Boire la tasse

Corona Café / 22

Dimanche 7 février 2021

Boire la tasse …

 

Nos bistrotiers n’en finissent plus de boire la tasse : 22 semaines de fermeture déjà !
Quant à nous, nous essayons de tuer le temps, faute de pouvoir occire le Covid. Nous avons cultivé, récolté, torréfié 
notre café. Dans quelle tasse le boire à présent ? Selon le moment de la journée, le lieu ou l’évènement, on la choisira :

  • Comestible

. A base d’un biscuit élaboré pour contenir un liquide chaud sans se désagréger* : gourmande et green … car zéro déchet !

  • Pratique

. En plastique ou carton, version gobelet : légère et empilable, mais côté gustatif, ça ne fait pas un carton !
A réserver plutôt aux pique-niques ou expéditions.

. En verre : plus économique et écologique, elle va même au lave-vaisselle.
Prévoir toutefois une épaisseur suffisante pour isoler de la chaleur … sinon, gare aux doigts !

. Version « mug** », pour un ami qui passe, une pause-travail ou le petit-déjeuner familial – avec un prénom,
un surnom, une photo, un souvenir, une déclaration (« A mon papa chéri ! ») : dépareillés, délavés ou ébréchés,
on ne peut s’en séparer !

  • Design

. En céramique pour un repas avec des proches, la tasse sera classique, humoristique ou bariolée, avec sa soucoupe
(convexe si un petit chocolat accompagne le café ; il pourra ainsi être posé sur son bord sans risquer de fondre).

. En verre transparent à double paroi pour la touche de modernisme, mais aussi parce que cette tasse gardera
notre nectar bien au chaud et évitera de nous brûler.

  • Raffinée

. En porcelaine, pour clore un déjeuner plus sélect (on n’hésite pas à ressortir le service de l’aïeule) :
parfaite pour conserver chaleur et arômes, sa soucoupe et ses motifs délicats lui confèrent une élégance rare.
Assortie, la première assure une meilleure stabilité à la tasse, recueille les éventuelles gouttes … et évite les tâches !

     Le café est servi au salon. Sur le plateau préparé à l’avance, l’hôte a posé les tasses (petite cuillère à droite
sur la soucoupe, jamais à côté ni dans la tasse !), le sucrier, la pince à sucre et les douceurs qu’un invité aura éventuellement apportées.
Au moment de le boire, l’usage veut que l’on tienne soucoupe et tasse de la main gauche ; la droite porte la tasse
aux lèvres (et inversement pour les gauchers). 
Vous ne voulez pas avoir l’air bê-tasse ?
Sachez que se déplacer avec la tasse sans sa soucoupe, reposer l’autre moitié de sucre dans le sucrier***,
lever le petit doigt en buvant ou, pour l’hôte, oublier de proposer une 2ème tasse sont des fautes de goût.

* Elaborée en 2017 par Tassiopée, jeune startup au croisement de la foodtech et de l’économie circulaire.
** Large tasse cylindrique munie d’une anse, semblable à une chope.
*** Le mettre sur sa soucoupe.




Torréfaction à la maison

Corona Café / 21

Dimanche 31 janvier 2021

La torréfaction, comment ça marche* ?

 

La semaine dernière, vingtième sans pouvoir aller dans vos cafés préférés, vous aviez appris à cultiver un caféier :
que faire des 2,5 kg de cerises produits chaque année ?

Première étape : retirez l’écorce, la pulpe puis la peau du noyau pour ne garder que les graines internes – ou grains de
café. Trèèèèès long : invitez des proches pour une veillée « décorticage » ou visionnez un film … en lien avec le café !**
Il ne reste plus qu’à les faire sécher sur un tamis. Ils deviennent alors des grains de café vert, durs comme de la pierre
et impossibles à moudre.

Place à la torréfaction pour les alléger et les rendre (délicieusement) comestibles. 
Vous avez planté votre caféier la semaine dernière ? La récolte n’est pas pour tantôt !
Direction le magasin bio pour trouver des grains de café entiers non torréfiés.
Nos grands-parents se servaient de leur cheminée avant-guerre mais de nos jours, on utilise :

Une poêle : les grains grillent peu à peu et l’eau qu’ils contiennent s’évapore, ce qui entraîne des crépitements.
On les remue, ils changent de couleur ; plus on les laisse, plus ils s’assombrissent et plus fort est l’arôme.

Un four : étalez vos grains sur une plaque percée à rebord, proches mais sans les superposer.
Une fois le four préchauffé à 230°, mettez-les à cuire 15 à 20′ à mi-hauteur.
Aux premiers crépitements, remuez pour que la torréfaction soit uniforme.

Une machine à pop corn : placez-la sur la gazinière à feu moyen. Versez-y les grains, replacez le couvercle
et tournez la manivelle. Après 4 à 7′, vous entendez des crépitements : mettez votre hotte en marche et ouvrez
une fenêtre pour laisser la fumée s’échapper (S’il y en a trop … faites le 18 !)

Une machine à torréfier domestique : suivez le mode d’emploi et laissez cuire jusqu’à la couleur souhaitée.

Quelle que soit la méthode choisie, basez-vous sur le volume, le crépitement, l’odeur, la couleur mais aussi votre instinct.
La torréfaction est un art car quelques secondes ou degrés en trop et c’est la catastrophe !
Et ne vous croyez pas tirés d’affaire une fois les grains grillés à votre goût : si vous ne les retirez pas aussitôt
pour les verser dans une passoire en métal et les remuer jusqu’à ce qu’ils aient refroidi … ils continuent à cuire !

–> On a torréfié nos 2,5 kg de cerises et obtenu 400 g de café : 
sachant qu’il faut 9 g par tasse, combien de tasses pourra-t-on servir ? 

–> On a torréfié à côté de notre alarme incendie … que la fumée a déclenché :
les voisins ont appelé les pompiers : on est t’horrifiés !

https://www.youtube.com/watch?v=awv7kDxJWbw

* Référence à Michel Chevalet, journaliste scientifique, qui utilisait cette phrase en transition de la présentation sommaire
d’une nouveauté technique et son mode d’utilisation détaillée.
** Charlot, garçon de café (1914), Café de Paris (1938), Le café du pont (2010 … sur la vie d’un café du sud-ouest en 1947), Butterfly Café (Philadelphie, 2011) etc.




Caféier

Corona Café / 20

Dimanche 24 janvier 2021

Un caféier dans mon salon

 

Vingt semaines sans pouvoir aller au café ! Ca n’en finit pas …
Et si, pour tromper l’attente, on se lançait dans la caféiculture ?

Le caféier pousse dans les pays tropicaux ? Exit le balcon, bonjour le salon !
Il réclame une température de 18 à 25°C ? Nous aussi ! De la lumière ? Itou !
Il n’aime ni les rayons directs du soleil, ni les courants d’air ? Nous non plus ! 
On est vraiment faits pour s’entendre ! 😉
Coup de pot, il est facile à cultiver. Ah, bien sûr, il n’atteindra pas plusieurs mètres,
mais on héritera d’une plante à feuilles persistantes joliment décorative.    

Comment devenir un parfait caféier* ? Il faut :

  • Graines* (en magasin de jardinage) ou, pour les moins intrépides,
    jeune plant de café (dans les pépinières au printemps).
  • Pot plus haut que large, d’au moins 40 cm de diamètre et de profondeur
    pour une bonne croissance des racines, troué au fond pour le drainage.
  • Couche épaisse d’argile expansée pour la première strate.
  • Mélange de sable (1/3) et de terreau pour plantes vertes (2/3),
    sur un lit de gravillons maintenus humides ensuite.
  • Couche de billes d’argile enfin sur le dessus pour maintenir l’humidité
    … et décourager les chats !
  • Engrais liquide de type universel (tous les quinze jours d’avril à octobre).

Petit caféier deviendra grand pour peu qu’on lui offre chaleur, lumière et eau :
on n’oublie pas de l’arroser deux fois par semaine l’été, une l’hiver – mais sans pour autant
le laisser tremper dans sa soucoupe, sinon, gare au pourrissement des racines.

Après quelques mois, notre caféier ne se développe plus ? Il est à l’étroit !
On le rempote au printemps dans un contenant plus grand (Prudence avec ses racines, longues et fragiles).
Et quand l’opération n’est plus possible, un surfaçage suffit :
on change alors seulement les premiers centimètres de terre.

Il faut aussi tailler régulièrement son tronc pour le solidifier. Quand la pousse principale compte plus de 3 nœuds,
on l’étête au dessus du dernier : de nouvelles tiges apparaissent alors, dont on ne garde que la plus vigoureuse …

Un caféier peut mettre jusqu’à 7 ans pour produire des fruits. Un truc pour accélérer le processus ? Le stresser !
Avec moins d’eau – sans l’assécher tout de même -, ou une taille plus serrée, on génère la réaction idoine. CQFD !

https://www.youtube.com/watch?v=2qxW9iipg3c (Rempotage, 4’12)

* Le terme désigne autant l’arbuste que le propriétaire de la plantation.
** Appelées « cerises » qu’on fait tremper 48 h. On les plante alors à 4 cm de profondeur avant de les recouvrir de paille. Dans un endroit sombre à près de 25°, ils sont humidifiés régulièrement sans être détrempés et mettent jusqu’à 2 mois pour germer.




Desirée

Corona Café / 19

Dimanche 17 janvier 2021

Désirée, 96 rue de Meaux, 75 019 Paris
De 9h à 19h, jusqu’à 13h le dimanche, fermé le lundi
Actuellement, et pour la dix-neuvième semaine depuis la pandémie,
vente uniquement à emporter et jusqu’à 17h (fleurs, café et gâteaux)
Prix du café-enlevé : 3,00 €

 

« Désirée » … comme la fin du Covid !
C’est aussi le nom de ce café-fleuriste, où l’on peut étancher sa soif et repartir un bouquet à la main.

Aux racines de ce bar à fleurs, deux amies qui géraient les achats de fromages AOC*. Jusqu’à ce que l’une d’elles, passionnée par les fleurs depuis sa plus tendre enfance, entraîne l’autre vers la filière horticole.
Toutes deux se reconvertissent et deviennent fleuristes. Elles réalisent bientôt, en côtoyant des producteurs,
que 85% des fleurs vendues dans l’hexagone proviennent de l’étranger.

C’est ainsi que leur vient l’idée d’une boutique où l’on ne trouverait que des fleurs françaises et de saison.
La première Désirée ouvre dans le 11e arrondissement**, suivie d’une seconde dans le 19è,
entre le Bassin de la Villette et les Buttes Chaumont.
Férues de nourriture saine, elles proposent aussi une formule autour d’un plat du jour à base de légumes et céréales,
avec pâtisseries et boissons pour l’accompagner.
Le cadre est minimaliste mais une jolie verrière sépare l’espace fleurs de celui de restauration :
ainsi les clients peuvent-ils profiter de l’ensemble de l’activité et les règles d’hygiène et de température être respectées.

L’entre prise était florissante … jusqu’à la crise sanitaire. Elles s’adaptent et mettent en place un système de commande
et retrait en magasin. Elles imaginent aussi des « paniers perchés » composés d’un bouquet, de légumes et de pâtisseries qui fleurent bon : de quoi remonter le moral des troupes !

En ce début d’année, des brassées d’anémones, renoncules, tulipes, œillets et mimosas égaient la partie droite jusqu’au trottoir. Derrière la vitrine de gauche, d’appétissants gâteaux invitent les gourmands à s’arrêter : moelleux au chocolat, marbrés et cookies. A chacune des deux portes, une simple table fait office de comptoir. Je passe commande d’un café.
Ce sera un filtre, le seul qu’elles proposent en ce moment, plutôt bon (malgré le gobelet en carton !), mais cher, très cher, trop cher *** : de quoi me mettre les nerfs … à fleur de peau ! Voilà pourquoi, malgré une idée originale, je ne pourrai les couvrir de fleurs : leurs prix donnent le verre-tige !!

https://desireefleurs.fr

* Appellation d’Origine Contrôlée, label permettant d’identifier un produit dont les étapes de fabrication sont réalisées dans une même zone géographique selon un savoir-faire reconnu.
** Désirée, 5 rue de la Folie Méricourt.        
*** A la brasserie d’en face, il est à … 1,30€ !




Aventurier-torréfacteur

Corona Café / 18

Dimanche 10 janvier 2021

Aventurier-torréfacteur, histoire d’une vie …

Du rêve ! On veut du rêve !
Après deux confinements (bientôt trois ?), des voyages annulés et dix-huit semaines de fermeture des cafés,
on tourne en rond sous notre masque.
On veut de l’aventure, du risque, de la passion, du café – du vrai.
Des gens qui iraient le chercher aux quatre coins du monde au péril de leur vie …

Paul Dequidt est l’un d’eux, « torréfacteur aventurier », comme il se qualifie. Informaticien chez Damart au départ,
il travaillait sur les premiers ordinateurs à cartes perforées. Passé ensuite chez Grand’Mère (celle qui portait un blouson
de cuir et savait faire un bon café !), il a découvert ce produit … qui est devenu sa passion !

– Aventurier, parce que pour dénicher les meilleurs arabicas, il parcourt sans cesse le globe. «  El Gringo*, c’est moi ! »,
se plait-il d’ailleurs à dire. En près de 40 ans, il a exploré des terres hostiles, découvert les tribus les plus reculées
et vécu des guet-apens. Ces expériences, il les partage avec ses clients, à travers ses mailings, son blog, ses livres.
« Je me suis fait tirer ­dessus plusieurs fois ; j’ai toujours aimé les expéditions qui me mettent en danger », dit-il.
Et, son chapeau à larges bords vissé sur la tête, il reprend ses récits de voyages dans des terres inconnues
où il rencontre des peuplades qui n’ont jamais eu de contact avec nos sociétés modernes.

– Torréfacteur dans son garage près de Lille au début ; son entreprise** comporte à présent une brûlerie de cafés précieux, où il ne torréfie que de grands crus d’arabicas … et moult autres bâtiments !

– Torré-facteur pourrait-il ajouter, car il ne le vend que par correspondance – et maintenant sur internet (il s’est même mis aux dosettes !) Mais aussi, as du marketing : au delà de la qualité de son café et des cadeaux qu’il offre dès le premier colis, il établit une relation très personnelle avec ses clients en se mettant en scène avec sa famille. En leur faisant suivre leurs aventures au fil des années***, il les fidélise. Et en les ouvrant à d’autres cultures, il leur offre du rêve. Le voilà donc,
celui-que nous cherchions ! Ce rêve a un prix car il va le chercher les armes à la main … gare au coup de fusil !

https://www.pauldequidt.com

* Référence à la célèbre publicité de Jacques Vabres après 85,
où cet expert de la sélection des grains parcourait la planète à la recherche des meilleurs cafés.
** Créée en 1983 ; chiffre d’affaires de plus de 17 millions d’euros en 2018.
*** ­« Un avion en perdition en Ethiopie », « Kidnappé par des Samburu au Kenya », « Les féticheuses Vaudou
au Togo », « Incarcérés au Cameroun », « Guérilla au Guatemala », « L’enfer vert des Yanomami » etc.




Cassette

Corona Café / 17

Dimanche 3 janvier 2021

Cassette, 73 rue de Rennes, 75 006 Paris
Tous les jours, de 7h à 2h à l’ordinaire,
actuellement et pour la dix-septième semaine depuis la pandémie,
du mercredi au dimanche de 12h à 20h :
vente uniquement à emporter (boissons, huîtres et crêpes)
Prix du café-enlevé : 1,60 €

L’Assoiffé dégringole la rue de Rennes de Montparnasse jusqu’au Cassette* :              

Au secours ! Au secours ! A l’assassin ! Au meurtrier !
Juste Ciel ! Je suis déshydraté, on m’a asséché le gosier, on m’a lyophilisé !
Qui est ce Covid ? D’où vient-il ? Où se cache-t-il ?
Comment faire pour l’arrêter ? Où me faire vacciner ?
Depuis que je suis masqué, mon esprit est troublé ;
j’ignore où je suis, qui je suis et ce que je fais.
Qu’on me donne un café !
Euh ? Que dites-vous ? Je suis arrivé ?

C’est un mirage, une oasis : ma Cassette !
Elle vient d’avoir 100 ans ? On ne le dirait point !
Elle est si joliment fleurie et colorée avec ses plantes luxuriantes**, ses parasols bariolés et ses drôles d’animaux chapeautés. Au loin, les cloches des bien nommées Notre-Dame-des-Champs et Saint-Germain-des-Prés se font écho ;
pour un peu, on se croirait au bout du monde.
Mais je suis loin d’être seul ; sa champêtre terrasse est visiblement très prisée. A distance réglementaire, chacun attend paisiblement son tour, que dis-je : son Graal ! Il fait un froid de gueux, les chauds breuvages sont ardemment espérés. 
Le garçon s’active derrière sa rangée de tables transformées en comptoir …

Cassette : « coffret destiné à conserver des objets précieux ».
Jamais taverne n’aura si bien porté son nom, tant il est vrai que le Café est désormais devenu un trésor.
Et en ce jour glacial, une telle découverte a de quoi réchauffer le cœur !

https://www.cafecassette.com

* Librement inspiré de l’Avare de Molière (Monologue d’Harpagon, acte IV, scène 7)
** Artificielles et donc quelque peu kitsch … mais non dépourvues de charme 😉




Lettre au Père Noël

Corona Café / 16

Jeudi 24 décembre 2020

Lettre au Père Noël

Cette année encore, le Père Noël a reçu des lettres par milliers.
L’une a tout particulièrement retenu son attention :
celle de la gérante du Café du Cheval Blanc, dans le Territoire de Belfort.

Cher Père Noël,

Cela va certainement te paraître bizarre car j’ai largement passé l’âge d’écrire au Père Noël. Je ne suis même pas certaine d’ailleurs de l’avoir fait un jour. Donc pour la première fois, à 57 ans, je t’envoie une lettre au nom de tous les bistrotiers de France.

Ce ne sont pas des aides dont nous avons besoin, nous voudrions juste pouvoir travailler. Nous voulons reprendre notre place derrière le comptoir, accueillir nos clients avec le sourire et un petit mot pour chacun. Parce que malgré tout ce qu’on pense
des gens qui fréquentent les bars, ce n’est pas seulement pour boire qu’ils viennent, mais avant tout parce que ce sont des lieux d’échanges. Des endroits où se retrouvent des personnes de milieux social, familial et professionnel différents qui n’auraient jamais eu l’occasion de se rencontrer sinon.

Pour les 200 000 patrons de bars-restos que nous sommes, le plus beau cadeau que tu pourrais nous faire serait l’autorisation
de rouvrir nos établissements. J’espère très très fort, cher Père Noël, qu’il fera partie de ta distribution.

Alors ce soir à 19h, quand Gibus et moi tirerons le rideau de notre petite vente à emporter, nous ferons comme les enfants
quand ils étaient petits : nous déposerons un verre de vin pour toi et 9 carottes pour Rudolph, Tornade, Danseuse, Furie, Fringant, Comète, Cupidon, Tonnerre et Eclair, au pied du sapin, devant notre bistrot. Puis nous rentrerons chez nous en rêvant
à la bonne surprise que nous trouverons demain matin.

Avec toute mon affection, cher Père Noël, ValH … parce que l’enfance dure toute la vie.

Le légendaire vieillard va-t-il exaucer ses vœux ?
Bientôt 16 semaines de fermeture, on en annonce 4 de plus – voire davantage ! 
Le service de vente à emporter ? Il a permis à Val’ de voir du monde mais n’a pas rempli pas sa caisse. Les subventions ?
Un pis-aller. Notre gérante accuse le coup autant que le coût. Elle compte sur la magie de Noël …

https://www.facebook.com/CAFEDUCHEVALBLANCMorvillarsValGibus/




Conte de Noël

Corona Café / 15

Dimanche 20 décembre 2020

Conte de Noël 

Le Père Noël est cas contact : un de ses lutins a été testé positif au Covid 19.
Il doit donc rester en septaine* jusqu’au 26 au soir. Une catastrophe !
Le voilà obligé de mettre ses lutins en chômage partiel et vendre ses rennes sur Leboncoin. S’en remettra-t-il ?

Et les enfants ? Qui va leur apporter leurs jouets ?
Ils ont été rudement éprouvés depuis le 15 mars : des mois de confinement, la reprise de l’école avec des masques,
circuits de circulation et autres gestes barrière, et aussi l’interdiction de faire des bisous à leurs papis et mamies.
S’il y a bien un Noël où ils ont besoin d’un peu de rêve et de réconfort, c’est celui-là !

Plutôt que de rester (en)terré dans son café une quinzième semaine, un bistrotier décide de passer à l’action.
Il sait que vide-greniers et brocantes ont tous été annulés et que beaucoup de parents n’auront pas les moyens
de remplacer le Père Noël. C’est donc lui qui va s’en charger. Il met en place une hotte-line** : « Et si vous donniez
une deuxième vie aux jouets en bon état que vous n’utilisez plus ? Allez-y, faites du tri, rangez vos chambres et donnez ! ».

L’initiative fait un tabac. Malgré le Covid et les contraintes, les jouets affluent. Les gens n’ont pas forcément beaucoup
mais ils ont conscience que d’autres n’ont quasiment rien. En un temps record, les joujoux arrivent par milliers.
Le café déborde de toutes parts, c’est tout juste si l’on peut se faufiler. Les peluches ont remplacé les clients.
Sur les mange-debout où les seconds se partageaient des planches de fromages ou de charcuteries, livres et jeux de société s’empilent à des hauteurs vertigineuses. Désoeuvrés comme lui, des collègues sont venus lui donner un coup de main :
on trie, on empaquette, on expédie. Le bistrot retrouve son activité bourdonnante et son esprit de convivialité – dans
le respect des règles sanitaires : parmi les dons, du gel hydro-alcoolique, des masques, gants, sprays désinfectants,
sacs poubelles et cartons.

Son café était considéré comme non essentiel ? Il est devenu essentiel.
Et notre Père Colateur transformé en Père Noël a réussi à remplacer ses mauvais comptes en joli conte de Noël*** !

*  Isolement dorénavant fixé à 7 jours.
** Centre d’appel d’urgence.
*** D’après une histoire vraie, celle de Yoann Hessemans, patron du Castle Pub à Fontainebleau 
et du Paddy Rock à Chailly-en-Bière qui a lancé l’opération « Range ta chambre solidaire ».
Seize communes de Seine-et-Marne y ont ainsi participé durant le mois précédant Noël.




Histoire du Café en France

Corona Café / 14

Dimanche 13 décembre 2020

Quelle histoire !

1644, « Porte de l’Orient » : un négociant marseillais rapporte des grains de café de Constantinople, avec tout le nécessaire pour le préparer. Le succès est immédiat. Dix ans plus tard, la première « maison de café » ouvre dans la cité phocéenne.

A Paris, il faut attendre 1657 : un célèbre voyageur* de retour du Moyen-Orient, introduit à son tour la fève dans la capitale. Dépêché auprès de Louis XIV pour renouer l’alliance avec la France, l’ambassadeur du sultan de l’empire ottoman l’introduit à la Cour quelques années plus tard. Il profite de son séjour pour organiser de grandes réceptions où la haute société découvre cette boisson brûlante servie dans des tasses en porcelaine de Chine par des esclaves enturbannés.

Les détracteurs sont nombreux ; ils tentent de prouver que le café procure des maladies épouvantables.
Même le pape Clément VII, pourtant amateur, est obligé par l’église d’interdire ce breuvage « noir comme le diable ».
Heureusement, les médecins lui trouvent des vertus thérapeutiques : « il désenyvre sur le champ ceux qui ne sont
pas yvres au premier degré, tient les reins ouverts, aide les maladies spéciales des femmes, dissipe les migraines,
est souverain contre les maladies hystériques, la jaunisse, les tumeurs froides, les abcès et les maux de dents ».

En 1672, un Arménien ouvre le premier débit de café à Paris … pour le fermer peu après : c’est un échec.
Un de ses anciens serveurs s’en inspire pourtant, et crée le Procope** en 1686. Elégant et luxueux, les beaux esprits
aiment à s’y retrouver***. Peu à peu, les cafés deviennent des lieux où les idées libérales naissent et fleurissent.

Sous le règne de Louis XV, l’or noir devient véritablement à la mode : il faut dire qu’il l’apprécie tellement que
non seulement il le fait cultiver dans les jardins de Trianon, mais il torréfie lui-même sa récolte et aime à le préparer.
Les serviteurs de Versailles s’en emparent et en rapportent chez eux ; le clergé s’y met aussi …

Dès le début du XVIIème siècle, la France avait transplanté les pieds offerts au Roi par la Hollande vers l’île Bourbon***
et les Antilles. Quelques décennies plus tard, elle devient le premier pays producteur de café grâce à ses plantations.
La demande est croissante et les débits de café se développent. En 1860, on en compte 3000 à Paris et durant la campagne d’Italie, le café fait partie de la ration militaire des soldats : les derniers français n’y ayant jamais goûté le découvrent enfin.

* Jean de Thévenot, connu pour ses récits de voyages en Europe, Inde, Afrique du Nord et Moyen-Orient.  
** Toujours ouvert de nos jours : http://lescafesdottilie.fr/le-procope-paris/
*** Balzac, Hugo, La Fontaine, Rousseau, Verlaine, Voltaire et tant d’autres.
**** Ile de la Réunion.

Illustration : « Femme versant du café », de Louis-Marin Bonnet (1774)




Avent, le calendrier

Corona Café / 13

Dimanche 6 décembre 2020

Avent, le calendrier

En Avent toutes ! Connaissant mon intérêt – que dis-je : ma passion ! – pour le café, 
nos deux fils rivalisent d’idées dans ce domaine. La dernière en date, ce calendrier
dont chaque fenêtre ouvre sur une capsule … qui m’en a inspiré un autre :
une idée de cadeau chaque jour pour les amateurs.

01 – Calendrier de l’Avent, pour attendre Noël en savourant son petit noir
02 – Plant de caféier, pour ceux qui ont la main verte
03 – Paquet de Blue Mountain*, pour goûter au meilleur café du monde (dit-on !)
04 – Cafetière Bialetti, pour la tradition – mais la vraie : avec le bonhomme moustachu
05 – Cafetière de voyage portable, pour la voiture, la moto, le vélo ou la trottinette
06 – Mousseur à lait, pour des Macchiato onctueux et crémeux
07 – Moulin à café vintage, pour les gros bras
08 – Thermos design, pour les files d’attente devant les musées
09 – Pochoirs, pour s’initier au café art
10 – Cours d’art café, pour devenir un pro
11 – Atelier de dégustation, pour apprécier leurs qualités et savourer tous leurs arômes
12 – Kit de fabrication de capsules à café rechargeables, pour plaire aux écolos
13 – Range-dosettes en forme de capsule géante, pour amuser la galerie
14 – Chauffe-tasse à connexion USB, pour les geeks
15 – Tasse géante, pour les matins méchamment difficiles
16 – Tasse à double paroi remplie d’air**, pour le garder chaud plus longtemps
17 – Cuillère à café en sucre, pour ne plus avoir besoin de sucrer (il suffit de touiller !)
18 – Pâte à tartiner au café, pour changer du Nutella
19 – Gommage au café, pour avoir un corps de rêve
20 – Gloss*** à l’arôme de fève torréfiée, pour être irrésistible 
21 – Bague tasse de café, pour l’avoir toujours sous la main … ou plutôt sur la main !
22 – Boucles d’oreille grains de café, pour ne jamais être à court
23 – Affiche de toutes les sortes de café, pour être incollable (Ca la fiche bien !)
24 – Bûche au café facile**** … pour ne pas risquer d’embûche !

 

* Il provient de la Jamaïque et a longtemps été café le plus cher du monde même s’il est supplanté
par le Bourbon Pointu de la Réunion depuis avril 2007. Certains disent qu’il est le meilleur ; d’autres,
tout en reconnaissant ses grandes qualités d’absence quasi totale d’amertume et de grande douceur,
lui préfèrent d’autres cafés de terroirs auxquels ils trouvent autant de qualités et plus de caractère.
*
* Bodum Pavina, Villeroy & Bosch, Boqo etc. (Cf. Photo d’illustration) 
*** Dérivé du rouge à lèvres qui donne un aspect brillant à celles-ci.
**** https://www.mapatisserie.net/la-buche-de-noel-au-cafe-facile/