07/06/2020
Brasserie Bellanger
Dimanche 7 juin 2020
Brasserie Bellanger, 140 rue du Faubourg Poissonnière, 75 010 Paris
Tous les jours de 8h à minuit
Horaires post-confinement : jusqu’à 22h.
Prix de l’expresso : 2,50€
Marie-Louise Bellanger compilait soigneusement ses recettes dans un petit carnet … resté confiné au grenier des années !
Un siècle plus tard, Charly, son arrière-arrière-petit-neveu le découvre par hasard. Fils de cuisinier, il est tout de suite intéressé – que dis-je : passionné ! Il vient de trouver une pépite, un morceau de notre patrimoine culinaire !
Il était ingénieur ? Qu’à cela ne tienne ! Il passe ses CAP de cuisine et pâtisserie. Avec Victor, son inséparable copain,
il teste ensuite des dîners entre amis. Puis le duo se lance avec un restaurant éphémère suivi de cette brasserie près de
la Gare du Nord. Depuis un an, leur carte vintage affiche des plats traditionnels* inspirés de cette belle époque familiale.
La salle est chaleureuse : guirlandes de plantes et de néons, sièges en velours et tables dorées pour le glamour.
Mosaïques et affiches anciennes ajoutent un côté rétro et la vaisselle dépareillée une touche bohème – mention spéciale aux pichets en forme d’animaux ! Le portrait de l’aïeule trône en bonne place à l’entrée. Et du bar en marbre, on aperçoit
la cuisine ouverte où l’équipe s’affaire dans un joyeux brouhaha.
Mais impossible de s’y installer aujourd’hui. Si le rideau a pu se lever mardi, seule la terrasse est autorisée,
post confinement oblige. Heureusement, elle a triplé de volume. Grâce aux places installées sur les emplacements
de stationnement**, elle est passée d’une vingtaine à plus de 70. Et ça ne désemplit pas ! Après 77 jours de fermeture***, les clients sont trop heureux de retrouver un espace de convivialité. La file d’attente s’étire sur le trottoir mais les serveurs les soignent aux petits oignons. Ils assurent un masque pour tous les installer 😉 !
Enfin à nous ! Servi dans une tasse en grès, le café est une divine surprise. Une attaque ronde et harmonieuse,
suivie d’une belle longueur en bouche. C’est qu’il vient de chez Joris, meilleur torréfacteur de France – excusez du peu !
Le dimanche, on le savoure avec l’un des desserts du brunch, un cookie incroyablement croustillant et moelleux, accompagné de boules de glaces choco-noisette et caramel au beurre salé …
Pour conclure : on est partant pour un Charly hebdo.
* Tous faits maison à partir de produits en provenance directe de petits producteurs, le tout pour un prix modique.
** Conformément à l’autorisation de la Mairie jusqu’à la fin du mois de septembre.
Cf. Règles d’ouverture post-confinement pour les cafés : http://lescafesdottilie.fr/bientot-en-terrasse/
*** Durant le confinement, le chef a partagé quelques unes de ses recettes sur le site.
Celle du (très gourmand) coulant au chocolat notamment, devait permettre aux clients de tenir le … choc !
13/10/2019
Caffè Sant’Eustachio
Le 13 octobre 2019
Caffè Sant’Eustachio, Piazza di Sant’Eustachio, 82 – Roma
Tous les jours, de 8h à 1h (2h le samedi)
Note globale : 16
Situation : 16
Cadre : 12
Accueil : 17
Ambiance : 17
Café : 17
Prix d’un café : 1,30 € au comptoir / 3,90 € en terrasse
Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Elle met la main à la pâte » (italienne)
C’était son préféré, nous a dit Carmine*. En vraie italienne, Rossella n’aimait rien moins que déguster un bon café ;
c’est donc là qu’Isabelle, Anick, Michèle et moi avons fait notre dernière halte avant le retour. A deux pas de la place Navone et son église Saint-Louis-des-Français où elle nous avait montré les toiles du Caravage**, le Caffè Sant Eustachio est un véritable monument à Rome.
Fondé en 1938 dans le local d’un ancien torréfacteur, Il est considéré comme le meilleur de la capitale, et même d’Italie
– donc du monde ! 😉
Une technique de torréfaction au feu de bois, un savoir-faire et un mélange uniques, c’est le secret de ce café puissant et riche en saveurs. Les romains ne s’y trompent pas qui défilent chaque jour par milliers et jouent des coudes pour trouver une place sur le vieux zinc, après avoir passé commande à la caisse. L’endroit est populaire. De l’extérieur, il ne paye pas
de mine et l’intérieur est limite kitch, mais pittoresque.
On imagine Rossella s’installer plutôt sur l’une des cinq tables posées sur le trottoir. En robe à moitié manches et lunettes de soleil, elle profite du charme de cette petite place et son église au joli campanile, et a sûrement remarqué le cerf qui orne son fronton, la croix entre les bois. Comment a-t-elle choisi son espresso ? En version légèrement amère (« amaro »), et en précisant « sans sucre » ; elle sait qu’il est sinon servi à l’ancienne manière napolitaine, sucré. Mais peut-être a-t-elle opté pour un capuccino, à la crème si dense qu’une petite cuillère pourrait tenir à l’horizontale ?
Sur ses traces, nous nous installons à notre tour. Un espresso « dolce » (avec une mousse d’une onctuosité inégalée !) ou un café au tiramisu … en souvenir de son sublissime dessert ! Avant de partir, petites emplettes dans la boutique : un mini « sac à main » en carton rempli de grains du café maison enrobés de chocolat ainsi qu’une tasse jaune soleil siglée « Caffè Sant Eustachio » … qui nous rappellera notre collègue romaine.
Pour conclure : buonissimo !
https://www.santeustachioilcaffe.it
* Le frère de Rossella.
** En 2007, lors de notre premier voyage d’étude sur la scolarisation des élèves en situation de handicap.
23/06/2019
Café Verlet
Le 23 juin 2019
Café Verlet, 256 rue St Honoré, 75 001 Paris
De 9 h à 19h sauf le dimanche
Note globale : 16
Situation : 15
Cadre : 17
Accueil : 14
Ambiance : 16
Café : 18
Prix d’un café : 3,80 €
Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Broyer du noir » (moudre)
Dans les années 20, Auguste Verlet transforme l’ancien comptoir de négoce colonial fondé par sa marraine en temple
de la torréfaction : une grande première à l’époque !
Quarante ans plus tard, son fils Pierre innove à son tour en torréfiant de grands crus d’origine. Et son neveu perpétue aujourd’hui la tradition en allant chercher des cafés d’exception sur les 5 continents pour les torréfier*.
La devanture est discrète – on a failli manquer l’entrée ! Mais une fois le seuil franchi, plus de doute : une délicate odeur
de café fraîchement moulu mêlée d’effluves de vieux bois nous enveloppe. Retour dans le passé : gros sacs en toile de jute « Paris Verlet depuis 1880 » entassés à l’entrée de la boutique délicieusement surannée. De vieux comptoirs et étagères garnies d’immenses bocaux de confitures, madeleines ou chocolats. Et moult cafés – et thés ! – vendus au détail.
La partie dégustation est tout aussi exigüe, les guéridons aux étroites rallonges rabattues de chaque côté pleins de charme. Le salon de l’étage est plus tranquille encore : par la fenêtre en demi-lune, on observe la ville bruisser en savourant son café du bout du monde. C’est le refuge des travailleurs survoltés, désireux de s’offrir une parenthèse hors du temps. Quelques étrangers aussi, venus découvrir la plus ancienne maison de café parisienne à torréfier de façon artisanale.
Et puis des initiés, désireux de goûter aux nombreuses variétés et mélanges maison** servis sur un plateau d’argent dans des tasses à l’ancienne siglées. Pot à lait, sucrier et carré de chocolat plein de saveurs (directement découpé de la tablette !) les accompagnent … que d’exquises pâtisseries*** peuvent agréablement compléter !
Pour conclure : un café qui mérite d’être Honoré.
https://www.lci.fr/emploi/cafe-le-retour-des-torrefacteurs-2099232.html
* Il a acquis une brûlerie rue de Montpensier, derrière le Palais Royal … mais la Maison mère n’a jamais déménagé !
** Grand Pavois, Romain (un italien joliment corsé), moka d’Ethiopie Sidamo, maragogype du Nicaragua, Moka Harrar, Cameroun, Papouasie Nouvelle Guinée, Blue Mountain (Jamaïque), San Pedro de Porto Rico et Kopi Luwak (Indonésie).
*** Livrées chaque matin de la rue Censier, elles sont l’oeuvre d’un grand chef pâtissier. Grands classiques français mais aussi une création exclusive : la tarte Verlet au café Panama La Torcaza (sur fond sablé d’amandes, de fines couches de marmelade d’orange, croustillant praliné, crémeux et mousse au café, parsemés de touches de noisettes caramélisées).
10/02/2019
La Manufacture de Café
Le 10 février 2019
La Manufacture de Café, 12 rue Saint Sabin, 75 011 Paris
De 8h30 à 19h00 (Samedi 19h30, dimanche 9 à18h, fermé le lundi)
Note globale : 17
Situation : 13
Cadre : 16
Accueil : 19
Ambiance : 17
Café : 19
Prix d’un café : de 2,50 € (assemblage Signature) à 15€
Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Il broie du noir » (torréfacteur)
Après la Manufacture du Chocolat, Alain Ducasse, célèbre chef étoilé, a inauguré celle du café dans le même quartier de la Bastille ; c’était vendredi ! Parce qu’il est l’ultime plaisir gustatif d’un repas, il a voulu en savoir plus : visite de plantations, échanges avec des torréfacteurs … une nouvelle passion est née.
« Comme en cuisine, la torréfaction est une cuisson ; un art hautement technique dans lequel il faut beaucoup de sensibilité et un peu de magie ». De la sélection des crus à leur préparation, il y a mis son exigence de la grande cuisine et inventé, à l’instar de la gastronomie, la « cafénomie* ».
Quelles bonnes effluves ! On approche ! Une architecture métallique ; trois espaces : vente, production et dégustation.
Pas de tables mais un comptoir en étain, plus convivial, derrière lequel officie Tom, ancien joueur de rugby professionnel reconverti après un accident.
Notre « cafelier » prépare nos boissons avec minutie : il trie les grains un par un, les pèse et les mouds avec une extrême précision, tout en nous détaillant les étapes du grain à la tasse : un passionné ! Tellement, qu’il vient de remporter le championnat de France de barista le 30 janvier : devant 4 juges certifiés – comme vous, sourit-t-il en nous désignant avec les deux autres consommateurs – il a été évalué sur le goût, la créativité, la compétence technique, la présentation générale de ses expressos. Et fort de cette réussite, prépare celui du monde, le 10 avril prochain !
Mon assemblage « Signature » – un véritable nectar ! – semble flotter dans sa tasse à double paroi, transparente et design. Le cappucino de mon cher et tendre est servi avec une cuillère évidée pour remuer le sucre sans casser la crème : jusqu’au moindre détail ! Pour les accompagner, une mini tablette de chocolat noir et une madeleine parfumée au citron vert tout juste sortie du four et d’une légèreté incroyable : divin !
Pour conclure : menue facture pour un café d’exception.
https://www.lecafe-alainducasse.com
* Connaissance et art du café, du grain à la tasse.
** Terme inventé (et déposé) par Ducasse pour désigner celui qui conjugue l’expertise du café et le sens du service.
30/09/2018
Café Cravan
Le 30 septembre 2018
Café Cravan, 17 rue la Fontaine, 75 016 Paris
Tous les jours de 8h à 23h
Note globale : 16
Situation : 13
Cadre : 17
Accueil : 17
Ambiance : 17
Café : 17
Prix d’un café : 2,50 €
Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Il broie du noir » (torréfacteur)
Entre la maison de la Radio et le village d’Auteuil, Hector Guimard, pape de l’Art Nouveau,
a réalisé un ensemble d’immeubles rues Agar, Gros et La fontaine.
Les touristes avertis se pressent devant son Castel Béranger – une référence pour le Modern Style ! – mais ne manquent pas de remarquer ce petit bijou de café qui n’a pas bougé depuis 1911 … et se prennent à rêver au Paris d’antan.
Autrefois « Café Antoine », il avait été renommé « Le berger et les poissons » et sa terrasse, bâchée d’un infâme plastique orange : sacrilège ! Heureusement, la nouvelle équipe lui a rendu son charme – également un nouveau nom, celui d’un ami* d’Apollinaire qui habitait juste à côté.
A l’intérieur, cet authentique bistrot de poche a conservé sa décoration d’origine inscrite aux Monuments Historiques : plafond fixé sous verre, carrelage ancien, miroirs patinés, fresques** et faïences murales.
Quant au vieux zinc, il occupe à lui seul la moitié de la salle. Avis à nos canadiens préférés, habitués aux grands espaces :
on est vraiment au coude à coude ici !
Mais du coup, on cause … comme dans un bistrot quoi ! Petit, donc convivial !
Hélène, une habituée, engage justement la conversation et nous propose de goûter son succulentissime noisette,
sur la mousse duquel Thomas, le jeune barista, a dessiné une feuille.
C’est un passionné qui raconte avec force détails l’histoire de son nectar tout en le préparant avec le plus grand soin : sélectionné parmi les meilleurs au monde puis fraîchement torréfié *** (« juste ce qu’il faut, pour faire ressortir le terroir »), stocké ensuite dans de petites boîtes pré dosées et moulu à la dernière minute dans un appareil spécifique préservant sa finesse.
Sur les cocktails, sodas maison et petits plats bistrotiers aussi, il est intarissable …
Pour conclure : petit café pour un grand café !
https://www.instagram.com/cravanparis/
* Fabian Avenarius Lloyd dit Arthur Cravan (né à Lausanne en 1887, disparu dans un golfe mexicain en 1918), est un poète et boxeur considéré, tant par les dadaïstes que par les surréalistes, comme l’un de leurs précurseurs.
** Scènes du quartier : courses à l’hippodrome d’Auteuil et canotage au Bois de Boulogne.
*** Stéphane Cataldi de Louargat (Côtes d’Armor)