09/10/2022
Capone
Le 9 octobre 2022
Capone, 8 avenue du Trône, 75 012 Paris
De 7h à 1h (2h le vendredi et le samedi)
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 13
Prix d’un café : 2,80 €
Aux mots croisés du jour : « Voiture à découvrir » (décapotable)
« Capone » ? On imagine aussitôt un repaire de gangsters !
Celui d’Alphonse,dit « Al Capone* », qui sévissait à l’est des Etats-Unis au siècle dernier …
Que nenni ! Ici, « Capone » nous fait plutôt penser à … « capot » : une superbe autobianchi** trône devant le comptoir. Décapotable de surcroît, de quoi donner envie à notre quatuor de s’y engouffrer pour pouvoir poster un selfie au frère de notre amie italienne, en ce jour anniversaire. Mais bien que le Garçon soit gentil comme un bisounours, on n’ose lui demander l’autorisation, juste un simple portrait de nous, sagement assises sur la banquette …
La salle est immense et en même temps très intime ; toute en noir, elle dégage pourtant une atmosphère on ne peut plus chaleureuse. Ces Italiens sont décidément toujours les rois de la déco !
Pour un tête à tête ou repas de groupe, les deux salles de l’étage sont parfaites – d’autant qu’on peut les privatiser.
Et de l’un de leurs box, on peut même plonger sur la place de la Nation***, nouvellement végétalisée !
En rangs d’oignons sur la terrasse, les bras « à moitié manche »****, des clients profitent de la douceur automnale :
sur la contre allée, donc en retrait de la circulation, et au pied des colonnes de la Nation où la vue est juste imprenable.
Avant de partir, un dernier coup d’œil sur le store : « Se retrouver »
Oui, c’était exactement ça : toutes les 4 … et Rossella !
Pour conclure : divin pour un riz-auto !`
* Pour fuir la misère de l’Italie, ses parents s’installent à New-York. Alphonse est le 4è de 9 enfants, il nait le 17 janvier 1899. Malgré de bons résultats, il doit quitter l’école à 14 ans après avoir frappé un professeur. Plusieurs bandes le forment aux techniques du banditisme. De ces années, il garde une cicatrice sur la joue d’où son surnom de « Scarface » (le balafré).
Il devient rapidement le symbole de la corruption et contribue à l’émergence du système de mafia. Dans les années 1920, il fait fortune dans le trafic d’alcool de contrebande mais est condamné pour fraude fiscale en 1931. Il meurt le 25 janvier 1947, à 48 ans.
** Petite voiture urbaine fabriquée par la société du même nom, créée par messieurs Bianchi, constructeur de deux roues, voitures et camions, Pirelli, constructeur de pneumatiques et câbles, et Agnelli, patron de Fiat (entre 1957 et 1969).
A noter : la petite taille et la maniabilité de ce mini cabriolet permettait d’évoluer sur la scène d’un théâtre, d’autant qu’avec la capote baissée, les acteurs restaient en vue des spectateurs : c’est ainsi qu’en 1965, une Bianchina décapotable apparaît à plusieurs reprises sur la scène parisienne du Châtelet dans l’opérette « Monsieur Carnaval » (dialogues de Frédéric Dard, production de Charles Aznavour et interprétation de Jean Richard et Georges Guetary).
*** Depuis juillet 2019, ses 8 voies de circulation ont été réduites à 4 et son square central agrandi :
larges passages piétons, espace de brumisation, installation de bacs à légumes et plantation de 200 arbres.
Au total, la superficie des espaces verts a été augmentée de 6 000 m² à 12.000m² !
**** Expression chère à notre belle amie italienne pour désigner les manches courtes 😉
02/10/2022
Le Pont Traversé
Le 2 octobre 2022
Le Pont Traversé, 62 rue Vaugirard, 75 006 Paris
De 8h30 à 18h30, 9h à 19h le WE
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 14
Prix d’un café : 3 €
Aux mots croisés du jour : « Monte et descend en un clin d’œil » (paupière)
Incroyable, c’est LA découverte du jour :
une ancienne devanture, à la porte entourée de têtes de boeufs sculptées et de plaques émaillées.
– Normal, sourit un vieux monsieur amusé, à l’origine, c’était une boucherie !
– Pourtant, c’est l’enseigne d’une librairie ?
– Exact ! Un écrivain surréaliste l’avait reprise en 49. Il s’était spécialisé dans les livres rares, un paradis pour les bibliophiles ! Le Pont Traversé, c’est d’ailleurs un nom qu’il avait trouvé dans un ouvrage de Paulhan.
Après, sa veuve a pris la suite jusqu’à sa retraite.
– Et maintenant c’est un coffee-shop, si j’en crois l’ardoise posée devant ?
– Exact ! Deux ans et un Covid plus tard, il a pris le relais. Mais comme la devanture est classée monument historique, la nouvelle proprio a dû garder la façade et le nom. Remarquez, ça devait lui plaire, parce qu’à l’intérieur, elle a aussi conservé carrelages et fresques d’époque. Un comptoir, quelques tables et chaises vintage et voilà le décor planté !
Pas vraiment confortable ni pratique, mais original et décalé – comme les produits d’épicerie* à la place des livres sur les rayons. La cuisine est moderne par contre, la nourriture aussi ; « healthy » et sans gluten, comme ses restos** !
Après la carafe d’eau et ses verres à l’arrivée, voici les cafés servis sur un plateau :
sachets de sucre brun, belle mousse du Latte … et gobelet digne d’un camp scout.
– J’ai l’impression de boire dans un pot de chambre, maugrée mon voisin ;
en plus, ce rebord creux, ça vous cisaille quand on boit. C’est pas de pot … si j’puis dire !
Pour autant, la formule plait : les places sont prises d’assaut dès l’ouverture, y compris à l’étage*** où l’on se faufile par un petit escalier hélicoïdal plein de charme.
La plupart sont rivés sur leur téléphone ou leur ordinateur ; pour un peu, on se croirait dans un espace de co-working !
Il reste quelques places sur le trottoir à l’angle des deux rues, et puis on peut aussi emporter : après tout, le Luco**** est à deux pas …
Pour conclure : un décor qui fait un effet bœuf.
* Confitures et pâte à tartiner maison, mais aussi chocolat, thé, café et huile d’olive, que des produits de qualité !
** Masseur-Kiné intolérante au gluten et au lactose depuis toujours, Frédérique Jules a fondé Noglu à son retour de Californie. D’abord à Paris (VIIè et XIè) puis à New York, où elle propose une cuisine savoureuse adaptée aux intolérances et allergies.
*** Salle tranquille et pleine de charme avec ses vieilles poutres verticales qui la séparent du palier et sa vue surplombant la rue. A noter qu’on peut la privatiser pour un dîner.
**** Surnom donné par ses habitués au Jardin du Luxembourg (23 hectares de verdure au cœur de Paris !)
17/09/2022
Engel Weincafé
Le 25 septembre 2022
Engel Weincafé, Ostertorsteinweg 31-33, Brême (Allemagne)
Du mardi au samedi, de 10h à minuit (17h le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 13
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 14
Prix d’un café : 2,10 €
Aux mots croisés du jour : « Cahier de notes » (partitions)
Les musiciens de Brême*, c’est nous ! Pour un week-end – pardon : « Wochenende » -, tous les présidents et chefs de chœur des chorales franco-allemandes** se rejoignent cette année dans la cité hanséatique***.
Notre point de ralliement est l’Institut français, dans le Viertel, quartier branché de l’est de la ville.Tout le monde n’est pas encore arrivé. Sur la place voisine, un ange passe ; on l’attrape au vol : quel meilleur endroit qu’un « Café à vin » pour patienter ?
D’autant que la terrasse est agréable : à l’ombre des arbres ou des parasols, on s’émerveille des maisons colorées et des ruelles pavées … moins des trams tout proches. Heureusement, à l’intérieur, la vieille bâtisse ne manque pas de charme ; bois foncé et sol en damier nous rappellent que c’était autrefois une pharmacie. Un parfum de nostalgie flotte ; l’atmosphère est tranquille : une vraie petite oasis …
L’amatrice de café que je suis est aux anges : l’expresso est servi dans une tasse siglée « Freibeuter Kaffee aus übersee**** », avec un dé de gâteau maison et un petit verre d’eau croquignolet … il ne manque plus que le napperon !
Le fin connaisseur de thé doit avoir une patience d’ange : ici, pas de sachets mais des feuilles de thé en vrac !
L’amateur de vin exigeant quant à lui bénéficie d’un vaste choix, qu’il peut compléter d’un plat du cru, bien roboratif.
Et le curieux ne résiste pas à un très amusant et savoureux Spritzer de jus de cola et rhubarbe, servi dans un verre à vin !
Mais pour qui veut sourire aux anges, c’est un lundi qu’il faut venir, quand au début de chaque mois, des artistes viennent s’y produire … musicallemand !
Pour conclure : on en repart en-chant-és !
* Conte des Frères Grimm : un meunier décide de tuer son âne devenu trop vieux, pour récupérer sa peau. L'animal, qui a compris, s'enfuit à Brême pour devenir musicien. Chemin faisant, il rencontre un chien, un chat et un coq dans la même situation. Tous quatre découvrent une maison habitée par des voleurs. Ils élaborent un plan pour prendre leur place : l'âne se place devant la fenêtre, le chien monte sur l'âne, le chat sur le chien et le coq sur le chat puis ils donnent tous de la voix ensemble. Effrayés, les voleurs s'enfuient et nos 4 compères s'installent dans la maison.
** Berlin, Münich, Freiburg, Bonn, Aachen, Köln, Brême et Hambourg ; Paris, Strasbourg, Lyon, Orange, Toulouse, Aurillac, Le Mans, Boulogne-sur-mer + Zürich et Varsovie.
*** Ville d’Europe du Nord qui, au Moyen-Age, a adhéré à la ligue marchande de la Hanse : 200 en tout dont Lübeck, Hambourg, Cologne et dBrême.
**** Littéralement : « Café corsaire d'outre-mer » !
11/09/2022
BKNK
Le 11 septembre 2022
BKNK*, 11 rue Blanche, 75 009 Paris
De 8h30 à 18h, 10h le samedi, 10 à 17 h le dimanche (fermé le lundi)
Note globale : 16
Situation : 12
Cadre : 15
Accueil : 19
Ambiance : 16
Café : 16
Prix d’un café : 2,50 €
Aux mots croisés du jour : « Un homme qui soigne sa ligne » (éditeur)
Vous savez tous que, sur ce site, on vous livre nos meilleures adresses :
celle du jour est on ne peut plus à la page ; une (jeune) maison d’édition** lui sert de couverture.
Au chapitre du décor, confort et convivialité. Si la première salle a bien l’allure d’un coffee-shop avec son bar et ses tabourets hauts, elle expose aussi les ouvrages publiés dans une grande bibliothèque.
On lui préfère la seconde, plus roman-tique : de confortables canapés de cuir, une belle (h)auteur sous plafond et d’immenses articles sur les murs. Voilà un décor qui tranche : on peut dire qu’il ne manque pas de caractère !
Calés dans les fauteuils contre la baie vitrée, on observe la caserne de pompiers*** d’en face. Un camion pointe son museau – ou plutôt sa grande échelle – … et avec lui, les souvenirs d’enfance de mon cher et tendre refont surface !
A l’ouverture, nous sommes déjà une douzaine à échanger tranquillement ou plonger dans la lecture d’un ouvrage.
Peut-être des auteurs, membres du comité de lecture, voire la fondatrice de la maison d’édition qui partage ses locaux avec le Café depuis novembre dernier. C’était l’objectif : « casser » la frontière avec les lecteurs pour se rapprocher d’eux et les éclairer sur le métier d’éditeur – voire participer à des ateliers d’écriture, clubs de lecture, conférences ou séances de dédicaces de ses auteurs.
Les bonnes effluves d’un cake au citron revisité nous envahissent, dessert tiré du Mystère de la Logia, de Justan Lockholmes : Morgane, la co-gérante et meilleure amie de la fondatrice, concocte des gourmandises en lien avec leurs parutions, nouvelle manière de s’immerger dans les univers romanesques de leurs auteurs.
Camille et elle ont voulu ajouter un café littéraire à la maison d’édition ; on peut dire qu’elles en connaissent un rayon : originalité, gentillesse, bons produits. L’essai est réussi !
Pour conclure : remarquable à plus d’un titre.
* Book Nook, signifie “le recoin des livres” en anglais. “On voulait un nom littéraire qui fasse cosy et qui sonne bien. On a enlevé les deux “o” de book et nook et ça a donné “BKNK”. On a trouvé que ça faisait très parisien”, explique la co-gérante.
** Fondée en 2016, Beta Publisher, publie des romans de genre (polar, fantastique, science-fiction, anticipation …) ; son catalogue propose actuellement une quarantaine de titres pour une vingtaine d’auteurs.
*** La caserne des Sapeurs Pompiers de la rue Blanche accueille le 1er Groupement d’Incendie et de Secours de la 7e compagnie, soit 99 hommes et une femme pour protéger quotidiennement le IXè arrondissement. C’est également une des plus grandes de Paris et la seule à posséder une vigne vendangée tous les ans pour confectionner un vin d’ornement.
04/09/2022
Le Québec
Le 4 septembre 2022
Le Québec, 45 rue Bonaparte, 75 006 Paris
De 8h à 2h, sauf le dimanche
Situation : 15
Cadre : 7
Accueil : 17
Ambiance : 15
Café : 11
Prix d’un café : 3 €
Aux mots croisés du jour : « Il nous enfume » (tabac)
Une douzaine de tables s’alignent au soleil sur le trottoir et la véranda.
De là, on aperçoit l’église éponyme*, « l’Embâcle** » et « Les deux Magots »***.
Ici, c’est plutôt les deux mégots : notre bistrot fait aussi tabac (notons qu’il ne vend pas seulement de vulgaires cibiches****, mais également des cigares : on est dans le VIè tout de même !) Face à l’unique banquette, une demi-douzaine de tables et un petit comptoir : le décor est planté, sans fioritures, limite quelconque.
Et pourtant, on y vient, et en nombre ! Il faut dire que c’est une institution : le dernier vrai bistrot du secteur.
Installés depuis 50 ans – un demi siècle ! -, ses propriétaires sont devenus la mémoire du quartier …
Ce matin, c’est Nathalie qui nous accueille d’un « Bonjour ! » joyeux. Une petite dame fluette, absolument délicieuse.
En apportant nos boissons chaudes, elle s’inquiète de savoir si les portions de sucre sont suffisantes – tout en fustigeant les Cafés Richard qui ont drastiquement réduit la taille de leurs nouveaux emballages (C’est vrai qu’ils sont devenus lilliputiens !!) … mais pas leur prix ! Elle prend des nouvelles de ses habitués dont elle connaît tous les prénoms, mais aussi des absents. Attentive à tous, elle est vraiment aux petits soins pour ses clients.
Voilà donc pourquoi on s’y précipite : ouvriers accoudés au zinc autour d’une Leffe Pression – bientôt remplacés par des chauffeurs de taxi portugais, vieux monsieur tiré à quatre épingles visiblement heureux avec son barreau de chaise*****, jeune geek pianotant fébrilement sur sa tablette, étudiantes refaisant le monde et touristes émerveillés par la vue de carte postale conjuguée à l’ambiance du Paname d’autrefois …
Pour conclure : un rade à la patronne radieuse.
* Saint-Germain–des-Prés, la plus ancienne église de Paris.
** Sur la place du Québec, cette sculpture a été offerte en 1984 par ce même pays : des plaques en bronze soulevées et courbées donnent l’impression que le trottoir s’ouvre pour laisser jaillir l’eau d’une fontaine souterraine.
Charles Daudelin l’appelée « Embâcle », du nom de cet empilement massif de glace qui obstrue le Saint-Laurent en hiver jusqu’à la fonte des neiges.
*** Brasserie emblématique où se sont succédés, depuis 1885, de célèbres artistes et écrivains. Si elle attire aussi à présent les gens du spectacle, de la mode et de la politique, elle reste encore l’un des hauts lieux de l’art et de la littérature : http://lescafesdottilie.fr/les-deux-magots-paris-copy/
**** Terme populaire et désuet pour désigner la cigarette.
***** Expression familière désignant les longs cigares à cause de leur ressemblance avec les véritables barreaux de chaise.