
09/03/2025
Singuliers
Le 9 mars 2025
Singuliers, 2 rue Titon, 75 011 Paris
Du mardi au samedi, 8h30-17h30 et 19h30-23h30 (9h30 le samedi)
Note globale : 13
Situation : 12
Cadre : 14
Accueil : 13
Ambiance : 15
Café : 12
Prix du café : 2,50 €
Aux mots croisés du jour : « Point commun » (singulier)
« Singulier : différent des autres », nous dit le dictionnaire. Voilà qui me plait !
Mais « Singuliers » écrit au pluriel, là, je suis perplexe !
Enquête menée, c’est vrai que ce coffee-shop est singulier à plus d’un titre …
– Ce lieu à part réunit immobilier, cuisine, culture et artisanat. C’est Patrick Besse, à la tête d’un groupe immobilier de biens de caractère (et singuliers !), qui l’a imaginé.
– Derrière les baies vitrées, l’activité intrigue dès la rue : les pâtissiers s’affairent, une vraie ruche ! Non seulement la cuisine est ouverte, mais à l’entrée de la salle, spacieuse et bien agencée. Avec ses meubles en bois blond, dont une table d’hôtes installée au fond sous une jolie verrière, elle a de faux airs de maison de campagne. Sur les étagères, les objets artisanaux et ouvrages sur le patrimoine exposés sont à la vente. Mais le plus singulier est assurément le poêle** qui trône au milieu !
– Le café** n’a pas l’acidité à la mode actuellement : les torréfacteurs*** ont eu pour consigne de le faire à l’italienne mais peu torréfié, afin de le rendre crémeux et chocolaté. Personnellement, je ne suis pas convaincue ! Et si le Latte offre une option orange-cannelle surprenante, la version classique manque de goût. Des effluves de scones et cookies embaument la boutique à cette heure. A la fleur de sel, au chocolat noir 70% ou au beurre de cacahuètes pour les seconds. Singuliers, assurément. Et goûteux sans nul doute : ils ont été élus meilleurs cookies de France !
Pour conclure : un café singulier, un lieu pluriel.
* Pour la 3è génération, et à présent en France, en Italie, en Belgique ou au Portugal.
** Récupéré dans une église et rénové, c’est un poêle De Dietrich de 1953, haut de presque 2m !
*** Saul a grandi en Colombie dans une famille productrice de café. Après des études de droit en France, il y revient comme juriste. De retour à Paris, il rencontre Carlos. Ensemble, ils créent Plural, leur propre marque de café et de se lancent dans la torréfaction. Ils vont à la rencontre des producteurs dans les villages et leur achètent le café à prix équitable. Et ici, ils partagent l’histoire de cette culture paysanne et forment des personnes réfugiées au métier de barista afin de contribuer à leur insertion.

03/03/2025
Blue Amsterdam
Le 2 mars 2025
Blue Amsterdam, Kalvertoren*, Singel 457, Amsterdam (Pays-Bas)
De 10h à 18h30 (dimanche 11h, jusqu’à 20h jeudi)
Note globale : 15
Situation : 16
Cadre : 16
Accueil : 16
Ambiance : 14
Café : 13
Prix du café : 3,50 €
Aux mots croisés du jour : « Spectacle à l’œil » (vue)
« Blue », comme le ciel du jour ! Et comme nous, après une longue balade : on est bleus de froid ! Avec, non pas la chair de poule, mais – comme on dit ici -, la « peau de poulet » ! D’où l’envie de se réfugier dans ce centre commercial moins bucolique que les canaux mais … surprenant. De sa tour centrale et futuriste, l’ascenseur en verre nous propulse à plus de 30m. En haut, la cafétéria est simple, design et relativement petite malgré ses deux niveaux. Mais ses baies vitrées à 360° nous offrent une vue panoramique incroyable. Idéal pour jouer à « Où est Charlie ? », version amstellodamoise : où est le Palais Royal, le Rijksmuseum, la gare centrale, le marché aux fleurs, la Westerkerk**, les maisons dansantes*** ? Si l’Eurostar ne nous attendait pas, on serait bien restés jusqu’au coucher du soleil …
« Blue » est déjà noir de monde. Les locaux connaissent, visiblement. En bons Néerlandais, ils sont grands consommateurs de café. Ils ont même leur « heure du café**** » entre 10h30 et 11h00. Et ne commandent pas une tasse de café mais « une petite tasse de réconfort » (Mes origines expliquent donc bien des choses ! 😉 )
Outre le snack du midi, ils prennent une autre pause l’après-midi puis le dîner arrive tôt (vers 18 h !) Avec un rythme de vie aussi tranquille, pas étonnant qu’ils paraissent si détendus ! Cette bulle de sérénité au coeur de la ville leur permet de recharger leurs accus. D’autant que les petits déjeuners, soupes, salades, sandwichs, burgers et gâteaux sont tous fait maison et à partir de produits frais.
Pour conclure : bleu de bleu !
* Centre commercial doté de plusieurs entrées, dont la Kalverstraat, rue commerçante la plus animée d’Amsterdam.
** La Westerkerk (l’église occidentale) est la première église de la Renaissance à Amsterdam. Lors de sa construction en 1631, elle était la plus grande église protestante du monde. Avec ses 85 m de haut, elle est la plus haute église de la ville. L’ancienne reine Beatrix s’y est mariée le 10 mars 1966.
*** A cause du sol argileux et donc très mou, pour les soutenir, les maisons furent construites sur des pieux de bois. Mais certains ont pourri avec les années : elles se sont penchées. Dans le quartier de Jordaan, plusieurs se sont enfoncées après l’ajout d’un étage : le poids étant plus important que ne l’avaient prévu les constructeurs d’origine, leur façade s’est tordue.
**** « Koffietijd » : pendant cette pause, non seulement les néerlandais peuvent se lever de leur bureau et prendre un café, mais ils sont encouragés à discuter avec leurs collègues. Ils peuvent aussi prendre une autre boisson ou aucune, mais on attend d’eux qu’ils prennent au moins quelques minutes pour se détendre.

02/03/2025
Papeneiland
Le 28 février 2025
Papeneiland, Prinsengracht 2, Amsterdam (Pays-Bas)
De 10h à 1h (dimanche 12h à 1h, vendredi et samedi 10h à 3h)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 14
Accueil : 16
Ambiance : 16
Café : 14
Prix du café : 2,60 €
Aux mots croisés du jour : « Boule rouge sur un plateau » (edam)
Papeneiland ? C’est l’île du pape. Drôle de nom pour une bâtisse qui, depuis sa construction en 1642, a toujours servi de magasin de bière et vin ! A l’angle des deux plus beaux canaux d’Amsterdam, on raconte qu’elle cachait un tunnel qui permettait d’accéder à une église catholique clandestine* de l’autre côté du canal. Son entrée se trouve d’ailleurs toujours dans la cave et est utilisée comme entrepôt.
Mais Papeneiland est aussi l’un des plus anciens cafés bruns** de la ville. Son décor ne semble pas avoir changé : du bois, beaucoup de bois, des assiettes et carreaux de faïence de Delft, des images anciennes d’Amsterdam et un vieux poêle en fonte qui reprend du service l’hiver. Pour un peu, on ne s’étonnerait pas d’y croiser Vermeer***…
Quelques habitués en salle, mais la plupart s’agglutine autour du bar devant une bière**** ou un genièvre**** dans un joyeux brouhaha. Pas de musique : un café brun, c’est avant tout un « café de discussion ». On y échange facilement ; il est d’ailleurs courant de s’assoir à une table déjà occupée s’il reste des chaises vides.
Pour déjeuner, le patron nous conseille la mezzanine, plus tranquille et plongeant sur le canal. Sa soupe de pois cassés à la saucisse avec lard fumé sur tranche de pain noir est une merveille. Exactement ce dont on avait besoin par ce froid sec ! Et comme Bill Clinton en 2011, nous ne résistons pas à sa célèbre appletaart-maison : des raisins secs, de la cannelle, beaucoup de pommes. Et un café pour clôturer ce festin !
Pour conclure : un lieu pour papauté.
* Le 26 mai 1578, les protestants renversent le gouvernement catholique de la ville et prennent le pouvoir. Les néerlandais appellent cet épisode majeur de leur histoire « L’Alteratie » (« Changement » ou « Altération » en français)
** Véritable institution amstellodamoise, les cafés bruns sont ancrés dans la tradition néerlandaise depuis des siècles. Ils font partie du charme de la ville au même titre que ses canaux et son architecture. Leur nom vient de leur intérieur décoré traditionnellement de bois brun, ainsi que de leurs murs jaunis par des siècles de fumée de tabac.
*** A Delft, son père était Maître tisserand puis aubergiste-marchand d’art, la taverne facilitant rencontres et négoce : Vermeer a grandi au milieu des étoffes de toutes les couleurs. Il est désormais au panthéon des peintres hollandais du XVIIe siècle. La Jeune fille à la perle, surnommée « Joconde du Nord » et la Laitière comptent parmi les tableaux les plus célèbres au monde.
**** La Heineken ou l’Amstel, par exemple ; certaines sont très fortes notamment les brunes (9% d’alcool). Les Néerlandais sont de grands brasseurs, le choix est donc au rendez-vous. Le genièvre est une liqueur hollandaise semblable au gin.

26/02/2025
Latei
Le 25 février 2025
Latei, Zeedijk 143, Amsterdam (Pays-Bas)
De 8h à 18h (Samedi 9h, dimanche 10h)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 14
Accueil : 16
Ambiance : 16
Café : 14
Prix du café : 3,50 €
Aux mots croisés du jour : « Petite reine … des Pays-Bas » (vélo)
Latei est une curiosité. A 5 minutes à pied de la gare, dans une petite rue animée, ses vitrines interpellent. Un (vrai) vélo derrière chacune d’elles et une inscription : « Brocante & expresso, huile d’olive & poterie & Rock ‘n Roll » (je vous ai traduit !)
Vérifions : effectivement, c’est pittoresque ! Meubles et objets sont tous hétéroclites et vintage, nous voilà 70 ans en arrière. Avec des tables formi, formi, formicables* aux formes étonnantes, c’est Rock ‘n Roll, oui ! A part la machine à café**, tout est rétro … et à vendre : des luminaires aux prises de courant qui dégringolent du plafond, en passant par les porte-manteaux et vinyles***, jusqu’aux cuillères ! Si on ne s’était pas contentés de nos valises-cabine, on aurait pu changer notre intérieur ! Même chose dans la mezzanine (mais gare à vos têtes, c’est pas haut !)
L’ambiance est tranquille et chaleureuse. Un jeune ébouriffé accompagne son café matinal d’une épaisse tranche de pain brun recouverte de lamelles de fromage – plus une rondelle de tomate. Un grand barbu entre ensuite, nous gratifie d’un sourire en guise de bonjour, récupère le journal et s’installe à la petite table coincée entre le comptoir et la fenêtre. Notre serveuse Latei (au style unique : un collant savamment troué !) lui apporte aussitôt son thé et sa tranche de pain noir recouverte d’œufs brouillés – et la (désormais) fameuse rondelle de tomate.
Pour nous, ce sera, outre nos traditionnels cafés, une part d’appeltaart. Contrairement aux tartes aux pommes de chez nous, il contient plus d’appel que de taart. Beaucoup de fruits, pas de crème (ouf !), la portion est goûteuse et généreuse. Tellement, qu’elle nous le sert avec deux fourchettes ! Tout est frais et de qualité. Les Italiens venus petit-déjeuner en famille s’extasient devant l’incroyable pain aux grains entiers et confirment qu’elle sait faire un bon cappuccino. Beau compliment de la part de connaisseurs …
Pour conclure : servi avec vélo…cité
* Symbole des Trente glorieuses (1945 à 1973, cette matière plastique s’est imposée, car plus légère et facile d’entretien que les traditionnels meubles en bois. Déclaré « ringard » dans les années 80, le formica redevient tendance avec la mode vintage.
** Une « Pavoni », marque reconnue depuis plus d’un siècle comme l’excellence italienne.
*** Surnom donné aux anciens disques 33 tours.

25/02/2025
Karpershoek
Le 23 février 2025
Karpershoek, Martelaarsgracht 2, Amsterdam (Pays-Bas)
Tous les jours, de 10h à minuit
Note globale : 16
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 18
Ambiance : 18
Café : 13
Prix du café : 3,50 €
Aux mots croisés du jour : « A son lit à Amsterdam » (Amstel)
Karpershoek serait le plus vieux café d’Amsterdam, le premier à payer des impôts en tous cas. Bien que bâti en 1557, c’est en 1606 qu’on commença à y vendre de la bière. C’était alors une auberge de l’ancien port, fréquentée par les marins de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. La gare* fut construite sur un polder juste en face en 1989. Les propriétaires se succédèrent ; le 4è lui donna son nom, l’actuel veille désormais à préserver son caractère intemporel et authentique.
Karpershoek nous transporte dans un autre temps : faïences de Delft autour de la cheminée, miroir ancien derrière l’épais comptoir, peintures et photographies d’autrefois. Qui sait ? Mon arrière-grand-père venait peut-être s’y abreuver ? Du parquet au (bas) plafond à chevrons, en passant par les meubles et sculptures, le bois sombre est omniprésent : typiquement ce qu’on appelle un « café brun »**, à l’atmosphère chaleureuse et intime.
Karpershoek est bondé : difficile de trouver une place. Les habitués discutent autour de pintes ; ils les accompagnent parfois de bitterballen*** qu’ils trempent avant dans la moutarde. L’ambiance est conviviale mais assourdissante. Les femmes sont rares (des touristes égarées !), les consommateurs de cafés aussi. Malgré l’affluence et le brouhaha, les serveurs gardent leur bonne humeur et leur efficacité. Au comptoir, le patron sert à mon grand gaillard de voisin, une Amstel**** accompagnée d’un petit verre à shot que ce dernier s’empresse de siffler. Devant mon air intrigué, il me précise – en français : repérée ! – que c’est du genièvre*****. Ah, oui, bien sûr ! …
Pour conclure : ce café fait un tabac !
* Etendue artificielle de terre conquise sur la mer grâce à des digues, dont le niveau est inférieur à celui de la mer. A noter aussi que la gare a grandement contribué au développement de la vente du café dans les estaminets.
** Ils tirent leur nom de la couleur brune des intérieurs, souvent due à la fumée de tabac qui imprégnait les murs et les plafonds.
*** Snack préféré des hollandais : boules croustillantes et frites chaudes, faites à l’origine à partir de restes de viande à l’origine – à présent avec du bœuf, du veau, du poulet, voire des champignons pour les végétariens.
**** L’Amstel (en vieux néerlandais « Zone aquatique ») est le fleuve qui a donné son nom à la ville (« Digue sur l’Amstel »). C’est aussi une marque de bière appartenant au groupe Heineken, brassée à l’origine à Amsterdam.
***** Eau-de-vie emblématique des cafés bruns, souvent accompagnée d’un verre d’eau pour adoucir le goût fort et distinctif.