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Grands Boulevards
14/11/2021

Le Brébant

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Le 14 novembre 2021
Le Brébant, 32 bd Poissonnière, 75 009 Paris
Tous les jours de 7h30 à 4h30
Note globale : 13
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 10
Ambiance : 15
Café : 10 

Prix d’un café : 3,00 €

Aux mots croisés du jour : « Vers à pieds » (alexandrin)

 

Brébant ? « Le maître-queux, le général en chef des restaurants ! » disait-on.
Ce chef-cuisinier avait repris cet établissement des Grands Boulevards en 1865. Il y accueillait les « dîners » où les hommes d’influence de l’époque se retrouvaient à rythme régulier. « Académique » pour l’élite des institutions politiques, économiques et culturelles, « Quatre Saisons », « Spartiates » ou « Rigobert* » pour les artistes, «  Bœuf nature », « Homme à la Bêche** » ou «  Canard aux navets*** » pour les intellectuels, chacun avait son nom … dont certains laissaient penser qu’on y passait, aussi, de joyeux moments !

On les imagine, les Flaubert, Renan, Zola ou Goncourt, attablés dans cette salle immense aux gigantesques miroirs et statues dorées. Plus de sept mètres de haut !
Le style a changé, il est à présent plutôt néobaroque avec des accents tropicaux, mais les volumes restent impressionnants. Un long zinc cuivré de 15 mètres, d’énormes bouquets de lys à l’odeur entêtante, des forêts d’ampoules et une végétation luxuriante qui dégringole du plafond : tout est démesuré !

A l’arrivée, on s’installe comme dans un moulin. D’ailleurs c’est un moulin !
La patronne virevolte avec son plateau en donnant des ordres à ses employés. Une serveuse passe à grandes enjambées et nous tend les cartes d’un geste sec, sans s’arrêter. Pas besoin, nous savons ce que nous voulons ! Nous a-t-elle seulement entendus ? Eh, si : son collègue arrive peu après avec nos boissons. Impeccable dans son costume de limonadier (bretelles et cravate noires sur chemise et tablier blancs) … et nettement plus affable !

Notre crème est servi dans une chope siglée (original !) mais pour l’expresso, c’est une tasse basique, blanche, sans biscuit ni chocolat – autant dire, le minimum syndical. Le prix par contre est maximum ; la démesure est décidément partout ! J’ai limite dû prendre un crédit à la consommation pour pouvoir ajouter un sucre !

Pour conclure : la limonade est amère quand le patron se sucre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Brébant

* En cherchant comment le nommer, on réalisa que le Saint du jour était Rigobert … d’où ce nom pittoresque !
Auguste Lepage les décrit en 1884 : « Ces dîners sont très gais ; on y dépense beaucoup d’esprit, on y dit pas mal de bêtises et jamais on ne s’occupe de choses sérieuses, ce qui est le comble de l’esprit. Si, par hasard, une question grave est imprudemment mise en circulation, elle est aussitôt étouffée sous les rires et les plaisanteries. »
** Celui des rimeurs publiés par la Maison Lemerre, dont la couverture représentait bonhomme vêtu de cet instrument aratoire.
*** Nom trouvé dès le premier dîner au Brébant quand Cham, un caricaturiste, improvisa une fable intitulée « les Deux Canards » …


Pub irlandais de Saint-Malo
07/11/2021

Le Saint-Patrick

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Le 7 novembre 2021
Le Saint-Patrick, 24 rue Sainte-Barbe, 35 400 Saint-Malo
De 11h à 1h, 12h le samedi, 15h le dimanche
Note globale : 16
Situation : 16
Cadre : 16
Accueil : 14
Ambiance : 18
Café : 13 
Prix d’un café : 1,80 €

Aux mots croisés du jour : « Espace verre » (bar)

 

La nuit tombe sur la Cité corsaire … et la pluie ! Près de la Porte Saint-Vincent, des silhouettes furtives pressent le pas.
Au coin d’une ruelle, une lumière tremblote. Sur une vieille bâtisse aux volets verts, on distingue une enseigne :
le Saint-Patrick. La couleur est donnée, c’est un pub irlandais.

Poussons la porte. Surprise : une pièce sombre au cadre aussi vieillot que pittoresque, mélange d’Irlande et de cité malouine. Sur trois niveaux, les salles s’enchaînent, biscornues et encombrées d’un joli capharnaüm.
Tout est de bric et de broc, mais on fait de belles trouvailles : les bouteilles de whisky servent d’abat-jours, les tonneaux et fûts de rhum de tables. Pas de doute, on est dans un vrai pub marin !

Avis aux amateurs de football, handball et rugby :
des maillots recouvrent le plafond du bar et vous pouvez suivre les matchs sur de grands écrans.
Au premier étage, vous pouvez même les voir d’une banquette circulaire surplombant le rez-de-chaussée (insolite !) ou d’un des vieux strapontins qui l’entourent.
Vous préférez les fléchettes ? Lancez-vous dans une partie endiablée sur fond de vieux rocks bien choisis !
Pour une soirée entre amis, c’est vraiment le bon plan ! L’ambiance est toujours animée, même en basse saison, voire enflammée *. Les graffitis laissés sur les murs en témoignent. Eh, oui ! Ici, l’expression est libre. Les petits d’hommes qui accompagnent leurs géniteurs ce matin sont éberlués … et ravis !

Par contre, mieux vaut ne pas être PMR** : les escaliers sont (très) raides, et en plus, il faut prendre sa conso en bas puis l’emporter à l’étage. Heureusement, on y boit bien – avec modération, of course ! : bières au Fût (dont la Saint-Patrick, uniquement brassée pour eux), whiskies au choix hallucinant, Irish coffee … mais aussi simple café (Ouf !).
Les téméraires pourront tenter le Chouchenn, voire le rhum au piment maison … mais l’accompagneront de saucisson*** (c’est atrocement fort !) Me croirez-vous : il y a même un vin alsacien et les meilleurs bretzels du coin 😉

Pour conclure : un rocher sur lequel il est bon de s’échouer.

https://www.facebook.com/lesaintpatrickirishpub/

* Soirées étudiantes le jeudi, concerts le samedi – sans compter la Saint-Patrick ou « Paddy’s Day » :
chaque 17 mars, les Irlandais du monde entier se retrouvent pour la célébrer.
Le vert, couleur de leur pays, est de sortie et la bière coule à flots.    
** Personne à Mobilité Réduite.                                                        
*** Saucisson de qualité avec planche à découper (5 €).  

NB. Au 3 de la même rue, un café encore plus incroyable : http://lescafesdottilie.fr/la-java-saint-malo/ 


Café emblématique du Trégor
31/10/2021

Le Barn’s

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Le 31 octobre 2021
Le Barn’s, 33 place du Général Leclerc, 22 300 Lannion
Tous les jours de 9h à 1h,
Note globale : 14
Situation : 17
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 1,50 €

Aux mots croisés du jour : « Un monde de bruts» (cidrerie)

 

Le Barn’s* : sans doute le café le plus photographié de la Côte de Granit Rose ! Installé dans l’une des emblématiques maisons à pans de bois du centre historique de Lannion**, sa façade est classée et daterait de 1602.

Au printemps 2018, un Trébeurdinais le reprend et y entreprend d’importants travaux. Mais deux ans et un Covid plus tard, il jette l’éponge.
Deux amis*** s’y intéressent alors ; pour eux, la crise est passée, les affaires vont reprendre. Ils l’acquièrent le 28 octobre 2021 … jour du deuxième confinement – et donc de fermeture des commerces « non essentiels ». Pas de chance pour nos bistrotiers, d’autant qu’ayant signé à cette date, ils ne sont éligibles à aucune aide de l’État. Pourtant, ils restent confiants, le Barn’s rouvrira : « Il ne va pas fermer avant d’avoir ouvert, ça c’est certain », assurent-ils. Ici l’on sait, que si on ne peut changer la direction du vent, on ajuste ses voiles pour atteindre sa destination …

Bien vu ! Le 19 mai, tables, chaises et tonneaux (les mange-debout du cru !) trouvent enfin place sur le parvis. Une terrasse aussitôt plébiscitée – surtout le jeudi, jour du marché. Trois semaines plus tard, l’intérieur ouvre à son tour. Peu à peu, les conditions drastiques du départ sont levées**** ; le Passe sanitaire suffit à présent. De quoi profiter du cachet de la bâtisse (parquet, faïences, pierres apparentes et poutres en chêne massif), et en cette période d’Halloween, des ribambelles de fantômes et citrouilles … assorties aux banquettes de velours orange !

L’équipe est aux petits soins et les locaux au rendez-vous, heureux de partager un café, une bolée de cidre ou une chope de bière (il y a même de la Delirium rouge***** !)

Pour conclure : résurrection après une mise en bière. 

https://www.facebook.com/Le-Barns  

* Anciennement « Lannionais », Alain Malo, son ancien propriétaire l’a cédé à Manu Berthou qui l’a rebaptisé « Le Barn’s ».
** Capitale du Trégor, Lannion est réputée pour ses maisons à colombages, dont certains murs exposés aux intempéries sont recouverts d’ardoises, comme on le voit souvent en Bretagne.
*** Nicolas Le Gros, patron du Breizh Shelter, et Mathieu Le Huérou, son ami d’enfance et associé.
**** Cf. Première terrasse après la réouverture : http://lescafesdottilie.fr/chez-fred-bordeaux/ 
***** Bière belge à la robe rouge et aux notes puissantes de cerise.      


Le vieux Mans
24/10/2021

Café Crème

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Le 24 octobre 2021
Café Crème, 2 rue de la Barillerie, 72000 Le Mans
De 11h à 1h, 9h le samedi, 11h30 à minuit le vendredi
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 13 
Prix d’un café : 1,80 €

Aux mots croisés du jour : « Finit en queue de poisson » (sirène)

 

Le Café Crème ? Une boisson réconfortante à l’entrée de l’automne … mais pas seulement : au Mans, c’est une institution. C’est que leur Café Crème est au cœur de la cité sarthoise, autant dire, incontournable !

Sa bâtisse se dresse à l’angle de deux petites rues pavées et de sa terrasse, on aperçoit l’enseigne du vieil hôtel particulier* qui lui fait face. Elle représente une sirène jaillissant des flots qui a donné son nom à la place. Au centre, une sculpture reproduit aussi ces créatures mythiques** tandis que l’eau d’une fontaine ruisselle tranquillement à l’ombre d’un bel érable : bucolique et apaisant pour les passants désireux de se poser. Et ils sont nombreux aujourd’hui, les touristes notamment. Ils ont raison, la vieille ville a été superbement restaurée : Le Mans mérite plus que 24 heures !

La crise Covid et sa longue fermeture des bars et restaurants imposée avait permis au nouveau propriétaire de réaliser d’importants travaux. A la réouverture, en mai dernier, les Manceaux ont ainsi découvert un nouveau logo sur la façade. Et à l’intérieur, un mobilier volontairement sobre qui met en valeur les vieilles briques et poutres, et nous replonge des siècles en arrière. Sur les deux étages, de petites salles se succèdent, un vrai dédale !

Mon café ? Une crème ! Non, qu’il ait un parfum formidigieux***, mais j’apprécie sa jolie tasse en porcelaine peinte de vieilles boutiques en noir et blanc, ainsi que le mini carambar qui l’accompagne … et me rappelle nos friandises des années soixante 😉

Pour conclure : tel Mans charmant.

https://www.facebook.com/cafecremelm/

* Datant de 1726, il est l’un des premiers hôtels particuliers construit au Mans et aurait appartenu au négociant en étamine Véron du Verger. La statue de la sirène est en fait un bas-relief et marque l’expansion outre-Atlantique du commerce de cette étoffe mince et légère si recherchée, que Jean Véron avait inventée au XVIIe siècle.
** Intitulée « Sirènes » et créée en 1991 par Claude Ribot, sculpteur dessinateur né au Mans (1934-2010).
*** Formidable et prodigieux à la fois !        


Rue Daguerre
17/10/2021

Maison Péret

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Le 17 octobre 2021
Maison Péret, 6 rue Daguerre, 75014 Paris
Tous les jours, de 8h à 23h30
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 13
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 2,70 € 

Aux mots croisés du jour : « Elle se trouve en tête » (cervelle)

 

Péret* ? Je dirais même plus : pérenne ! C’est que, depuis 1908, 4 générations s’y sont déjà succédées. Dans la célèbre rue Daguerre**, qui s’étire joyeusement dans une ambiance de grande rue de village, ce bistrot à vins est une institution.
Au milieu des boulangers, fromagers, cavistes et marchands des quatre saisons, sa terrasse s’étale sur le large trottoir. Parfait pour profiter de l’ambiance conviviale de cette rue piétonne et ses vendeurs à la criée : sons et images assurés ! 

Si sa terrasse ressemble à n’importe quelle autre, l’intérieur nous plonge un siècle en arrière : plafond voûté, boiseries, appliques et gravures anciennes, barres de laiton, banquettes et mobilier de bistrot ; même si tout a été refait il y a vingt ans, on s’y croit. Le marron, unique couleur, est décliné sur tous les tons. Sombre donc, limite triste. Mais la gaité est ailleurs : notre serveur, pourtant sanglé dans un costume on ne peut plus traditionnel, est d’humeur badine. Il a la réplique malicieuse, l’œil qui frise et les bacchantes*** retroussées : au client qui déclare manger bio, vegan et sans gluten et demande ce qu’il peut commander, il répond tranquillement, sans sourciller : un taxi !

Le vin est à l’honneur : une cinquantaine des plus belles appellations de chaque région, servies au verre.
Pour les accompagner, des plats du terroir aux couleurs auvergnates. Les produits sont frais et soigneusement sélectionnés. Pas question d’utiliser un congélateur ou un micro-ondes : ici, on cuisine à l’ancienne, oui Monsieur !
Les cuisses de canard, par exemple, sont confites avec manchon.
Le café ? S’il n’est pas un grand cru, il n’en reste pas moins tout à fait honorable. On vous l’apporte avec un peu d’eau servie dans un très élégant verre à pied : classe !

Pour conclure : mérite d’être re-Péret !

https://www.maisonperet.com/fr/

* « Péret » désigne un lieu planté de poiriers ; il peut aussi être le diminutif du prénom Pierre.
** Louis Daguerre  et Nicéphore Niépce ont mis au point le daguerréotype, procédé photographique qui produit une image sans négatif sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir, exposée directement à la lumière.
Voir aussi dans la même rue : http://lescafesdottilie.fr/la-chope-daguerre-denfert-rochereau/
*** Moustaches (mot familier)            


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