Litteratum

Le 13 novembre 2022
Café Litteratum, 22 rue des Écoles, 75 005 Paris
Tous les jours, de 9h à minuit
Note globale : 17
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 19
Ambiance : 19
Café : 16 
Prix d’un café : 2,00 €

Aux mots croisés du jour :
« Deux notes pour une mélodie nostalgique » (Fado)

« Litteratum », rue des écoles : voilà qui est raccord puisque cet adjectif latin (comme le quartier !) désigne un érudit, particulièrement féru de littérature. De l’extérieur, c’est un écrin de verdure : deux petites tables de jardin, des plantes comme s’il en pleuvait, et, derrière la vitrine, des bouteilles et produits d’épicerie fine. Intrigués, on pousse la porte : un vaisselier, deux capelines, trois orchidées, quatre autres tables, des bocaux, des livres, des fleurs : seul manque le raton laveur* ! Tout cela en un seul et même lieu, à la fois boutique, café et galerie d’art. Dans un décor immaculé sur lequel tranchent plantes vertes et tableaux joyeusement colorés. 

Personne ? Ah si ! Une voix nous parvient du haut d’un escabeau tout au fond :
– Je finis d’arroser et je suis à vous !
C’est Gloria, la propriétaire. Un petit bout de femme élégamment chapeautée et toute de blanc vêtue (Tiens, tiens !).
Elle nous accueille avec chaleur et nous parle de ses passions qui envahissent son (minuscule) local :
les plantes, la littérature, la peinture.
– Le Portugal aussi, non ?
– Comment savez-vous ? 
– A cause des bouteilles de Porto, de Vino Verde, et puis l’affiche du Douro … 
– C’est ma région ! 
Et nous voilà partis sur ses attraits, tandis que notre hôtesse actionne les manettes de sa Simonelli** (blanche, il va sans dire !) pour nous préparer un (excellent) café …

Un voisin entre et s’installe ; « Philippe », nous précise-t-elle. Puis une compatriote, Sophie, venue corriger ses copies tout en dégustant un pastel de nata***. Carlos, son mari, arrive avec le chariot de courses. Tout ce petit monde discute de tout : poésie, fado****, jardinage : le lieu est propice aux échanges. On est pris par son charme et la gentillesse de ses hôtes. Bien plus qu’un café, c’est une expérience humaine !

Pour conclure : « Litteratum », tout un poème !

                https://www.facebook.com/profile.php?id=100034332197970  

* Cf. « Inventaire », poème de Jacques Prévert (1957)
** L’une des machines professionnelles les plus fiables et robustes, qui garantit un expresso de qualité.
*** Sorte de petit flan pâtissier, dégusté parfois tiède, typique du Portugal – littéralement « pâtisserie à la crème ». 
**** Chants populaires portugais au thème mélancolique, accompagné d’instruments à cordes pincées.




Café-Tabac

Le 27 mars 2022
Café-Tabac, 1 bis rue Ravignan, 75 018 Paris
L-Ma 8h30 à15h, J-V 8h30 à17h, S-D 9h à17h (fermé le mercredi)
Note globale : 16
Situation : 17
Cadre : 13
Accueil : 16
Ambiance : 17
Café : 16 
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Une feuille qui a ses amateurs » (tabac)

 

« Café-tabac » : drôle de nom puisqu’il n’a de tabac que l’enseigne … mais il a eu été !
C’est en remontant la butte* qu’on a découvert ce café microscopique : vingt mètres carrés baignés de lumière (belles pierres claires et surtout, vitres à foison !) mais peu de tables : mieux vaut éviter de venir en meute – même si, par temps clément, la terrasse offre quelques places supplémentaires (plein sud !) A l’intérieur, la déco s’inspire du code couleur rouge et blanc de la fameuse carotte**, du carrelage aux stores, en passant les meubles et la vaisselle.

Si la place des Abbesses fourmille quelques mètres plus bas, ici, l’ambiance est tranquille et bon enfant.
Des touristes s’y hasardent parfois, mais ce sont surtout les riverains qui y prennent leurs quartiers. Avec leurs enfants, voisins et amis, ou bien en solo pour lire ou travailler. Pas de wifi par contre, c’est volontaire, mais la presse du jour, des magazines et même des albums pour les plus jeunes sont à disposition.

Derrière le comptoir, Charlotte, fille d’un torréfacteur australien, s’occupe de la pâtisserie, tandis que son barista de mari prépare notre nectar*** dans les règles de l’art. Mon ristretto a des notes d’épices, de chocolat et de pain grillé, tandis que le Golden Latte**** de mon cher et tendre, orné d’un joli cœur, est crémeux à souhait.
A la table voisine, un couple d’habitués attaque son brunch dominical : chocolat chaud au caramel, jus pressé minute et viennoiseries, suivis d’œufs brouillés (LA spécialité de la maison !) et pastels de nata *****… pour faire glisser ! 😉

Pour conclure : un café qui fait un tabac.

https://www.cafetabac.fr  

* Montmartre.
** Au XVIe siècle, le tabac était vendu en feuilles que l’on mâchait ou fumait. Elles étaient rassemblées en un petit rouleau ficelé … ressemblant à une carotte ! Depuis les années 30, celle-ci est devenue le signe distinctif des bureaux de tabac.
*** Café australien provenant d’Amérique du Sud servi à l’italienne, comme à Melbourne et un peu partout au pays des kangourous, où ce genre de bar fait fureur.
**** Au lait de vache, soja, avoine, amande ou riz.
***** Célèbres douceurs de Belem : http://lescafesdottilie.fr/pasteria-de-belem-lisbonne-portugal/




Mecearia Dona Mecia (Madère)

Le 3 mars 2019

Mercearia Dona Mecia, rua Aranhas 26, Funchal (Madère)
De 8h à 22h, minuit le vendredi, 10h à 20h le samedi, fermé le dimanche
Note globale : 13
Situation : 12
Cadre : 13
Accueil : 13
Ambiance : 14
Café : 14
Prix d’un café : 0,75€

Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Pour avoir du punch » (rhum)

 

De son promontoire surplombant l’Atlantique, Christophe Colomb* observe la Santa Maria … enfin sa réplique !
Lui-même n’est qu’une statue de pierre sur laquelle de petits lézards se chauffent au soleil.
On traverse toujours avec plaisir ce parc Santa Catarina, d’où la vue sur la Marina et le port est incomparable,
avant de descendre l’avenue de l’Infante pour rejoindre les rues étroites de Funchal.

Derrière un modeste portail se niche une ancienne maison de ville et sa petite cour carrée, prolongée par un passage
entre deux ruelles. Bucolique avec son haut mur couvert de vigne vierge, mais dans les courants d’air ; gare au rhume !
On lui préfère la première : sur les bancs de pierre qui l’entourent ou les tabourets de bois, quelques locaux se retrouvent un peu groggy après les festivités de la veille : hier avait lieu le grand cortège allégorique du Carnaval, suivi de danses
et musiques arrosées de poncha** jusqu’au bout de la nuit.

Quel contraste avec ce lieu si paisible et plein de charme ! Le rhum local est remplacé ce matin par un café
– le meilleur de la ville disent certains -, accompagné d’un pastel de nata*** encore tiède.
Avant de s’éclipser, petit coup d’œil à l’intérieur : outre le comptoir, une délicieuse épicerie fine, avec ses charcuteries
de pays, vins des îles et conserves de sardines de toutes les couleurs joliment disposées dans leurs vitrines.

Pour conclure : sur la route du rhum …

http://www.semilhastudio.com/portfolio/mercearia-dona-mecia-video-promo/
(Vidéo < 2 mn)

* Alors qu’il parcourait les mers comme navigateur marchand, Christophe Colomb est attaqué par des corsaires en 1478. Il trouve refuge à Madère sur l’île de Porto Santo et y rencontre sa future femme, Filipa Moniz, fille du gouverneur de l’île.
De leur brève union — elle décède en 1484 — naîtra un fils, Diego. C’est ici que se dessinent peu à peu ses projets d’exploration. Il noue des contacts avec de vieux marins, étudie cartes et traités de navigation et a l’idée de rejoindre
les Indes en passant par l’Atlantique. Mais le roi du Portugal la rejette ; il se tourne alors vers les rois d’Espagne …
** Rhum de canne local, citron, miel et fruits de la passion.
*** Une pâte feuilletée qui se défait dans la main tant elle est croquante, une garniture de crème aux œufs aromatisée
de vanille ou de cannelle : c’est tout le passé du Portugal distillé dans une bouchée !