Chez Titine

Port de Perroz-Gireg (Côtes d’Armor) | Dimanche 8:00 à 20:00

Note globale : 14

Situation : 16  | Cadre : 11| Accueil : 14 | Ambiance : 17 | Qualité du café : 12

Prix d’un café : 1,10 €

Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’ : « Triste fin pour une vedette » pour « Epave »

Difficile de trouver un troquet ouvert tôt le dimanche en cette saison ! Heureusement, il y a Titine, toujours aux commandes, malgré ses 85 automnes …

Quatre petites tables, un comptoir typique années 50, un papier peint bleu ciel aux motifs marins, un lustre d’après-guerre, le canevas d’un matelot accroché au mur, un énorme bidon de lait posé dans un coin et quelques fleurs des champs … Le frigo lui par contre est flambant neuf : un article du Trégor nous a appris que l’ancien a été mis aux enchères (Il ne fermait plus que grâce au gros élastique qui en faisait le tour !). La théière aussi est toute pimpante ainsi que la petite tasse de grès pour le café. Ce dernier n’est plus servi à la casserole mais sort tout droit d’un percolateur … et a beaucoup gagné en qualité ; il y a même un petit chocolat avec !

Déjà de l’animation à cette heure : la patronne est en grande conversation avec deux clients accoudés au comptoir, le bonnet vissé sur la tête, et un troisième affalé sur une chaise voisine. Leurs accents très marqués font souffler comme un vent de Bretagne sur la petite salle. Il y a de la protestation dans l’air : les fonciers, la taxe professionnelle, la TVA ; tout y passe ! « V’là, c’que c’est qu’d’être riche ! » conclut Titine dans un grand éclat de rire.

On entend Radio Bonheur en sourdine (« La radio qui compte pas pour du beurre ! ») : de l’accordéon, des petites annonces et de vieilles chansons dont celle du loup, du renard et de la belette qui donne à notre octogénaire des envies de guincher : elle esquisse quelques pas en faisant glisser ses charentaises lie-de-vin, tout en effectuant des mouvements de bras pour les accompagner à la bretonne. « Un vrai bal musette, que c’est chez toi ! » se moque gentiment l’un des clients.

Suit une chanson des années 30 qu’elle accompagne de sa voix chevrotante : « J’ai gardé ta photo sur mon cœur ! », tout en arborant un sourire béat. « Pour une fois qu’il fait beau ! » soupire alors le plus âgé tandis que ses deux compères opinent du bonnet. « Vous m’gâchez tout ! » se plaint-elle. «Tu chantes mieux qu’un cheval » la console le second … « mais tu cours moins vite ! » rétorque le troisième comme pour l’achever …

Ils repartent bientôt, remplacés par un ouvrier en bleu de travail et cheveux gris en catogan. Il demande combien ça lui fera pour un petit blanc. « Ce s’ra 1,20 jusqu’au jour de l’an. Après, ça s’ra plus cher, on n’a pas augmenté depuis 5 ans ; alors ça s’ra 10 c de plus, sauf pour le Côte du Rhône, parce qu’à 0,70, on n’pourra pas mettre plus de 5c ». D’autres arrivent encore : ça ne désemplit pas …On peut même venir faire affuter ses ciseaux, couteaux ou lames de tondeuse : ça, c’est du service !

Pour conclure : plus kitsch, tu meurs !

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