture d’un magasin « Bois-Charbons » qui rappelle l’origine des propriétaires. Quant au lavabo posé sur ancien support de machine à coudre Singer, il évoque lui aussi une époque révolue …

Le café de notre bougnate est brutal à l’attaque – du genre, à prendre avant d’aller au charbon !**** -. Elle le sert sans fioriture : ni biscuit, ni chocolat, ni même petit verre d’eau.
Par contre, son copieux petit déjeuner est frais et sa cuisine savoureuse.
Et elle a même de la bière Météor***** … pour honorer ses voyageurs alsaciens 😉

Pour conclure : plats massifs et situation centrale.

https://ptitebougnateparis.fr/fr

* Notamment pour les bains dès le XVIIè siècle.
** Le prototype du bougnat qui a réussi est sans doute Marcellin Cazes. Né à Laguiole en 1888,
il est d’abord commis chez un bougnat, avant d’ouvrir son propre établissement, dans le 11e, puis aux Halles, en 1920 la brasserie Lipp déjà réputée (http://lescafesdottilie.fr/brasserie-lipp-saint-germain-des-pres-paris/) et en 1931 le Balzar (http://lescafesdottilie.fr/le-balzar-paris/)
*** En 2016, on compte 500 000 descendants de bougnats en Île-de-France, possédant 6 000 cafés, hôtels et restaurants, 40 % des cafés-brasseries et 15 % des bars-tabacs (contre
80-90 % de ces établissements dans les années 1980).
**** Faire quelque chose de très dur (allusion au travail pénible des mineurs).
***** Meteor est une brasserie indépendante alsacienne fondée en 1640. Elle revendique d’être la dernière grande brasserie alsacienne indépendante et le plus ancien site brassicole de France encore en activité. Elle met également en avant le caractère familial de sa direction et de son identité alsacienne. Son effectif est stable depuis 1996 et compte 200 salariés. En 2019, elle a ouvert l’un des plus grands bar-restaurants de Strasbourg (10 rue du 22 novembre devenue Gustave Doré, capacité : 1400 clients !)




Ten Belles

Le 3 octobre 2021
Ten Belles, 10 rue de la Grange aux Belles, 75010 Paris
De 8h à 17h en semaine, 9h à 18h le week-end
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 12
Accueil : 13
Ambiance : 15
Café : 17 
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Est à Londres » (east)

 

Ten Belles ? C’est le nom d’un coffee-shop ouvert par deux anglaises*, en référence au numéro et au nom de la rue ET en souvenir d’un pub de l’est londonien fréquenté par elles autrefois. Dans le quartier du canal Saint-Martin, il est incontournable. A côté d’un fleuriste dont les plantes s’étalent largement sur le trottoir, de hautes fenêtres éclairent son étroite façade. It’s raining again : on est heureux de s’y réfugier pour se mettre au sec !

L’intérieur est un peu étriqué mais lumineux. Avec ses meubles en bois aux pieds de couleurs vives, il est chaleureux bien que rudimentaire. Face aux banquettes et tabourets, on compte une douzaine de (toutes) petites tables rondes : 3 sur le trottoir, autant face au comptoir, 2 dans l’arrière salle et 4 dans la mezzanine, soit le double de convives au maximum – pas plus, mais guère moins !

Un doux parfum de café fraîchement torréfié flotte dans l’air. Tout droit venu de la brûlerie de Belleville**, il se révèle digne d’un grand cru. Le Latte de mon cher et tendre est d’aussi bonne facture et son dessin parfaitement exécuté ; dommage que la mousse ne soit pas plus crémeuse …

D’autres bonnes effluves nous parviennent, celles des douceurs confectionnées sur place – aux accents british, of course : cookies, scones, muffins, banana bread, cakes en tout genres … dont le fameux carotte cake glacé au beurre de cacahuète !
A midi, l’ardoise affiche une soupe, une salade et deux sandwiches dont un grillé – avec une mention spéciale pour le pain au levain dont la croûte bien foncée et la mie aérée ravissent les amateurs …

Pour conclure : rien ne cloche*** !

https://www.tenbelles.com

* Le duo en a ouvert deux autres : 53 rue du Cherche-Midi dans le VIè et 17 rue Bréguet dans le XIè.
** Torréfacteur de café frais et d’assemblage de spécialité, il s’adresse aux particuliers et aux professionnels.
NB. On peut aussi assister à la torréfaction (14b Rue Lally-Tollendal, XIXè) et participer à des cupping.
*** Traduction de « bell » en anglais 😉




La Consigne

Dimanche 13 septembre 2020 

La Consigne, Gare de l’Est, rue d’Alsace, 75010 Paris
Tous les jours, de 8h30 à 21h (9h30 le dimanche)
Prix de l’expresso : 2,90 €

Aux mots croisés du jour, la meilleure def’ :
« Doublé au quotidien » (train)

 

Consignés ! Le Covid 19 repart à un train d’enfer ; si on ne se met pas tous aux abris, au train où vont les choses,
on risque un nouveau confinement. Mais où trouver une consigne ? Dans une gare bien sûr !

Sur les pavés de la cour d’honneur de la Gare de l’est, quelques tables invitent à se poser. C’est la terrasse d’une brasserie installée à l’entrée du grand hall, en lieu et place de l’ancienne consigne dont elle a repris le nom.
N’allez pas pour autant imaginer un cadre banal, bien au contraire.
Une hauteur sous plafond impressionnante, un imposant comptoir Art nouveau, deux immenses tableaux ferroviaires*
et pour accéder au premier étage, un escalier monumental. On en serait presque intimidés, d’autant que les tables sont recouvertes de nappes immaculées. Sans doute faut-il mener grand train pour s’y asseoir …

Pas forcément. Avoir un certain train de vie certes, comptez plutôt un tarif de première classe, mais on n’est pas non plus au Train bleu**. Et puis, c’est presque un passage obligé pour qui veut attendre son train, passer le temps entre deux correspondances ou fêter des retrouvailles à l’arrivée : c’est l’unique brasserie de la gare. Députés européens pour Bruxelles ou Strasbourg, hommes d’affaires pour l’Allemagne ou le Luxembourg, familles pour le Grand Est ou barons
du rail*** avant de reprendre leur cabine de train, tout le monde s’y croise.

L’ambiance est feutrée. On chuchote, on pianote sur son téléphone ou son ordinateur,
on se plonge dans un roman de gare ou un recueil de poésies :

«  Le temps nous égare, le temps nous étreint,
    Le temps nous est gare, le temps nous est train » ****

Pour conclure : une carte qui chemine haut.

http://brasserie-laconsigne.fr

* Une vieille locomotive au charbon et l’incontournable horloge de la gare au siècle dernier.
** Restaurant gastronomique de la Gare de Lyon.
*** Conducteurs de train.
**** Jacques Prévert.




Brasserie Bellanger

Dimanche 7 juin 2020

 

Brasserie Bellanger, 140 rue du Faubourg Poissonnière, 75 010 Paris
Tous les jours de 8h à minuit
Horaires post-confinement : jusqu’à 22h.
Prix de l’expresso : 2,50€

 

Marie-Louise Bellanger compilait soigneusement ses recettes dans un petit carnet … resté confiné au grenier des années !
Un siècle plus tard, Charly, son arrière-arrière-petit-neveu le découvre par hasard. Fils de cuisinier, il est tout de suite intéressé – que dis-je : passionné ! Il vient de trouver une pépite, un morceau de notre patrimoine culinaire !
Il était ingénieur ? Qu’à cela ne tienne ! Il passe ses CAP de cuisine et pâtisserie. Avec Victor, son inséparable copain,
il teste ensuite des dîners entre amis. Puis le duo se lance avec un restaurant éphémère suivi de cette brasserie près de
la Gare du Nord. Depuis un an, leur carte vintage affiche des plats traditionnels* inspirés de cette belle époque familiale.

La salle est chaleureuse : guirlandes de plantes et de néons, sièges en velours et tables dorées pour le glamour.
Mosaïques et affiches anciennes ajoutent un côté rétro et la vaisselle dépareillée une touche  bohème – mention spéciale aux pichets en forme d’animaux ! Le portrait de l’aïeule trône en bonne place à l’entrée. Et du bar en marbre, on aperçoit
la cuisine ouverte où l’équipe s’affaire dans un joyeux brouhaha.

Mais impossible de s’y installer aujourd’hui. Si le rideau a pu se lever mardi, seule la terrasse est autorisée,
post confinement oblige. Heureusement, elle a triplé de volume. Grâce aux places installées sur les emplacements
de stationnement**, elle est passée d’une vingtaine à plus de 70. Et ça ne désemplit pas ! Après 77 jours de fermeture***, les clients sont trop heureux de retrouver un espace de convivialité. La file d’attente s’étire sur le trottoir mais les serveurs les soignent aux petits oignons. Ils assurent un masque pour tous les installer 😉 !

Enfin à nous ! Servi dans une tasse en grès, le café est une divine surprise. Une attaque ronde et harmonieuse,
suivie d’une belle longueur en bouche. C’est qu’il vient de chez Joris, meilleur torréfacteur de France – excusez du peu !
Le dimanche, on le savoure avec l’un des desserts du brunch, un cookie incroyablement croustillant et moelleux, accompagné de boules de glaces choco-noisette et caramel au beurre salé …

Pour conclure : on est partant pour un Charly hebdo.

https://victoretcharly.com

* Tous faits maison à partir de produits en provenance directe de petits producteurs, le tout pour un prix modique.
** Conformément à l’autorisation de la Mairie jusqu’à la fin du mois de septembre.
Cf. Règles d’ouverture post-confinement pour les cafés : http://lescafesdottilie.fr/bientot-en-terrasse/    
*** Durant le confinement, le chef a partagé quelques unes de ses recettes sur le site.
Celle du (très gourmand) coulant au chocolat notamment, devait permettre aux clients de tenir le … choc !




Bistrot du théâtre de la Renaissance

Le 9 juin 2019

Bistrot du théâtre de la Renaissance, 19 rue René Boulanger, 75010 Paris
Tous les jours, de 7h à 2h
Note globale : 12
Situation : 13
Cadre : 13
Accueil : 10
Ambiance : 13
Café : 11
Prix d’un café : 2,40 €

Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’(*) : « Vide les baignoires pour remplir les lavabos » (entracte)

Acte 1 : exposition

Un bistrot parisien typique jouxte le théâtre de la Renaissance et sa jolie façade baroque à l’italienne.
Face à l’Arc de triomphe de la Porte Saint Martin**, il étale sa première terrasse sur le parvis ensoleillé,
en retrait des Grands boulevards. La seconde donne sur une petite ruelle piétonne pleine de charme,
plus calme encore.

Acte 2 : intrigue

On entre dans la Belle Epoque : vieux ventilateurs, chaises rétro, vrai comptoir en zinc et affiches de théâtre.
Mais nulle âme qui vive. Et sur les tables, à 10h du matin, le couvert est déjà mis.
Nous acceptera-t-on pour une simple boisson ?

Acte 3 : renversement de situation

Un ours surgit de l’arrière-salle – en fait non, on a plutôt l’impression qu’il arrive tout droit de ses montagnes.
Le genre bourru, pas vraiment relations publiques.

Acte 4 : coup de théâtre

Des habitués arrivent qui s’installent au comptoir. Rapidement, le vin coule dans les gosiers,
épongé par quelques rondelles de saucisson. Et très vite, tels des acteurs en tournée,
ils échangent des répliques gouleyantes reçues zinc sur zinc par notre ursidé qui semble apprécier
cette pièce en verres : il se détend.

Acte 5 : dénouement
C’est bruyant, on est serrés mais l’ambiance est devenue conviviale et chaleureuse.
Et vous n’allez pas me croire, mais la Bête a même accepté de nous servir un café !
Pas du haut de gamme (il aurait besoin d’un bon torréf-acteur), mais correct.

Pour conclure : un ours des tavernes … qu’on a failli tailler en pièces !

http://bistrotrenaissance.fr

* De Tristan Bernard, romancier et auteur dramatique français, célèbre pour ses mots d’esprit (1866 – 1947) 
** Populaire et vivant, ce quartier regorge de théâtres :
celui de la Renaissance mais aussi la Porte Saint-Martin, le Petit Saint-Martin, le Splendid et la Gaîté Lyrique.




Le Bistro

Le 25 novembre 2018

Le Bistro, 32 bd Magenta, 75 010 Paris
Tous les jours, de 7h à minuit (8h le WE)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 17
Café : 15
Prix d’un café : 2,40 €

Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Elle a des mains ravissantes » (kleptomane)


Au retour de balades le long du canal Saint-Martin pour rejoindre la République,
nous étions passés devant à plusieurs reprises ; c’était toujours plein,
aussi bien en terrasse qu’à l’intérieur : plutôt bon signe, nous étions-nous dit …
malgré l’avertissement de la devanture : « Patron méchant mais aubergiste quand même ! »

Alors, aujourd’hui, nous y voilà … et toujours beaucoup de monde, autochtones
et touristes. Il est vrai que ce Bistro a quelque chose de typiquement parisien avec ses petites tables guéridon collées les unes aux autres, ses banquettes de velours rouge, son vieux bar
en bois recouvert de zinc et … ses poteaux plantés au milieu !

Sur l’antique et majestueux miroir est ajouté à la main :
« La jouissance du ventre est le principe et la source de tous les plaisirs de l’homme ».
Formule d’Epicure, dont on retrouve bien la philosophie, mais qui correspond tellement
à notre Hexagone : que serions-nous, nous autres Français, sans les plaisirs de la table ?

On vient donc ici boire ou se sustenter dans un cadre confortable et chaleureux,
qui a su garder tout son cachet. Nul écran pour polluer l’atmosphère, juste une douce musique doublée du chuintement de la machine et du cliquetis des tasses : un vrai Bistro*, quoi !

Il reste deux places dans la petite alcôve attenante, face à un mur recouvert d’une kyrielle
de mini tableaux ; nous n’y serons pas pour autant oubliés : la serveuse a l’œil à tout et gère
les commandes avec une efficacité sans faille malgré l’affluence.
Une bonne surprise aussi avec le café, plein de saveurs …
tandis qu’un coup d’œil à nos voisins nous donne envie de revenir tester le brunch !

Pour conclure : il donne envie de dire bis trop souvent !

https://www.pagesjaunes.fr/pros/55343179

* On lui prête une étymologie fantaisiste mais suffisamment plaisante pour être citée :
le mot proviendrait du russe быстро, bistro (« vite »), que les Cosaques stationnés à Paris en 1814 auraient utilisé pour apostropher les cafetiers.