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Montmartre
03/06/2023

La Mère Catherine

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Le 4 juin 2023
La Mère Catherine, 6 place du Tertre, 75018 Paris
Tous les jours, de 7 h à 2 h
Note globale : 15
Situation : 17
Cadre : 15
Accueil : 14 
Ambiance : 14
Café : 14
Prix d’un café : 3,90 €

Aux mots croisés du jour : « Se fait plaquer par une pianiste » (accord)

1793 : à Montmartre, la Révolution sonne le glas du presbytère. Saisi par l’État, il est revendu à Catherine Lamotte* qui le transforme en café-restaurant. Danton est l’un de ses premiers clients. C’est toujours avec chaleur qu’elle les accueille et elle n’hésite jamais à boire un petit coup avec eux : elle devient ainsi leur « Mère Catherine ».

1814 : Napoléon a perdu ; les alliés occupent Paris. Parmi eux, des Cosaques viennent ici pour boire un verre et échapper à l’autorité de leurs officiers. Ils réclament leurs boissons bruyamment en criant : « Bystro ! Bystro ! » (Vite ! Vite !)
C’est en tout cas ce que dit la légende – et la plaque commémorative  de l’entrée …

2023 : si la place du Tertre a beaucoup perdu de son charme (les terrasses ont remplacé la plupart des peintres et leurs chevalets), la Mère Catherine n’a rien perdu du sien.
Son décor reste fidèle à la tradition : rustique avec ses nappes Vichy et son mobilier de bistrot, ses céramiques et photos noir et blanc du Montmartre d’autrefois.
Et confortable : un lourd rideau de velours carmin calfeutre la porte, un perroquet** attend les paletots*** et les nombreuses salles des deux étages permettent à chacun de trouver son coin.
Il y a même un patio intérieur pour qui veut éviter la terrasse grouillante de la place …

Bien sanglés dans leur tenue traditionnelle, les serveurs sont aimables et efficaces. Par contre, dès 9h, ils ont déjà dressé toutes les tables à l’intérieur pour le déjeuner. Et les allergiques au pollen ? Pas de souci : une petite table est rapidement débarrassée, nous voilà prêts à savourer notre nectar matinal. Un petit moineau vient nous tenir compagnie : ouf, Il en reste encore quelques uns à Paris**** !

Le soir, pianistes et chanteurs viennent interpréter quelques rengaines de la Butte.
Les touristes plébiscitent … surtout quand on accepte de jouer leur morceau préféré !

Pour conclure : une mère veille sur la Place, Catherine !
                                                               https://lamerecatherine.com

* Elle meurt d’un accident en 1844 à l’âge de 76 ans.
** Porte-manteau dont les patères joliment courbées en couronne ressemblent à des perroquets accrochés à leur perchoir.
*** Vêtement de dessus, généralement assez court et boutonné par-devant
(également appelé « pardessus »).
**** L’absence de nichoir explique en partie leur disparition : ils aiment faire leur nid dans les anfractuosités des murs, or la modernisation des bâtiments fait disparaître ces cavités tant convoitées.


Belleville
28/05/2023

Babel

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Le 21 mai 2023

Le 28 mai 2023
Babel, 3 rue Lemon, 75 020 Paris
Tous les jours, de 7 h30 à 1h
Note globale : 15
Situation : 13
Cadre : 15
Accueil : 13
Ambiance : 15
Café : 17
Prix d’un café : 2 €

Aux mots croisés du jour : « Cours souvent séché » (oued)


Babel* évoque la tour que les Babyloniens voulurent construire pour atteindre le ciel et ainsi le Paradis. Quels présomptueux ! Eux qui ne parlaient qu’une langue, ne formaient qu’un peuple, furent punis : Dieu créa les langues pour les empêcher de communiquer entre eux et les dispersa sur toute la terre …

Le rapport avec notre Babel du jour ? Un café (bien sûr !) situé dans un quartier cosmopolite**.  Ici, synagogues, boucheries halal, supermarchés asiatiques, bars de nuit et ateliers d’artistes se côtoient dans une ambiance joyeuse et souvent bruyante. 

Du très animé boulevard de Belleville, on repère pourtant une ruelle piétonne étonnamment paisible. Quelques clients discutent tranquillement autour des tables posées sur les pavés, terrasse d’un café-hôtel-restaurant ouvert voilà 18 mois.

L’intérieur est tout aussi inattendu, plutôt sombre et bas de plafond. Murs patinés, poutres au plafond, papier peint vintage, sol de tomettes et mobilier rustique donnent l’impression d’arriver dans une vieille auberge. Et puis au fond, une mezzanine tout aussi surprenante : lumineuse grâce à sa verrière de toit et dépaysante avec son imposante tenture orientale. Pour le coup, on se croirait à Bab El Oued*** !

Les serveurs sont jeunes et souriants – désorganisés aussi ! On finit par passer commande au comptoir. L’attente reprend. Encore oubliés ? Eh non ! Nos boissons arrivent, avec leurs cuillères et pot de cassonade vieillots à souhait, sur un plateau qui l’est tout autant (ils ont dévalisé le buffet de la grand-mère ou quoi ?) Mais quel nectar ! Notre café développe une gamme d’arômes incroyable ! Et les petits déjeuners, servis dans une superbe vaisselle dépareillée, nous inspirent tout autant : croissants, tartines, mais aussi chakchouka, babka et keshkeh**** : une véritable invitation au voyage !

Pour conclure : Babel mène bien au paradis, c’est maintenant prouvé.

             https://www.babel-belleville.com/restaurant 

* Nom hébreu de Babylone, ville antique de Mésopotamie  située sur l’Euphrate, dans ce qui est aujourd’hui l’Irak.
** Qui comprend des personnes de tous les pays et subit leurs influences multiples.
*** Quartier populaire du centre historique d’Alger, mais aussi expression de la langue française pour désigner un lieu lointain.
**** Poêlée de poivrons et piments, tomates, oignons et œufs de la cuisine berbère ; gâteau traditionnel polonais ; plat traditionnel composé de yaourt mélangé avec du boulgour, très présent au petit-déjeuner en Syrie ou au Liban.

 



Notre-Dame
21/05/2023

Odette

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Le 21 mai 2023

Odette, 77 rue Galande, 75 005 Paris
Tous les jours, de 10h à 19h
Note globale : 15
Situation : 16
Cadre : 15
Accueil : 17
Ambiance : 14
Café : 11
Prix d’un café : 3,30 €

Aux mots croisés du jour : « Lieux de naissance » (choux)

Odette était mon adorable grand-mère, née Wintergerst en 1897, si attentionnée qu’elle donnait l’impression, à chacun de ses (nombreux) petits-enfants, qu’il était unique. Et puis gourmande : elle n’adorait rien tant que les Paris-Brest !

Odette était aussi le prénom de celle de Frédéric. Née en 1920 (une jeunette, cette Odette !), elle excellait dans la confection des choux à la crème. D’abord spécialiste du web, son petit-fils décide ensuite de partir à la recherche des arômes perdus de ses madeleines à lui : il s’entoure de chefs pâtissiers et ouvre cette échoppe en 2007.

On est au cœur de Paris, à quelques mètres de la Huchette où les touristes affluent par hordes. Tout est pourtant incroyablement paisible dans cette petite ruelle pavée. 
Une vieille église*, un joli jardin public**, de beaux immeubles XVIIè éclairés par quelques lampadaires. On se croirait au fin fond de la province …

Devant une devanture pittoresque, le comptoir à choux est une invitation à s’installer.
Au soleil, sur les tables rétro, ou à l’intérieur – dans tous les cas, vue unique sur Notre-Dame ! Les plus alertes escaladent le vieil (et étroit) escalier en colimaçon jusqu’aux étages. Autour de petites tables rondes, un peu dans la pénombre, l’ambiance est feutrée ; il flotte comme un parfum des Années folles***.

Après la boisson (un chocolat chaud bien épais plutôt que le café un peu âcre, voire – soyons fous ! – une coupette de champagne pour une grande occasion !), le choix du chou : l’un des incontournables ou la spécialité du mois (Cappuccino pour la fête des pères, histoire de devenir le chouchou !) Vient alors la dégustation de ces bijoux – à genoux : trop chou ! Puis l’achat d’une réglette de 6, aux parfums variés … avant d’aller confesser son péché de gourmandise juste en face !  

Pour conclure : Odette, elle est chou-ette !

                         https://www.facebook.com/leschouxodetteparis/

* Saint-Julien-Le-Pauvre est l’une des plus anciennes églises de Paris, construite en 1165, en même temps que Notre-Dame.
** Le Square René-Viviani fait sans doute partie des plus insolites de Paris. Situé près des quais de Seine, c’est un jardin verdoyant parsemé de vestiges historiques et donnant vue sur Notre-Dame. On y retrouve même le plus vieil arbre de Paris, un robinier planté en 1601 !
*** Période d’intense activité sociale, culturelle et artistique, commençant en 1920 et se terminant aux États-Unis en 1929 avec le début de la Grande Dépression, qui atteint la France en 1931.


Métro Picpus
13/05/2023

Chez Gudule

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Le 14 mai 2023
Chez Gudule, 58 bd de Picpus, 75 012 Paris
Tous les jours, de 7h à 12h
Note globale : 15
Situation : 13
Cadre : 17
Accueil : 13
Ambiance : 16
Café : 14 
Prix d’un café : 2,50 € 

Aux mots croisés du jour : « On y arrose les piliers » (bistrot)

C’était le « Rendez-vous des amis » depuis 1910 ; un siècle plus tard, il prend le nom de la grand-mère du nouveau propriétaire : « Gudule ». Elle était championne cycliste en Belgique. Pour lui rendre hommage, il suspend de vieux vélos au plafond – auxquels il ajoute une trottinette antédiluvienne et 4 chaises minuscules. C’est ce qu’on appelle un décor renversant ! Pour le reste, tout est (vraiment) resté dans son jus : le carrelage mosaïque Art déco*, les radiateurs de fonte et les murs vieillis … certains clients aussi ! C’est un bistrot patiné, intemporel, qui a une vraie gueule d’atmosphère : pas étonnant qu’il ait connu de nombreux tournages !

On s’y retrouve nombreux, un peu collés les uns aux autres. C’est bruyant – pas propice à la déclaration d’un Jules, Gudule ! -, mais convivial. Sauf quand deux têtes de mules s’obstinent à vouloir suivre leur idée. Aucun ne veut céder, les voilà qui en font une pendule**. Alors soudain, sans préambule, ça se bouscule et ça turbule***. Pas au point de perdre les pédales cependant, ça reste bon enfant !

Fumeurs et vapoteurs s’agglutinent dans la grande véranda en pointe qui fait l’angle des deux rues. Quant aux claustrophobes, adeptes du bronzage par temps de canicule ou autres, ils s’installent sur le trottoir face au boulevard. Les véhicules sont rares, le poste d’observation idéal pour suivre les joueurs de pétanque en fin de journée. Dans l’allée centrale, leurs parties s’éternisent parfois jusqu’au crépuscule. Et quand des musiciens investissent le kiosque, ils se retrouvent aux premières loges … Le soir, Gudule se couche tard : les noctambules apprécient.

Pour conclure : ne ratez pas ce dernier rétro !

                    https://www.facebook.com/chezgudule/?locale=fr_FR 

* Abréviation d’Arts décoratifs, c’est un mouvement de portée mondiale né dans les années 1910, qui prend son plein épanouissement au cours des années 20, avant de décliner à partir des années 30. Il concerne l’architecture, mais aussi l’activité de design que réclament alors les grandes séries d’équipement de l’habitat à cette époque, ainsi que la mode vestimentaire et les arts graphiques. 
** Considérer avec exagération un fait anodin. 
*** S’agiter de manière bruyante et désordonnée.






Saint-Malo
07/05/2023

Maison Générale

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Le 7 mai 2023

Maison Générale, 4 rue de la Corne de Cerf, 35400 Saint-Malo
De 10h à 13h et 14h à 19h (dimanche et lundi de 14h à 19h)
Note globale : 15
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 13
Ambiance : 14
Café : 14 
Prix d’un café : 2,60 €

Aux mots croisés du jour : « Produit de régime » (datte) 

Maison Générale ou maison du monde ? Non loin du Château, à l’angle de deux ruelles pavées, cette bâtisse évoque une maison coloniale autant qu’un magasin général. On imagine les cargaisons débarquées sur les quais de la Cité corsaire : tapis noués à la main, coffres en teck sculpté, mobilier asiatique ancien et autres trésors exposés dans le magasin. Mais aussi des pamplemousses d’Israël, ananas du Cameroun, canneberges du Canada et plantes d’Afrique du sud qu’on retrouve dans les jus de fruits et infusions du Salon de thé. 

Jusqu’en 1946, c’était l’imprimerie de la ville. La grand-mère de Dominique la transforme en commerce de tissus et linge domestique : la « Maison du Rideau ». Sa fille lui succède, puis son petit-fils. Architecte d’intérieur, il reconfigure entièrement l’espace pour en faire un concept-store*. Murs en pierres apparentes, larges escaliers en métal brut, offre élargie ; on est en 2014 : la Maison Générale est née. 

Sur 3 étages ouverts, il propose des pièces uniques chinées à travers le monde pour décorer son intérieur (sous réserve d’une bourse bien garnie) ou simplement passer un agréable moment … On y trouve à boire et à ranger : du magasin, on passe directement à l’espace Café, impressionnant par ses volumes, son imposant comptoir et sa pénombre. Malgré la ribambelle de luminaires de toutes formes et tailles, les meubles exotiques sont massifs et sombres, et les portraits d’autochtones en noir et blanc. Des livres de voyage, des vases étonnants, nous voilà propulsés au bout du monde ! Mais pourquoi tous ces … compteurs à gaz ?

L’ambiance est feutrée, la clientèle cosmopolite – raccord avec le cadre. Beaucoup ne résistent pas aux appétissantes pâtisseries présentées sous cloche. Nous nous « contentons » d’un breuvage : café d’Ethiopie au goût intense et fruité, accompagné d’un chocolat noir de marque pour moi. Et pour mon cher et tendre, nectar de myrtilles sauvages particulièrement onctueux. La qualité est là …

Pour conclure : monde et merveilles.

                    https://www.facebook.com/lamaisongenerale/?locale=fr_FR

* Notion marketing décrivant un commerce de détail thématique qui intègre un point de restauration, lié au thème du lieu. Il se caractérise par la mise en scène d’univers créatifs mélangeant les produits et multipliant les tendances.




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