Récit de Voyage

Le 30 octobre 2022
Récit de Voyage, 9 rue de la Fosse, 35 400 Saint-Malo
Du vendredi au lundi, de 9h à 18h
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 13
Accueil : 15
Ambiance : 14
Café : 13 
Prix d’un café : 1,50 € (brunch à 20,50 €) 

Aux mots croisés du jour : « Le réussir nécessite un certain bagage » (voyage) 

Récit de Voyage est le premier né* de Valentine et François … et c’est une pâtisserie ! Elle a fait son apparition un vendredi 13. Jour de chance ? Pas vraiment : trois jours plus tard, le Président annonçait le confinement – et donc sa fermeture !!

Après avoir oeuvré chacun dans de grands établissements**, nos tourtereaux s’étaient rencontrés chez un meilleur ouvrier de France, puis avaient mis le cap sur l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, la Russie, le Japon et l’Australie. Autant d’occasions de découvrir de nouvelles saveurs et associations de goûts …

De retour dans la Cité corsaire, ils décident de partager leurs découvertes avec ce salon de thé. Sur la place du marché aux légumes, on repère vite sa devanture azur, ses grandes baies vitrées et ses tables au soleil. La (très) grande salle évite d’être les uns sur les autres mais manque de chaleur (Il suffirait pourtant de peu : lambris de bois à la place du carrelage bleu, mobilier cosy …) Seuls les stickers de voyage et la carte du monde qui recouvre le mur du fond lui donnent un peu de cachet. Sur les piliers, quelques nœuds de Madras*** rappellent la Route du Rhum dont le départ approche, mais semblent dérisoires dans cette immense pièce comparés aux autres décos de l’intra-muros.

Heureusement, l’accueil est plus amène ; Pickles, y contribue : mascotte de la Maison, c’est un bon chien tranquille … et visiblement bien nourri. Les enfants le caressent au passage, et partagent régulièrement leurs pâtisseries avec lui ! 

Au menu du brunch, une boisson chaude (avec notamment un café parfaitement maîtrisé par la Barista), une boisson fraîche (excellent jus d’orange-carottes), un énorme croissant ou pain au chocolat, un (très bon mais pas bien grand) morceau de pain accompagné de beurre salé et (succulente) confiture abricots-vanille. Avec la (délicieuse) croustade aux champignons en guise de plat salé, nous voilà calés !

Pour conclure : cadre un peu triste, mais les pâtiss’rient ! 

                                      https://www.recitdevoyagepatisserie.fr

* Le deuxième est attendu dans les heures qui viennent : fille ou garçon ?
** Le Meurice et le George V pour elle, la Maison Angelina pour lui.
*** Ce tissu emblématique des Antilles arrive dans ces îles en 1948, par l’intermédiaire des employés indiens des Anglais – cette date coïncidant avec l’abolition de l’esclavage. Prisé pour ses couleurs vives, il symbolise 
le mélange ethnique des sociétés créoles qui ont connu un large métissage de diverses populations.




La Belle époque

Le 23 octobre 2022
La Belle époque, 11 rue de Dinan, 35 400 Saint-Malo
Tous les jours, de 11h à 10h 

Note globale : 15
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 1,50 €

Aux mots croisés du jour : « N’est utile que si on la jette » (ancre)

La belle époque, pour la vieille cité corsaire, c’est celle de la Route du Rhum* : pendant les semaines qui précèdent le départ, bistrotiers et boutiquiers rivalisent d’idées pour nous projeter aux Antilles. Palmes et tissus madras, recettes spéciales (à vous laisser baba !) et tonneaux par dizaines, il reste encore 15 jours, et pourtant l’effervescence pointe déjà …

A « La Belle époque »** aussi, tout a changé ! Le vieux bar patiné des loups de mer a laissé place à une paillotte des Caraïbes. Non, vous n’avez pas (encore) abusé du rhum : c’est bien du sable que vous foulez, des bambous qui recouvrent les piliers du  comptoir, des planches de surf qui tapissent le plafond : ambiance Sea, Sun and Surf. 

La jeunesse malouine s’y retrouve avant ou après les cours, les touristes y font escale. On refait le monde dans toutes les langues, sur fond de (très forte) musique reggae. Bientôt, on pourra suivre les exploits des skippers sur la vieille mappemonde ou la télévision XXL provisoirement installée dans l’immense cheminée***.

Sabler le champagne pour étancher sa soif ? Pas vraiment ! Ici, l’atmosphère est au rhum : toutes les routes y mènent ! Mention spéciale pour le planteur**** fait maison et autres rhums arrangés.On trouve aussi de savoureux cocktails, de nombreuses bières locales, des cidres bien sûr et même … du café (Ouf !)

Pour conclure : du rhum, of course ! 

https://www.facebook.com/people/La-Belle-Epoque-Saint-Malo/100063623407978/

* Depuis 1978, cette course transatlantique en solitaire s’élance tous les 4 ans de Saint-Malo pour rejoindre Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Cette année, elle partira le dimanche 6 novembre …
** Il est situé dans l’une des maisons les plus anciennes de l’intra-muros, l’une des seules à avoir survécu aux bombardements.
*** La seule cheminée encore en activité dans un bar à Saint-Malo. Quand le feu y crépite l’hiver, on s’y réchauffe avec un bon chocolat à l’ancienne au retour d’un tour des remparts …
**** Le punch planteur ou planteur est un cocktail à base de rhum de la cuisine antillaise, auquel on associe des jus d’orange, goyave, ananas, citron et grenadine, ainsi que du sirop de canne.




Le Mêlécasse

Le 16 octobre 2022
Le Mêlécasse, 12 rue de la Butte-aux-Cailles75 013 Paris
De 8h à 0h (1h30 le vendredi et le samedi), accessible
Note globale : 15
Situation : 16
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 17
Café : 13 
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « L’effet d’une bombe » (tag)

La Butte-aux-Cailles, un nom en lien avec ces oiseaux si prisés des chasseurs ?
Pas du tout ! Pierre Caille en est à l’origine, ou plutôt sa famille par extension : en 1543, ce vigneron avait acquis un coteau sur cette butte champêtre couverte de vignes, bois, prés et moulins à vent. 
La colline a gardé ses étroites rues pavées en pente, vieux pavillons et places typiques*: une oasis en dehors du temps.

Sur l’artère principale, le Mêlécasse** est une institution. De sa terrasse, on ne voit guère de monde (rare dans la capitale !) mais on profite de la lumière et de la tranquillité. A l’entrée, un « bonjour » plein de gentillesse nous accueille, et une fois installés, le même serveur s’enquiert d’abord, non pas de savoir ce que l’on veut boire, mais si l’on est bien : question limite incongrue pour les parisiens que nous sommes ! (C’est bien la première fois !!). Peu après, son collègue dépose nos boissons sur l’ancienne bobine à enrouler les câbles qui nous sert de table : un expresso dans une tasse-soleil (j’adore !) et un crème à la mousse si volumineuse qu’on dirait un bonnet de Schtroumpf*** ! 

La salle triangulaire (insolite !) ne manque ni de charme, ni de caractère : murs en pierres, chaises canées multicolores, guirlandes d’ampoules, tableaux de street art mais aussi bar plus traditionnel pour garder l’esprit brasserie. Tout est fait pour qu’on s’y sente bien … et de fait, on y revient : tout le monde connaît tout le monde. Dehors, on se salue, on se hèle, on se serre la pince. Dedans, on circule, on échange, on s’épanche. Et quand le soir tombe, l’équipe, toujours aux petits soins, allume de petites bougies qui font danser des flammes dans les yeux des derniers clients …

Pour conclure : melting top !

                                       https://www.facebook.com/lemelecasseofficiel/

* Les carrières de calcaire de son sous-sol l’ont préservé des grands travaux d’Haussmann et lui ont permis de garder cet air de petit village. Mais, alors qu’il était historiquement ouvrier, le quartier est devenu un lieu de prédilection pour les artistes et hipsters aisés : en témoignent l’art de rue abondant, les lofts aux toits verdoyants et les boutiques gastronomiques.  

** Abréviation de « mêlé-cassis », du participe passé « mêlé » et de « cassis » pour un mélange d’eau-de-vie et de liqueur de cassis. NB. Expression « une voix de mêlé-casse » : une voix rauque, éraillée.

*** Créature bleue à bonnet blanc imaginée par Peyo en 1958, vivant en communauté dans un village champignon au milieu d’une lointaine forêt.




Capone

Le 9 octobre 2022
Capone, 8 avenue du Trône, 75 012 Paris
De 7h à 1h (2h le vendredi et le samedi)
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 13 
Prix d’un café : 2,80 €

Aux mots croisés du jour : « Voiture à découvrir » (décapotable)

« Capone » ? On imagine aussitôt un repaire de gangsters !
Celui d’Alphonse,dit « Al Capone* », qui sévissait à l’est des Etats-Unis au siècle dernier …

Que nenni ! Ici, « Capone » nous fait plutôt penser à … « capot » : une superbe autobianchi** trône devant le comptoir. Décapotable de surcroît, de quoi donner envie à notre quatuor de s’y engouffrer pour pouvoir poster un selfie au frère de notre amie italienne, en ce jour anniversaire. Mais bien que le Garçon soit gentil comme un bisounours, on n’ose lui demander l’autorisation, juste un simple portrait de nous, sagement assises sur la banquette …

La salle est immense et en même temps très intime ; toute en noir, elle dégage pourtant une atmosphère on ne peut plus chaleureuse. Ces Italiens sont décidément toujours les rois de la déco ! 
Pour un tête à tête ou repas de groupe, les deux salles de l’étage sont parfaites – d’autant qu’on peut les privatiser.
Et de l’un de leurs box, on peut même plonger sur la place de la Nation***, nouvellement végétalisée !

En rangs d’oignons sur la terrasse, les bras « à moitié manche »****, des clients profitent de la douceur automnale : 
sur la contre allée, donc en retrait de la circulation, et au pied des colonnes de la Nation où la vue est juste imprenable.

Avant de partir, un dernier coup d’œil sur le store : « Se retrouver » 
Oui, c’était exactement ça : toutes les 4 … et Rossella !

Pour conclure : divin pour un riz-auto !`

https://fr.restaurantguru.com/Capone-Paris

* Pour fuir la misère de l’Italie, ses parents s’installent à New-York. Alphonse est le 4è de 9 enfants, il nait le 17 janvier 1899. Malgré de bons résultats, il doit quitter l’école à 14 ans après avoir frappé un professeur. Plusieurs bandes le forment aux techniques du banditisme. De ces années, il garde une cicatrice sur la joue d’où son surnom de « Scarface » (le balafré).
Il devient rapidement le symbole de la corruption et contribue à l’émergence du système de mafia. Dans les années 1920, il fait fortune dans le trafic d’alcool de contrebande mais est condamné pour fraude fiscale en 1931. Il meurt le 25 janvier 1947, à 48 ans.

** Petite voiture urbaine fabriquée par la société du même nom, créée par messieurs Bianchi, constructeur de deux roues, voitures et camions, Pirelli, constructeur de pneumatiques et câbles, et Agnelli, patron de Fiat (entre 1957 et 1969). 
A noter : la petite taille et la maniabilité de ce mini cabriolet permettait d’évoluer sur la scène d’un théâtre, d’autant qu’avec la capote baissée, les acteurs restaient en vue des spectateurs : c’est ainsi qu’en 1965, une Bianchina décapotable apparaît à plusieurs reprises sur la scène parisienne du Châtelet dans l’opérette « Monsieur Carnaval » (dialogues de Frédéric Dard, production de Charles Aznavour et interprétation de Jean Richard et Georges Guetary).

*** Depuis juillet 2019, ses 8 voies de circulation ont été réduites à 4 et son square central agrandi : 
larges passages piétons, espace de brumisation, installation de bacs à légumes et plantation de 200 arbres.
Au total, la superficie des espaces verts a été augmentée de 6 000 m² à 12.000m² !

**** Expression chère à notre belle amie italienne pour désigner les manches courtes 😉




Le Pont Traversé

Le 2 octobre 2022
Le Pont Traversé, 62 rue Vaugirard, 75 006 Paris
De 8h30 à 18h30, 9h à 19h le WE
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 14 
Prix d’un café : 3 €

Aux mots croisés du jour : « Monte et descend en un clin d’œil » (paupière)

Incroyable, c’est LA découverte du jour :
une ancienne devanture, à la porte entourée de têtes de boeufs sculptées et de plaques émaillées. 
– Normal, sourit un vieux monsieur amusé, à l’origine, c’était une boucherie ! 
– Pourtant, c’est l’enseigne d’une librairie ? 
– Exact ! Un écrivain surréaliste l’avait reprise en 49. Il s’était spécialisé dans les livres rares, un paradis pour les bibliophiles ! Le Pont Traversé, c’est d’ailleurs un nom qu’il avait trouvé dans un ouvrage de Paulhan
Après, sa veuve a pris la suite jusqu’à sa retraite. 

– Et maintenant c’est un coffee-shop, si j’en crois l’ardoise posée devant ?
– Exact ! Deux ans et un Covid plus tard, il a pris le relais. Mais comme la devanture est classée monument historique, la nouvelle proprio a dû garder la façade et le nom. Remarquez, ça devait lui plaire, parce qu’à l’intérieur, elle a aussi conservé carrelages et fresques d’époque. Un comptoir, quelques tables et chaises vintage et voilà le décor planté !
Pas vraiment confortable ni pratique, mais original et décalé – comme les produits d’épicerie* à la place des livres sur les rayons. La cuisine est moderne par contre, la nourriture aussi ; « healthy » et sans gluten, comme ses restos** !

Après la carafe d’eau et ses verres à l’arrivée, voici les cafés servis sur un plateau :
sachets de sucre brun, belle mousse du Latte … et gobelet digne d’un camp scout.
–  J’ai l’impression de boire dans un pot de chambre, maugrée mon voisin ;
en plus, ce rebord creux, ça vous cisaille quand on boit. C’est pas de pot … si j’puis dire ! 

Pour autant, la formule plait : les places sont prises d’assaut dès l’ouverture, y compris à l’étage*** où l’on se faufile par un petit escalier hélicoïdal plein de charme.
La plupart sont rivés sur leur téléphone ou leur ordinateur ; pour un peu, on se croirait dans un espace de co-working ! 
Il reste quelques places sur le trottoir à l’angle des deux rues, et puis on peut aussi emporter : après tout, le Luco**** est à deux pas …

Pour conclure : un décor qui fait un effet bœuf.

https://www.leponttraverse.com

* Confitures et pâte à tartiner maison, mais aussi chocolat, thé, café et huile d’olive, que des produits de qualité !
** 
Masseur-Kiné intolérante au gluten et au lactose depuis toujours, Frédérique Jules a fondé Noglu à son retour de Californie. D’abord à Paris (VIIè et XIè) puis à New York, où elle propose une cuisine savoureuse adaptée aux intolérances et allergies. 
*** Salle tranquille et pleine de charme avec ses vieilles poutres verticales qui la séparent du palier et sa vue surplombant la rue. A noter qu’on peut la privatiser pour un dîner.
**** Surnom donné par ses habitués au Jardin du Luxembourg (23 hectares de verdure au cœur de Paris !)