Conte de Noël

Corona Café / 15

Dimanche 20 décembre 2020

Conte de Noël 

Le Père Noël est cas contact : un de ses lutins a été testé positif au Covid 19.
Il doit donc rester en septaine* jusqu’au 26 au soir. Une catastrophe !
Le voilà obligé de mettre ses lutins en chômage partiel et vendre ses rennes sur Leboncoin. S’en remettra-t-il ?

Et les enfants ? Qui va leur apporter leurs jouets ?
Ils ont été rudement éprouvés depuis le 15 mars : des mois de confinement, la reprise de l’école avec des masques,
circuits de circulation et autres gestes barrière, et aussi l’interdiction de faire des bisous à leurs papis et mamies.
S’il y a bien un Noël où ils ont besoin d’un peu de rêve et de réconfort, c’est celui-là !

Plutôt que de rester (en)terré dans son café une quinzième semaine, un bistrotier décide de passer à l’action.
Il sait que vide-greniers et brocantes ont tous été annulés et que beaucoup de parents n’auront pas les moyens
de remplacer le Père Noël. C’est donc lui qui va s’en charger. Il met en place une hotte-line** : « Et si vous donniez
une deuxième vie aux jouets en bon état que vous n’utilisez plus ? Allez-y, faites du tri, rangez vos chambres et donnez ! ».

L’initiative fait un tabac. Malgré le Covid et les contraintes, les jouets affluent. Les gens n’ont pas forcément beaucoup
mais ils ont conscience que d’autres n’ont quasiment rien. En un temps record, les joujoux arrivent par milliers.
Le café déborde de toutes parts, c’est tout juste si l’on peut se faufiler. Les peluches ont remplacé les clients.
Sur les mange-debout où les seconds se partageaient des planches de fromages ou de charcuteries, livres et jeux de société s’empilent à des hauteurs vertigineuses. Désoeuvrés comme lui, des collègues sont venus lui donner un coup de main :
on trie, on empaquette, on expédie. Le bistrot retrouve son activité bourdonnante et son esprit de convivialité – dans
le respect des règles sanitaires : parmi les dons, du gel hydro-alcoolique, des masques, gants, sprays désinfectants,
sacs poubelles et cartons.

Son café était considéré comme non essentiel ? Il est devenu essentiel.
Et notre Père Colateur transformé en Père Noël a réussi à remplacer ses mauvais comptes en joli conte de Noël*** !

*  Isolement dorénavant fixé à 7 jours.
** Centre d’appel d’urgence.
*** D’après une histoire vraie, celle de Yoann Hessemans, patron du Castle Pub à Fontainebleau 
et du Paddy Rock à Chailly-en-Bière qui a lancé l’opération « Range ta chambre solidaire ».
Seize communes de Seine-et-Marne y ont ainsi participé durant le mois précédant Noël.




Histoire du Café en France

Corona Café / 14

Dimanche 13 décembre 2020

Quelle histoire !

1644, « Porte de l’Orient » : un négociant marseillais rapporte des grains de café de Constantinople, avec tout le nécessaire pour le préparer. Le succès est immédiat. Dix ans plus tard, la première « maison de café » ouvre dans la cité phocéenne.

A Paris, il faut attendre 1657 : un célèbre voyageur* de retour du Moyen-Orient, introduit à son tour la fève dans la capitale. Dépêché auprès de Louis XIV pour renouer l’alliance avec la France, l’ambassadeur du sultan de l’empire ottoman l’introduit à la Cour quelques années plus tard. Il profite de son séjour pour organiser de grandes réceptions où la haute société découvre cette boisson brûlante servie dans des tasses en porcelaine de Chine par des esclaves enturbannés.

Les détracteurs sont nombreux ; ils tentent de prouver que le café procure des maladies épouvantables.
Même le pape Clément VII, pourtant amateur, est obligé par l’église d’interdire ce breuvage « noir comme le diable ».
Heureusement, les médecins lui trouvent des vertus thérapeutiques : « il désenyvre sur le champ ceux qui ne sont
pas yvres au premier degré, tient les reins ouverts, aide les maladies spéciales des femmes, dissipe les migraines,
est souverain contre les maladies hystériques, la jaunisse, les tumeurs froides, les abcès et les maux de dents ».

En 1672, un Arménien ouvre le premier débit de café à Paris … pour le fermer peu après : c’est un échec.
Un de ses anciens serveurs s’en inspire pourtant, et crée le Procope** en 1686. Elégant et luxueux, les beaux esprits
aiment à s’y retrouver***. Peu à peu, les cafés deviennent des lieux où les idées libérales naissent et fleurissent.

Sous le règne de Louis XV, l’or noir devient véritablement à la mode : il faut dire qu’il l’apprécie tellement que
non seulement il le fait cultiver dans les jardins de Trianon, mais il torréfie lui-même sa récolte et aime à le préparer.
Les serviteurs de Versailles s’en emparent et en rapportent chez eux ; le clergé s’y met aussi …

Dès le début du XVIIème siècle, la France avait transplanté les pieds offerts au Roi par la Hollande vers l’île Bourbon***
et les Antilles. Quelques décennies plus tard, elle devient le premier pays producteur de café grâce à ses plantations.
La demande est croissante et les débits de café se développent. En 1860, on en compte 3000 à Paris et durant la campagne d’Italie, le café fait partie de la ration militaire des soldats : les derniers français n’y ayant jamais goûté le découvrent enfin.

* Jean de Thévenot, connu pour ses récits de voyages en Europe, Inde, Afrique du Nord et Moyen-Orient.  
** Toujours ouvert de nos jours : http://lescafesdottilie.fr/le-procope-paris/
*** Balzac, Hugo, La Fontaine, Rousseau, Verlaine, Voltaire et tant d’autres.
**** Ile de la Réunion.

Illustration : « Femme versant du café », de Louis-Marin Bonnet (1774)




Avent, le calendrier

Corona Café / 13

Dimanche 6 décembre 2020

Avent, le calendrier

En Avent toutes ! Connaissant mon intérêt – que dis-je : ma passion ! – pour le café, 
nos deux fils rivalisent d’idées dans ce domaine. La dernière en date, ce calendrier
dont chaque fenêtre ouvre sur une capsule … qui m’en a inspiré un autre :
une idée de cadeau chaque jour pour les amateurs.

01 – Calendrier de l’Avent, pour attendre Noël en savourant son petit noir
02 – Plant de caféier, pour ceux qui ont la main verte
03 – Paquet de Blue Mountain*, pour goûter au meilleur café du monde (dit-on !)
04 – Cafetière Bialetti, pour la tradition – mais la vraie : avec le bonhomme moustachu
05 – Cafetière de voyage portable, pour la voiture, la moto, le vélo ou la trottinette
06 – Mousseur à lait, pour des Macchiato onctueux et crémeux
07 – Moulin à café vintage, pour les gros bras
08 – Thermos design, pour les files d’attente devant les musées
09 – Pochoirs, pour s’initier au café art
10 – Cours d’art café, pour devenir un pro
11 – Atelier de dégustation, pour apprécier leurs qualités et savourer tous leurs arômes
12 – Kit de fabrication de capsules à café rechargeables, pour plaire aux écolos
13 – Range-dosettes en forme de capsule géante, pour amuser la galerie
14 – Chauffe-tasse à connexion USB, pour les geeks
15 – Tasse géante, pour les matins méchamment difficiles
16 – Tasse à double paroi remplie d’air**, pour le garder chaud plus longtemps
17 – Cuillère à café en sucre, pour ne plus avoir besoin de sucrer (il suffit de touiller !)
18 – Pâte à tartiner au café, pour changer du Nutella
19 – Gommage au café, pour avoir un corps de rêve
20 – Gloss*** à l’arôme de fève torréfiée, pour être irrésistible 
21 – Bague tasse de café, pour l’avoir toujours sous la main … ou plutôt sur la main !
22 – Boucles d’oreille grains de café, pour ne jamais être à court
23 – Affiche de toutes les sortes de café, pour être incollable (Ca la fiche bien !)
24 – Bûche au café facile**** … pour ne pas risquer d’embûche !

 

* Il provient de la Jamaïque et a longtemps été café le plus cher du monde même s’il est supplanté
par le Bourbon Pointu de la Réunion depuis avril 2007. Certains disent qu’il est le meilleur ; d’autres,
tout en reconnaissant ses grandes qualités d’absence quasi totale d’amertume et de grande douceur,
lui préfèrent d’autres cafés de terroirs auxquels ils trouvent autant de qualités et plus de caractère.
*
* Bodum Pavina, Villeroy & Bosch, Boqo etc. (Cf. Photo d’illustration) 
*** Dérivé du rouge à lèvres qui donne un aspect brillant à celles-ci.
**** https://www.mapatisserie.net/la-buche-de-noel-au-cafe-facile/   




Covid, co-vide

Corona Café / 12

Dimanche 29 novembre 2020

Covid, co-vide

 

« Six heures du mat’ faut qu’j’trouve à boire, café au lait ou café noir* » 
Chagrin d’amour* nous inspire : les boutiques « non essentielles » ont rouvert hier, 
mais les cafetiers (pourtant essentiels !!) doivent attendre le 20 janvier**. 
Six mois de fermeture ! Tiendront-ils ?
Et nous ? Comment ferons-nous sans café ?

Les ignorants arguent que c’est bonne chose : avec lui, le pouls fait l’impertinent*** 
alors qu’on a déjà tendance à tourner en rond depuis le confinement.

Ignorantusignoranta,  Ignorantum ! 
Les illustres médecins pensent tout le contraire :
– Vous avez besoin de rituels ?
Le café ! Au saut du lit, à la pause ou après le déjeuner, il rythme votre journée.
– Vous êtes nostalgique de l’avant Covid ?
Le café ! Il vous rappelle ceux que vous preniez sur le zinc en chemin, à la machine avec vos collègues ou après un bon repas avec des amis, et les réminiscences de cette normalité heureuse viennent adoucir votre isolement.
– Vous peinez à télétravailler seul devant votre ordinateur ?
Le café ! Il vous permet de rester attentifs et concentrés, stimule votre mémoire et vous aide à prendre des décisions.
– Il vous prend un petit sommeil après le repas et vous êtes bien aise de dormir ?
Le café ! Il décuple les bienfaits de votre sieste car contrairement à ce que d’aucuns prétendent, il n’empêche pas de dormir si on la fait juste après l’avoir avalé : vous retrouvez ainsi votre énergie et votre vivacité d’esprit.
– Votre productivité baisse en fin de journée ?
Le café ! Des études montrent que ceux qui en boivent plus de deux tasses par jour sont 20 % plus susceptibles de travailler une heure de plus.
– Vous redoutez les maladies d’importance – cardiaque, sclérose en plaques, diabète, Parkinson, Alzheimer et autres cancers ?
Le café ! Il a été prouvé qu’en en buvant trois à cinq tasses par jour, on réduisait le risque d’avoir ces pathologies.
– Vous êtes au bord de la dépression ?
Le café, le café, vous dis-je.
– Vous craignez d’attraper le Covid ?
– Là, on ne sait pas si le café immunise contre lui … mais il est immunisé par lui : le cours de l’arabica s’est enflammé !

* D’après « Chacun fait c’qui lui plaît », principal succès du duo pop franco-américain (1981)
** Uniquement si les conditions sanitaires le permettent, soit moins de 5000 cas par jour.
*** Quand le coeur s’emballe (Cf « Le Malade imaginaire » de Molière, Acte III, scène 10)




Drive-café

Corona Café / 11

Dimanche 22 novembre 2020

Drive-café

 

Au retour d’un « déplacement pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou précaires
ou la garde d’enfants »*, un bip retentit, puis deux, puis trois. Un message s’affiche aussitôt sur le tableau de bord.
C’est du sérieux, il y a urgence : « Attention, faites une pause ! » 
Il est surmonté du dessin d’une tasse fumante (pour les non-lecteurs !)
Mes paupières ont dû s’alourdir et ma perspicace voiture a tout de suite compris que j’étais en train de m’assoupir.
Vite, un café !
Problème : depuis 24 jours, ils sont à nouveau fermés.

Ah ! Si seulement, il pouvait venir à moi. C’est un « drive-café** » qu’il me faut ! Si si, ça existe … et depuis fort longtemps : sous Louis XV déjà, les dames de la Cour demandaient à ce qu’on arrête leur carrosse devant les « débits de café ».
On leur apportait leur précieux nectar dans une tasse en argent : ainsi pouvaient-elles le déguster sans avoir besoin de lever le petit doigt … de pied ! Il valait mieux d’ailleurs, car le café moulu était versé dans une chaussette que le tenancier arrosait ensuite avec de l’eau bouillante (oui, je sais : ça fait envie !) – ce qui est sans doute à l’origine de l’expression
« jus de chaussette » …

Le « drive-café » s’est vraiment développé dans les années 50 en Amérique du nord.
Je me souviens*** pour ma part d’un séjour chez notre aîné quand il vivait dans la Belle Province. Lors de nos expéditions sur ses routes interminables, nous nous arrêtions régulièrement chez Tim Hortons. C’est dans cette célèbre chaîne canadienne, renommée pour son café et ses beignes****, que nous avions ainsi découvert le « drive » – ou plutôt
« service au volant », comme disent nos cousins québécois.

Et dans l’hexagone ?
Après une recherche approfondie, j’ai trouvé un article annonçant l’ouverture du premier drive-café de France de Starbucks … enseigne américaine, of course. C’était le 6 février dernier, à Toulouse – juste avant le premier confinement !
L’idée a été reprise depuis, notamment par les patrons de cafés situés sur des nationales :
il ne me reste donc plus qu’à ouvrir (de nouveau) l’œil ! 😉

 

* L’un des 9 motifs de déplacements dérogatoires figurant sur l’attestation nécessaire à toute sortie,
dans le cadre de l’urgence sanitaire décrétée pour faire face à l’épidémie de Covid-19.
** De l’anglais « conduire » : établissement fournissant un service
permettant aux consommateurs d’être servis tout en restant dans leur voiture.
*** Devise du Québec que l’on retrouve sur toutes les plaques d’immatriculation.
**** Pâtisserie sucrée du Québec, dont la recette la plus ancienne figure dans « La cuisinière canadienne » de 1840.




Caféinomanes confinés

Corona Café / 10

Dimanche 15 novembre 2020

Caféinomanes confinés, comment ne pas sombrer ?
Manuel de survie

–  Achetez deux paquets de grains de la même marque
… et comptez-les pour voir s’il y en a le même nombre : ça vous occupera !
Faites pousser du café 
Il suffit d’un grain (de folie !), quelques accessoires*…  et beaucoup de patience !
Lancez-vous dans la torréfaction artisanale  
Versez des grains de café verts à sec dans une poêle à feu moyen, et remuez-les régulièrement pour les torréfier uniformément : ils vont passer du vert à un brun doux tirant sur le rouge, puis brun et noir.
Détartrez la machine à café
On n’a jamais le temps d’habitude !
Testez des cafés à l’aveugle en famille
… et pour pimenter cette dégustation comparative, proposez une fois le même 😉 
Essayez-vous au Latte art**
Commencez par maîtriser l’espresso et la mousse de lait,
puis répétez (longuement) les gestes pour chaque dessin (prévoir des litres de lait !) 
Lancez-vous dans la peinture au café*** 
Ca change de celle au jus de betterave !
Recyclez des capsules
pour fabriquer décorations de Noël, jouets, bijoux, fleurs, animaux … et autres idées : à vous de trouver !
Organisez un karaoké de chansons sur les cafés
« Le bistrot » de George Brassens, « Y’a un bistrot » de Jean Sommer,
« Au bistro, au troquet, au pub, au rade, au zinc, au bar » d’Anis,
« Mon bistrot préféré » de Renaud, « Le café » d’Oldelaf etc.
Organisez une course de garçons de café 
Il vous faut de 2 plateaux, 2 tasses (incassables !) et de l’eau pour les remplir.
Vos petits d’hommes sont en ligne sur deux files :
chacun doit se rendre jusqu’à un plot et revenir donner le plateau au suivant.
Si la tasse se renverse, l’adulte la remplit et le bambin doit recommencer au début du parcours …
Faire une partie de « Café international » 
Chaque joueur doit répartir habilement le plus de clients possible aux tables du café pour marquer des points,
à la fin, celui qui en a le plus a gagné.
Fabriquez un jeu de société 
Mémory, Monopoly, Risk, jeu de l’oie ou des sept familles et autres sur le thème des cafés … voire un escape game****.
Prédisez la date de réouverture de nos bistrots préférés
… dans le marc de café , bien sûr !

* Pot assez grand, engrais universel, terreau riche au pH acide, argile expansée, insecticide en spray, eau et emplacement bien éclairé à température moyenne (entre 18 et 21°C), à l’abri des rayons directs du soleil et des courants d’air froid.
** Cf. http://lescafesdottilie.fr/artscafe-montreal/ : vidéos indiquées à la fin.
*** Prévoir du café en poudre, des tasses en guise de palettes et quelques pinceaux.
Cf. http://lescafesdottilie.fr/artiste-peintre-de-cafe/ 
**** Jeu d’énigmes en équipe, généralement dans un lieu clos et thématisé.




Cafetiers reconfinés

Dimanche 8 novembre 2020

Les cafetiers ? Ils sont comme nous : reconfinés !
Depuis 10 jours et pour un mois au moins.
Dans leur bistrot, un cafetier et sa cafetière sont désespérés  …


Roger

– A quoi y sert maintenant, le père Colateur ?
Gisèle
– Ouaih, y’en a marc : c’est pas un grain qu’on s’prend, c’est une tornade.
Roger
– Et café le gouvernement, hein, tu peux m’le dire ? ?
Gisèle
– Ah ça, pour nous écraser, ils ont mis le paquet.
Roger
– Maintenant mon rad, il est en rade ; y s’rendent pas compte :
c’est qui qui va payer les traites ? Y en a pour 2000 sacs ! Pourtant, j’ai de la bouteille …
Gisèle
– T’en as même plusieurs !
Roger
– Eh ben la coupe, elle est pleine.
Gisèle

– Et la tasse vide.
Roger
– La caisse surtout. Avec ça, la pression, elle est au max.
Gisèle
– Et la dépression pas loin.
Roger
– J’travaille plus mais j’suis moulu. Plus d’café, c’est la bière, direct !
Gisèle
– Faut quand même pas voir tout en noir, Roger.
Roger

– Les clients ont pas l’droit d’rentrer, nous on n’a pas l’droit d’sortir :
où qu’c’est qu’tu la vois, la lumière, toi ? 
Gisèle
– C’est vrai qu’nous interdire d’ouvrir, c’est fort de café quand même.
Roger
– J’en ai ras la cafetière : s’il vient le ministre, j’vais lui parler sans filtre, moi.
Mon café, y vaut plus rien  : y a rien contre quoi je peux le troquer.
Gisèle
– T’as raison, parce qu’si ça continue comme ça, on va finir par la boire, la tasse.
Roger
– Si j’peux plus la préparer, j’vais la faire parler, moi, la poudre.
Et quand j’s’rai mort, c’est allongé que j’le prendrai mon café !




Villa Vintage

Dimanche 25 octobre 2020

Villa Vintage, 9 rue Saint-Malo, 22 300 Lannion
De 10 h à 22 h (1 h du jeudi au samedi, 17 à 22h le dimanche).
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 13
Café : 14
Prix d’un café: 1,50 € 

Aux mots croisés du jour, la meilleure def’ :
« Il est complètement fichu » (châle)

 

Vintage : « Qui date d’une certaine époque » nous dit le dictionnaire  …
et pourtant, c’est l’un des derniers-nés de la ville : notre café du jour a à peine 15 mois !

La patronne est toute jeune elle aussi. Après Nice et Bordeaux, cette iranienne arrivée en France il y a 7 ans aspirait
au calme. Elle a donc choisi cette petite cité trégorroise* pour son nouveau commerce. Une fromagerie venait de fermer dans le centre historique : fan d’objets vintage et de musique ancienne, notre jeune entrepreneuse en a refait toute la déco.
Elle voulait qu’on s’y sente comme à la maison. Pari réussi : on a vraiment l’impression d’arriver chez Mamie avec les vieux meubles dépareillés, le phonographe hors d’âge et la collection de vinyles accrochés au mur de briques rouges : un refuge au virus de la branchitude autant qu’une véritable curiosité !  

On imagine de petits groupes faire des scrabbles tout en sirotant des tisanes devant Derrick, tandis que, bien calés
dans nos fauteuils (un tantinet défoncés !), on déguste notre petit noir, bercés par les chansons des années 30.
Mocha** et café viennois qu’Ava nous sert dans de jolies tasses vintage. Pour les petits creux, elle propose aussi un petit déjeuner*** ou des tapas maison aux heures des repas. Tranquille et discrète, elle s’assied volontiers quelques instants avec ses clients pour leur expliquer comment elle retape les meubles ou crée les bijoux et vêtements rétro exposés dans
la boutique. Dommage que deux paltoquets**** aient quitté la terrasse pour s’époumoner à l’intérieur : ce sera l’unique désagrément.

Pour conclure : un café dans son jus.

https://www.facebook.com/pages/category/Bar/Villa-vintage-912474389131584/

* Une des neuf provinces de Bretagne comprenant le nord-ouest des Côtes d’Armor et une partie du nord-est du Finistère. Principales villes : Lannion, Morlaix, Perros-Guirec, Guingamp et Tréguier, capitale historique.
** Région de l’Équateur qui a donné son nom à une boisson caféinée à base d’espresso, de lait et de chocolat.
*** Café + viennoiserie + jus de fruits + pain et confiture (4,50€)
**** Hommes insignifiants et prétentieux (le mot vient de Paletot, jaquette de païsan, et désignait autrefois un homme
aux manières paysannes et vêtu grossièrement).




La Canopée

Dimanche 18 octobre 2020
La Canopée, 23 place de l’hôtel de ville, 22 700 Perros-Guirec
De 9h à 17h30 (21h30 vendredi et samedi), fermé dimanche et lundi
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 16
Prix d’un café: 1,40 €

Aux mots croisés du jour, la meilleure def’ :
« On se passerait bien de son avis » (tempête)

 

Sur son zodiaque, Bruno-Guy Doré fendait les flots : chaque été, c’était lui qui tirait le portrait des stagiaires et moniteurs* du Centre Nautique en pleine action. Il faut dire qu’il n’avait pas son pareil pour saisir leurs expressions. Au cœur du Bourg, sa boutique ne désemplissait pas. Et puis, en mars 2015, le choc : il décède brutalement à 56 ans. Après quelques mois,      sa femme finit par mettre la clé sous la porte …

Aujourd’hui, le vent est glacial. Ses rafales nous poussent à l’intérieur d’un petit café. Quatre tables et une tablette devant un hublot géant, ce mouchoir de poche est une oasis réconfortante, un (mini) jardin tropical. Sur le papier peint, fleurs et oiseaux exotiques colorent le feuillage luxuriant, tandis que des plantes en cascade dégringolent du plafond. C’est vrai qu’on a l’impression d’être dans une canopée** !

Derrière le comptoir, Aurore, la pâtissière, enfourne un financier aux châtaignes dont le fumet embaume bientôt la pièce. Son amie Laura, gérante du lieu, nous apporte nos boissons sur un petit plateau rond, d’un joli vieux rose assorti au mur
de la cuisine … et à la devise de la ville : « #lavieenroz ». Mon expresso pur Arabica torréfié chez Darjeeling*** est présenté dans une jolie tasse rétro. Il est accompagné d’un échantillon du dessert du jour, fait maison et moelleux à souhait.
Par contre, notre restauratrice n’a pas encore la main (ou le matériel**** ?) pour le Latte ; mon cher et tendre est un peu déçu de ne pas trouver de mousse crémeuse même s’il  admet qu’il ne manque pas de caractère. Ce sera la seule (petite) fausse note tant les produits sont de qualité et l’accueil délicat. Bruno-Guy serait fier de sa fille …

Pour conclure : de la photo au restau.

https://www.facebook.com/lacanopee.perros/ 

* Dont nos deux fistons dans les deux catégories pendant quelques années ! 😉
** Strate supérieure d’une forêt, composée des feuillages directement exposés au rayonnement solaire, parfois considérée comme un écosystème distinct, notamment en forêt tropicale où elle constitue un habitat riche de biodiversité. 
*** http://lescafesdottilie.fr/mokadarjeeling-tregastel/
**** Buse vapeur de la machine à expresso pour les professionnels,
voire mousseur à lait automatique disponible au rayon petit électro ménager.




Foufou

Dimanche 11 octobre 2020
Foufou Beaugrenelle, 19 Rue Linois, 75015 Paris
Tous les jours, de 8h30 à 21h (9h30 le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 13
Accueil : 13
Ambiance : 14
Café : 17
Prix d’un café: 2,50 €

Aux mots croisés du jour, la meilleure def’ :
« On y croise un monde fou » (asile)

 

Fou ! Une navette fluviale déverse son flot de shoppeurs à la porte du centre Beaugrenelle … un dimanche !
La gigantesque bulle de verre* est à deux pas de la Tour Eiffel, donc en zone touristique :
elle peut ouvrir sept jours sur sept.
Fou ! L’escalier mécanique de son Monoprix XXL mène à un coffee-shop !
Entre vêtements et parfumerie, le fondateur des cafés** Foufou y a ouvert son 3ème espace.

A l’origine du nom, un lac congolais au bord duquel on cultive le Kivu. C’est un Arabica pure origine que notre enseigne
est seule à vendre sur la capitale. Un vrai nectar aux étonnantes notes de figue fraîche et de chocolat noir qui est devenu
la star de l’enseigne. De quoi ravir les amateurs, d’autant qu’il est loin d’être l’unique trouvaille de son Coffee-lover. Colombiens, brésiliens et autres se bousculent à la carte, servis avec brio par le barista (mention spéciale pour son dessin de notre latte!)

Mais Foufou est plus qu’un café, on y petit-déjeune toute de la journée : fou, non ?
Les gourmets testent les recettes tendance revisitées, tandis que les gourmands engloutissent pain perdu, pancakes
et cookies. Quant aux Vegan (de plus en plus nombreux sur la Rive gauche !), ils picorent du granola ou des tartines d’avocats-betteraves avant de s’offrir (soyons fous !) une petite douceur aux graines de chia***.

Ils en oublient vite le Supermarché d’autant que le cadre est chic et sobre, les matériaux nobles et les assises confortables (banquettes de velours vert et tables en marbre rose assorties au comptoir). D’immenses baies vitrées ouvrent sur la terrasse et le plafond de miroirs – avis aux amateurs de selfies décalés ! – agrandissent encore la salle.
Un luxe en cette période confinée !

Pour conclure : on en est fous !

storiesdown.com › users › cafe_foufou

* Ouvert en 2013, ce centre commercial nouvelle génération a vu les choses en grand :
50 000 m2 de commerces, 7 000 m2 de nature (le plus grand jardin de Paris), 110 enseignes des marques les plus tendance et un cinéma de 10 salles pour 2000 places.
** Jean-Philippe Nikoghossian créé cette nouvelle enseigne en 2017 dans le XIè, puis les IIIè, XVè et près de Monaco.
*** Petites graines originaires du Mexique, elles possèdent de nombreuses vertus : excellentes pour le cœur, les os,
les dents, la peau, le cerveau, elles favorisent aussi le sommeil et permettraient de prévenir certains cancers dit-on …