L’eau et les rêves

Le 18 juin 2023

L’eau et les rêves, 9 quai de l’Oise, 75019 Paris
De 10h à 23h (1h ven et sam, 19h dim, fermé lundi)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 17
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 15
Prix d’un café : 2
Brunch le week-end : 24 €

Aux mots croisés du jour : « Poule avec ses enfants » (Papa)

« L’eau et les rêves », ou les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages : sur cette péniche amarrée le long du canal de l’Ourcq, on se désaltère (et pas que d’eau !). On s’y dépayse aussi car tout invite au voyage … Depuis 1950, elle a beaucoup navigué et transporté des tonnes de céréales. En 1980, un amoureux de la nature la transforme en librairie spécialisée, puis un marin en librairie maritime. Un botaniste reprend le gouvernail il y a 4 ans, il a plein de projets : la pandémie y met un coup d’arrêt ! Dans la cale au parquet patiné, les ventes de livres reprennent pourtant. Il sort la tête de l’eau et développe les échanges avec de nouvelles animations : 

– Sur la grande terrasse du toit et le salon situé à l’avant, des dédicaces, contes, rencontres musicales et même trocs de plantes … un bon plan(t) !

– Sur la grande table d’hôtes, des ateliers de peinture végétale, jardinage ou fabrication de terrariums (pour tous, grands et petits d’hommes !)

– Dans un recoin, des coussins pour que les moussaillons puissent se plonger dans les récits de matelots et capitaines au long cours (larguez les amarres !)

– Sur la terrasse couverte et dans la cale (au milieu de bateaux en bouteilles, casquettes de marins et instruments de navigation !) : bercé par le clapotis de l’eau, on y prend un repas (les poissons sont à l’honneur pour rappeler le passé de la péniche !) – ou une simple boisson. Entouré de plantes luxuriantes, quoi de mieux pour faire germer les idées quand on y vient travailler !

Aujourd’hui, nous y retrouvons nos deux héritiers pour la « faites des paires ». Avec, pour se caler, un bon brunch à fond de cale ! L’équipage défile, qui avec les boissons et le pain perdu, qui le gaspacho et les tartines*, qui le cheesecake final. Du frais et du maison, de quoi faire tanguer nos papilles : on n’est pas déçus du voyage ! Mais c’est (déjà !) le moment de prendre le large …

Pour conclure : un espace eau combien agréable.
   
                                                       https://www.penichelibrairie.com  

* Bio, avec saumon, bacon ou légumes, sur lit de guacamole et surplombées d’un œuf mollet. 




Kaffeebar 19

Le 11 juin 2023

Kaffeebar 19, 26 bis rue de l’Ourcq, 75019 Paris
De 8h30 à 17h (9h30 à 18h le WE)
Note globale : 13
Situation : 11
Cadre : 13
Accueil : 11
Ambiance : 14
Café : 15 
Prix d’un café : 2 €

Aux mots croisés du jour : « Il ne fait plus bloc » (Est)

Cap à l’est pour une balade dans notre ancien quartier. Autrefois populaire, il s’est encore transformé – gentrifié* même, comme on dit ! Devenu branché, le Bassin de la Villette** est aussi couru (nombreux joggeurs d’ailleurs ce matin !) Pourtant, si l’on sort un peu des sentiers battus, il est (encore) possible de trouver de petits coins plus authentiques à l’abri de la folie du Canal.

Quelques tables de jardin en rang d’oignons le long d’une minuscule échoppe à la devanture gris-souris, retiennent notre attention. Celles d’un petit café « caché » : un coffee-shop germanophile … histoire de se retrouver encore plus à l’est !

L’espace est retreint : dans la pointe formée par l’angle des deux rues, on a juste le comptoir d’un côté, une tablette de l’autre. Au fond par contre, quelques marches montent à une mezzanine à la déco « retour de brocante ». Tables aux formes variées, ourson accroché à une étagère de livres et jardinières aux fenêtres, c’est minimaliste et épuré, à la berlinoise – ou plutôt dresdoise, ville d’origine du gérant.

Aaron a ouvert son Kaffeebar il y a 9 ans, il s’est entouré d’une équipe de compatriotes. On ne peut pas dire que ce soit un grand communiquant, mais pour peu qu’on s’intéresse, il peut être plus loquace. Et puis, il aime les produits de qualité : ses cafés (3 différents, tous de chez Coutume***) qu’il prépare dans une Marzocco****. Côté assiettes, tout est fait maison ; du délicieux Karottenkuchen à l’original Muffin à la farine de riz au chocolat et banane (plus léger que le classique), en passant par les soupes, tartes et même pains au parfum de sésame grillé …

Pour conclure : un délicieux est-aminet.

                                  https://www.facebook.com/p/Kaffee-bar-19

* Sa population a été remplacée par une couche sociale plus aisée.
** Depuis la Rotonde de Stalingrad, il est bordé de comptoirs pour croisières fluviales, cinémas (dans d’anciens portiques en fonte reliés entre eux par bateau électrique !), port de plaisance, centre nautique, auberge de jeunesse, cafés et restaurants. Au pont-levant de Crimée, il se rétrécit pour rejoindre le rond-point où convergent les Canaux de l’Ourcq et St-Denis.
*** Torréfacteur parisien de cafés d’exception depuis 2011.
**** Machine à café expresso haut de gamme – italienne, bien sûr ! 




La Mère Catherine

Le 4 juin 2023
La Mère Catherine, 6 place du Tertre, 75018 Paris
Tous les jours, de 7 h à 2 h
Note globale : 15
Situation : 17
Cadre : 15
Accueil : 14 
Ambiance : 14
Café : 14
Prix d’un café : 3,90 €

Aux mots croisés du jour : « Se fait plaquer par une pianiste » (accord)

1793 : à Montmartre, la Révolution sonne le glas du presbytère. Saisi par l’État, il est revendu à Catherine Lamotte* qui le transforme en café-restaurant. Danton est l’un de ses premiers clients. C’est toujours avec chaleur qu’elle les accueille et elle n’hésite jamais à boire un petit coup avec eux : elle devient ainsi leur « Mère Catherine ».

1814 : Napoléon a perdu ; les alliés occupent Paris. Parmi eux, des Cosaques viennent ici pour boire un verre et échapper à l’autorité de leurs officiers. Ils réclament leurs boissons bruyamment en criant : « Bystro ! Bystro ! » (Vite ! Vite !)
C’est en tout cas ce que dit la légende – et la plaque commémorative  de l’entrée …

2023 : si la place du Tertre a beaucoup perdu de son charme (les terrasses ont remplacé la plupart des peintres et leurs chevalets), la Mère Catherine n’a rien perdu du sien.
Son décor reste fidèle à la tradition : rustique avec ses nappes Vichy et son mobilier de bistrot, ses céramiques et photos noir et blanc du Montmartre d’autrefois.
Et confortable : un lourd rideau de velours carmin calfeutre la porte, un perroquet** attend les paletots*** et les nombreuses salles des deux étages permettent à chacun de trouver son coin.
Il y a même un patio intérieur pour qui veut éviter la terrasse grouillante de la place …

Bien sanglés dans leur tenue traditionnelle, les serveurs sont aimables et efficaces. Par contre, dès 9h, ils ont déjà dressé toutes les tables à l’intérieur pour le déjeuner. Et les allergiques au pollen ? Pas de souci : une petite table est rapidement débarrassée, nous voilà prêts à savourer notre nectar matinal. Un petit moineau vient nous tenir compagnie : ouf, Il en reste encore quelques uns à Paris**** !

Le soir, pianistes et chanteurs viennent interpréter quelques rengaines de la Butte.
Les touristes plébiscitent … surtout quand on accepte de jouer leur morceau préféré !

Pour conclure : une mère veille sur la Place, Catherine !
                                                               https://lamerecatherine.com

* Elle meurt d’un accident en 1844 à l’âge de 76 ans.
** Porte-manteau dont les patères joliment courbées en couronne ressemblent à des perroquets accrochés à leur perchoir.
*** Vêtement de dessus, généralement assez court et boutonné par-devant
(également appelé « pardessus »).
**** L’absence de nichoir explique en partie leur disparition : ils aiment faire leur nid dans les anfractuosités des murs, or la modernisation des bâtiments fait disparaître ces cavités tant convoitées.




Babel

Le 21 mai 2023

Le 28 mai 2023
Babel, 3 rue Lemon, 75 020 Paris
Tous les jours, de 7 h30 à 1h
Note globale : 15
Situation : 13
Cadre : 15
Accueil : 13
Ambiance : 15
Café : 17
Prix d’un café : 2 €

Aux mots croisés du jour : « Cours souvent séché » (oued)

Babel* évoque la tour que les Babyloniens voulurent construire pour atteindre le ciel et ainsi le Paradis. Quels présomptueux ! Eux qui ne parlaient qu’une langue, ne formaient qu’un peuple, furent punis : Dieu créa les langues pour les empêcher de communiquer entre eux et les dispersa sur toute la terre …

Le rapport avec notre Babel du jour ? Un café (bien sûr !) situé dans un quartier cosmopolite**.  Ici, synagogues, boucheries halal, supermarchés asiatiques, bars de nuit et ateliers d’artistes se côtoient dans une ambiance joyeuse et souvent bruyante. 

Du très animé boulevard de Belleville, on repère pourtant une ruelle piétonne étonnamment paisible. Quelques clients discutent tranquillement autour des tables posées sur les pavés, terrasse d’un café-hôtel-restaurant ouvert voilà 18 mois.

L’intérieur est tout aussi inattendu, plutôt sombre et bas de plafond. Murs patinés, poutres au plafond, papier peint vintage, sol de tomettes et mobilier rustique donnent l’impression d’arriver dans une vieille auberge. Et puis au fond, une mezzanine tout aussi surprenante : lumineuse grâce à sa verrière de toit et dépaysante avec son imposante tenture orientale. Pour le coup, on se croirait à Bab El Oued*** !

Les serveurs sont jeunes et souriants – désorganisés aussi ! On finit par passer commande au comptoir. L’attente reprend. Encore oubliés ? Eh non ! Nos boissons arrivent, avec leurs cuillères et pot de cassonade vieillots à souhait, sur un plateau qui l’est tout autant (ils ont dévalisé le buffet de la grand-mère ou quoi ?) Mais quel nectar ! Notre café développe une gamme d’arômes incroyable ! Et les petits déjeuners, servis dans une superbe vaisselle dépareillée, nous inspirent tout autant : croissants, tartines, mais aussi chakchouka, babka et keshkeh**** : une véritable invitation au voyage !

Pour conclure : Babel mène bien au paradis, c’est maintenant prouvé.

             https://www.babel-belleville.com/restaurant 

* Nom hébreu de Babylone, ville antique de Mésopotamie  située sur l’Euphrate, dans ce qui est aujourd’hui l’Irak.
** Qui comprend des personnes de tous les pays et subit leurs influences multiples.
*** Quartier populaire du centre historique d’Alger, mais aussi expression de la langue française pour désigner un lieu lointain.
**** Poêlée de poivrons et piments, tomates, oignons et œufs de la cuisine berbère ; gâteau traditionnel polonais ; plat traditionnel composé de yaourt mélangé avec du boulgour, très présent au petit-déjeuner en Syrie ou au Liban.

 




Odette

Le 21 mai 2023

Odette, 77 rue Galande, 75 005 Paris
Tous les jours, de 10h à 19h
Note globale : 15
Situation : 16
Cadre : 15
Accueil : 17
Ambiance : 14
Café : 11
Prix d’un café : 3,30 €

Aux mots croisés du jour : « Lieux de naissance » (choux)

Odette était mon adorable grand-mère, née Wintergerst en 1897, si attentionnée qu’elle donnait l’impression, à chacun de ses (nombreux) petits-enfants, qu’il était unique. Et puis gourmande : elle n’adorait rien tant que les Paris-Brest !

Odette était aussi le prénom de celle de Frédéric. Née en 1920 (une jeunette, cette Odette !), elle excellait dans la confection des choux à la crème. D’abord spécialiste du web, son petit-fils décide ensuite de partir à la recherche des arômes perdus de ses madeleines à lui : il s’entoure de chefs pâtissiers et ouvre cette échoppe en 2007.

On est au cœur de Paris, à quelques mètres de la Huchette où les touristes affluent par hordes. Tout est pourtant incroyablement paisible dans cette petite ruelle pavée. 
Une vieille église*, un joli jardin public**, de beaux immeubles XVIIè éclairés par quelques lampadaires. On se croirait au fin fond de la province …

Devant une devanture pittoresque, le comptoir à choux est une invitation à s’installer.
Au soleil, sur les tables rétro, ou à l’intérieur – dans tous les cas, vue unique sur Notre-Dame ! Les plus alertes escaladent le vieil (et étroit) escalier en colimaçon jusqu’aux étages. Autour de petites tables rondes, un peu dans la pénombre, l’ambiance est feutrée ; il flotte comme un parfum des Années folles***.

Après la boisson (un chocolat chaud bien épais plutôt que le café un peu âcre, voire – soyons fous ! – une coupette de champagne pour une grande occasion !), le choix du chou : l’un des incontournables ou la spécialité du mois (Cappuccino pour la fête des pères, histoire de devenir le chouchou !) Vient alors la dégustation de ces bijoux – à genoux : trop chou ! Puis l’achat d’une réglette de 6, aux parfums variés … avant d’aller confesser son péché de gourmandise juste en face !  

Pour conclure : Odette, elle est chou-ette !

                         https://www.facebook.com/leschouxodetteparis/

* Saint-Julien-Le-Pauvre est l’une des plus anciennes églises de Paris, construite en 1165, en même temps que Notre-Dame.
** Le Square René-Viviani fait sans doute partie des plus insolites de Paris. Situé près des quais de Seine, c’est un jardin verdoyant parsemé de vestiges historiques et donnant vue sur Notre-Dame. On y retrouve même le plus vieil arbre de Paris, un robinier planté en 1601 !
*** Période d’intense activité sociale, culturelle et artistique, commençant en 1920 et se terminant aux États-Unis en 1929 avec le début de la Grande Dépression, qui atteint la France en 1931.




Chez Gudule

Le 14 mai 2023
Chez Gudule, 58 bd de Picpus, 75 012 Paris
Tous les jours, de 7h à 12h
Note globale : 15
Situation : 13
Cadre : 17
Accueil : 13
Ambiance : 16
Café : 14 
Prix d’un café : 2,50 € 

Aux mots croisés du jour : « On y arrose les piliers » (bistrot)

C’était le « Rendez-vous des amis » depuis 1910 ; un siècle plus tard, il prend le nom de la grand-mère du nouveau propriétaire : « Gudule ». Elle était championne cycliste en Belgique. Pour lui rendre hommage, il suspend de vieux vélos au plafond – auxquels il ajoute une trottinette antédiluvienne et 4 chaises minuscules. C’est ce qu’on appelle un décor renversant ! Pour le reste, tout est (vraiment) resté dans son jus : le carrelage mosaïque Art déco*, les radiateurs de fonte et les murs vieillis … certains clients aussi ! C’est un bistrot patiné, intemporel, qui a une vraie gueule d’atmosphère : pas étonnant qu’il ait connu de nombreux tournages !

On s’y retrouve nombreux, un peu collés les uns aux autres. C’est bruyant – pas propice à la déclaration d’un Jules, Gudule ! -, mais convivial. Sauf quand deux têtes de mules s’obstinent à vouloir suivre leur idée. Aucun ne veut céder, les voilà qui en font une pendule**. Alors soudain, sans préambule, ça se bouscule et ça turbule***. Pas au point de perdre les pédales cependant, ça reste bon enfant !

Fumeurs et vapoteurs s’agglutinent dans la grande véranda en pointe qui fait l’angle des deux rues. Quant aux claustrophobes, adeptes du bronzage par temps de canicule ou autres, ils s’installent sur le trottoir face au boulevard. Les véhicules sont rares, le poste d’observation idéal pour suivre les joueurs de pétanque en fin de journée. Dans l’allée centrale, leurs parties s’éternisent parfois jusqu’au crépuscule. Et quand des musiciens investissent le kiosque, ils se retrouvent aux premières loges … Le soir, Gudule se couche tard : les noctambules apprécient.

Pour conclure : ne ratez pas ce dernier rétro !

                    https://www.facebook.com/chezgudule/?locale=fr_FR 

* Abréviation d’Arts décoratifs, c’est un mouvement de portée mondiale né dans les années 1910, qui prend son plein épanouissement au cours des années 20, avant de décliner à partir des années 30. Il concerne l’architecture, mais aussi l’activité de design que réclament alors les grandes séries d’équipement de l’habitat à cette époque, ainsi que la mode vestimentaire et les arts graphiques. 
** Considérer avec exagération un fait anodin. 
*** S’agiter de manière bruyante et désordonnée.




Maison Générale

Le 7 mai 2023

Maison Générale, 4 rue de la Corne de Cerf, 35400 Saint-Malo
De 10h à 13h et 14h à 19h (dimanche et lundi de 14h à 19h)
Note globale : 15
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 13
Ambiance : 14
Café : 14 
Prix d’un café : 2,60 €

Aux mots croisés du jour : « Produit de régime » (datte) 

Maison Générale ou maison du monde ? Non loin du Château, à l’angle de deux ruelles pavées, cette bâtisse évoque une maison coloniale autant qu’un magasin général. On imagine les cargaisons débarquées sur les quais de la Cité corsaire : tapis noués à la main, coffres en teck sculpté, mobilier asiatique ancien et autres trésors exposés dans le magasin. Mais aussi des pamplemousses d’Israël, ananas du Cameroun, canneberges du Canada et plantes d’Afrique du sud qu’on retrouve dans les jus de fruits et infusions du Salon de thé. 

Jusqu’en 1946, c’était l’imprimerie de la ville. La grand-mère de Dominique la transforme en commerce de tissus et linge domestique : la « Maison du Rideau ». Sa fille lui succède, puis son petit-fils. Architecte d’intérieur, il reconfigure entièrement l’espace pour en faire un concept-store*. Murs en pierres apparentes, larges escaliers en métal brut, offre élargie ; on est en 2014 : la Maison Générale est née. 

Sur 3 étages ouverts, il propose des pièces uniques chinées à travers le monde pour décorer son intérieur (sous réserve d’une bourse bien garnie) ou simplement passer un agréable moment … On y trouve à boire et à ranger : du magasin, on passe directement à l’espace Café, impressionnant par ses volumes, son imposant comptoir et sa pénombre. Malgré la ribambelle de luminaires de toutes formes et tailles, les meubles exotiques sont massifs et sombres, et les portraits d’autochtones en noir et blanc. Des livres de voyage, des vases étonnants, nous voilà propulsés au bout du monde ! Mais pourquoi tous ces … compteurs à gaz ?

L’ambiance est feutrée, la clientèle cosmopolite – raccord avec le cadre. Beaucoup ne résistent pas aux appétissantes pâtisseries présentées sous cloche. Nous nous « contentons » d’un breuvage : café d’Ethiopie au goût intense et fruité, accompagné d’un chocolat noir de marque pour moi. Et pour mon cher et tendre, nectar de myrtilles sauvages particulièrement onctueux. La qualité est là …

Pour conclure : monde et merveilles.

                    https://www.facebook.com/lamaisongenerale/?locale=fr_FR

* Notion marketing décrivant un commerce de détail thématique qui intègre un point de restauration, lié au thème du lieu. Il se caractérise par la mise en scène d’univers créatifs mélangeant les produits et multipliant les tendances.




Le Café de la Place

Le 30 avril 2023
Le Café de la Place, 3 place de l’église, 35 350 Saint-Coulomb
De 7h30 à 13h30 et 16h30à 20h (sauf l’après-midi, dimanche et mercredi)
Note globale : 15
Situation : 12
Cadre : 13
Accueil : 18
Ambiance : 18
Café : 12
Prix d’un café : 2,20 €

Aux mots croisés du jour : « Local à canons » (bistrot) 

Entre Cancale et Saint-Malo, Saint-Coulomb comptait 19 bistrots : il n’en reste qu’un ! C’est Matthieu* qui l’a repris il y a 3 ans. Picard et petit-fils d’un bistrotier du Nord, il passait ses vacances chez ses autres grands-parents dans l’intra-muros**. Murs de briques, plancher et vrai zinc (rare !), la petite salle est prolongée d’une véranda et d’une terrasse : les habitués y apprécient leur café matinal, une galette-saucisse ou un verre en journée. C’est avant tout un lieu d’échanges, en témoignent les ardoises d’écolier qui annoncent blind-test musical, happy-hour et concerts …. 

Aujourd’hui, il a invité Pierrick Bourgault*** pour une causerie sur les cafés d’autrefois, longue et captivante histoire de ces lieux ancestraux. Notre jeune bistrotier répertorie ensuite les cafés d’antan sur la carte du village, tandis que les anciens réagissent à leurs noms :
 
– « Chez Adrienne » : ça défilait les cultivateurs et leurs marchandises ! Y avait un sacré trafic de calva**** avant les années 60 ; dès qu’une charrette débordait de trèfles, on savait qu’il y avait un tonneau dessous. Mais si la maréchaussée les arrêtait, ils ouvraient le côté cidre : il y avait un double-fond !
– « Le Casino » : ah, s’exclament-ils tous en chœur ! Yvon complète : le frigo, c’était un gros seau rempli d’eau, et puis y avait des poules et des chèvres, ça donnait pas envie de boire ; on y allait avec son casse-croûte et on demandait une bière sans verre. J’ai jamais vu le patron, il vivait que la nuit : traumatisé par la guerre ? 
– « Numéro 19 ? » On dirait un loto, s’amuse une colombanaise ! J’ai : « la Cabane ! »
– « On voit que le Bourg était fourni ! Mais pourquoi tant de bistrots ? »
Ben, y’avait pas la télé, avance l’un. Et puis, y avait la gnole le matin, ajoute un autre. Le coup de rouge dans la soupe aussi ; dans les fermes, y avait pas de vin : que du cidre … 

Pour conclure : verve autour d’un verre.

https://www.facebook.com/people/Le-Café-de-la-Place-35/100063473019953/ 

* Directeur de société, Matthieu avait un très bon job. A 32 ans, le confinement lui permet de profiter de ses jeunes enfants: il comprend que ses nombreux déplacements le font passer à côté de quelque chose d’important, la famille change de vie …
** Intérieur de la vieille ville fortifiée de Saint-Malo.
*** Journaliste, photographe et auteur d’une quinzaine de livres sur les bistrots (dont les deux derniers : « Au bonheur des bistrots » et « Journal d’un café de campagne »), il expose ses photos à l’Hôtel de Ville de Paris actuellement.
**** Eau-de-vie obtenue par distillation de cidre (mot originaire du Calvados voisin).




Annette K.

Le 23 avril 2023

Annette K, Port de Javel Bas, 75 015 Paris
Tous les jours, de 8h à 18h (9h le week-end)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 15 
Ambiance : 14
Café : 14  
Prix d’un café : 2,50 € 

Aux mots croisés du jour : « Avance faite en liquide » (nage)

Qui est Annette K. ?

– Une pionnière* appareillée dans son enfance que la nage va sauver. A l’origine des premiers spectacles de natation synchronisée et du maillot de bain moderne, elle ne cesse de vanter les bienfaits de la pratique sportive pour les femmes.

– Un bateau XXL amarré cent ans plus tard sur les berges de la Seine. 
Le lien avec la précédente ? C’est un lieu novateur « santé et bien-être », imaginé par des producteurs** : à la fois club de sport, centre de soins, guinguette et coffee shop.

L’extérieur est un peu austère, seuls les transats rayés de couleurs différentes du pont supérieur égaient l’ensemble. Mais l’ouverture date de décembre et une terrasse est prévue sur le quai, face au parc André Citroën – d’où l’on devrait profiter du Ballon Captif***, du pont Mirabeau, voire de la Tour Eiffel.

A l’intérieur, un immense bar central délimite les deux espaces de restauration :

. Une salle aux volumes impressionnants, cernée de baies vitrées … où des lustres à l’ancienne s’échappent des gros tuyaux du plafond ! Au sol, de simples tables et chaises d’écoliers (pas très raffiné, mais préférable au sortir d’un entraînement !)

. Un coin salon avec palmiers et canapés, d’où l’on aperçoit, en levant la tête, le fond de la piscine**** du pont et ses nageurs crawlant, chacun dans leur ligne !
A nos pieds, la Seine où quelques canards et cygnes glissent sur l’eau. 
Et dans nos tasses, un café fraîchement torréfié par la Maison Coutume*****.

Pour conclure : belle mise en Seine. 

https://www.annettek.fr

* Fille d’une pianiste française et d’un violoniste australien, Annette Kellermann nait à Sydney en 1886. Appareillée du fait de ses jambes atrophiées, elle nage tant et tant de 6 à 13 ans que ses muscles retrouvent une robustesse quasi normale. Lycéenne, un aquarium l’embauche pour jouer une sirène dans un spectacle aquatique. Puis elle enchaîne les exploits : plongeons (28 m), traversées de Londres (27 km) et Paris (13 km) – elle abandonne celle de la Manche après 10 h. Pour optimiser ses performances, elle porte une combinaison courte et moulante : arrêtée à Boston en 1907 pour « indécence », le juge statue en faveur de l’argument sportif et fait jurisprudence : l’évènement permet la popularisation du maillot de bain une pièce et de la natation pour les femmes. De 1914 à 1924, elle interprète des rôles de danseuse de ballets aquatiques au cinéma. Elle s’éteint en 1975.                             

** Why Not Productions, cinéma indépendant  (Cf. « Des Hommes et des dieux », « Un Prophète » etc.).

*** Plus grand ballon du monde, il permet de découvrir Paris et ses monuments à 150 m d’altitude ; c’est aussi un outil de mesure de la qualité de l’air. Il est accessible tous les jours de 9h à 19h45 sous réserve des conditions météorologiques.

**** De longueur olympique à ciel ouvert en rooftop, jouxtant le centre de soins de haut niveau avec balnéo.

***** Atelier de torréfaction parisien, de cafés choisis à la source (Costa Rica, Brésil, Indonésie, Ethiopie et Burundi). 




Le Quinzerie

Le 16 avril 2023
Le Quinzerie, 40 rue de la Convention, 75 015 Paris
Tous les jours, du matin à la nuit.
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 15
Accueil : 15 
Ambiance : 14
Café : 13 
Prix d’un café : 3,50 €  

Aux mots croisés du jour : « Pleine de vie » (enceinte)

Imaginez un village à Paris : celui de Saint-Charles, avec sa rue principale bordée de maisons et commerces*.
En toile de fond, la Tour Eiffel située à quelques centaines de mètres, et en bord de Seine, le centre Beaugrenelle*, paradis des shoppeurs.

Imaginez une façade à la modernité graphique, derrière laquelle se cache un hôtel au design contemporain, le Quinzerie, ouvert en octobre dernier. Lumière, espace, confort, lieux de vie ou d’intimité, tout est pensé pour le bon vivre. Pas seulement dormir ou se détendre, mais aussi se sustenter et … se désaltérer (nous y voilà !!) 

Imaginez un bar chic mais pas guindé, à la clientèle internationale. A cette heure matinale, le barista semble dans sa bulle mais non, il s’applique ! En fin de journée un mixologue prend le relais et élabore mocktails et cocktails*** jusqu’à la nuit.

Imaginez un jardin, si tranquillement lové qu’on a envie de s’y « pauser », un verre ou un livre à la main. Ou petit-déjeuner, bruncher (le dimanche), grignoter***. Des herbes (pour les cocktails), des fleurs, du calme ; on est à mille lieues de la frénésie parisienne.

Imaginez un rooftop (pardon, cousins Québécois : « Grand Balcon » !), accessible à toute heure de la journée. La commande passée, on récupère son plateau pour le monter au dernier étage (ça se mérite !) 
Elle nous y attend. Qui ? Mais la grande Dame**** ! Vous savez, celle qui, à la tombée de la nuit, scintille au début de chaque heure pendant cinq minutes. A nos pieds, le parc de l’ancienne Imprimerie nationale, devenue Ministère des affaires européennes. La vue ? Iconique !

Imaginez … l’annonce faite à mari ! 😉

Pour conclure : rooftop au top.

https://www.quinzeriehotel.fr/bars-faims

* Charcuterie, fromagerie, boulangerie, pâtisserie, quincaillerie, mercerie, fleuriste et autres – sans compter son marché des mardis et vendredis matins. Et un peu plus loin, ouvert tous les jours, le centre Beaugrenelle avec FNAC, Galeries Lafayette, grands noms et petites marques françaises, enseignes de déco, cinémas et restaurants sur 45.000m2.
** “Mocktail” vient de l’anglais “mock” qui veut dire imiter ou mimer. C’est est donc l’imitation du cocktail, puisqu’il peut être tout aussi recherché, mais ne contiendra jamais d’alcool..
*** Planches de grignotage avec des produits sourcés localement (Cf. Carte « snacking » qui change au fil des saisons). 
**** La Tour Eiffel.