
26/02/2025
Latei
Le 25 février 2025
Latei, Zeedijk 143, Amsterdam (Pays-Bas)
De 8h à 18h (Samedi 9h, dimanche 10h)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 14
Accueil : 16
Ambiance : 16
Café : 14
Prix du café : 3,50 €
Aux mots croisés du jour : « Petite reine … des Pays-Bas » (vélo)
Latei est une curiosité. A 5 minutes à pied de la gare, dans une petite rue animée, ses vitrines interpellent. Un (vrai) vélo derrière chacune d’elles et une inscription : « Brocante & expresso, huile d’olive & poterie & Rock ‘n Roll » (je vous ai traduit !)
Vérifions : effectivement, c’est pittoresque ! Meubles et objets sont tous hétéroclites et vintage, nous voilà 70 ans en arrière. Avec des tables formi, formi, formicables* aux formes étonnantes, c’est Rock ‘n Roll, oui ! A part la machine à café**, tout est rétro … et à vendre : des luminaires aux prises de courant qui dégringolent du plafond, en passant par les porte-manteaux et vinyles***, jusqu’aux cuillères ! Si on ne s’était pas contentés de nos valises-cabine, on aurait pu changer notre intérieur ! Même chose dans la mezzanine (mais gare à vos têtes, c’est pas haut !)
L’ambiance est tranquille et chaleureuse. Un jeune ébouriffé accompagne son café matinal d’une épaisse tranche de pain brun recouverte de lamelles de fromage – plus une rondelle de tomate. Un grand barbu entre ensuite, nous gratifie d’un sourire en guise de bonjour, récupère le journal et s’installe à la petite table coincée entre le comptoir et la fenêtre. Notre serveuse Latei (au style unique : un collant savamment troué !) lui apporte aussitôt son thé et sa tranche de pain noir recouverte d’œufs brouillés – et la (désormais) fameuse rondelle de tomate.
Pour nous, ce sera, outre nos traditionnels cafés, une part d’appeltaart. Contrairement aux tartes aux pommes de chez nous, il contient plus d’appel que de taart. Beaucoup de fruits, pas de crème (ouf !), la portion est goûteuse et généreuse. Tellement, qu’elle nous le sert avec deux fourchettes ! Tout est frais et de qualité. Les Italiens venus petit-déjeuner en famille s’extasient devant l’incroyable pain aux grains entiers et confirment qu’elle sait faire un bon cappuccino. Beau compliment de la part de connaisseurs …
Pour conclure : servi avec vélo…cité
* Symbole des Trente glorieuses (1945 à 1973, cette matière plastique s’est imposée, car plus légère et facile d’entretien que les traditionnels meubles en bois. Déclaré « ringard » dans les années 80, le formica redevient tendance avec la mode vintage.
** Une « Pavoni », marque reconnue depuis plus d’un siècle comme l’excellence italienne.
*** Surnom donné aux anciens disques 33 tours.

25/02/2025
Karpershoek
Le 23 février 2025
Karpershoek, Martelaarsgracht 2, Amsterdam (Pays-Bas)
Tous les jours, de 10h à minuit
Note globale : 16
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 18
Ambiance : 18
Café : 13
Prix du café : 3,50 €
Aux mots croisés du jour : « A son lit à Amsterdam » (Amstel)
Karpershoek serait le plus vieux café d’Amsterdam, le premier à payer des impôts en tous cas. Bien que bâti en 1557, c’est en 1606 qu’on commença à y vendre de la bière. C’était alors une auberge de l’ancien port, fréquentée par les marins de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. La gare* fut construite sur un polder juste en face en 1989. Les propriétaires se succédèrent ; le 4è lui donna son nom, l’actuel veille désormais à préserver son caractère intemporel et authentique.
Karpershoek nous transporte dans un autre temps : faïences de Delft autour de la cheminée, miroir ancien derrière l’épais comptoir, peintures et photographies d’autrefois. Qui sait ? Mon arrière-grand-père venait peut-être s’y abreuver ? Du parquet au (bas) plafond à chevrons, en passant par les meubles et sculptures, le bois sombre est omniprésent : typiquement ce qu’on appelle un « café brun »**, à l’atmosphère chaleureuse et intime.
Karpershoek est bondé : difficile de trouver une place. Les habitués discutent autour de pintes ; ils les accompagnent parfois de bitterballen*** qu’ils trempent avant dans la moutarde. L’ambiance est conviviale mais assourdissante. Les femmes sont rares (des touristes égarées !), les consommateurs de cafés aussi. Malgré l’affluence et le brouhaha, les serveurs gardent leur bonne humeur et leur efficacité. Au comptoir, le patron sert à mon grand gaillard de voisin, une Amstel**** accompagnée d’un petit verre à shot que ce dernier s’empresse de siffler. Devant mon air intrigué, il me précise – en français : repérée ! – que c’est du genièvre*****. Ah, oui, bien sûr ! …
Pour conclure : ce café fait un tabac !
* Etendue artificielle de terre conquise sur la mer grâce à des digues, dont le niveau est inférieur à celui de la mer. A noter aussi que la gare a grandement contribué au développement de la vente du café dans les estaminets.
** Ils tirent leur nom de la couleur brune des intérieurs, souvent due à la fumée de tabac qui imprégnait les murs et les plafonds.
*** Snack préféré des hollandais : boules croustillantes et frites chaudes, faites à l’origine à partir de restes de viande à l’origine – à présent avec du bœuf, du veau, du poulet, voire des champignons pour les végétariens.
**** L’Amstel (en vieux néerlandais « Zone aquatique ») est le fleuve qui a donné son nom à la ville (« Digue sur l’Amstel »). C’est aussi une marque de bière appartenant au groupe Heineken, brassée à l’origine à Amsterdam.
***** Eau-de-vie emblématique des cafés bruns, souvent accompagnée d’un verre d’eau pour adoucir le goût fort et distinctif.

23/02/2025
Stads Koffyhuis
Le 21 février 2025
Stads Koffyhuis, Oude Delft* 133, Delft (Pays-Bas)
De 9h à 17h (dimanche 11h à 16h)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 16
Café : 15
Prix du café : 3,50 €
Aux mots croisés du jour : « Son anagramme est CAFEINE » (FAIENCE)
Delft est une charmante petite cité à l’atmosphère calme, presque feutrée. le long de ses canaux et leurs ponts pittoresques, on découvre de belles façades et autres monuments de son riche passé. Et elle regorge de petits restaurants et cafés …
Stads Koffyhuis** porte bien son nom, c’est LE café de la ville. Un delftois vieux d’un demi-siècle déjà !
En passant devant, on a envie de s’y engouffrer. Mais il paraît petit … et plein. N’hésitez pas à entrer !
De nombreuses salles se succèdent dans ce beau bâtiment ancien au décor rustique, avec chacune sa spécificité : les lecteurs se retrouvent autour de la table de l’une, dont le creux au centre accueille les journaux mis à disposition ; les familles autour de la table d’hôtes de sa voisine. Les duos préfèrent les tables hautes en rang d’oignons du (large) couloir, tandis que les âmes bucoliques apprécient celle aux allures de jardin d’hiver avec son immense verrière. Les nostalgiques enfin, empruntent l’escalier qui longe la cuisine pour s’installer dans la salle à manger aux vieux meubles et poutres. A noter que, juste en face, les lieux d’aisance sont ornés de faïence … jusqu’à la tulipe-robinet pour distribuer l’eau !
Bien qu’en hiver, et en semaine, l’atmosphère est déjà animée. On imagine l’été ! Pour s’agrandir, l’établissement installe alors une autre terrasse sur une péniche amarrée en face. En attendant, quelques places sur le trottoir permettent de profiter du canal et de la vue sur le clocher très penché de la vieille église***.
Mais pourquoi un tel succès ? De bons produits, bien présentés, assurément : le café servi sur un joli plateau et son napperon ne manque pas d’arômes, tandis qu’un mini verre d’eau et un biscuit maison à la cannelle l’accompagnent. Je plébiscite ! Les crêpes sont savoureuses (on a vérifié !) et les sandwichs sans doute aussi : ils ont été élus meilleurs des Pays-Bas – pas plus, mais guère moins !
Pour conclure : bleu de bleu.
* Le vieux Delft est le berceau de la poterie bleue et blanche peinte à la main qui porte son nom, mais aussi la ville natale de Vermeer et l’ancien siège de la Maison royale d’Orange : sa nouvelle église du XVe siècle abrite les tombes de la famille royale.
** Littéralement « Maison de café de la ville ».
*** Il culmine à 75 m mais penche d’environ 2 m entre son sommet et le sol (plus que la tour de Pise !)
Parmi les pierres tombales de l’église se trouve celle du peintre Vermeer, né à Delft en 1632 et décédé en 1675.

16/02/2025
Le Valentin
Le 14 février 2025
30 Passage Jouffroy, 75 009 Paris
De 8h30 à 18h30 (9 h le dimanche)
Note globale : 15
Situation : 17
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 14
Prix du café : 2,60 €
Aux mots croisés du jour : « Un patron qui a du coeur » (Valentin)
Valentin* a du goût. Il s’est installé dans l’un des plus beaux passages couverts** de la capitale, dont la structure de fer et de verre nous protège aujourd’hui des températures négatives. Nous pouvons ainsi déambuler dans l’ambiance feutrée et élégante du vieux Paris sans craindre le froid …
Valentin est un ensorceleur. Depuis 1858, il expose ses alléchantes douceurs derrière ses baies vitrées : viennoiseries, pâtisseries, kugelhofs, mais aussi chocolats, guimauves et macarons. Son maître-pâtissier les confectionne ici-même, avec des ingrédients de qualité précise-t-il. Les becs sucrés se feront un devoir de vérifier …
Valentin est un romantique. Son salon de thé*** est un tantinet désuet et ne manque pas de charme avec ses tentures et ses lustres. Si l’étage peut accueillir en nombre, il a installé neuf petites tables pour duos au rez-de-chaussée – serrées par contre : avis aux chers-et-tendres en puissance, faites votre déclaration discrètement !
Valentin est un anglophone : il peut ainsi conseiller les (nombreux) touristes, son salon étant très prisé des gourmets et amoureux de Paris. Il leur explique comment il concocte ses confitures, viennoiseries, pains, plats et surtout pâtisseries : tout, absolument tout, est fait maison ! Ou bien pourquoi il choisit son café (Lavazza) et les thés (Damann). Ou encore les formules qu’il propose pour chaque moment de la journée, du petit-déjeuner au goûter en passant par la collation du midi et le brunch du week-end.
Pour conclure : coup de cœur !
* Ce prêtre romain, emprisonné et condamné, aurait guéri la fille de son geôlier de sa cécité puis lui aurait écrit une lettre d’adieu signée « Votre Valentin » : ainsi serait née la tradition de cette fête des amoureux, très en vogue de puis 1950.
** Construit en 1836, le passage Jouffroy est situé sur les grands boulevards, dans le prolongement du passage des Panoramas. Il doit son charme à sa verrière en ogive et son dallage en marbre rénovés en 1987. Il abrite le musée Grévin et ses célèbres personnages de cire, l’hôtel Chopin et des boutiques de jouets de miniatures, livres rares, cannes anciennes …
*** C’est Jeanne Souchard, l’épouse d’Ernest Ladurée, qui a eu l’idée de fusionner café et pâtisserie. Ainsi fut crée le premier salon de thé, alors que la Belle Epoque battait son plein dans la capitale qui accueillait l’Exposition Universelle en 1900.

09/02/2025
La Marée
Le 7 février 2025
2 place des Pêcheurs, 94 150 Rungis
Ouvert 24h/24 sauf week-ends et jours fériés
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 12
Accueil : 12
Ambiance : 17
Café : 12
Prix du café : 1,50 €
Aux mots croisés du jour : « Parfois noire, souvent humaine » (marée)
3h40. Du matin. Mais que fait-on, debout, à cette heure ? C’est à cause de nos héritiers. Ou plutôt grâce à nos héritiers : ils nous ont offert une visite de Rungis*, le plus grand marché de produits frais au monde – pas plus, mais guère moins !
Si le réveil nous a tirés de notre sommeil, « La Marée », elle, ne s’est pas endormie : ici, on vous sert à toute heure du jour et de la nuit ! Pour nous par contre, c’est tout sauf habituel, on va avoir besoin de carburant : un (premier) café ne sera pas du luxe !
Au comptoir, Benoit manie son perco à vitesse grand V, avec des mouvements parfaitement calculés. Il houspille un lambin : « Tu l’as bu, ton serré ? »
Vendeurs sur le carreau**, préparateurs, caristes***, restaurateurs et poissonniers se succèdent pour avaler leur petit noir. Les enchères sont terminées, il va falloir remballer et nettoyer ou repartir avec la marchandise. En attendant, la pause-café, c’est sacré. Tout le monde se connaît ici, Rungis est une famille. D’autres se sont carrément attablés devant des produits de la marée, avec un petit coup de blanc pour faire glisser. La convivialité est de mise et l’ambiance bon enfant …
4h. Sandra, ancienne vendeuse au Pavillon des volailles, distribue blouses blanches et charlottes aux visiteurs. Solidement encadrés et toujours groupés, on évite dehors les camions qui manœuvrent dans tous les sens. Et dans les entrepôts où s’amoncellent poissons, carcasses de viande, fromages, fruits, légumes et fleurs, on se fait tout petits pour ne pas gêner les porte-palettes. Attention aussi où l’on met les pieds, le sol est souvent glissant : « C’est pas le Louvre ici ! », nous rappelle notre guide.
9h. Petit-déjeuner « rungissois » : myriade de produits frais salés et … dernier café !
Pour conclure : une visite idé-halles.
* Depuis le Moyen-âge, la France entière nourrissait la capitale grâce à ses Halles, situées en son coeur (« Le ventre de Paris » si bien décrit par Zola). Mais le manque d’espace et les problèmes d’hygiène les obligent à déménager à Rungis en 1969. Chaque année, 145 000 tonnes de marchandises y transitent à présent pour nourrir 20 millions de personnes. Nuit et jour, 14 000 salariés s’y activent, chacun bien dans son rôle, l’organisation est quasi militaire. Il y a même une crèche ouverte 24h/24 !
** Espace essentiel du Marché de Rungis, le carreau de vente en gros est un emplacement au sol strictement délimité, de 20m2 à 200m2, attribué à un opérateur afin qu’il puisse présenter et vendre ses marchandises aux acheteurs.
*** Conducteurs d’engins (chariots élévateurs etc.) pour déplacer les marchandises (stockage-déstockage).

02/02/2025
Halle Saint-Pierre
Le 2 février 2025
2, rue Ronsard, 75 018 Paris
De 11h à 17h (samedi 18h, dimanche 12 à 17h,
fermé certains jours de janvier et d’août), accessible
Note globale : 13
Situation : 15
Cadre : 14
Accueil : 10
Ambiance : 15
Café : 10
Prix du café : 2,20 €
Aux mots croisés du jour : « Plus difficile que la critique (art) »
Si l’on vous dit « Halle », vous pensez « marché couvert » : la Halle Saint-Pierre en était effectivement un à l’origine. Construite en 1868 par un élève de Baltard*, elle est ensuite devenue école, puis musée d’art populaire contemporain.
Située au pied des escaliers du Sacré-Cœur, près des grands magasins de tissus**, elle est pourtant peu connue des parisiens. A cause de son entrée décentrée ?
De l’extérieur, rien ne semble avoir changé. Seules quelques tables de jardin alignées sur le trottoir face au square Louise Michel laissent penser à une autre activité.
Une fois à l’intérieur, on retrouve les grandes verrières, larges espaces et fins piliers. C’est dans ce cadre lumineux qu’on peut voir des expositions temporaires, mais pas que : la Halle abrite aussi un auditorium, une galerie, une librairie*** … et un café !
Ses tables entourent un bel escalier en colimaçon de métal qui permet l’accès à la mezzanine. Insolite ! Sous le verre qui protège notre table, l’affiche d’une expositions antérieure. On lève le nez : des oeuvres en vente ornent les murs. Décidément, l’art est partout, brut et singulier.
Mais pour consommer, il faut revenir sur terre : personne ne s’inquiétera de vous si vous n’allez pas passer commande au comptoir. L’attente est longue (problème de plonge !), le sourire en option (en tous cas, aujourd’hui). Un peu décontenancés, nous rapportons nous-mêmes nos boissons … aussi décevantes que le service. Le café est fade et le cappuccino équivalent à un (très) banal café-crème.
Pourtant, l’ambiance est chaleureuse. Nombreux sont les visiteurs (curieux ou amateurs du non-conformisme), artistes, simples voisins ou touristes qui en profitent pour faire une pause. Très nombreux même – limite bruyants.
Pour conclure : l’art mais pas la manière.
* Célèbre architecte du Second Empire, il est notamment à l’origine des anciennes Halles de Paris, au coeur de la capitale.
** Dont le célèbre « Marché Saint-Pierre », véritable caverne d’Ali baba sur plusieurs niveaux.
*** Spécialisée dans l’art contemporain (on s’en doutait un peu !)