Le Brébant

Le 14 novembre 2021
Le Brébant, 32 bd Poissonnière, 75 009 Paris
Tous les jours de 7h30 à 4h30
Note globale : 13
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 10
Ambiance : 15
Café : 10 

Prix d’un café : 3,00 €

Aux mots croisés du jour : « Vers à pieds » (alexandrin)

 

Brébant ? « Le maître-queux, le général en chef des restaurants ! » disait-on.
Ce chef-cuisinier avait repris cet établissement des Grands Boulevards en 1865. Il y accueillait les « dîners » où les hommes d’influence de l’époque se retrouvaient à rythme régulier. « Académique » pour l’élite des institutions politiques, économiques et culturelles, « Quatre Saisons », « Spartiates » ou « Rigobert* » pour les artistes, «  Bœuf nature », « Homme à la Bêche** » ou «  Canard aux navets*** » pour les intellectuels, chacun avait son nom … dont certains laissaient penser qu’on y passait, aussi, de joyeux moments !

On les imagine, les Flaubert, Renan, Zola ou Goncourt, attablés dans cette salle immense aux gigantesques miroirs et statues dorées. Plus de sept mètres de haut !
Le style a changé, il est à présent plutôt néobaroque avec des accents tropicaux, mais les volumes restent impressionnants. Un long zinc cuivré de 15 mètres, d’énormes bouquets de lys à l’odeur entêtante, des forêts d’ampoules et une végétation luxuriante qui dégringole du plafond : tout est démesuré !

A l’arrivée, on s’installe comme dans un moulin. D’ailleurs c’est un moulin !
La patronne virevolte avec son plateau en donnant des ordres à ses employés. Une serveuse passe à grandes enjambées et nous tend les cartes d’un geste sec, sans s’arrêter. Pas besoin, nous savons ce que nous voulons ! Nous a-t-elle seulement entendus ? Eh, si : son collègue arrive peu après avec nos boissons. Impeccable dans son costume de limonadier (bretelles et cravate noires sur chemise et tablier blancs) … et nettement plus affable !

Notre crème est servi dans une chope siglée (original !) mais pour l’expresso, c’est une tasse basique, blanche, sans biscuit ni chocolat – autant dire, le minimum syndical. Le prix par contre est maximum ; la démesure est décidément partout ! J’ai limite dû prendre un crédit à la consommation pour pouvoir ajouter un sucre !

Pour conclure : la limonade est amère quand le patron se sucre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Brébant

* En cherchant comment le nommer, on réalisa que le Saint du jour était Rigobert … d’où ce nom pittoresque !
Auguste Lepage les décrit en 1884 : « Ces dîners sont très gais ; on y dépense beaucoup d’esprit, on y dit pas mal de bêtises et jamais on ne s’occupe de choses sérieuses, ce qui est le comble de l’esprit. Si, par hasard, une question grave est imprudemment mise en circulation, elle est aussitôt étouffée sous les rires et les plaisanteries. »
** Celui des rimeurs publiés par la Maison Lemerre, dont la couverture représentait bonhomme vêtu de cet instrument aratoire.
*** Nom trouvé dès le premier dîner au Brébant quand Cham, un caricaturiste, improvisa une fable intitulée « les Deux Canards » …




Le Saint-Patrick

Le 7 novembre 2021
Le Saint-Patrick, 24 rue Sainte-Barbe, 35 400 Saint-Malo
De 11h à 1h, 12h le samedi, 15h le dimanche
Note globale : 16
Situation : 16
Cadre : 16
Accueil : 14
Ambiance : 18
Café : 13 
Prix d’un café : 1,80 €

Aux mots croisés du jour : « Espace verre » (bar)

 

La nuit tombe sur la Cité corsaire … et la pluie ! Près de la Porte Saint-Vincent, des silhouettes furtives pressent le pas.
Au coin d’une ruelle, une lumière tremblote. Sur une vieille bâtisse aux volets verts, on distingue une enseigne :
le Saint-Patrick. La couleur est donnée, c’est un pub irlandais.

Poussons la porte. Surprise : une pièce sombre au cadre aussi vieillot que pittoresque, mélange d’Irlande et de cité malouine. Sur trois niveaux, les salles s’enchaînent, biscornues et encombrées d’un joli capharnaüm.
Tout est de bric et de broc, mais on fait de belles trouvailles : les bouteilles de whisky servent d’abat-jours, les tonneaux et fûts de rhum de tables. Pas de doute, on est dans un vrai pub marin !

Avis aux amateurs de football, handball et rugby :
des maillots recouvrent le plafond du bar et vous pouvez suivre les matchs sur de grands écrans.
Au premier étage, vous pouvez même les voir d’une banquette circulaire surplombant le rez-de-chaussée (insolite !) ou d’un des vieux strapontins qui l’entourent.
Vous préférez les fléchettes ? Lancez-vous dans une partie endiablée sur fond de vieux rocks bien choisis !
Pour une soirée entre amis, c’est vraiment le bon plan ! L’ambiance est toujours animée, même en basse saison, voire enflammée *. Les graffitis laissés sur les murs en témoignent. Eh, oui ! Ici, l’expression est libre. Les petits d’hommes qui accompagnent leurs géniteurs ce matin sont éberlués … et ravis !

Par contre, mieux vaut ne pas être PMR** : les escaliers sont (très) raides, et en plus, il faut prendre sa conso en bas puis l’emporter à l’étage. Heureusement, on y boit bien – avec modération, of course ! : bières au Fût (dont la Saint-Patrick, uniquement brassée pour eux), whiskies au choix hallucinant, Irish coffee … mais aussi simple café (Ouf !).
Les téméraires pourront tenter le Chouchenn, voire le rhum au piment maison … mais l’accompagneront de saucisson*** (c’est atrocement fort !) Me croirez-vous : il y a même un vin alsacien et les meilleurs bretzels du coin 😉

Pour conclure : un rocher sur lequel il est bon de s’échouer.

https://www.facebook.com/lesaintpatrickirishpub/

* Soirées étudiantes le jeudi, concerts le samedi – sans compter la Saint-Patrick ou « Paddy’s Day » :
chaque 17 mars, les Irlandais du monde entier se retrouvent pour la célébrer.
Le vert, couleur de leur pays, est de sortie et la bière coule à flots.    
** Personne à Mobilité Réduite.                                                        
*** Saucisson de qualité avec planche à découper (5 €).  

NB. Au 3 de la même rue, un café encore plus incroyable : http://lescafesdottilie.fr/la-java-saint-malo/ 




Le Barn’s

Le 31 octobre 2021
Le Barn’s, 33 place du Général Leclerc, 22 300 Lannion
Tous les jours de 9h à 1h,
Note globale : 14
Situation : 17
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 1,50 €

Aux mots croisés du jour : « Un monde de bruts» (cidrerie)

 

Le Barn’s* : sans doute le café le plus photographié de la Côte de Granit Rose ! Installé dans l’une des emblématiques maisons à pans de bois du centre historique de Lannion**, sa façade est classée et daterait de 1602.

Au printemps 2018, un Trébeurdinais le reprend et y entreprend d’importants travaux. Mais deux ans et un Covid plus tard, il jette l’éponge.
Deux amis*** s’y intéressent alors ; pour eux, la crise est passée, les affaires vont reprendre. Ils l’acquièrent le 28 octobre 2021 … jour du deuxième confinement – et donc de fermeture des commerces « non essentiels ». Pas de chance pour nos bistrotiers, d’autant qu’ayant signé à cette date, ils ne sont éligibles à aucune aide de l’État. Pourtant, ils restent confiants, le Barn’s rouvrira : « Il ne va pas fermer avant d’avoir ouvert, ça c’est certain », assurent-ils. Ici l’on sait, que si on ne peut changer la direction du vent, on ajuste ses voiles pour atteindre sa destination …

Bien vu ! Le 19 mai, tables, chaises et tonneaux (les mange-debout du cru !) trouvent enfin place sur le parvis. Une terrasse aussitôt plébiscitée – surtout le jeudi, jour du marché. Trois semaines plus tard, l’intérieur ouvre à son tour. Peu à peu, les conditions drastiques du départ sont levées**** ; le Passe sanitaire suffit à présent. De quoi profiter du cachet de la bâtisse (parquet, faïences, pierres apparentes et poutres en chêne massif), et en cette période d’Halloween, des ribambelles de fantômes et citrouilles … assorties aux banquettes de velours orange !

L’équipe est aux petits soins et les locaux au rendez-vous, heureux de partager un café, une bolée de cidre ou une chope de bière (il y a même de la Delirium rouge***** !)

Pour conclure : résurrection après une mise en bière. 

https://www.facebook.com/Le-Barns  

* Anciennement « Lannionais », Alain Malo, son ancien propriétaire l’a cédé à Manu Berthou qui l’a rebaptisé « Le Barn’s ».
** Capitale du Trégor, Lannion est réputée pour ses maisons à colombages, dont certains murs exposés aux intempéries sont recouverts d’ardoises, comme on le voit souvent en Bretagne.
*** Nicolas Le Gros, patron du Breizh Shelter, et Mathieu Le Huérou, son ami d’enfance et associé.
**** Cf. Première terrasse après la réouverture : http://lescafesdottilie.fr/chez-fred-bordeaux/ 
***** Bière belge à la robe rouge et aux notes puissantes de cerise.      




Café Crème

Le 24 octobre 2021
Café Crème, 2 rue de la Barillerie, 72000 Le Mans
De 11h à 1h, 9h le samedi, 11h30 à minuit le vendredi
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 13 
Prix d’un café : 1,80 €

Aux mots croisés du jour : « Finit en queue de poisson » (sirène)

 

Le Café Crème ? Une boisson réconfortante à l’entrée de l’automne … mais pas seulement : au Mans, c’est une institution. C’est que leur Café Crème est au cœur de la cité sarthoise, autant dire, incontournable !

Sa bâtisse se dresse à l’angle de deux petites rues pavées et de sa terrasse, on aperçoit l’enseigne du vieil hôtel particulier* qui lui fait face. Elle représente une sirène jaillissant des flots qui a donné son nom à la place. Au centre, une sculpture reproduit aussi ces créatures mythiques** tandis que l’eau d’une fontaine ruisselle tranquillement à l’ombre d’un bel érable : bucolique et apaisant pour les passants désireux de se poser. Et ils sont nombreux aujourd’hui, les touristes notamment. Ils ont raison, la vieille ville a été superbement restaurée : Le Mans mérite plus que 24 heures !

La crise Covid et sa longue fermeture des bars et restaurants imposée avait permis au nouveau propriétaire de réaliser d’importants travaux. A la réouverture, en mai dernier, les Manceaux ont ainsi découvert un nouveau logo sur la façade. Et à l’intérieur, un mobilier volontairement sobre qui met en valeur les vieilles briques et poutres, et nous replonge des siècles en arrière. Sur les deux étages, de petites salles se succèdent, un vrai dédale !

Mon café ? Une crème ! Non, qu’il ait un parfum formidigieux***, mais j’apprécie sa jolie tasse en porcelaine peinte de vieilles boutiques en noir et blanc, ainsi que le mini carambar qui l’accompagne … et me rappelle nos friandises des années soixante 😉

Pour conclure : tel Mans charmant.

https://www.facebook.com/cafecremelm/

* Datant de 1726, il est l’un des premiers hôtels particuliers construit au Mans et aurait appartenu au négociant en étamine Véron du Verger. La statue de la sirène est en fait un bas-relief et marque l’expansion outre-Atlantique du commerce de cette étoffe mince et légère si recherchée, que Jean Véron avait inventée au XVIIe siècle.
** Intitulée « Sirènes » et créée en 1991 par Claude Ribot, sculpteur dessinateur né au Mans (1934-2010).
*** Formidable et prodigieux à la fois !        




Maison Péret

Le 17 octobre 2021
Maison Péret, 6 rue Daguerre, 75014 Paris
Tous les jours, de 8h à 23h30
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 13
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 2,70 € 

Aux mots croisés du jour : « Elle se trouve en tête » (cervelle)

 

Péret* ? Je dirais même plus : pérenne ! C’est que, depuis 1908, 4 générations s’y sont déjà succédées. Dans la célèbre rue Daguerre**, qui s’étire joyeusement dans une ambiance de grande rue de village, ce bistrot à vins est une institution.
Au milieu des boulangers, fromagers, cavistes et marchands des quatre saisons, sa terrasse s’étale sur le large trottoir. Parfait pour profiter de l’ambiance conviviale de cette rue piétonne et ses vendeurs à la criée : sons et images assurés ! 

Si sa terrasse ressemble à n’importe quelle autre, l’intérieur nous plonge un siècle en arrière : plafond voûté, boiseries, appliques et gravures anciennes, barres de laiton, banquettes et mobilier de bistrot ; même si tout a été refait il y a vingt ans, on s’y croit. Le marron, unique couleur, est décliné sur tous les tons. Sombre donc, limite triste. Mais la gaité est ailleurs : notre serveur, pourtant sanglé dans un costume on ne peut plus traditionnel, est d’humeur badine. Il a la réplique malicieuse, l’œil qui frise et les bacchantes*** retroussées : au client qui déclare manger bio, vegan et sans gluten et demande ce qu’il peut commander, il répond tranquillement, sans sourciller : un taxi !

Le vin est à l’honneur : une cinquantaine des plus belles appellations de chaque région, servies au verre.
Pour les accompagner, des plats du terroir aux couleurs auvergnates. Les produits sont frais et soigneusement sélectionnés. Pas question d’utiliser un congélateur ou un micro-ondes : ici, on cuisine à l’ancienne, oui Monsieur !
Les cuisses de canard, par exemple, sont confites avec manchon.
Le café ? S’il n’est pas un grand cru, il n’en reste pas moins tout à fait honorable. On vous l’apporte avec un peu d’eau servie dans un très élégant verre à pied : classe !

Pour conclure : mérite d’être re-Péret !

https://www.maisonperet.com/fr/

* « Péret » désigne un lieu planté de poiriers ; il peut aussi être le diminutif du prénom Pierre.
** Louis Daguerre  et Nicéphore Niépce ont mis au point le daguerréotype, procédé photographique qui produit une image sans négatif sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir, exposée directement à la lumière.
Voir aussi dans la même rue : http://lescafesdottilie.fr/la-chope-daguerre-denfert-rochereau/
*** Moustaches (mot familier)            




L’Entrepot’s de Ménilmontant

Le 10 octobre 2021
L’Entrepot’s, 2 rue Sorbier, 75020 Paris
De 7h à 2h sauf le dimanche
Note globale : 12,5
Situation : 10
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 10 
Prix d’un café : 2,00 €

Aux mots croisés du jour : « Coup de bar » (apéro)

 

Ménilmontant, que Maurice Chevalier* chantait en son temps :
« un p’tit coin sans égal et ses gars, toujours remontant, 
et même redescendant, les rues de Ménilmuche, le coeur ardent 
»

En la remontant justement, on trouve ce vrai bistrot parigot, bien connu des alpinistes de la rue Ménilmontant. Par cette fraîche journée d’automne, on délaisse sa terrasse ouverte sur le square pour se réfugier près du vieux poêle en faïence.

L’entrée étonne : on croirait une bouche de métro** ! L’intérieur détonne avec sa déco unique … mais pas uniforme : c’est un bric à brac vintage et bigarré, avec quelques vraies pièces de musées : retour dans le passé ! On se lance dans un inventaire à la Prévert*** pour répertorier le nombre d’objets – incongrus parfois ! – accrochés aux murs et au plafond : une caisse enregistreuse du siècle dernier, une vieille machine à café en cuivre, des téléphones d’une autre époque, casiers de bouteilles, tableaux, dessins, affiches ou encore un antique vélo et des petites voitures d’un autre âge.

L’espace ne manque pas et l’ambiance est bon enfant ; les habitués sont légion.
– Tu forces un peu, Robert !
– C’est l’toubi’ : faut boire au moins 1 litre et demi par jour qu’il m’a dit !
– Ouaih, mais c’était d’l’eau !
– Eh ben, c’est d’l’eau d’vie que j’prends !

On s’y retrouve aussi entre potes autour d’un plateau de cochonnailles. Et les spectateurs des salles branchées voisines**** viennent y commenter les concerts. C’est vite bruyant d’autant qu’à l’occasion de rencontres musicales, on y chante même tout en sirotant une bonne bière brassée dans le quartier …

Pour conclure : le bon plan de Ménilmontant.

https://www.facebook.com/Lentrepots-1246315752125138/

* Il est né le 12 septembre 1888 dans le XXe, dans cet ancien centre industriel de Paris. Chanteur, acteur, écrivain, parolier, danseur, imitateur, comique, il fut même, brièvement, chroniqueur et homme d’affaires. Il décède le 1ᵉʳ janvier 1972.
** Elle rappelle les accès aux stations de métro conçus par Guimard au début du XXᵉ siècle, dans un style Art nouveau.
*** A l’origine de cette expression, un poème de Jacques Prévert, appelé « Inventaire », issu de son célèbre recueil « Paroles » (1946). On y retrouve des éléments sans lien apparent, donnant à l’ensemble une dimension confuse.
**** « La Maro » (ou Maroquinerie), installée dans une vieille usine, et le « Vingtième Théâtre », juste à côté.




Ten Belles

Le 3 octobre 2021
Ten Belles, 10 rue de la Grange aux Belles, 75010 Paris
De 8h à 17h en semaine, 9h à 18h le week-end
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 12
Accueil : 13
Ambiance : 15
Café : 17 
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Est à Londres » (east)

 

Ten Belles ? C’est le nom d’un coffee-shop ouvert par deux anglaises*, en référence au numéro et au nom de la rue ET en souvenir d’un pub de l’est londonien fréquenté par elles autrefois. Dans le quartier du canal Saint-Martin, il est incontournable. A côté d’un fleuriste dont les plantes s’étalent largement sur le trottoir, de hautes fenêtres éclairent son étroite façade. It’s raining again : on est heureux de s’y réfugier pour se mettre au sec !

L’intérieur est un peu étriqué mais lumineux. Avec ses meubles en bois aux pieds de couleurs vives, il est chaleureux bien que rudimentaire. Face aux banquettes et tabourets, on compte une douzaine de (toutes) petites tables rondes : 3 sur le trottoir, autant face au comptoir, 2 dans l’arrière salle et 4 dans la mezzanine, soit le double de convives au maximum – pas plus, mais guère moins !

Un doux parfum de café fraîchement torréfié flotte dans l’air. Tout droit venu de la brûlerie de Belleville**, il se révèle digne d’un grand cru. Le Latte de mon cher et tendre est d’aussi bonne facture et son dessin parfaitement exécuté ; dommage que la mousse ne soit pas plus crémeuse …

D’autres bonnes effluves nous parviennent, celles des douceurs confectionnées sur place – aux accents british, of course : cookies, scones, muffins, banana bread, cakes en tout genres … dont le fameux carotte cake glacé au beurre de cacahuète !
A midi, l’ardoise affiche une soupe, une salade et deux sandwiches dont un grillé – avec une mention spéciale pour le pain au levain dont la croûte bien foncée et la mie aérée ravissent les amateurs …

Pour conclure : rien ne cloche*** !

https://www.tenbelles.com

* Le duo en a ouvert deux autres : 53 rue du Cherche-Midi dans le VIè et 17 rue Bréguet dans le XIè.
** Torréfacteur de café frais et d’assemblage de spécialité, il s’adresse aux particuliers et aux professionnels.
NB. On peut aussi assister à la torréfaction (14b Rue Lally-Tollendal, XIXè) et participer à des cupping.
*** Traduction de « bell » en anglais 😉




Café Mulot

Le 26 septembre 2021
Café Mulot, 6 place des Vosges, 75004 Paris
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h – Accessible
Note globale : 16
Situation : 17
Cadre : 16
Accueil : 17
Ambiance : 15
Café : 15 
Prix d’un café : 2,00 €

Aux mots croisés du jour : « Vers à pieds » (alexandrin)

 

Et si on prenait notre café chez Victor Hugo ?
Sa maison est nichée sous les arcades de la place des Vosges, au cœur du Marais.
S’il y vécut de 1832 à 1848, elle a depuis été transformée en musée et, après d’importants travaux, rouvert ses portes cet été. On retrouve l’intérieur reconstitué, mais aussi, et c’est nouveau … un café* !

La salle** est aménagée dans les anciennes remises à carrosses. Elle est ornée de colonnes de pierre et de baies vitrées largement ouvertes sur la cour. Son plafond  framboise est de la couleur du mobilier extérieur. Le mur est recouvert d’une toile murale peinte au fusain, évoquant les travailleurs de la mer et inspirée des cahiers de dessin de l’écrivain. Quant au comptoir, il regorge de gourmandises salées et sucrées. Ce sont celles d’un célèbre pâtissier-traiteur de Saint Germain des Prés***. Tout est fait maison avec des plats signatures, comme le croque, le kouglof et l’éclair vanille-fraise auxquels il est difficile de résister …

Il bénéficie même d’une terrasse****, le lycée professionnel voisin ayant cédé sa cour : plantée de rosiers et agrémentée d’une fontaine dessinée par l’auteur lui-même, voilà de quoi faire le bonheur des parisiens confinés. Oui, je sais, ils peuvent à nouveau circuler librement, mais leurs appartements sont souvent tellement exigus qu’ils ont toujours l’impression de l’être un peu ! Savourer son expresso à l’ombre du figuier ou des châtaigniers est donc un vrai luxe pour la plupart.

Loin de l’agitation tumultueuse de la capitale, les visiteurs du musée et promeneurs de passage, mais aussi habitants du quartier ou enseignants de l’école maternelle voisine peuvent profiter de ce nouveau havre de sérénité. Bercés par le ruissellement de l’eau, les voilà bientôt hors du temps … bien loin des contingences de la rentrée !

Pour conclure : un café roman-tique.

https://www.cafe-mulot.com/

* Accessible sans visiter le musée.
**30 places assises.
*** La maison Mulot.
**** 40 places assises.




Gazoline Stand

Le 19 septembre 2021
Gazoline Stand, 17 bd des Invalides, 75 007 Paris
De 6h à minuit, sauf le dimanche
Note globale : 14
Situation : 12
Cadre : 10
Accueil : 17
Ambiance : 14
Café : 16 
Prix d’un café : 2,20 €

Aux mots croisés du jour : « Contre-la-montre » (poignet)

 

« Gazoline Stand » : en français, « station essence ». Quel rapport avec le café ? 
C’était une station service ; depuis 10 jours, c’est aussi un coffee shop.
Un coup de pompe ? C’est le moment de faire le plein d’essence(s) !

Devant le large trottoir, un (énergique) pompiste brique les pompes. Avisant notre regard interloqué, il nous accueille chaleureusement et nous explique le concept : vous êtes en roue libre, vous perdez les pédales ?
On vous sert un remontant : essence pour la voiture, air pour les pneus du vélo, boisson pour vous. Gonflé, non ?

Le cadre est comme celui d’une bicyclette : sobre. Et minimaliste : dans la salle lilliputienne, il est impossible de s’asseoir – à moins de s’installer derrière l’ordinateur ! De fait, on y vient juste pour choisir ses achats et passer commande au (minuscule) comptoir. Pour la dégustation, c’est à l’extérieur. Quatre tables de pique-nique en alu qu’on enjambe pour prendre place sur l’un des bancs.

Notre commande est prête : le temps de s’extirper, on la récupère sur le rebord de la fenêtre ; des sachets de sucre et touillettes en bois y sont aussi à disposition. Les gobelets sont en carton mais joliment ornés de mains servant du café avec des pistolets de pompe à essence.
Par ailleurs, l’expresso a du caractère, sans être agressif. Ca ne m’étonne pas, mon œil (exercé !) a immédiatement repéré une rutilante Victoria Arduino*: ils en connaissent un rayon, c’est le haut de gamme des machines !
Par contre, mon cher et tendre regrette l’absence de mousse.
– Ils ont peur que la mousse tache, suggère notre voisin goguenard !
En cas d’hypoglycémie, on change de braquet : sandwiches, glaces, crêpes ou viennoiseries.
Et par forte chaleur, on réclame de l’E.P.O**.

Pour conclure : idéal pour un plein d’essence et des sens.

A suivre @thegazolinestand

* Etonnante machine à café italienne toute en cuivre, élégamment coiffée d’un aigle déployant ses ailes.
Cf. http://lescafesdottilie.fr/aux-vieux-garcons-paris/  
** Eau Potable Ordinaire ! Ne pas confondre avec l’ErythroPOïétine, utilisée par les tricheurs en compétition : 
cette hormone entraîne l’augmentation du nombre de globules rouges et donc la quantité d’oxygène alimentant
les muscles, avec le risque d’épaississement du sang et de vaisseaux bouchés.




Le Magnolia d’Eden

Le 12 septembre 2021

Le Magnolia d’Eden, 29 rue Saint-Blaise, 75020 Paris
De 8h à 2h (Fermé le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 13
Accueil : 15
Ambiance : 17
Café : 11 
Prix d’un café : 2,20 € 

Aux mots croisés du jour : « Façon de compter sur ses doigts » (tâtons)

 

Des magnolias à Paris ? Pourtant, on n’est pas au jardin des Serres d’Auteuil*, ni au Louvre ou au Palais royal, mais au cœur de l’ancien village de Charonne**, dans le nord-est de la capitale. En remontant la rue Saint-Blaise, piétonne et pavée à cet endroit, on aperçoit l’église Saint-Germain-de-Charonne*** dressée sur la colline. Autour de nous, maisons et jardinets lui donnent un charme provincial …

Sur une placette qui fleure bon la vie de cocagne, se trouve notre bistrot du jour : sa salle minuscule ne peut contenir que quelques tables et chaises. Qu’importe ! Ce sont ses terrasses qui attirent. La première est fermée et chauffée, idéale pour l’hiver. La seconde s’étale à l’ombre des magnolias ornés d’ampoules multicolores : il y a comme un air de fête !

C’est ici qu’on s’installe par beau temps … et on y est nombreux aujourd’hui : habitants du quartier et touristes désireux de découvrir l’un des derniers témoins du Paris rural**** – dont ceux de l’auberge de jeunesse voisine. Pendant la semaine, c’est le tour des parents de l’école toute proche, une fois déposés leurs petits d’hommes, et des collégiens et professeurs du collège Saint-Blaise. Plus insolite : les camarades du Parti dont la permanence donne … sur la terrasse ! On peut dire qu’ils ne manquent pas de sens pratique. Ni d’humour d’ailleurs si l’on en croit le conseil du jour d’une des permanentes : ton patron te fait des avances ? Profite-en pour lui en demander une !

L’ambiance est bon enfant, cosmopolite et conviviale. A mille lieues de la circulation et des buildings semble-t-il.
Et pourtant …

Pour conclure : l’âme de Paname ..

https://le-magnolia-deden.business.site

* Élégant jardin du XIXè siècle situé Porte d’Auteuil, célèbre pour sa grande serre tropicale.
** Avant son annexion à Paris en 1860, on y trouvait les demeures de riches parisiens qui appréciaient ses paysages de campagne et sa situation à flanc de colline. C’est aujourd’hui une zone protégée.
*** Pleine de charme avec son clocher du XIIIè siècle et son cimetière attenant, l’un des 2 derniers de Paris.
**** Avec la rue Berton, au pied de la Maison de Balzac, dans le XVIè arrondissement.