Tag: Cafetière


image_pdfimage_print
Le désespoir des cafetiers

Dimanche 8 novembre 2020

Les cafetiers ? Ils sont comme nous : reconfinés !
Depuis 10 jours et pour un mois au moins.
Dans leur bistrot, un cafetier et sa cafetière sont désespérés  …


Roger

– A quoi y sert maintenant, le père Colateur ?
Gisèle
– Ouaih, y’en a marc : c’est pas un grain qu’on s’prend, c’est une tornade.
Roger
– Et café le gouvernement, hein, tu peux m’le dire ? ?
Gisèle
– Ah ça, pour nous écraser, ils ont mis le paquet.
Roger
– Maintenant mon rad, il est en rade ; y s’rendent pas compte :
c’est qui qui va payer les traites ? Y en a pour 2000 sacs ! Pourtant, j’ai de la bouteille …
Gisèle
– T’en as même plusieurs !
Roger
– Eh ben la coupe, elle est pleine.
Gisèle

– Et la tasse vide.
Roger
– La caisse surtout. Avec ça, la pression, elle est au max.
Gisèle
– Et la dépression pas loin.
Roger
– J’travaille plus mais j’suis moulu. Plus d’café, c’est la bière, direct !
Gisèle
– Faut quand même pas voir tout en noir, Roger.
Roger

– Les clients ont pas l’droit d’rentrer, nous on n’a pas l’droit d’sortir :
où qu’c’est qu’tu la vois, la lumière, toi ? 
Gisèle
– C’est vrai qu’nous interdire d’ouvrir, c’est fort de café quand même.
Roger
– J’en ai ras la cafetière : s’il vient le ministre, j’vais lui parler sans filtre, moi.
Mon café, y vaut plus rien  : y a rien contre quoi je peux le troquer.
Gisèle
– T’as raison, parce qu’si ça continue comme ça, on va finir par la boire, la tasse.
Roger
– Si j’peux plus la préparer, j’vais la faire parler, moi, la poudre.
Et quand j’s’rai mort, c’est allongé que j’le prendrai mon café !


Cafetière et confinement

Dimanche 19 avril 2020

Ras la cafetière !

Trente-six jours déjà que les cafés sont fermés :
Inutile de vous dire que je suis au trente-sixième dessous !

Un tsunami viral s’est abattu sur notre pays. La France a déclaré la guerre au coronavirus. C’est l’immobilisation générale ! En bon petit soldat, je respecte scrupuleusement les recommandations. Comme tout le monde (ou plus exactement,
un peu plus de la moitié du monde), je reste confinée. Claquemurée, 23h/24 !

Au début, j’enfourchais mon vélo d’appartement pour me rendre à mon télétravail, mais depuis deux semaines,
je suis en télévacances : ça change tout ! Je peux ne rien faire de la journée ; si je n’ai pas fini, je continue le lendemain.
Au fait, quel jour est-on ? Mermanche ou lundredi ? J’interroge ma cafetière faute d’avoir pu poser la question à mon livreur de capsules : il s’est contenté d’un bref signe de l’autre côté de la porte. J’avais pourtant enfilé un gant de toilette pour lui donner un pourboire. C’est que je suis consciente des risques qu’il encourt pour me porter ces produits – de toute première nécessité, est-il besoin de le rappeler.

Une heure par jour, nous avons droit à la trêve des confineurs. Je demande à mon téléphone l’autorisation de sortir
à moins d’un kilomètre. Faute de masque, je fais trois tours avec mon foulard. Je peux ainsi faire mes courses « essentielles » avec un minimum de sécurité. Mais chaque fois que je croise un passant, je fais quand même un écart.
On ne sait jamais !
A l’entrée de la supérette, le vigile asperge nos mains de gel hydroalcoolique. Il veille aussi à ce que les distances
de sécurité soient respectées. Et surveille les psychopâtes et autres sérialstockeurs qui voudraient vider les rayons !

Heureusement, au pays des Gaulois, il y a des irréductibles.
Notre boulangère en est une. Elle ne craint pas d’être démasquée. Elle n’a pas non plus marqué de traçage au sol.
Cela dit, je ne suis pas sûre qu’il y ait deux mètres dans son espace clients.
Mardi, pour fêter la fin du premier mois de confinement, elle avait apporté sa cafetière et proposait un expresso à tous
ses habitués. Elle nous l’offrait dans un simple gobelet en carton, certes ; et nous  invitait à le déguster dehors, forcément. Mais il était surmonté d’une crème onctueuse et dégageait des arômes prometteurs. Dès la première gorgée, un vrai nectar glissait sur notre palais. Et bien après la dernière, on profitait encore de sa belle longueur en bouche. Au soleil,
sur l’avenue, tous ensemble mais à un mètre d’écart les uns des autres, nous avons partagé … un pur moment de félicité !

Pour conclure : un café déconféïné … ou l’art de se resocialiser à distance.


Café de la maison de Balzac
25/12/2019

Maison de Balzac

Le 15 décembre 2019
Maison de Balzac, 47 rue Raynouard, 75 016 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h ;  symbole-handicap
Note globale : 14
Situation : 16
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 13
Café : 13 
Prix d’un café : 3,00 €

Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Père d’Honoré » (Goriot)

 

En contrebas de la rue, une maison blanche aux volets verts d’eau accrochée aux coteaux de Passy :
celle où vécut Balzac*, devenue depuis musée.
Après un an de travaux, ce dernier est plus accessible et s’est vu doter d’un nouveau pavillon d’accueil
comprenant bibliothèque et … café.

Incongru ? Que nenni : pour  l’écrivain, ce breuvage était une véritable drogue. Il ne confiait à personne
le soin de le confectionner et choisissait des variétés de Martinique, de l’île Bourbon et du Yémen
qu’il mélangeait et faisait bouillir des heures durant, pour obtenir un concentré capable de le tenir éveillé toute la nuit**. Cet ogre de travail en buvait, dit-on, jusqu’à 50 tasses par jour (j’ai trouvé mon maître !!) Aux hommes de solide constitution, Balzac recommandait même de « broyer grossièrement le café, l’humidifier légèrement et l’avaler ! »

Point de tout ça à présent : les cafés sont artisanaux et goûteux, au lait d’amande pour qui les préfère plus doux, accompagnés des pâtisseries maison qui ont fait la renommée de Rose Bakery***.
On les déguste à l’intérieur dans un espace de bois et verre, épuré et lumineux, ou dans le jardin, face à la maison
et à la tour Eiffel. Loin du tumulte parisien, on peut alors en profiter pour (re)découvrir l’univers balzacien
en se plongeant dans des ouvrages de la Comédie humaine mis à disposition …

Pour conclure : un café qui mérite d’être honoré.

http://www.maisondebalzac.paris.fr

* En 1840, criblé de dettes, Balzac vient se cacher, sous le nom de sa gouvernante-maîtresse, au milieu des vignes.
Mais la petite maison de la rue Raynouard était aussi le dernier étage d’un hôtel particulier plaqué contre la paroi
d’une ancienne carrière : en voyant un huissier arriver dans son jardin, il pouvait donc s’enfuir par un escalier intérieur jusqu’à la rue Berton.
** Sa cafetière en porcelaine de Limoges exposée au musée lui servit des centaines de litres. Dans son Traité des excitants modernes, Balzac écrit : « Le café tombe dans votre estomac. Dès lors, tout s’agite : les idées s’ébranlent comme les bataillons de la Grande Armée sur le terrain d’une bataille. Les souvenirs arrivent au pas de charge, enseignes déployées ; la cavalerie légère des comparaisons se développe par un magnifique galop ; l’artillerie de la logique arrive avec son train et ses gargousses ; les traits d’esprit arrivent en tirailleurs ; les figures se dressent ; le papier se couvre d’encre, car la veille commence et finit par des torrents d’eau noire, comme la bataille par sa poudre noire. »
*** Enseigne du café, incontournable pour les amateurs de bio et d’authenticité à l’anglo-saxonne.