Aventurier-torréfacteur

Corona Café / 18

Dimanche 10 janvier 2021

Aventurier-torréfacteur, histoire d’une vie …

Du rêve ! On veut du rêve !
Après deux confinements (bientôt trois ?), des voyages annulés et dix-huit semaines de fermeture des cafés,
on tourne en rond sous notre masque.
On veut de l’aventure, du risque, de la passion, du café – du vrai.
Des gens qui iraient le chercher aux quatre coins du monde au péril de leur vie …

Paul Dequidt est l’un d’eux, « torréfacteur aventurier », comme il se qualifie. Informaticien chez Damart au départ,
il travaillait sur les premiers ordinateurs à cartes perforées. Passé ensuite chez Grand’Mère (celle qui portait un blouson
de cuir et savait faire un bon café !), il a découvert ce produit … qui est devenu sa passion !

– Aventurier, parce que pour dénicher les meilleurs arabicas, il parcourt sans cesse le globe. «  El Gringo*, c’est moi ! »,
se plait-il d’ailleurs à dire. En près de 40 ans, il a exploré des terres hostiles, découvert les tribus les plus reculées
et vécu des guet-apens. Ces expériences, il les partage avec ses clients, à travers ses mailings, son blog, ses livres.
« Je me suis fait tirer ­dessus plusieurs fois ; j’ai toujours aimé les expéditions qui me mettent en danger », dit-il.
Et, son chapeau à larges bords vissé sur la tête, il reprend ses récits de voyages dans des terres inconnues
où il rencontre des peuplades qui n’ont jamais eu de contact avec nos sociétés modernes.

– Torréfacteur dans son garage près de Lille au début ; son entreprise** comporte à présent une brûlerie de cafés précieux, où il ne torréfie que de grands crus d’arabicas … et moult autres bâtiments !

– Torré-facteur pourrait-il ajouter, car il ne le vend que par correspondance – et maintenant sur internet (il s’est même mis aux dosettes !) Mais aussi, as du marketing : au delà de la qualité de son café et des cadeaux qu’il offre dès le premier colis, il établit une relation très personnelle avec ses clients en se mettant en scène avec sa famille. En leur faisant suivre leurs aventures au fil des années***, il les fidélise. Et en les ouvrant à d’autres cultures, il leur offre du rêve. Le voilà donc,
celui-que nous cherchions ! Ce rêve a un prix car il va le chercher les armes à la main … gare au coup de fusil !

https://www.pauldequidt.com

* Référence à la célèbre publicité de Jacques Vabres après 85,
où cet expert de la sélection des grains parcourait la planète à la recherche des meilleurs cafés.
** Créée en 1983 ; chiffre d’affaires de plus de 17 millions d’euros en 2018.
*** ­« Un avion en perdition en Ethiopie », « Kidnappé par des Samburu au Kenya », « Les féticheuses Vaudou
au Togo », « Incarcérés au Cameroun », « Guérilla au Guatemala », « L’enfer vert des Yanomami » etc.




Cassette

Corona Café / 17

Dimanche 3 janvier 2021

Cassette, 73 rue de Rennes, 75 006 Paris
Tous les jours, de 7h à 2h à l’ordinaire,
actuellement et pour la dix-septième semaine depuis la pandémie,
du mercredi au dimanche de 12h à 20h :
vente uniquement à emporter (boissons, huîtres et crêpes)
Prix du café-enlevé : 1,60 €

L’Assoiffé dégringole la rue de Rennes de Montparnasse jusqu’au Cassette* :              

Au secours ! Au secours ! A l’assassin ! Au meurtrier !
Juste Ciel ! Je suis déshydraté, on m’a asséché le gosier, on m’a lyophilisé !
Qui est ce Covid ? D’où vient-il ? Où se cache-t-il ?
Comment faire pour l’arrêter ? Où me faire vacciner ?
Depuis que je suis masqué, mon esprit est troublé ;
j’ignore où je suis, qui je suis et ce que je fais.
Qu’on me donne un café !
Euh ? Que dites-vous ? Je suis arrivé ?

C’est un mirage, une oasis : ma Cassette !
Elle vient d’avoir 100 ans ? On ne le dirait point !
Elle est si joliment fleurie et colorée avec ses plantes luxuriantes**, ses parasols bariolés et ses drôles d’animaux chapeautés. Au loin, les cloches des bien nommées Notre-Dame-des-Champs et Saint-Germain-des-Prés se font écho ;
pour un peu, on se croirait au bout du monde.
Mais je suis loin d’être seul ; sa champêtre terrasse est visiblement très prisée. A distance réglementaire, chacun attend paisiblement son tour, que dis-je : son Graal ! Il fait un froid de gueux, les chauds breuvages sont ardemment espérés. 
Le garçon s’active derrière sa rangée de tables transformées en comptoir …

Cassette : « coffret destiné à conserver des objets précieux ».
Jamais taverne n’aura si bien porté son nom, tant il est vrai que le Café est désormais devenu un trésor.
Et en ce jour glacial, une telle découverte a de quoi réchauffer le cœur !

https://www.cafecassette.com

* Librement inspiré de l’Avare de Molière (Monologue d’Harpagon, acte IV, scène 7)
** Artificielles et donc quelque peu kitsch … mais non dépourvues de charme 😉




Lettre au Père Noël

Corona Café / 16

Jeudi 24 décembre 2020

Lettre au Père Noël

Cette année encore, le Père Noël a reçu des lettres par milliers.
L’une a tout particulièrement retenu son attention :
celle de la gérante du Café du Cheval Blanc, dans le Territoire de Belfort.

Cher Père Noël,

Cela va certainement te paraître bizarre car j’ai largement passé l’âge d’écrire au Père Noël. Je ne suis même pas certaine d’ailleurs de l’avoir fait un jour. Donc pour la première fois, à 57 ans, je t’envoie une lettre au nom de tous les bistrotiers de France.

Ce ne sont pas des aides dont nous avons besoin, nous voudrions juste pouvoir travailler. Nous voulons reprendre notre place derrière le comptoir, accueillir nos clients avec le sourire et un petit mot pour chacun. Parce que malgré tout ce qu’on pense
des gens qui fréquentent les bars, ce n’est pas seulement pour boire qu’ils viennent, mais avant tout parce que ce sont des lieux d’échanges. Des endroits où se retrouvent des personnes de milieux social, familial et professionnel différents qui n’auraient jamais eu l’occasion de se rencontrer sinon.

Pour les 200 000 patrons de bars-restos que nous sommes, le plus beau cadeau que tu pourrais nous faire serait l’autorisation
de rouvrir nos établissements. J’espère très très fort, cher Père Noël, qu’il fera partie de ta distribution.

Alors ce soir à 19h, quand Gibus et moi tirerons le rideau de notre petite vente à emporter, nous ferons comme les enfants
quand ils étaient petits : nous déposerons un verre de vin pour toi et 9 carottes pour Rudolph, Tornade, Danseuse, Furie, Fringant, Comète, Cupidon, Tonnerre et Eclair, au pied du sapin, devant notre bistrot. Puis nous rentrerons chez nous en rêvant
à la bonne surprise que nous trouverons demain matin.

Avec toute mon affection, cher Père Noël, ValH … parce que l’enfance dure toute la vie.

Le légendaire vieillard va-t-il exaucer ses vœux ?
Bientôt 16 semaines de fermeture, on en annonce 4 de plus – voire davantage ! 
Le service de vente à emporter ? Il a permis à Val’ de voir du monde mais n’a pas rempli pas sa caisse. Les subventions ?
Un pis-aller. Notre gérante accuse le coup autant que le coût. Elle compte sur la magie de Noël …

https://www.facebook.com/CAFEDUCHEVALBLANCMorvillarsValGibus/




Conte de Noël

Corona Café / 15

Dimanche 20 décembre 2020

Conte de Noël 

Le Père Noël est cas contact : un de ses lutins a été testé positif au Covid 19.
Il doit donc rester en septaine* jusqu’au 26 au soir. Une catastrophe !
Le voilà obligé de mettre ses lutins en chômage partiel et vendre ses rennes sur Leboncoin. S’en remettra-t-il ?

Et les enfants ? Qui va leur apporter leurs jouets ?
Ils ont été rudement éprouvés depuis le 15 mars : des mois de confinement, la reprise de l’école avec des masques,
circuits de circulation et autres gestes barrière, et aussi l’interdiction de faire des bisous à leurs papis et mamies.
S’il y a bien un Noël où ils ont besoin d’un peu de rêve et de réconfort, c’est celui-là !

Plutôt que de rester (en)terré dans son café une quinzième semaine, un bistrotier décide de passer à l’action.
Il sait que vide-greniers et brocantes ont tous été annulés et que beaucoup de parents n’auront pas les moyens
de remplacer le Père Noël. C’est donc lui qui va s’en charger. Il met en place une hotte-line** : « Et si vous donniez
une deuxième vie aux jouets en bon état que vous n’utilisez plus ? Allez-y, faites du tri, rangez vos chambres et donnez ! ».

L’initiative fait un tabac. Malgré le Covid et les contraintes, les jouets affluent. Les gens n’ont pas forcément beaucoup
mais ils ont conscience que d’autres n’ont quasiment rien. En un temps record, les joujoux arrivent par milliers.
Le café déborde de toutes parts, c’est tout juste si l’on peut se faufiler. Les peluches ont remplacé les clients.
Sur les mange-debout où les seconds se partageaient des planches de fromages ou de charcuteries, livres et jeux de société s’empilent à des hauteurs vertigineuses. Désoeuvrés comme lui, des collègues sont venus lui donner un coup de main :
on trie, on empaquette, on expédie. Le bistrot retrouve son activité bourdonnante et son esprit de convivialité – dans
le respect des règles sanitaires : parmi les dons, du gel hydro-alcoolique, des masques, gants, sprays désinfectants,
sacs poubelles et cartons.

Son café était considéré comme non essentiel ? Il est devenu essentiel.
Et notre Père Colateur transformé en Père Noël a réussi à remplacer ses mauvais comptes en joli conte de Noël*** !

*  Isolement dorénavant fixé à 7 jours.
** Centre d’appel d’urgence.
*** D’après une histoire vraie, celle de Yoann Hessemans, patron du Castle Pub à Fontainebleau 
et du Paddy Rock à Chailly-en-Bière qui a lancé l’opération « Range ta chambre solidaire ».
Seize communes de Seine-et-Marne y ont ainsi participé durant le mois précédant Noël.




Histoire du Café en France

Corona Café / 14

Dimanche 13 décembre 2020

Quelle histoire !

1644, « Porte de l’Orient » : un négociant marseillais rapporte des grains de café de Constantinople, avec tout le nécessaire pour le préparer. Le succès est immédiat. Dix ans plus tard, la première « maison de café » ouvre dans la cité phocéenne.

A Paris, il faut attendre 1657 : un célèbre voyageur* de retour du Moyen-Orient, introduit à son tour la fève dans la capitale. Dépêché auprès de Louis XIV pour renouer l’alliance avec la France, l’ambassadeur du sultan de l’empire ottoman l’introduit à la Cour quelques années plus tard. Il profite de son séjour pour organiser de grandes réceptions où la haute société découvre cette boisson brûlante servie dans des tasses en porcelaine de Chine par des esclaves enturbannés.

Les détracteurs sont nombreux ; ils tentent de prouver que le café procure des maladies épouvantables.
Même le pape Clément VII, pourtant amateur, est obligé par l’église d’interdire ce breuvage « noir comme le diable ».
Heureusement, les médecins lui trouvent des vertus thérapeutiques : « il désenyvre sur le champ ceux qui ne sont
pas yvres au premier degré, tient les reins ouverts, aide les maladies spéciales des femmes, dissipe les migraines,
est souverain contre les maladies hystériques, la jaunisse, les tumeurs froides, les abcès et les maux de dents ».

En 1672, un Arménien ouvre le premier débit de café à Paris … pour le fermer peu après : c’est un échec.
Un de ses anciens serveurs s’en inspire pourtant, et crée le Procope** en 1686. Elégant et luxueux, les beaux esprits
aiment à s’y retrouver***. Peu à peu, les cafés deviennent des lieux où les idées libérales naissent et fleurissent.

Sous le règne de Louis XV, l’or noir devient véritablement à la mode : il faut dire qu’il l’apprécie tellement que
non seulement il le fait cultiver dans les jardins de Trianon, mais il torréfie lui-même sa récolte et aime à le préparer.
Les serviteurs de Versailles s’en emparent et en rapportent chez eux ; le clergé s’y met aussi …

Dès le début du XVIIème siècle, la France avait transplanté les pieds offerts au Roi par la Hollande vers l’île Bourbon***
et les Antilles. Quelques décennies plus tard, elle devient le premier pays producteur de café grâce à ses plantations.
La demande est croissante et les débits de café se développent. En 1860, on en compte 3000 à Paris et durant la campagne d’Italie, le café fait partie de la ration militaire des soldats : les derniers français n’y ayant jamais goûté le découvrent enfin.

* Jean de Thévenot, connu pour ses récits de voyages en Europe, Inde, Afrique du Nord et Moyen-Orient.  
** Toujours ouvert de nos jours : http://lescafesdottilie.fr/le-procope-paris/
*** Balzac, Hugo, La Fontaine, Rousseau, Verlaine, Voltaire et tant d’autres.
**** Ile de la Réunion.

Illustration : « Femme versant du café », de Louis-Marin Bonnet (1774)




Avent, le calendrier

Corona Café / 13

Dimanche 6 décembre 2020

Avent, le calendrier

En Avent toutes ! Connaissant mon intérêt – que dis-je : ma passion ! – pour le café, 
nos deux fils rivalisent d’idées dans ce domaine. La dernière en date, ce calendrier
dont chaque fenêtre ouvre sur une capsule … qui m’en a inspiré un autre :
une idée de cadeau chaque jour pour les amateurs.

01 – Calendrier de l’Avent, pour attendre Noël en savourant son petit noir
02 – Plant de caféier, pour ceux qui ont la main verte
03 – Paquet de Blue Mountain*, pour goûter au meilleur café du monde (dit-on !)
04 – Cafetière Bialetti, pour la tradition – mais la vraie : avec le bonhomme moustachu
05 – Cafetière de voyage portable, pour la voiture, la moto, le vélo ou la trottinette
06 – Mousseur à lait, pour des Macchiato onctueux et crémeux
07 – Moulin à café vintage, pour les gros bras
08 – Thermos design, pour les files d’attente devant les musées
09 – Pochoirs, pour s’initier au café art
10 – Cours d’art café, pour devenir un pro
11 – Atelier de dégustation, pour apprécier leurs qualités et savourer tous leurs arômes
12 – Kit de fabrication de capsules à café rechargeables, pour plaire aux écolos
13 – Range-dosettes en forme de capsule géante, pour amuser la galerie
14 – Chauffe-tasse à connexion USB, pour les geeks
15 – Tasse géante, pour les matins méchamment difficiles
16 – Tasse à double paroi remplie d’air**, pour le garder chaud plus longtemps
17 – Cuillère à café en sucre, pour ne plus avoir besoin de sucrer (il suffit de touiller !)
18 – Pâte à tartiner au café, pour changer du Nutella
19 – Gommage au café, pour avoir un corps de rêve
20 – Gloss*** à l’arôme de fève torréfiée, pour être irrésistible 
21 – Bague tasse de café, pour l’avoir toujours sous la main … ou plutôt sur la main !
22 – Boucles d’oreille grains de café, pour ne jamais être à court
23 – Affiche de toutes les sortes de café, pour être incollable (Ca la fiche bien !)
24 – Bûche au café facile**** … pour ne pas risquer d’embûche !

 

* Il provient de la Jamaïque et a longtemps été café le plus cher du monde même s’il est supplanté
par le Bourbon Pointu de la Réunion depuis avril 2007. Certains disent qu’il est le meilleur ; d’autres,
tout en reconnaissant ses grandes qualités d’absence quasi totale d’amertume et de grande douceur,
lui préfèrent d’autres cafés de terroirs auxquels ils trouvent autant de qualités et plus de caractère.
*
* Bodum Pavina, Villeroy & Bosch, Boqo etc. (Cf. Photo d’illustration) 
*** Dérivé du rouge à lèvres qui donne un aspect brillant à celles-ci.
**** https://www.mapatisserie.net/la-buche-de-noel-au-cafe-facile/   




Covid, co-vide

Corona Café / 12

Dimanche 29 novembre 2020

Covid, co-vide

 

« Six heures du mat’ faut qu’j’trouve à boire, café au lait ou café noir* » 
Chagrin d’amour* nous inspire : les boutiques « non essentielles » ont rouvert hier, 
mais les cafetiers (pourtant essentiels !!) doivent attendre le 20 janvier**. 
Six mois de fermeture ! Tiendront-ils ?
Et nous ? Comment ferons-nous sans café ?

Les ignorants arguent que c’est bonne chose : avec lui, le pouls fait l’impertinent*** 
alors qu’on a déjà tendance à tourner en rond depuis le confinement.

Ignorantusignoranta,  Ignorantum ! 
Les illustres médecins pensent tout le contraire :
– Vous avez besoin de rituels ?
Le café ! Au saut du lit, à la pause ou après le déjeuner, il rythme votre journée.
– Vous êtes nostalgique de l’avant Covid ?
Le café ! Il vous rappelle ceux que vous preniez sur le zinc en chemin, à la machine avec vos collègues ou après un bon repas avec des amis, et les réminiscences de cette normalité heureuse viennent adoucir votre isolement.
– Vous peinez à télétravailler seul devant votre ordinateur ?
Le café ! Il vous permet de rester attentifs et concentrés, stimule votre mémoire et vous aide à prendre des décisions.
– Il vous prend un petit sommeil après le repas et vous êtes bien aise de dormir ?
Le café ! Il décuple les bienfaits de votre sieste car contrairement à ce que d’aucuns prétendent, il n’empêche pas de dormir si on la fait juste après l’avoir avalé : vous retrouvez ainsi votre énergie et votre vivacité d’esprit.
– Votre productivité baisse en fin de journée ?
Le café ! Des études montrent que ceux qui en boivent plus de deux tasses par jour sont 20 % plus susceptibles de travailler une heure de plus.
– Vous redoutez les maladies d’importance – cardiaque, sclérose en plaques, diabète, Parkinson, Alzheimer et autres cancers ?
Le café ! Il a été prouvé qu’en en buvant trois à cinq tasses par jour, on réduisait le risque d’avoir ces pathologies.
– Vous êtes au bord de la dépression ?
Le café, le café, vous dis-je.
– Vous craignez d’attraper le Covid ?
– Là, on ne sait pas si le café immunise contre lui … mais il est immunisé par lui : le cours de l’arabica s’est enflammé !

* D’après « Chacun fait c’qui lui plaît », principal succès du duo pop franco-américain (1981)
** Uniquement si les conditions sanitaires le permettent, soit moins de 5000 cas par jour.
*** Quand le coeur s’emballe (Cf « Le Malade imaginaire » de Molière, Acte III, scène 10)




Drive-café

Corona Café / 11

Dimanche 22 novembre 2020

Drive-café

 

Au retour d’un « déplacement pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou précaires
ou la garde d’enfants »*, un bip retentit, puis deux, puis trois. Un message s’affiche aussitôt sur le tableau de bord.
C’est du sérieux, il y a urgence : « Attention, faites une pause ! » 
Il est surmonté du dessin d’une tasse fumante (pour les non-lecteurs !)
Mes paupières ont dû s’alourdir et ma perspicace voiture a tout de suite compris que j’étais en train de m’assoupir.
Vite, un café !
Problème : depuis 24 jours, ils sont à nouveau fermés.

Ah ! Si seulement, il pouvait venir à moi. C’est un « drive-café** » qu’il me faut ! Si si, ça existe … et depuis fort longtemps : sous Louis XV déjà, les dames de la Cour demandaient à ce qu’on arrête leur carrosse devant les « débits de café ».
On leur apportait leur précieux nectar dans une tasse en argent : ainsi pouvaient-elles le déguster sans avoir besoin de lever le petit doigt … de pied ! Il valait mieux d’ailleurs, car le café moulu était versé dans une chaussette que le tenancier arrosait ensuite avec de l’eau bouillante (oui, je sais : ça fait envie !) – ce qui est sans doute à l’origine de l’expression
« jus de chaussette » …

Le « drive-café » s’est vraiment développé dans les années 50 en Amérique du nord.
Je me souviens*** pour ma part d’un séjour chez notre aîné quand il vivait dans la Belle Province. Lors de nos expéditions sur ses routes interminables, nous nous arrêtions régulièrement chez Tim Hortons. C’est dans cette célèbre chaîne canadienne, renommée pour son café et ses beignes****, que nous avions ainsi découvert le « drive » – ou plutôt
« service au volant », comme disent nos cousins québécois.

Et dans l’hexagone ?
Après une recherche approfondie, j’ai trouvé un article annonçant l’ouverture du premier drive-café de France de Starbucks … enseigne américaine, of course. C’était le 6 février dernier, à Toulouse – juste avant le premier confinement !
L’idée a été reprise depuis, notamment par les patrons de cafés situés sur des nationales :
il ne me reste donc plus qu’à ouvrir (de nouveau) l’œil ! 😉

 

* L’un des 9 motifs de déplacements dérogatoires figurant sur l’attestation nécessaire à toute sortie,
dans le cadre de l’urgence sanitaire décrétée pour faire face à l’épidémie de Covid-19.
** De l’anglais « conduire » : établissement fournissant un service
permettant aux consommateurs d’être servis tout en restant dans leur voiture.
*** Devise du Québec que l’on retrouve sur toutes les plaques d’immatriculation.
**** Pâtisserie sucrée du Québec, dont la recette la plus ancienne figure dans « La cuisinière canadienne » de 1840.




Caféinomanes confinés

Corona Café / 10

Dimanche 15 novembre 2020

Caféinomanes confinés, comment ne pas sombrer ?
Manuel de survie

–  Achetez deux paquets de grains de la même marque
… et comptez-les pour voir s’il y en a le même nombre : ça vous occupera !
Faites pousser du café 
Il suffit d’un grain (de folie !), quelques accessoires*…  et beaucoup de patience !
Lancez-vous dans la torréfaction artisanale  
Versez des grains de café verts à sec dans une poêle à feu moyen, et remuez-les régulièrement pour les torréfier uniformément : ils vont passer du vert à un brun doux tirant sur le rouge, puis brun et noir.
Détartrez la machine à café
On n’a jamais le temps d’habitude !
Testez des cafés à l’aveugle en famille
… et pour pimenter cette dégustation comparative, proposez une fois le même 😉 
Essayez-vous au Latte art**
Commencez par maîtriser l’espresso et la mousse de lait,
puis répétez (longuement) les gestes pour chaque dessin (prévoir des litres de lait !) 
Lancez-vous dans la peinture au café*** 
Ca change de celle au jus de betterave !
Recyclez des capsules
pour fabriquer décorations de Noël, jouets, bijoux, fleurs, animaux … et autres idées : à vous de trouver !
Organisez un karaoké de chansons sur les cafés
« Le bistrot » de George Brassens, « Y’a un bistrot » de Jean Sommer,
« Au bistro, au troquet, au pub, au rade, au zinc, au bar » d’Anis,
« Mon bistrot préféré » de Renaud, « Le café » d’Oldelaf etc.
Organisez une course de garçons de café 
Il vous faut de 2 plateaux, 2 tasses (incassables !) et de l’eau pour les remplir.
Vos petits d’hommes sont en ligne sur deux files :
chacun doit se rendre jusqu’à un plot et revenir donner le plateau au suivant.
Si la tasse se renverse, l’adulte la remplit et le bambin doit recommencer au début du parcours …
Faire une partie de « Café international » 
Chaque joueur doit répartir habilement le plus de clients possible aux tables du café pour marquer des points,
à la fin, celui qui en a le plus a gagné.
Fabriquez un jeu de société 
Mémory, Monopoly, Risk, jeu de l’oie ou des sept familles et autres sur le thème des cafés … voire un escape game****.
Prédisez la date de réouverture de nos bistrots préférés
… dans le marc de café , bien sûr !

* Pot assez grand, engrais universel, terreau riche au pH acide, argile expansée, insecticide en spray, eau et emplacement bien éclairé à température moyenne (entre 18 et 21°C), à l’abri des rayons directs du soleil et des courants d’air froid.
** Cf. http://lescafesdottilie.fr/artscafe-montreal/ : vidéos indiquées à la fin.
*** Prévoir du café en poudre, des tasses en guise de palettes et quelques pinceaux.
Cf. http://lescafesdottilie.fr/artiste-peintre-de-cafe/ 
**** Jeu d’énigmes en équipe, généralement dans un lieu clos et thématisé.




Cafetiers reconfinés

Dimanche 8 novembre 2020

Les cafetiers ? Ils sont comme nous : reconfinés !
Depuis 10 jours et pour un mois au moins.
Dans leur bistrot, un cafetier et sa cafetière sont désespérés  …


Roger

– A quoi y sert maintenant, le père Colateur ?
Gisèle
– Ouaih, y’en a marc : c’est pas un grain qu’on s’prend, c’est une tornade.
Roger
– Et café le gouvernement, hein, tu peux m’le dire ? ?
Gisèle
– Ah ça, pour nous écraser, ils ont mis le paquet.
Roger
– Maintenant mon rad, il est en rade ; y s’rendent pas compte :
c’est qui qui va payer les traites ? Y en a pour 2000 sacs ! Pourtant, j’ai de la bouteille …
Gisèle
– T’en as même plusieurs !
Roger
– Eh ben la coupe, elle est pleine.
Gisèle

– Et la tasse vide.
Roger
– La caisse surtout. Avec ça, la pression, elle est au max.
Gisèle
– Et la dépression pas loin.
Roger
– J’travaille plus mais j’suis moulu. Plus d’café, c’est la bière, direct !
Gisèle
– Faut quand même pas voir tout en noir, Roger.
Roger

– Les clients ont pas l’droit d’rentrer, nous on n’a pas l’droit d’sortir :
où qu’c’est qu’tu la vois, la lumière, toi ? 
Gisèle
– C’est vrai qu’nous interdire d’ouvrir, c’est fort de café quand même.
Roger
– J’en ai ras la cafetière : s’il vient le ministre, j’vais lui parler sans filtre, moi.
Mon café, y vaut plus rien  : y a rien contre quoi je peux le troquer.
Gisèle
– T’as raison, parce qu’si ça continue comme ça, on va finir par la boire, la tasse.
Roger
– Si j’peux plus la préparer, j’vais la faire parler, moi, la poudre.
Et quand j’s’rai mort, c’est allongé que j’le prendrai mon café !