Caducée

Le 23 mars 2025
Caducée, 19 rue Brochant, 75 017 Paris
De 8h30-17h30 et 19h-22h30 (9h-18h le WE, fermé lundi et mardi)
Note globale : 14
Situation : 12
Cadre : 13
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 16
Prix du café : 2,70 €

Aux mots croisés du jour : « Serpent d’Hippocrate » (caducée)

Entre le parc Martin Luther King et le square des Batignolles, Caducée* est une ancienne pharmacie transformée en coffee-shop bistronomique. C’est un chef malgache** passionné qui en a l’idée après les premiers  confinements***. Il imagine à l’époque, un lieu de partage et de découvertes gustatives pour soigner le vague à l’âme ambiant. Et c’est toujours d’actualité !

Dès le matin, de bonnes effluves inondent la boutique.
– Celles des cafés de spécialité torréfiés par Da Zavola, nom qui fleure bon l’Italie et  la dolce vita ! D’autant que le comptoir au design épuré intègre un Modbar, machine qui permet au client de choisir le type, le nombre et l’ordre de ses modules : il ne lui reste plus qu’à assister à l’extraction de son café tout en discutant avec le barista … puis à le savourer !
– Celles des viennoiseries et pâtisseries, toutes Maison. Du pain au chocolat croustillant aux brioches au sucre légères, en passant par le cake au potimarron ou le roulé cannelle et orange confite avec fleur d oranger : une explosion de saveurs !

Une unique banquette à la forme (très) curieuse occupe le centre de la première salle : pas facile de s’y installer ! Son velours couleur pêche assorti au carrelage du comptoir ainsi que les petites tables rondes en simili marbre et les épais rideaux de velours vert apportent une touche délicate et raffinée à l’ensemble. Par contre, si vous venez à plusieurs, préférez la seconde pièce, plus simple mais plus vaste : la table d’hôtes centrale permet de partager des moments plus conviviaux.

Pour conclure : aux petits soins.

https://www.caducee-cafecontemporain.fr

* Attribut de Mercure constitué d’une baguette entourée de deux serpents entrelacés.
Avec un seul serpent, c’est le symbole du corps médical et des pharmaciens.
** Fabien Sam a longtemps travaillé dans de grandes brigades parisiennes. En 2015, il ouvre son premier restaurant, « La Fabrique de bouchons », au 17 de la rue Brochant. Un an plus tard, il en ouvre un second à côté, au 19, « Kalypso », spécialisé dans les produits de la mer. 
*** Nous sommes en novembre 2020, le Covid fait rage depuis le début de l’année …




Vasily

Le 16 mars 2025
Vasily, 82 avenue Mozart, 75 016 Paris
De 8h à 18h15 (10h le WE)
Note globale : 13,5
Situation : 13
Cadre : 14
Accueil : 13
Ambiance : 13
Café : 14
Prix du café : 2,70 €

Aux mots croisés du jour : « Il peut être unique » (enfant)

Je m’appelle Masha et j’ai crée un café des familles. C’était en septembre, il y a tout juste 6 mois. Vasily est d’Ukraine comme moi, il m’accompagne dans cette aventure.

Son prénom signifie « royal » … comme le café que nous proposons ! Un café de spécialité avec des grains d’exception. Notre machine professionnelle est une Rancilio, groupe international renommé. Normal, ce sont des italiens – autant dire, les meilleurs ! Nos laits sont variés*, nos préparations aussi : du cappuccino bien mousseux au Latte à la citrouille, lavande ou curcuma. Sans compter le chocolat chaud aux épices, caramel, orange, spéculos ou chantilly.
Vasily les prépare à emporter ou les apporte sur de petits plateaux individuels, accompagnés de leur sachet de sucre roux et leur verre d’eau délicatement posé sur une serviette blanche. Des pâtisseries maison complètent l’offre : cookies moelleux – mention spéciale à celui au bounty nous disent les amateurs ! – ou cheesecake, plébiscité par nos clients.  

Mon prénom quant à lui signifie « celle qui éduque ». Voilà sans doute pourquoi je n’oublie jamais les enfants ! Je leur ai aménagé le sous-sol** et organise pour eux des ateliers chaque week-end. Pour leurs parents aussi d’ailleurs : ils peuvent ainsi siroter tranquillement leurs boissons à l’étage !
D’autant que je l’ai aménagé pour qu’ils s’y sentent bien : ampoules de toutes les couleurs, jolies cafetières, bouquet de tulipes multicolores*** et raquettes de tennis avec un cœur au milieu. Dans un cadre tout de bois-blanc-pastel, c’est plein de fraîcheur et de poésie. Un film muet en noir et blanc de Charlie Chaplin est projeté sur le mur, tandis qu’une musique de fond distille ses notes apaisantes. Des banquettes et leurs coussins de laine faits main offrent de belles assises, complétées par quelques chaises et petites tables. Ce n’est pas bien grand, mais c’est … ouaté ! Une vraie bulle de tranquillité.

Pour conclure : vas y !

https://www.instagram.com/cafevasily_paris

* Laits spéciaux alternatifs : soja, avoine, coco.        
** Jouets, livres, jeux de société, babyfoot …
*** En bois … et vues au marché des fleurs d’Amsterdam il y a deux semaines ! 😉




Singuliers

Le 9 mars 2025
Singuliers, 2 rue Titon, 75 011 Paris
Du mardi au samedi, 8h30-17h30 et 19h30-23h30 (9h30 le samedi)
Note globale : 13
Situation : 12
Cadre : 14
Accueil : 13
Ambiance : 15
Café : 12
Prix du café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Point commun » (singulier)

« Singulier : différent des autres », nous dit le dictionnaire. Voilà qui me plait !
Mais « Singuliers » écrit au pluriel, là, je suis perplexe !
Enquête menée, c’est vrai que ce coffee-shop est singulier à plus d’un titre …

– Ce lieu à part réunit immobilier, cuisine, culture et artisanat. C’est Patrick Besse, à la tête d’un groupe immobilier de biens de caractère (et singuliers !), qui l’a imaginé.

– Derrière les baies vitrées, l’activité intrigue dès la rue : les pâtissiers s’affairent, une vraie ruche ! Non seulement la cuisine est ouverte, mais à l’entrée de la salle, spacieuse et bien agencée. Avec ses meubles en bois blond, dont une table d’hôtes installée au fond sous une jolie verrière, elle a de faux airs de maison de campagne. Sur les étagères, les objets artisanaux et ouvrages sur le patrimoine exposés sont à la vente. Mais le plus singulier est assurément le poêle** qui trône au milieu !

– Le café** n’a pas l’acidité à la mode actuellement : les torréfacteurs*** ont eu pour consigne de le faire à l’italienne mais peu torréfié, afin de le rendre crémeux et chocolaté. Personnellement, je ne suis pas convaincue ! Et si le Latte offre une option orange-cannelle surprenante, la version classique manque de goût. Des effluves de scones et cookies embaument la boutique à cette heure. A la fleur de sel, au chocolat noir 70% ou au beurre de cacahuètes pour les seconds. Singuliers, assurément. Et goûteux sans nul doute : ils ont été élus meilleurs cookies de France !

Pour conclure : un café singulier, un lieu pluriel.

https://www.instagram.com/cafe.singuliers/?hl=fr

* Pour la 3è génération, et à présent en France, en Italie, en Belgique ou au Portugal. 
** Récupéré dans une église et rénové, c’est un poêle De Dietrich de 1953, haut de presque 2m !
*** Saul a grandi en Colombie dans une famille productrice de café. Après des études de droit en France, il y revient comme juriste. De retour à Paris, il rencontre Carlos. Ensemble, ils créent Plural, leur propre marque de café et de se lancent dans la torréfaction. Ils vont à la rencontre des producteurs dans les villages et leur achètent le café à prix équitable. Et ici, ils partagent l’histoire de cette culture paysanne et forment des personnes réfugiées au métier de barista afin de contribuer à leur insertion. 




Blue Amsterdam

Le 2 mars 2025
Blue Amsterdam, Kalvertoren*, Singel 457, Amsterdam (Pays-Bas)
De 10h à 18h30 (dimanche 11h, jusqu’à 20h jeudi)
Note globale : 15
Situation : 16
Cadre : 16
Accueil : 16
Ambiance : 14
Café : 13
Prix du café : 3,50 €

Aux mots croisés du jour : « Spectacle à l’œil » (vue)

« Blue », comme le ciel du jour ! Et comme nous, après une longue balade : on est bleus de froid ! Avec, non pas la chair de poule, mais – comme on dit ici -, la « peau de poulet » ! D’où l’envie de se réfugier dans ce centre commercial moins bucolique que les canaux mais … surprenant. De sa tour centrale et futuriste, l’ascenseur en verre nous propulse à plus de 30m. En haut, la cafétéria est simple, design et relativement petite malgré ses deux niveaux. Mais ses baies vitrées à 360° nous offrent une vue panoramique incroyable. Idéal pour jouer à « Où est Charlie ? », version amstellodamoise : où est le Palais Royal, le Rijksmuseum, la gare centrale, le marché aux fleurs, la Westerkerk**, les maisons dansantes*** ? Si l’Eurostar ne nous attendait pas, on serait bien restés jusqu’au coucher du soleil …

« Blue » est déjà noir de monde. Les locaux connaissent, visiblement. En bons Néerlandais, ils sont grands consommateurs de café. Ils ont même leur « heure du café**** » entre 10h30 et 11h00. Et ne commandent pas une tasse de café mais « une petite tasse de réconfort » (Mes origines expliquent donc bien des choses ! 😉 )
Outre le snack du midi, ils prennent une autre pause l’après-midi puis le dîner arrive tôt (vers 18 h !) Avec un rythme de vie aussi tranquille, pas étonnant qu’ils paraissent si détendus ! Cette bulle de sérénité au coeur de la ville leur permet de recharger leurs accus. D’autant que les petits déjeuners, soupes, salades, sandwichs, burgers et gâteaux sont tous fait maison et à partir de produits frais.

Pour conclure : bleu de bleu !

* Centre commercial doté de plusieurs entrées, dont la Kalverstraat, rue commerçante la plus animée d’Amsterdam.
** La Westerkerk (l’église occidentale) est la première église de la Renaissance à Amsterdam. Lors de sa construction en 1631, elle était la plus grande église protestante du monde. Avec ses 85 m de haut, elle est la plus haute église de la ville. L’ancienne reine Beatrix s’y est mariée le 10 mars 1966. 
*** A cause du sol argileux et donc très mou, pour les soutenir, les maisons furent construites sur des pieux de bois. Mais certains ont pourri avec les années : elles se sont penchées. Dans le quartier de Jordaan, plusieurs se sont enfoncées après l’ajout d’un étage : le poids étant plus important que ne l’avaient prévu les constructeurs d’origine, leur façade s’est tordue.
**** « Koffietijd » : pendant cette pause, non seulement les néerlandais peuvent se lever de leur bureau et prendre un café, mais ils sont encouragés à discuter avec leurs collègues. Ils peuvent aussi prendre une autre boisson ou aucune, mais on attend d’eux qu’ils prennent au moins quelques minutes pour se détendre.




Papeneiland

Le 28 février 2025
Papeneiland, Prinsengracht 2, Amsterdam (Pays-Bas)
De 10h à 1h (dimanche 12h à 1h, vendredi et samedi 10h à 3h)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 14
Accueil : 16
Ambiance : 16
Café : 14
Prix du café : 2,60 €

Aux mots croisés du jour : « Boule rouge sur un plateau » (edam)

Papeneiland ? C’est l’île du pape. Drôle de nom pour une bâtisse qui, depuis sa construction en 1642, a toujours servi de magasin de bière et vin ! A l’angle des deux plus beaux canaux d’Amsterdam, on raconte qu’elle cachait un tunnel qui permettait d’accéder à une église catholique clandestine* de l’autre côté du canal. Son entrée se trouve d’ailleurs toujours dans la cave et est utilisée comme entrepôt.

Mais Papeneiland est aussi l’un des plus anciens cafés bruns** de la ville. Son décor ne semble pas avoir changé : du bois, beaucoup de bois, des assiettes et carreaux de faïence de Delft, des images anciennes d’Amsterdam et un vieux poêle en fonte qui reprend du service l’hiver. Pour un peu, on ne s’étonnerait pas d’y croiser Vermeer***…

Quelques habitués en salle, mais la plupart s’agglutine autour du bar devant une bière**** ou un genièvre**** dans un joyeux brouhaha. Pas de musique : un café brun, c’est avant tout un « café de discussion ». On y échange facilement ; il est d’ailleurs courant de s’assoir à une table déjà occupée s’il reste des chaises vides.

Pour déjeuner, le patron nous conseille la mezzanine, plus tranquille et plongeant sur le canal. Sa soupe de pois cassés à la saucisse avec lard fumé sur tranche de pain noir est une merveille. Exactement ce dont on avait besoin par ce froid sec ! Et comme Bill Clinton en 2011, nous ne résistons pas à sa célèbre appletaart-maison : des raisins secs, de la cannelle, beaucoup de pommes. Et un café pour clôturer ce festin !

Pour conclure : un lieu pour papauté.

https://www.papeneiland.nl

* Le 26 mai 1578, les protestants renversent le gouvernement catholique de la ville et prennent le pouvoir. Les néerlandais appellent cet épisode majeur de leur histoire « L’Alteratie » (« Changement » ou « Altération » en français)
** Véritable institution amstellodamoise, les cafés bruns sont ancrés dans la tradition néerlandaise depuis des siècles. Ils font partie du charme de la ville au même titre que ses canaux et son architecture. Leur nom vient de leur intérieur décoré traditionnellement de bois brun, ainsi que de leurs murs jaunis par des siècles de fumée de tabac.
*** A Delft, son père était Maître tisserand puis aubergiste-marchand d’art, la taverne facilitant rencontres et négoce : Vermeer a  grandi au milieu des étoffes de toutes les couleurs. Il est désormais au panthéon des peintres hollandais du XVIIe siècle. La Jeune fille à la perle, surnommée « Joconde du Nord » et la Laitière comptent parmi les tableaux les plus célèbres au monde.
**** La Heineken ou l’Amstel, par exemple ; certaines sont très fortes notamment les brunes (9% d’alcool). Les Néerlandais sont de grands brasseurs, le choix est donc au rendez-vous. Le genièvre est une liqueur hollandaise semblable au gin.




Latei

Le 25 février 2025
Latei, Zeedijk 143, Amsterdam (Pays-Bas)
De 8h à 18h (Samedi 9h, dimanche 10h)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 14
Accueil : 16
Ambiance : 16
Café : 14
Prix du café : 3,50 €

Aux mots croisés du jour : « Petite reine … des Pays-Bas » (vélo)

Latei est une curiosité. A 5 minutes à pied de la gare, dans une petite rue animée, ses vitrines interpellent. Un (vrai) vélo derrière chacune d’elles et une inscription : « Brocante & expresso, huile d’olive & poterie & Rock ‘n Roll » (je vous ai traduit !)

Vérifions : effectivement, c’est pittoresque ! Meubles et objets sont tous hétéroclites et vintage, nous voilà 70 ans en arrière. Avec des tables formi, formi, formicables* aux formes étonnantes, c’est Rock ‘n Roll, oui ! A part la machine à café**, tout est rétro … et à vendre : des luminaires aux prises de courant qui dégringolent du plafond, en passant par les porte-manteaux et vinyles***, jusqu’aux cuillères ! Si on ne s’était pas contentés de nos valises-cabine, on aurait pu changer notre intérieur ! Même chose dans la mezzanine (mais gare à vos têtes, c’est pas haut !)

L’ambiance est tranquille et chaleureuse. Un jeune ébouriffé accompagne son café matinal d’une épaisse tranche de pain brun recouverte de lamelles de fromage – plus une rondelle de tomate. Un grand barbu entre ensuite, nous gratifie d’un sourire en guise de bonjour, récupère le journal et s’installe à la petite table coincée entre le comptoir et la fenêtre. Notre serveuse Latei (au style unique : un collant savamment troué !) lui apporte aussitôt son thé et sa tranche de pain noir recouverte d’œufs brouillés – et la (désormais) fameuse rondelle de tomate.

Pour nous, ce sera, outre nos traditionnels cafés, une part d’appeltaart. Contrairement aux tartes aux pommes de chez nous, il contient plus d’appel que de taart. Beaucoup de fruits, pas de crème (ouf !), la portion est goûteuse et généreuse. Tellement, qu’elle nous le sert avec deux fourchettes ! Tout est frais et de qualité. Les Italiens venus petit-déjeuner en famille s’extasient devant l’incroyable pain aux grains entiers et confirment qu’elle sait faire un bon cappuccino. Beau compliment de la part de connaisseurs …

Pour conclure : servi avec vélo…cité

* Symbole des Trente glorieuses (1945 à 1973, cette matière plastique s’est imposée, car plus légère et facile d’entretien que les traditionnels meubles en bois. Déclaré « ringard » dans les années 80, le formica redevient tendance avec la mode vintage.
** Une « Pavoni », marque reconnue depuis plus d’un siècle comme l’excellence italienne.
*** Surnom donné aux anciens disques 33 tours. 




Karpershoek

Le 23 février 2025
Karpershoek, Martelaarsgracht 2, Amsterdam (Pays-Bas)
Tous les jours, de 10h à minuit
Note globale : 16
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 18
Ambiance : 18
Café : 13
Prix du café : 3,50 €

Aux mots croisés du jour : « A son lit à Amsterdam » (Amstel)

Karpershoek serait le plus vieux café d’Amsterdam, le premier à payer des impôts en tous cas. Bien que bâti en 1557, c’est en 1606 qu’on commença à y vendre de la bière. C’était alors une auberge de l’ancien port, fréquentée par les marins de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. La gare* fut construite sur un polder juste en face en 1989. Les propriétaires se succédèrent ; le 4è lui donna son nom, l’actuel veille désormais à préserver son caractère intemporel et authentique.

Karpershoek nous transporte dans un autre temps : faïences de Delft autour de la cheminée, miroir ancien derrière l’épais comptoir, peintures et photographies d’autrefois. Qui sait ? Mon arrière-grand-père venait peut-être s’y abreuver ? Du parquet au (bas) plafond à chevrons, en passant par les meubles et sculptures, le bois sombre est omniprésent : typiquement ce qu’on appelle un « café brun »**, à l’atmosphère chaleureuse et intime.

Karpershoek est bondé : difficile de trouver une place. Les habitués discutent autour de pintes ; ils les accompagnent parfois de bitterballen*** qu’ils trempent avant dans la moutarde. L’ambiance est conviviale mais assourdissante. Les femmes sont rares (des touristes égarées !), les consommateurs de cafés aussi. Malgré l’affluence et le brouhaha, les serveurs gardent leur bonne humeur et leur efficacité. Au comptoir, le patron sert à mon grand gaillard de voisin, une Amstel**** accompagnée d’un petit verre à shot que ce dernier s’empresse de siffler. Devant mon air intrigué, il me précise – en français : repérée ! – que c’est du genièvre*****. Ah, oui, bien sûr ! …

Pour conclure : ce café fait un tabac !

https://cafekarpershoek.nl

* Etendue artificielle de terre conquise sur la mer grâce à des digues, dont le niveau est inférieur à celui de la mer. A noter aussi que la gare a grandement contribué au développement de la vente du café dans les estaminets.
** Ils tirent leur nom de la couleur brune des intérieurs, souvent due à la fumée de tabac qui imprégnait les murs et les plafonds.
*** Snack préféré des hollandais : boules croustillantes et frites chaudes, faites à l’origine à partir de restes de viande à l’origine – à présent avec du bœuf, du veau, du poulet, voire des champignons pour les végétariens.
**** L’Amstel (en vieux néerlandais « Zone aquatique ») est le fleuve qui a donné son nom à la ville (« Digue sur l’Amstel »). C’est aussi une marque de bière appartenant au groupe Heineken, brassée à l’origine à Amsterdam.
***** Eau-de-vie emblématique des cafés bruns, souvent accompagnée d’un verre d’eau pour adoucir le goût fort et distinctif.




Stads Koffyhuis

Le 21 février 2025
Stads Koffyhuis, Oude Delft* 133, Delft (Pays-Bas)
De 9h à 17h (dimanche 11h à 16h)
Note globale : 15
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 16
Café : 15
Prix du café : 3,50 €

Aux mots croisés du jour : « Son anagramme est CAFEINE » (FAIENCE)

Delft est une charmante petite cité à l’atmosphère calme, presque feutrée. le long de ses canaux et leurs ponts pittoresques, on découvre de belles façades et autres monuments de son riche passé. Et elle regorge de petits restaurants et cafés …

Stads Koffyhuis** porte bien son nom, c’est LE café de la ville. Un delftois vieux d’un demi-siècle déjà !
En passant devant, on a envie de s’y engouffrer. Mais il paraît petit … et plein. N’hésitez pas à entrer !

De nombreuses salles se succèdent dans ce beau bâtiment ancien au décor rustique, avec chacune sa spécificité : les lecteurs se retrouvent autour de la table de l’une, dont le creux au centre accueille les journaux mis à disposition ; les familles autour de la table d’hôtes de sa voisine. Les duos préfèrent les tables hautes en rang d’oignons du (large) couloir, tandis que les âmes bucoliques apprécient celle aux allures de jardin d’hiver avec son immense verrière. Les nostalgiques enfin, empruntent l’escalier qui longe la cuisine pour s’installer dans la salle à manger aux vieux meubles et poutres. A noter que, juste en face, les lieux d’aisance sont ornés de faïence … jusqu’à la tulipe-robinet pour distribuer l’eau !

Bien qu’en hiver, et en semaine, l’atmosphère est déjà animée. On imagine l’été ! Pour s’agrandir, l’établissement installe alors une autre terrasse sur une péniche amarrée en face. En attendant, quelques places sur le trottoir permettent de profiter du canal et de la vue sur le clocher très penché de la vieille église***.

Mais pourquoi un tel succès ? De bons produits, bien présentés, assurément : le café servi sur un joli plateau et son napperon ne manque pas d’arômes, tandis qu’un mini verre d’eau et un biscuit maison à la cannelle l’accompagnent. Je plébiscite ! Les crêpes sont savoureuses (on a vérifié !) et les sandwichs sans doute aussi : ils ont été élus meilleurs des Pays-Bas – pas plus, mais guère moins !

Pour conclure : bleu de bleu.

https://www.stads-koffyhuis.nl/over-ons/een-modern-bedrijf

* Le vieux Delft est le berceau de la poterie bleue et blanche peinte à la main qui porte son nom, mais aussi la ville natale de Vermeer et l’ancien siège de la Maison royale d’Orange : sa nouvelle église du XVe siècle abrite les tombes de la famille royale.
** Littéralement « Maison de café de la ville ».
*** Il culmine à 75 m mais penche d’environ 2 m entre son sommet et le sol (plus que la tour de Pise !)
Parmi les pierres tombales de l’église se trouve celle du peintre Vermeer, né à Delft en 1632 et décédé en 1675.




Le Valentin

Le 14 février 2025
30 Passage Jouffroy, 75 009 Paris
De 8h30 à 18h30 (9 h le dimanche)
Note globale : 15
Situation : 17
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 14
Prix du café : 2,60 €

Aux mots croisés du jour : « Un patron qui a du coeur » (Valentin)

Valentin* a du goût. Il s’est installé dans l’un des plus beaux passages couverts** de la capitale, dont la structure de fer et de verre nous protège aujourd’hui des températures négatives. Nous pouvons ainsi déambuler dans l’ambiance feutrée et élégante du vieux Paris sans craindre le froid …

Valentin est un ensorceleur. Depuis 1858, il expose ses alléchantes douceurs derrière ses baies vitrées : viennoiseries, pâtisseries, kugelhofs, mais aussi chocolats, guimauves et macarons. Son maître-pâtissier les confectionne ici-même, avec des ingrédients de qualité précise-t-il. Les becs sucrés se feront un devoir de vérifier … 

Valentin est un romantique. Son salon de thé*** est un tantinet désuet et ne manque pas de charme avec ses tentures et ses lustres. Si l’étage peut accueillir en nombre, il a installé neuf petites tables pour duos au rez-de-chaussée – serrées par contre : avis aux chers-et-tendres en puissance, faites votre déclaration discrètement !

Valentin est un anglophone : il peut ainsi conseiller les (nombreux) touristes, son salon étant très prisé des gourmets et amoureux de Paris. Il leur explique comment il concocte ses confitures, viennoiseries, pains, plats et surtout pâtisseries : tout, absolument tout, est fait maison ! Ou bien pourquoi il choisit son café (Lavazza) et les thés (Damann). Ou encore les formules qu’il propose pour chaque moment de la journée, du petit-déjeuner au goûter en passant par la collation du midi et le brunch du week-end.

Pour conclure : coup de cœur !

https://www.levalentin.paris

* Ce prêtre romain, emprisonné et condamné, aurait guéri la fille de son geôlier de sa cécité puis lui aurait écrit une lettre d’adieu signée « Votre Valentin » : ainsi serait née la tradition de cette fête des amoureux, très en vogue de puis 1950.
** Construit en 1836, le passage Jouffroy est situé sur les grands boulevards, dans le prolongement du passage des Panoramas. Il doit son charme à sa verrière en ogive et son dallage en marbre rénovés en 1987. Il abrite le musée Grévin et ses célèbres personnages de cire, l’hôtel Chopin et des boutiques de jouets de miniatures, livres rares, cannes anciennes …
*** C’est Jeanne Souchard, l’épouse d’Ernest Ladurée, qui a eu l’idée de fusionner café et pâtisserie. Ainsi fut crée le premier salon de thé, alors que la Belle Epoque battait son plein dans la capitale qui accueillait l’Exposition Universelle en 1900.




La Marée

Le 7 février 2025
2 place des Pêcheurs, 94 150 Rungis
Ouvert 24h/24 sauf week-ends et jours fériés
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 12
Accueil : 12
Ambiance : 17
Café : 12
Prix du café : 1,50 €

Aux mots croisés du jour : « Parfois noire, souvent humaine » (marée)

3h40. Du matin. Mais que fait-on, debout, à cette heure ? C’est à cause de nos héritiers. Ou plutôt grâce à nos héritiers : ils nous ont offert une visite de Rungis*, le plus grand marché de produits frais au monde – pas plus, mais guère moins !
Si le réveil nous a tirés de notre sommeil, « La Marée », elle, ne s’est pas endormie : ici, on vous sert à toute heure du jour et de la nuit ! Pour nous par contre, c’est tout sauf habituel, on va avoir besoin de carburant : un (premier) café ne sera pas du luxe !

Au comptoir, Benoit manie son perco à vitesse grand V, avec des mouvements parfaitement calculés. Il houspille un lambin : « Tu l’as bu, ton serré ? »
Vendeurs sur le carreau**, préparateurs, caristes***, restaurateurs et poissonniers se succèdent pour avaler leur petit noir. Les enchères sont terminées, il va falloir remballer et nettoyer ou repartir avec la marchandise. En attendant, la pause-café, c’est sacré. Tout le monde se connaît ici, Rungis est une famille. D’autres se sont carrément attablés devant des produits de la marée, avec un petit coup de blanc pour faire glisser. La convivialité est de mise et l’ambiance bon enfant …

4h. Sandra, ancienne vendeuse au Pavillon des volailles, distribue blouses blanches et charlottes aux visiteurs. Solidement encadrés et toujours groupés, on évite dehors les camions qui manœuvrent dans tous les sens. Et dans les entrepôts où s’amoncellent poissons, carcasses de viande, fromages, fruits, légumes et fleurs, on se fait tout petits pour ne pas gêner les porte-palettes. Attention aussi où l’on met les pieds, le sol est souvent glissant : « C’est pas le Louvre ici ! », nous rappelle notre guide.

9h. Petit-déjeuner « rungissois » : myriade de produits frais salés et … dernier café !

Pour conclure : une visite idé-halles.

https://www.alamaree.fr

* Depuis le Moyen-âge, la France entière nourrissait la capitale grâce à ses Halles, situées en son coeur (« Le ventre de Paris » si bien décrit par Zola). Mais le manque d’espace et les problèmes d’hygiène les obligent à déménager à Rungis en 1969. Chaque année, 145 000 tonnes de marchandises y transitent à présent pour nourrir 20 millions de personnes. Nuit et jour, 14 000 salariés s’y activent, chacun bien dans son rôle, l’organisation est quasi militaire. Il y a même une crèche ouverte 24h/24 !
** Espace essentiel du Marché de Rungis, le carreau de vente en gros est un emplacement au sol strictement délimité, de 20m2 à 200m2, attribué à un opérateur afin qu’il puisse présenter et vendre ses marchandises aux acheteurs.
*** Conducteurs d’engins (chariots élévateurs etc.) pour déplacer les marchandises (stockage-déstockage).