Cantate du Café
Corona Café / 26ème semaine sans cafés : une demi année !!
Dimanche 7 mars 2021
Cantate du Café* de Johann Sebastian Bach : pouvais-je rêver mieux pour conjuguer ma passion
à l’anniversaire du dernier concert de notre Chorale Franco-allemande** ?
C’est l’une des plus connues de Bach. Elle s’inspire d’une ode*** à la « cafémania » qui envahit alors l’Europe.
La haute société s’entiche de cette boisson tonifiante sans être alcoolisée. Mais les autorités tentent de l’interdire :
elle a la couleur du diable, ensorcelle les femmes et les rend stériles dit-on …
Notre compositeur est venu s’installer à Leipzig****, l’une des capitales musicales de l’époque.
S’il est connu pour être un protestant austère, il aime aussi la bonne chère, la compagnie*****
… et apprécie ses trois petites tasses de café quotidiennes.
Dans cette ville, les cafés sont alors particulièrement à la mode. Le Zimmermann est l’un d’eux ;
il accueille un collège musical dont Bach assure la direction. C’est pour lui qu’il a composé cette cantate.
Bach s’y moque des jeunes qui se passionnent pour le café et de la vieille garde rigide qui n’y voit que du mal :
un père ne supporte pas de voir sa fille prête à tout pour ses « trois tasses quotidiennes » (Tiens, tiens !)
Il la menace mais rien n’y fait :
Père, ne soyez pas si dur !
Si trois fois par jour je ne peux pas, boire ma petite tasse de café,
Alors dans mon tourment, je deviendrais comme une chèvre rôtie.
Ah, comme le café a bon goût !
Plus agréable que mille baisers, plus doux qu’un vin de muscat.
Un café, je dois avoir un café,
Et si quelqu’un veut me faire plaisir, ah, qu’il me donne juste un café !
Elle finit pourtant par céder quand il lui annonce que puisque c’est ainsi, elle ne pourra se marier …
Mais elle fait savoir secrètement qu’aucun homme ne l’épousera sans un contrat qui l’autorise à boire
autant de cafés qu’elle le veut !
* Oeuvre profane, et même légère, elle se distingue de ses autres cantates car elle n’est ni religieuse
ni dédiée à un prince. Son fils a même porté la mention « cantate comique » sur la partition.
Elle se présente en effet comme un amusant commentaire satirique sur l’addiction au café.
Si Bach n’a pas écrit d’opéras, une mise en scène costumée illustre souvent cette cantate.
Une flûte traversière, un alto et deux violons accompagnent enfin ténor (narrateur), basse (père) et soprane (fille).
** A cause de la pandémie, la Chorale Franco-Allemande a dû suspendre ses activités juste après ce concert ;
elle ne devrait malheureusement pouvoir reprendre qu’en septembre.
*** Christian Friedrich Henrici, dit « Picander » et grand ami de Bach, l’a publié en 1732.
**** Leipzig, « ville des tilleuls » (lipzk), est à l’est de l’Allemagne.
Bach, puis Mendelssohn, Schumann et Wagner y ont vécu.
***** Il a eu tout de même vingt enfants de deux épouses, dont neuf lui ont survécu !