Maison de Balzac

Le 15 décembre 2019
Maison de Balzac, 47 rue Raynouard, 75 016 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h ;  symbole-handicap
Note globale : 14
Situation : 16
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 13
Café : 13 
Prix d’un café : 3,00 €

Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Père d’Honoré » (Goriot)

 

En contrebas de la rue, une maison blanche aux volets verts d’eau accrochée aux coteaux de Passy :
celle où vécut Balzac*, devenue depuis musée.
Après un an de travaux, ce dernier est plus accessible et s’est vu doter d’un nouveau pavillon d’accueil
comprenant bibliothèque et … café.

Incongru ? Que nenni : pour  l’écrivain, ce breuvage était une véritable drogue. Il ne confiait à personne
le soin de le confectionner et choisissait des variétés de Martinique, de l’île Bourbon et du Yémen
qu’il mélangeait et faisait bouillir des heures durant, pour obtenir un concentré capable de le tenir éveillé toute la nuit**. Cet ogre de travail en buvait, dit-on, jusqu’à 50 tasses par jour (j’ai trouvé mon maître !!) Aux hommes de solide constitution, Balzac recommandait même de « broyer grossièrement le café, l’humidifier légèrement et l’avaler ! »

Point de tout ça à présent : les cafés sont artisanaux et goûteux, au lait d’amande pour qui les préfère plus doux, accompagnés des pâtisseries maison qui ont fait la renommée de Rose Bakery***.
On les déguste à l’intérieur dans un espace de bois et verre, épuré et lumineux, ou dans le jardin, face à la maison
et à la tour Eiffel. Loin du tumulte parisien, on peut alors en profiter pour (re)découvrir l’univers balzacien
en se plongeant dans des ouvrages de la Comédie humaine mis à disposition …

Pour conclure : un café qui mérite d’être honoré.

http://www.maisondebalzac.paris.fr

* En 1840, criblé de dettes, Balzac vient se cacher, sous le nom de sa gouvernante-maîtresse, au milieu des vignes.
Mais la petite maison de la rue Raynouard était aussi le dernier étage d’un hôtel particulier plaqué contre la paroi
d’une ancienne carrière : en voyant un huissier arriver dans son jardin, il pouvait donc s’enfuir par un escalier intérieur jusqu’à la rue Berton.
** Sa cafetière en porcelaine de Limoges exposée au musée lui servit des centaines de litres. Dans son Traité des excitants modernes, Balzac écrit : « Le café tombe dans votre estomac. Dès lors, tout s’agite : les idées s’ébranlent comme les bataillons de la Grande Armée sur le terrain d’une bataille. Les souvenirs arrivent au pas de charge, enseignes déployées ; la cavalerie légère des comparaisons se développe par un magnifique galop ; l’artillerie de la logique arrive avec son train et ses gargousses ; les traits d’esprit arrivent en tirailleurs ; les figures se dressent ; le papier se couvre d’encre, car la veille commence et finit par des torrents d’eau noire, comme la bataille par sa poudre noire. »
*** Enseigne du café, incontournable pour les amateurs de bio et d’authenticité à l’anglo-saxonne. 




Le Vieux mûrier

Le Vieux mûrier, 11 place Plumereau, 37 000 Tours |
De 11h (14h le dimanche) à 2h, fermé le lundi

Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 13
Accueil : 18
Ambiance : 15
Café : 14
Prix d’un café : 1,40 €

Aux mots croisés du jour, la meilleure def’:
La meilleure def’: « Production de vers » (soie)

Petit tour dans la cité natale de Balzac* sous la houlette de notre greeter** du jour :
nous qui pensions en avoir fait le tour depuis 3 jours, découvrons moult cours cachées et passages secrets devant lesquels notre quatuor était passé sans même s’en rendre compte. C’est que notre hôte a plus d’un tour dans son sac !

Au coeur du Vieux Tours, la Place Plum’ (ainsi nommée par les Tourangeaux) est incontournable. Son nom viendrait d’un gentilhomme fortuné*** qui avait légué ses biens à la ville ; d’autres évoquent l’ancien marché aux chapeaux qui s’y tenait au XIIIème siècle. Qu’importe ! Entourée de vieilles maisons à colombages****, des brasseries pour la plupart,
et entièrement pavée, elle est recouverte de tables, chaises et parasols aux beaux jours : aussitôt prise d’assaut,
elle devient alors une gigantesque terrasse, vivante et bruyante … au grand dam des résidents !

Le vieux Mû, comme on l’appelle ici, est l’une des plus anciennes. Son histoire a fait sa réputation,
c’est une véritable institution. D’abord imprimerie, il est devenu Café littéraire.
On peut donc s’y poser pour lire ou prendre la plum’, réviser ou débattre (la faculté est à côté !)
Moquette épaisse, vieilles affiches et photos rétro à l’intérieur pour s’installer confortablement en hiver.
L’été, trouver une place au pied du mûrier***** n’est pas chose aisée mais de là, on peut admirer les façades
à pans de bois et s’immerger dans l’ambiance locale.

Sa gazette paraît « tous les 36 du mois » et annonce, entre deux réclames, un expresso de Colombie, un (vrai) capuccino
et autres rafraîchissements. De quoi se remplir la panse aussi, du bien roboratif – on est au pays de Rabelais ! – préparé
en un tour de main, à l’instar de sa spécialité, le burger Sainte Maure de Touraine et sa confiture de mûres …

Pour conclure : très honorés d’être au pays de Balzac.

http://levieuxmurier.fr

* Honoré de Balzac (1799-1850), romancier, journaliste et imprimeur, né à Tours.
** Bénévole faisant visiter sa ville de façon insolite et personnelle pour une rencontre authentique.
*** Charles Plumereau (1818-1885), ancien conseiller municipal de Tours.
**** Du XVème siècle, en pierres de taille ou de tuffeau, pans de bois et torchis.
***** D’où son nom, vestige du temps des soieries de la ville, première à avoir développé cette industrie.




Grand Café Tortoni

Grand Café Tortoni, 45 rue de Saintonge, 75 003 Paris |
De 9h30 à 19h00 sauf le lundi | Station Vélib’ Mairie du IIIè

Note globale : 17
Situation : 13 | Cadre : 19 | Accueil : 19 | Ambiance : 15 | Café : 14
Prix d’un café : 3,00 €

Aux mots croisés du jour, la meilleure def’:
« Existe en grains » pour « beauté »

 

Au début du XIXème siècle, le Café Tortoni était un glacier*, aussi chic que renommé**, situé à l’angle
du boulevard des Italiens (auquel il aurait donné son nom) et fréquenté par des intellectuels et des dandys,
femmes du monde ou demi-mondaines.
C’est à présent ici qu’on retrouve son « Cafetier, limonadier, glacier » gravé sur la baie vitrée et ses menus
dans le marbre. Après avoir été une fonderie très célèbre*** puis le local d’un chauffagiste, il a été transformé
depuis septembre en parfumerie, ou plus exactement : « Cabinet intérieur de la beauté inspiré de la botanique ».

Tommettes vieillies et boiseries anciennes, l’endroit est délicieusement suranné. D’innombrables flacons d’huiles****
et autres pommades sont exposés sur les présentoirs de gauche … et même dans des vitrines au plafond !
A droite, un comptoir plein de charme, devant lequel se dressent de hauts tabourets. L’assise n’est pas forcément
des plus confortables mais le lieu est si surprenant (je ne vous ai pas tout dit !) qu’on n’y prête guère attention …
d’autant que l’exquise serveuse est intarissable dès qu’on l’interroge.

Sur un plateau doré, lui-même posé sur un napperon de dentelle, le café-minute (comme on disait à l’époque !)
est servi dans une authentique tasse bleu nuit en porcelaine de Limoges, et sa cuiller placée sur un porte couteau d’époque. Il est accompagné d’un biscuit d’une délicatesse infinie : ancien élève de Lenôtre, le pâtissier japonais
a gardé de son pays la tradition de ne mettre que peu de sucre et faire ressortir la saveur du fruit au coeur.
Que de raffinements ; pour un peu, on lèverait le petit doigt pour être raccord avec le cadre !
Avant de partir, à l’invitation de notre hôtesse, nous testons le chocolat chaud : juste divin …

Pour conclure : un parfum d’harmonie et de saveurs.

https://www.facebook.com/grandcafetortoni/

* C’est par lui que la glace serait arrivée à Paris !
** Stendhal l’évoque dans « Le Rouge et le Noir ».
*** L’ancien atelier Rudier, qui a coulé les oeuvres de Maillol et Rodin (notamment « Le Penseur »).
**** Cosmétiques Buly, du nom d’un célèbre parfumeur dont la ruine inspira Balzac pour le personnage
de César Birotteau.