Darling

Le 29 octobre 2023

Le Darling, 1 bd Albert 1er, 35 800 Dinard
Tous les jours, de 7h à 22 h (accessible)
Note globale : 15
Situation : 15
Cadre : 14
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 13
Prix d’un café : 2,90 €

Aux mots croisés du jour :
« Promenade des Anglais » (walk)

« Darling », c’est le chéri des amateurs de beaux espaces … et des célébrités de passage ! C’est là que nos amis briochins nous ont donné rendez-vous, dans la plus british des stations balnéaires bretonnes. Ce salon de thé trône à l’entrée du Royal Emeraude*, l’une des élégantes demeures bâties à la fin du 19ème siècle par de riches Anglais en quête de villégiature. Face au cinéma et tout près de la plage de l’Écluse, du casino, des commerces et des galeries d’art – autant dire, on ne peut plus central ! -, loin de la foule et un peu hors du temps – autant dire, au calme !  

Sous une imposante verrière Belle Époque, le Darling est un club** anglais au charme délicieusement suranné. De confortables fauteuils Chesterfield invitent à s’installer pour feuilleter les journaux mis à disposition. Piano à queue****, abat-jour à pampilles, atmosphère feutrée, il ne reste plus qu’à se laisser aller et s’imaginer dans le salon d’un roman d’Agatha Christie …

Lors du five o’clock, tout le monde commande a cup of tea. Tous***** ? Non ! Une irréductible alsacienne demande une tasse de café ! C’est heureusement possible (ouf !) et il est servi, lui aussi, dans une jolie vaisselle – avec l’échantillon d‘une de leurs pâtisseries maison comme griotte sur le Strudel. Après une traversée en mer et une balade vivifiante, voilà une escale bien réconfortante !

Pour conclure : un accueil royal.

https://www.royalemeraudedinard.com/fr/bar-dinard.html

* Construit en 1892, il fût d’abord hôtel Emeraude, puis annexe de l’hôtel Royal 2 étoiles, puis Mercure 3 étoiles et enfin Royal Emeraude 4 étoiles en 2011.
** Lieux de détente très sélectifs et traditionnellement fermés aux femmes, les « clubs » jouaient autrefois un rôle important dans la vie sociale des milieux aisés de Grande-Bretagne.
*** Petites pendeloques groupées en franges servant d’ornement en couture ou en déco.
**** Piano-bar le vendredi de 19 à 21 h, avec apéro-concert une fois par mois, où le directeur de la Maison partage sa passion du jazz et pousse même la chansonnette (plutôt bien, dit-on …) 
***** Clin d’œil à Astérix (dont le dernier album sort cette semaine) : « Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les romains… Toute ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur ».




La Belle époque

Le 23 octobre 2022
La Belle époque, 11 rue de Dinan, 35 400 Saint-Malo
Tous les jours, de 11h à 10h 

Note globale : 15
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 1,50 €

Aux mots croisés du jour : « N’est utile que si on la jette » (ancre)

La belle époque, pour la vieille cité corsaire, c’est celle de la Route du Rhum* : pendant les semaines qui précèdent le départ, bistrotiers et boutiquiers rivalisent d’idées pour nous projeter aux Antilles. Palmes et tissus madras, recettes spéciales (à vous laisser baba !) et tonneaux par dizaines, il reste encore 15 jours, et pourtant l’effervescence pointe déjà …

A « La Belle époque »** aussi, tout a changé ! Le vieux bar patiné des loups de mer a laissé place à une paillotte des Caraïbes. Non, vous n’avez pas (encore) abusé du rhum : c’est bien du sable que vous foulez, des bambous qui recouvrent les piliers du  comptoir, des planches de surf qui tapissent le plafond : ambiance Sea, Sun and Surf. 

La jeunesse malouine s’y retrouve avant ou après les cours, les touristes y font escale. On refait le monde dans toutes les langues, sur fond de (très forte) musique reggae. Bientôt, on pourra suivre les exploits des skippers sur la vieille mappemonde ou la télévision XXL provisoirement installée dans l’immense cheminée***.

Sabler le champagne pour étancher sa soif ? Pas vraiment ! Ici, l’atmosphère est au rhum : toutes les routes y mènent ! Mention spéciale pour le planteur**** fait maison et autres rhums arrangés.On trouve aussi de savoureux cocktails, de nombreuses bières locales, des cidres bien sûr et même … du café (Ouf !)

Pour conclure : du rhum, of course ! 

https://www.facebook.com/people/La-Belle-Epoque-Saint-Malo/100063623407978/

* Depuis 1978, cette course transatlantique en solitaire s’élance tous les 4 ans de Saint-Malo pour rejoindre Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Cette année, elle partira le dimanche 6 novembre …
** Il est situé dans l’une des maisons les plus anciennes de l’intra-muros, l’une des seules à avoir survécu aux bombardements.
*** La seule cheminée encore en activité dans un bar à Saint-Malo. Quand le feu y crépite l’hiver, on s’y réchauffe avec un bon chocolat à l’ancienne au retour d’un tour des remparts …
**** Le punch planteur ou planteur est un cocktail à base de rhum de la cuisine antillaise, auquel on associe des jus d’orange, goyave, ananas, citron et grenadine, ainsi que du sirop de canne.




Mon rêve

Le 10 juillet 2022
Mon rêve, 68 avenue Félix Faure, 75015 Paris
Tous les jours, de 8h à 23h (9h le WE)
Note globale : 16
Situation : 13
Cadre : 17
Accueil : 16
Ambiance : 15
Café : 17 (« Terres de café », torréfacteur réputé) 
Prix d’un café : 2 €

Aux mots croisés du jour : « Voyage de nuit » (Rêve)

ZZZZZ … 

Aujourd’hui est un jour de rêve : notre Roi bien aimé* nous a conviés à Versailles, au bal de la Cour. J’ai collé une mouche sur mon visage et inaugure ma robe à paniers, aussi rose qu’extravagante ! Elle est tellement volumineuse que je dois me contorsionner pour passer entre les portes et mon corset est si serré que je peux à peine respirer … mais il me donne une taille de guêpe. Ma coiffure aussi m’a donné du fil à retordre. J’ai dû la blanchir avec de la poudre et ajouter des armatures métalliques pour la rendre volumineuse. Heureusement que mon cher et tendre a fait surélever le toit de ma chaise à porteurs ! Qu’il est élégant dans son habit à la française si joliment brodé, avec sa perruque poudrée nouée en catogan …

Mon Dieu, quelle odeur épouvantable ! Qu’est-ce que je fais dans cette crèmerie** ? Elle ne manque pas de charme en même temps, avec son comptoir en bois, ses splendides corniches et carreaux de ciment au sol. Et puis ces magnifiques faïences qui représentent des scènes de … Oh ! Mais c’est nous : je reconnais ma robe de bal et mon Bien aimé à moi ! … Que se passe-t-il encore ? Voilà que lait et fromages ont été remplacés par muscadets et calvas***. Et tous ces ouvriers accoudés au zinc ! Ne me dites pas que je suis dans un bistro : c’est un cauchemar ! …

« Coucou ! » Un petit insectivore mécanique sort de sa pendule et m’extrait de mon rêve. Quoique : le décor Belle époque est resté****. A la place des ouvriers, ce sont maintenant des habitués ou badauds, voire touristes égarés. Quelques familles aussi ; car les petits rêveurs et rêveuses ont droit à un kit TPG (Tranquillité Parentale Garantie) pour que leurs parents puissent profiter de cette adresse de rêve.

Pour conclure : mon rêve devenu réalité …  

https://bistromonreve.fr/fr

* Devenu Roi en 1715, Louis XV, surnommé le « Bien-Aimé » règne jusqu’en 1774.
** Créé en 1913, notre estaminet du jour fut d’abord un magasin de produits laitiers …
*** … pour devenir bistro en 1920.
**** Ici pas de déco standardisée, tout est ancien, authentique … et classé !




Bistrot du théâtre de la Renaissance

Le 9 juin 2019

Bistrot du théâtre de la Renaissance, 19 rue René Boulanger, 75010 Paris
Tous les jours, de 7h à 2h
Note globale : 12
Situation : 13
Cadre : 13
Accueil : 10
Ambiance : 13
Café : 11
Prix d’un café : 2,40 €

Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’(*) : « Vide les baignoires pour remplir les lavabos » (entracte)

Acte 1 : exposition

Un bistrot parisien typique jouxte le théâtre de la Renaissance et sa jolie façade baroque à l’italienne.
Face à l’Arc de triomphe de la Porte Saint Martin**, il étale sa première terrasse sur le parvis ensoleillé,
en retrait des Grands boulevards. La seconde donne sur une petite ruelle piétonne pleine de charme,
plus calme encore.

Acte 2 : intrigue

On entre dans la Belle Epoque : vieux ventilateurs, chaises rétro, vrai comptoir en zinc et affiches de théâtre.
Mais nulle âme qui vive. Et sur les tables, à 10h du matin, le couvert est déjà mis.
Nous acceptera-t-on pour une simple boisson ?

Acte 3 : renversement de situation

Un ours surgit de l’arrière-salle – en fait non, on a plutôt l’impression qu’il arrive tout droit de ses montagnes.
Le genre bourru, pas vraiment relations publiques.

Acte 4 : coup de théâtre

Des habitués arrivent qui s’installent au comptoir. Rapidement, le vin coule dans les gosiers,
épongé par quelques rondelles de saucisson. Et très vite, tels des acteurs en tournée,
ils échangent des répliques gouleyantes reçues zinc sur zinc par notre ursidé qui semble apprécier
cette pièce en verres : il se détend.

Acte 5 : dénouement
C’est bruyant, on est serrés mais l’ambiance est devenue conviviale et chaleureuse.
Et vous n’allez pas me croire, mais la Bête a même accepté de nous servir un café !
Pas du haut de gamme (il aurait besoin d’un bon torréf-acteur), mais correct.

Pour conclure : un ours des tavernes … qu’on a failli tailler en pièces !

http://bistrotrenaissance.fr

* De Tristan Bernard, romancier et auteur dramatique français, célèbre pour ses mots d’esprit (1866 – 1947) 
** Populaire et vivant, ce quartier regorge de théâtres :
celui de la Renaissance mais aussi la Porte Saint-Martin, le Petit Saint-Martin, le Splendid et la Gaîté Lyrique.




Le Bistrot 1900 / Puy du Fou

Le Bistrot 1900, Le Puy du Fou, 85 590 Les Epesses |
Du 6 avril au 4 novembre, de 10h15 à 19h

Note globale : 15
Situation : 17
Cadre : 15
Accueil : 16
Ambiance : 17
Café : 10
Prix d’un café : 2,20 €

Aux mots croisés du jour, la meilleure def’:
La meilleure def’: « Tire sur sa fin » (tacot)

 

Longtemps à l’abandon, le Puy du Fou* est devenu la mémoire vivante de notre culture, et après quarante ans, le premier parc à thème au monde, sollicité par de nombreux pays pour mettre en valeur leurs propres racines.

Des spectacles historiques grandioses, un espace naturel magnifiquement préservé mais aussi des villages reconstitués à différentes époques.
Au centre du Bourg 1900, on se donne rendez-vous sous la halle Eiffel, bordée de boutiques aux vitrines alléchantes et bien sûr … d’un bistrot !

Une grande brasserie Belle Epoque, aux verrières de style typiquement « Art Nouveau »,
à la terrasse de laquelle Puyfolais d’un jour ou de toujours profitent de l’ambiance animée :
sur des chansons d’antan rythmées par l’accordéon, les plus jeunes tournevirent sur le carrousel, le garde-champêtre aux bacchantes solennelles et au bedon vendéen (la célèbre brioche !) tonitrue les annonces officielles, tandis que des automates jaillissent de leurs fenêtres.

Les serveuses s’activent dans un ballet bien huilé. Avec leur costume d’époque – chemisier et tablier blancs sur longue robe noire, le chignon élégamment recouvert de dentelle choletaise** – elles contribuent au dépaysement.

« Pour la limonade, c’est avant 11h30 ou après 15h », est-il précisé.
L’expresso relève plus du mélange de robusta et de chicorée – avec un tantinet d’alcool de pneu, persiflent les mauvaises langues ! – mais la bière de Vendée pression est légère et fluide.
Et à l’heure de l’apéritif, le « Troussepinette »*** tout à fait conseillé.

Pour conclure : ambiance musette, café lavette.

https://www.youtube.com/watch?v=jlWAaEkxjIY

* Le Puy vient du latin « Podium » qui signifie promontoire et Fou, du vieux français « fouteau », désigne le hêtre. La consonance du premier évoque la profondeur et le mystère ; celle du second, le grain de folie déposé en chacun de nous.
** De Cholet (à 20 km), réputée au XIXème siècle pour ses mouchoirs et ses dentelles.
*** Autrefois fabriqué clandestinement, le vin d’épines, ou troussepinette en Vendée, est un vin aromatisé dont le nom vient de son ingrédient spécifique, le prunellier. Il se boit le plus souvent frais en été, en apéritif, mais aussi l’hiver, en vin chaud.




La Renaissance

112 rue Championnet, 75018 | Station vélib’ 111 rue Belliard |Dimanche de 9h à 2h00

Note globale : 13

Situation : 10  | Cadre : 13| Accueil : 14 | Ambiance : 15 | Qualité du café : 14

Prix d’un café : 2,10 €

Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’ : « Avec le temps, elle gagne sur tous les fronts » ( Ride)


Au fin fond du XVIIIème, le quartier du Poteau a conservé tout son caractère.
C’est ici qu’on a débusqué cet étonnant bistrot, dans une rue qui dégringole de Montmartre à Barbès.
Une étroite terrasse, bien abritée du vent, et puis, derrière les rideaux de dentelle, un lieu intemporel :
ouvert en 1904, rien ne semble avoir changé depuis, ou presque. Ah, la Belle Epoque !

Combien de milliers de coudes se sont levés du vieux comptoir de marbre et de bois arrondi, cerné par quelques tabourets patinés par le temps. L’éclairage est un peu tremblotant mais les habitués n’en ont cure, ils continuent à perpétrer la tradition dans une ambiance bon enfant …

Séparée par des boiseries surmontées de vitraux fleuris, l’arrière-salle est plus tranquille mais tout aussi désuète : sol en mosaïque et plafond doré, colonnades baroques et panneaux fissurés, fresques de paysages romantiques et néons en vitraux d’époque, lampes art déco et miroirs biseautés et piqués, tables en bois sombre et banquettes rouges défoncées. Tout est dans son jus et dégage un charme suranné.

Pas étonnant qu’il ait séduit le septième Art. Depuis l’origine, les tournages s’y enchaînent, à l’instar des Ripoux, son plus gros succès. On imagine Claude Chabrol et Lino Ventura attablés, Daniel Brühl séduisant Mélanie Laurent ou les techniciens le prenant d’assaut à l’heure du déjeuner.

Un bruit sec et régulier résonne : un nonagénaire coiffé d’un panama et chaussé de deux paires de lunettes (ne me demandez pas pourquoi !) cogne sa petite cuillère contre sa tasse. Le garçon accourt, visiblement habitué …

Pour conclure : un bon jus pour un coin dans son jus.

www.bistrotlarenaissance.fr

www.dixhuitinfo.com/portraits/article/un-documentaire-capte-l-ame-de-la-Renaissance