Chez Fred

Le 23 mai 2021

Chez Fred, 19 place du Palais, 33 000 Bordeaux
Du lundi au samedi de 7h30 (9h le WE) à 2h (21h pendant le couvre-feu) 
Note globale : 16
Situation : 17
Cadre : 15
Accueil : 17
Ambiance : 17
Café : 14 
Prix d’un café : 2,00 €

 

Enfin ! Depuis mercredi, tous les signaux sont au verre … ou presque :
pour le petit noir au comptoir, nous attendrons le 9 juin.
Pour l’heure, ceux qui n’ont pas été terrassés par le Covid se contentent de savourer leur première gorgée de bière* en terrasse. Les conditions sont encore restreintes : jauge à 50%, moins de 6 par table, gel hydroalcoolique, masque lors des déplacements et horaires contraints – même si le couvre-feu est plus tardif**. Mais ni ces restrictions, ni la pluie (première cliente !), ne douchent notre enthousiasme : à nous la terrassothérapie !

Ca repart très fort : les cafetiers passent de la dépression à la pression – du moins, c’est mon impression. Tables et chaises fleurissent sur les trottoirs. Et sur les places de stationnement adjacentes, de nouvelles terrasses émergent, bâties en hâte avec des palettes. Quant aux clients, ils se bousculent. Les serveurs sont obligés de filtrer ; comme ils ne peuvent ouvrir qu’à moitié de leur capacité, certains préfèrent les champions de la descente (capables de boire pour 2 !)
Mais rien n’arrête les sevrés du café, pas même la météo. S’il le faut, ils viennent avec écharpe, couvre-chef, ciré et parapluie. De petits malins font mine de s’inquiéter :
« On a réservé sur Doctolib, combien de temps faut-il entre 2 doses d’expresso ? »

A Bord’eaux aussi, c’est l’effervescence. Non loin de la Garonne, Fred, le patron du Bar des Vedettes, a ressorti son mobilier et ses guirlandes de loupiotes. La placette a pris des airs de fête ; on dirait le sud !*** L’atmosphère est chaleureuse et tranquille. Pas une voiture, bien qu’on soit au cœur du centre historique. On aperçoit d’ailleurs la majestueuse silhouette de la Porte Cailhau****, monument emblématique s’il en est. Que dis-je ? Chais d’œuvre !!
Et quand le soleil se couche sur la place, la terrasse de Fred devient un lieu mag’hic.
Pas étonnant que les bordelais s’y précipitent …

Pour conclure : avec le lancement du barathon, n’oubliez pas la modération !

http://www.barchezfred.com

* Cf. « La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules » est un recueil de Philippe Delerm (1997).  Pour lui, le bonheur tient en 34 « plaisirs minuscules ». Il évoque, sous forme de petites séquences, la satisfaction immense qu’il tire de petits gestes insignifiants et nous rappelle que prendre le temps, socialement ou pour soi, n’est pas une perte de temps. 
** Il passe de 19 à 21h.
*** Chanson écrite et interprétée par Nino Ferrer en 1975, son plus grand succès.
**** Appelée aussi porte du Palais, elle faisait office à la fois de porte défensive et d’arc de triomphe. Construite en 1450, elle est classée monument historique depuis le 28 mai 1883.




Coronavirus Café / 5

Dimanche 19 avril 2020

Ras la cafetière !

Trente-six jours déjà que les cafés sont fermés :
Inutile de vous dire que je suis au trente-sixième dessous !

Un tsunami viral s’est abattu sur notre pays. La France a déclaré la guerre au coronavirus. C’est l’immobilisation générale ! En bon petit soldat, je respecte scrupuleusement les recommandations. Comme tout le monde (ou plus exactement,
un peu plus de la moitié du monde), je reste confinée. Claquemurée, 23h/24 !

Au début, j’enfourchais mon vélo d’appartement pour me rendre à mon télétravail, mais depuis deux semaines,
je suis en télévacances : ça change tout ! Je peux ne rien faire de la journée ; si je n’ai pas fini, je continue le lendemain.
Au fait, quel jour est-on ? Mermanche ou lundredi ? J’interroge ma cafetière faute d’avoir pu poser la question à mon livreur de capsules : il s’est contenté d’un bref signe de l’autre côté de la porte. J’avais pourtant enfilé un gant de toilette pour lui donner un pourboire. C’est que je suis consciente des risques qu’il encourt pour me porter ces produits – de toute première nécessité, est-il besoin de le rappeler.

Une heure par jour, nous avons droit à la trêve des confineurs. Je demande à mon téléphone l’autorisation de sortir
à moins d’un kilomètre. Faute de masque, je fais trois tours avec mon foulard. Je peux ainsi faire mes courses « essentielles » avec un minimum de sécurité. Mais chaque fois que je croise un passant, je fais quand même un écart.
On ne sait jamais !
A l’entrée de la supérette, le vigile asperge nos mains de gel hydroalcoolique. Il veille aussi à ce que les distances
de sécurité soient respectées. Et surveille les psychopâtes et autres sérialstockeurs qui voudraient vider les rayons !

Heureusement, au pays des Gaulois, il y a des irréductibles.
Notre boulangère en est une. Elle ne craint pas d’être démasquée. Elle n’a pas non plus marqué de traçage au sol.
Cela dit, je ne suis pas sûre qu’il y ait deux mètres dans son espace clients.
Mardi, pour fêter la fin du premier mois de confinement, elle avait apporté sa cafetière et proposait un expresso à tous
ses habitués. Elle nous l’offrait dans un simple gobelet en carton, certes ; et nous  invitait à le déguster dehors, forcément. Mais il était surmonté d’une crème onctueuse et dégageait des arômes prometteurs. Dès la première gorgée, un vrai nectar glissait sur notre palais. Et bien après la dernière, on profitait encore de sa belle longueur en bouche. Au soleil,
sur l’avenue, tous ensemble mais à un mètre d’écart les uns des autres, nous avons partagé … un pur moment de félicité !

Pour conclure : un café déconféïné … ou l’art de se resocialiser à distance.