Kaffeehaus

Le 5 mars 2023
Kaffeehaus, 11 rue Poncelet, 75 017 Paris
De 12h à 19h (13h le dimanche, 10h pour la boutique, fermé le lundi)
Note globale : 15
Situation : 16
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 15 
Café : 14 
Prix d’un café : 2,60 €
Aux mots croisés du jour : « Eau de Cologne » (Wasser)

Cologne accueillait les délégués des Choeurs Franco-Allemands* ce week-end. Ambiance studieuse, tellement que – ça va vous paraître incroyable ! – je n’ai même pas eu le temps de tester un café ! C’est donc de ce côté du Rhin que j’ai cherché un Kaffeehaus et il est tenu par un natif** de … Cologne ! 

Non loin de la place des Ternes, les commerçants d’une rue animée vantent les produits de leurs étals :
« Elles sont bonnes mes oranges, elles sont bonnes ! ». 
De la terrasse de notre boulangerie-pâtisserie, on est aux premières loges pour profiter de cette ambiance de marché. Mais entrons plutôt dans la boutique : au fond, un escalier en colimaçon (raide !) permet d’accéder au salon de thé-restaurant. Parquet clair, tables en bois sculpté, horloges à coucous, tableaux de famille ; on se croirait dans un chalet en Forêt noire ! Une banquette et ses coussins, des livres en allemand, un long tapis : gemütlich*** ! On est un peu serrés, rien de tel pour engager la conversation avec les nostalgiques de la gastronomie d’outre-Rhin …

Avec ces derniers frimas, la tuile-maison servie avec l’expresso ne suffit pas. Qu’à cela ne tienne ! On va se faire une douce violence et l’accompagner, à l’allemande, de Stücke**** de différents gâteaux : Forêt noire (ah ! l’appel de la forêt !), Strudel à la pomme ou au pavot, Streusel aux figues, Käseshane ou Sachertorte. Que du bon ! Mention spéciale à la première, légère et peu sucrée, aux fruits légèrement acidulés et à la chantilly délicatement parfumée au kirsch.
D’aucuns regrettent que la part diminue au fil des années : « Si ça continue, il ne restera plus que la griotte ! »

Pour conclure : coucou à nos amis allemands !

                                               www.kaffeehaus-paris.fr

* La Fédération des CFA regroupe 18 chœurs français et allemands, dont Paris.
** Formé en Allemagne, Ralf Edeler est un pâtissier globe-trotteur : Londres, Bruxelles puis Paris où il travaille notamment avec Pierre Hermé. Elu meilleur pâtissier en 2008, il revient à ses origines 5 ans plus tard avec cette exquise « maison de café » dédiée à « la gastronomie allemande et de l’Est ». Son fils Jeremy l’y a rejoint l’an dernier …
*** Confortable.  
**** Petits morceaux. 




Caffè Greco

Le 26 février 2023
Antico Caffè Greco, Via del Condotti, 286, 00185 Roma (Italie)
De 9h à 21h (10h en hiver) – Photo d’Alberto Pizzoli/Getty
Note globale : 15
Situation : 15
Cadre : 17
Accueil : 14 
Ambiance : 15
Café : 16  
Prix d’un café : 7 € (2,50 € au comptoir)

Aux mots croisés du jour : « Un trafic à base de vols » (aérien)

Une place* fourmillante de touristes, clients argentés dévalisant les enseignes de luxe, vendeurs de marrons grillés et pickpockets à l’affût : notre escapade romaine est loin d’être un long Tibre** tranquille.

Heureusement, des salons feutrés nous offrent une pause bienvenue : ceux du Caffè Greco,établissement ancestral s’il en est***. Sans remonter à  l’antiquité, il date tout de même de 1760. Il doit son nom à son fondateur  grec, qui préparait le café décanté et non filtré comme alors en Italie.

Au XIXe siècle, artistes et écrivains étrangers s’installent dans ce quartier à l’occasion de leur Grand Tour****: le Caffè Greco devient leur salon. Autant dire que quand on s’assied, c’est un bout d’histoire que l’on s’offre. Qui sait : peut-être Liszt ou Goethe ont-ils posé leur séant sur ce siège velouté (et quelque peu défraîchi) ? Mythique, assurément ! Et suranné : petits guéridons marbrés en guise de tables, tentures rouges, miroirs dorés. Et plus de 300 œuvres sont exposées dans une enfilade de salles (9 !), soit la plus grande galerie d’art privée ouverte au public au monde*****. 

Ce matin, ce sont des hommes d’affaires et des touristes (dont nous !) 
Un serveur en queue de pie s’enquiert de notre commande. Du Prosecco pour être raccord avec ce cadre si Rome-antique ? Trop tôt ! Mon cher et tendre opte pour un (onctueux) cappuccino, tandis que je teste un (très raffiné) caffè au gingembre.
Mais tout n’a pas vieilli, les prix sont stratosphériques ! Si votre bourse n’est pas suffisamment garnie, préférez l’espresso pris au comptoir : beaucoup moins cher … et bien plus romain !

Pour conclure : un café à histoire(s)

www.caffegreco.it

* La Place d’Espagne, l’une des plus connues de Rome, avec ses escaliers jusqu’à l’église de la Trinité des Monts.
** Fleuve traversant Rome.      
*** C’est le deuxième plus ancien d’Italie (Le premier étant « le Florian » à Venise).

**** “Le Grand Tour » est le voyage effectué par les jeunes aristocrates pour parfaire leurs études alors fondées sur les humanités grecques et latines. En Italie avant tout, mais aussi en France, aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Suisse. Au XIXè, il est l’apanage des amateurs d’art, collectionneurs et écrivains, dont Goethe et Alexandre Dumas.
On les retrouve sur les médaillons, plâtres et miniatures de la salle Omnibus où un groupe d’érudits se réunit chaque mois depuis 1940, pour publier des études relatives à la Capitale : la tradition littéraire perdure ainsi … 

***** La société Antico Caffè Greco a développé un parcours numérique pour la publication progressive sur les réseaux sociaux et le site web de la collection : peintures, bustes, bas-reliefs et statuettes reproduisant les visages des nombreux clients mais aussi, sonnets, notes, croquis et photos. Cf. Andersen, Apollinaire, Baudelaire, Berlioz, Bizet, Byron, Casanova, Goethe, Liszt, Mendelssohn, Strauss, Stendhal, Wagner, pour n’en citer que quelques-uns.




Angelo

Le 19 février 2023
Angelo Caffè, Via Venti Settembre, 25, 00185 Roma (Italie)
De 6h à 18h (7h à 15h le WE)
Note globale : 15
Situation : 12
Cadre : 12
Accueil : 17
Ambiance : 17
Café : 17
Prix d’un café : 1 €  (Capuccino : 1,30 €)

Aux mots croisés du jour : « Bon gardien » (ange)

L’ange a son café : chez Angelo, dans le quartier des Ministères. Bon, ce n’est pas la Place Navone*, mais on est à deux pas de celle de la République et de Termini**.
Autant dire que les clients sont nombreux : ouvriers, artisans et employés des Ministères, mais aussi touristes à l’arrivée ou au départ. Ils sont légion à s’y précipiter.
Rush dans la ruche : dès l’ouverture, ils affluent par grappes entières au comptoir.
Les conversations vont bon train (la gare est à deux pas !)
Pourtant, même si elle est parfois un peu débordée, l’équipe reste souriante :
pas de stress, pas de flottement, une synchronisation parfaite (Mais comment font-ils ??!) 

Au milieu de cet afflux, on tente de passer commande dans un savant mél-ange d’anglais et de gestes. Heureusement, l’un des serveurs comprend qu’on est français ; il nous écoute avec une patience d’ange et prend les choses en main.

Une table se libère – elles sont peu nombreuses (on est dans un bistro typique de Rome avec ses contraintes d’espace !) et aussi hautes qu’étroites.
La salle est toute en longueur, mais claire avec ses carrelages bleu azur et ses baies vitrées. 
Notre ange gardien nous a repérés et nous apporte nos précieux nectars : point de Latte pour mon cher et tendre, mais un Capuccino qui s’en rapproche étonnamment, sans poudre de cacao et crémeux à souhait. Quant à moi, je savoure un espresso haut en saveurs …

Les ventres creux se régalent de spécialités préparées sur place avec des produits locaux : 
panini, petits biscuits traditionnels, cornetti***, fruits et même … english breakfast pour les inconditionnels 😉
Le tout à des prix toujours doux et populaires !

Pour conclure : allez-y, vous serez aux anges !

             https://www.facebook.com/dangelogastronomia/?locale=it_IT

* Elle est considérée par certains comme LA plus belle place de Rome. C’est en tout cas, la plus grande et surtout une des plus prisées ! Construite sur un ancien stade qui pouvait accueillir plus de 30 000 personnes au 1er siècle, l’architecture baroque y domine aujourd’hui. Autour de ses 3 fontaines, artistes et musiciens y créent par ailleurs une ambiance chaleureuse et festive.
** C’est la principale gare de Rome et la plus importante d’Italie (800 trains et 480 000 voyageurs chaque jour). 
*** A Rome, il ressemble à un croissant, mais ce n’est pas un croissant ; ce n’est pas une brioche non plus : c’est un cornetto (au pluriel, des cornetti). On le choisit au sucre, à la crème, à la confiture ou au chocolat.




La Manufacture

Le 12 février 2023
La Manufacture, 62 bd des Gobelins, 75 013 Paris
De 7h à minuit (8h à 23h30 le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 13 
Ambiance : 14
Café : 13  
Prix d’un café : 2,40 €

Aux mots croisés du jour : « Ne sont pas imprimés pour être lus » (Tissus)

La « Manufacture Royale des meubles et des tapisseries de la Couronne », c’est ce majestueux bâtiment où les meilleurs tapissiers, peintres, orfèvres, graveurs et ébénistes du Royaume avaient été regroupés par Colbert dès 1662*.
Actuellement dédiée à l’approvisionnement en tapisseries et tapis des palais officiels de la République, il est possible (et instructif !) de visiter les coulisses de ses ateliers de restauration*.

Quelques mètres plus haut, c’est une autre Manufacture qui nous attend … qui n’en a pas moins un lien avec la précédente : pour un peu, on se croirait dans l’atelier d’un de ses artisans. Les inscriptions d’« artiste cartonnier » et « maître licier tapissier » sont d’ailleurs toujours gravées sur le mur. Au fond, d’anciennes armoires dont les vitrines grillagées laissent apparaître de nombreuses fioles de teinture. Elles disposent aussi de longs et fins tiroirs aux vieilles étiquettes indiquant (dans une superbe écriture cursive tracée à la plume !) les noms des couleurs : « jaune caille », « jaune souffre », « jaune de Naples » etc. Quelques gros radiateurs en fonte et meubles rétro complètent le décor, ainsi que … d’énormes nounours, nombreux, et parfois installés dans des positions acrobatiques !

Des ouvriers s’accoudent au zinc, tandis que les habitués retrouvent leur place en salle … et les accros à la cibiche** celles en terrasse : c’est un bistrot populaire qui semble rallier tout le quartier .
Mon cher et tendre apprécie la mousse du crème, de bonne qualité (de plus en plus difficile à trouver !), mais le café lui-même a plus de force que de saveur ; je dirai même plus : il faut pas le chercher !

Pour conclure : un café de bonne facture.

          https://www.oubruncher.com/brunch-la-manufacture-75013-7592.php

* Au milieu du XVè siècle, Jehan Gobelin était un teinturier de laine réputé, installé près d’un moulin sur la Bièvre, connue pour ses qualités tinctoriales. Ses descendants agrandissent les ateliers qui sont rachetés en 1662 par Colbert, Ministre de Louis XIV, pour en faire une Manufacture Royale.
**  Terme ancien et familier pour désigner une cigarette.

 




Tram

Le 5 février 2023
Tram, 47 rue de la Montagne Sainte-Geneviève, 75 005 Paris
Du mardi au samedi, de 9h à 19h30
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 12
Accueil : 14 
Ambiance : 15
Café : 16 
Prix d’un café : 2,80 €

Aux mots croisés du jour : « Toujours à la page » (Livre)

« Tram » : le moyen de transport pour s’y rendre ?
Que nenni ! Le cœur du vieux Paris ne s’y prête pas,
ni encore moins cette pittoresque ruelle de la montagne Sainte-Geneviève.
Alors, un nom en lien avec celui de sa créatrice ?
Sans doute, puisqu’elle s’appelle Marion Trama.
Il évoque aussi la trame d’un roman* ou celle d’une imprimerie**.
En août 2020*** justement, notre entrepreneuse a fermé son bistrot de la rue du Cherche-Midi pour ouvrir ce café-librairie … ou librairie-café. 

Au pied d’un bel immeuble XVIIIè****, une devanture bleu nuit avec deux entrées :

  • Celle du coffee-shop, où les amateurs apprécient l’excellent café d’un grand torréfacteur italien*****, préparé avec une Marzocco, rolls des machines et italienne elle aussi ! Pour l’accompagner, le père de notre gérante – ancien étoilé Michelin, excusez du peu ! – propose une carte courte mais alléchante, avec son célèbre croque-monsieur rehaussé de sel à la truffe et son tout aussi renommé fondant à la châtaigne. Dommage que le cadre soit aussi austère, ça manque de chaleur !
  • Celle de la librairie, où les férus de nouveautés littéraires dénichent des ouvrages aussi soigneusement sélectionnés que les produits frais. Ici, point de livres à succès, uniquement les coups de cœur des propriétaires : comme quoi on peut être à la fois au four et aux bouquins !
  • Au fond, une troisième salle relie les deux précédentes. Son mur de livres et sa grande table d’hôtes invitent à réunir le sens et les sens. Parfait pour épicer le goût des mots ou dévorer un bon roman. Vous reprendrez bien un petit livre ? 

Pour conclure : un café de caractères.

                                 https://www.facebook.com/tramlibrairiecafe/

* Dans un récit, la trame désigne l’ensemble des événements qui vont survenir et structurer l’histoire.
** En imprimerie, la trame correspond à un maillage de points permettant la reproduction. 
*** Pile entre les deux premiers confinements !
**** C’est là que fut tournée la première scène du Corniaud (film avec Bourvil et de Funès, 1965).
***** Gianni Frasi, « chasseur de haricots » comme il aimait se définir et héritier d’une célèbre famille, torréfacteurs à Vérone depuis 1836.




Cafet’O

Le 29 janvier 2023
Cafet’O*, 31 rue Viala, 75 015 Paris
De 7h30 à 17h (vendredi 18h, samedi 8h-18h), sauf dimanche
Note globale : 15
Situation : 12
Cadre : 15
Accueil : 15 
Ambiance : 15
Café : 16
Prix d’un café : 2,20 €

Aux mots croisés du jour : « Doit son nom à Christophe Colomb» (Colombie)  

A quelques pas du Pont de Bir Hakeim, face à l’hôtel Gustave (la Tour Eiffel n’est pas loin !), cette enseigne a vu le jour il y a quelques mois. Un énième coffee-shop ? Il en a les codes, c’est vrai : déco épurée, musique d’ambiance, boissons de qualité, collations variées, wifi gratuit et service rapide. Mais il est bien plus encore :  

. plus matinal : dès 7h30 au lieu des 9 ou 10h habituels – quand ce n’est pas 11h !
. plus spacieux : 4 petits salons se succèdent, séparés par des cloisons légères.
. plus cosy : jolie porte d’entrée à petits carreaux, bois clair, nombreux lustres en osier, plantes vertes luxuriantes, banquettes de tissu, coussins variés, poêle à bois chaleureux …
. plus exotique : à peine la porte franchie, on quitte Paris pour la Colombie. Nul besoin de réviser son espagnol, ni encore moins de prendre son passeport. La propriétaire maîtrise parfaitement notre langue qu’elle fait chanter avec son accent. 

Il est 8h : elle prépare l’arepa. Car ici, vous ne trouverez ni baguette, ni croissants : on a quitté la capitale, je vous l’ai dit ! C’est donc une galette de maïs accompagnée de lentilles et de riz qui fait office de petit-déjeuner.
Vous préférez du pain ? Ils sont d’une grande variété**.
Une pâtisserie ? Les signatures-maison vous attendent sous leurs cloches. 
Et puis, bien sûr, l’incontournable café tinto***, car le réveil sonne tôt dans les Andes (d’où l’ouverture dès potron minet !) Rond, équilibré et d’une grande douceur, il a une petite note de cacao … 
A midi, l’ardoise annonce une entrée et un plat (de quoi en faire sa petite cantine !) et pour le soir, on peut s’approvisionner en produits locaux au coin épicerie.

Nouveau mais déjà plébiscité si l’on en croit l’affluence les deux fois où nous sommes passés : des latinos bien sûr mais aussi des touristes. L’ambiance reste tranquille ; les différents espaces y sont sans doute pour quelque chose, le fond musical aussi …

Pour conclure : un café O top !

https://www.thefork.fr/restaurant/cafet-o-r732366

* Cafeto = caféier.
** « Pandeyuca », fait de farine, yucca et fromage, « pandebono », de farine de maïs, manioc et fromage ou bien « empanada », petit chausson en pâte à pain farci de légumes, viande ou fruits (celui à la goyave est un délice !)
* Café noir. NB. La Colombie est le troisième plus gros producteur de café au monde derrière le Brésil et le Vietnam. Pour 2022, sa production est estimée à plus de 13 millions de sacs de 60 kg de grains. Son café est l’un des plus réputés grâce à ses conditions optimales de culture : climat tropical, sols riches en nutriments et altitude comprise entre 1000 et 2000 m.




Le Progrès

Le 22 janvier 2023
Le Progrès, 7 rue des Trois frères*, 75 018 Paris
Tous les jours, de 9h à 2h
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 13
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 2,30 € 

Aux mots croisés du jour : «  On ne peut l’arrêter » (le progrès)

Le Progrès, c’est maintenant et tout de suite ! Au détour d’une petite grimpette à l’occasion de nos pérégrinations du jour, on a découvert sa devanture à l’ancienne sur une petite place animée. Croquignolet : de quoi nous donner envie d’entrer ! 

La salle n’est pas bien grande mais sa belle hauteur sous plafond lui donne du volume et ses immenses baies vitrées font entrer la lumière. Elle ne manque pas de charme non plus avec sa déco vintage (attention, je n’ai pas dit « vieillotte » !) : quelques tables et un comptoir de bois, une vieille caisse enregistreuse avec, aux murs, de grands panneaux d’inspiration art nouveau**. 

Pas facile de trouver une place. Typique de Montmartre et de la vie parisienne, avec son ambiance simple et conviviale, cette adresse est un incontournable pour les habitués et visiteurs de passage. Heureusement, le serveur, aussi aimable qu’efficace, nous dégotte un petit coin de banquette d’où on aperçoit, ô surprise, les clochetons du Sacré-Cœur : c’est la griotte sur le Strudel*** ! 

Notre commande arrive bientôt : café tout à fait honorable, belle mousse sur le crème et brioche perdue … pas pour tout le monde ! Visiblement, du fait-maison. De quoi nous donner envie de revenir pour tester l’une des recettes de la Grand Mère du Patron : par ces températures glaciales, on tenterait bien l’os à moelle ou le choux farci pour retrouver le décor pittoresque et chaleureux de ce bistro qui a su, dans ce quartier devenu ultra touristique, rester authentique. 

« Le vrai progrès, c’est une tradition qui se prolonge » écrivait Michel Crépeau**** : il ne croyait pas si bien dire …

Pour conclure : un bon « butte » de promenade.

https://www.facebook.com/leprogresmontmartre/

Une pensée aux 3 miens ! 😉
**  Style artistique qui se développe dès la fin du XIXe siècle, d’abord en Belgique et en France, qui s’épanouit dans l’architecture et les arts décoratifs. 
*** Equivalent de « la cerise sur le gâteau » … pour l’alsacienne que je suis !
**** Avocat et homme politique, plusieurs fois ministre (1930-1999).
***** Cf. La butte Montmartre, point culminant de la capitale avec quelques 130 mètres d’altitude. 




L’Argument

Le 15 janvier 2023
L’Argument, 121 rue de la Convention, 75 015 Paris
Tous les jours, de 7h à 1h 
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 13
Accueil : 15
Ambiance : 14
Café : 14  
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : «  Frappe parfois » (Argument)

L’argument pour y aller : sa proximité des cinémas et sa terrasse à l’angle de deux rues.
Envie de l’effervescence bouillonnante de la ville ? Et hop, une chaise côté Convention !
Besoin de tranquillitude* ? Réfugiez-vous côté Bocquillon !

L’argument pour y entrer : sa déco soignée et confortable : on s’enfonce dans les deux fauteuils-club de l’entrée, protégés par d’épais rideaux. Des matériaux naturels (bois, cuir, pierre), des couleurs chaudes, une verrière-miroir, tout ce que j’aime ! 
Au fond, une flèche indique « L’atelier de fabrication » (= cuisine) et dans les (spacieuses) toilettes, on trouve même – avis aux bébés ! – une table à langer.

L’argument pour y rester : son service traditionnel à la française … mais pas à la parisienne : prévenant et souriant. On félicite notre serveur :
– C’est parfait !
– J’essaie de l’être, répond-il avec un clin d’oeil.
Le patron ne manque pas d’humour non plus. C’est lui qui, après le confinement, indiquait sur une ardoise à l’entrée, que le masque était obligatoire … en donnant le numéro de l’Elysée pour ceux qui n’étaient pas d’accord !

L’argument pour s’y attarder : son ambiance de bistro parisien, fréquenté par ceux qui travaillent dans le coin le midi puis pour un verre entre collègues en fin de journée, par les gens du quartier le soir. Ce matin, il y a du monde au comptoir : 8 agents de la Ville de Paris s’y sont retrouvés pour commencer la journée. Et la musique est aussi animée que les conversations : du rock des années 60 !

What else ?*** Le café, of course ! Sans être transcendantal, il est de bonne facture … et servi dans une jolie tasse colorée.

Pour conclure : des arguments à faire valoir …

https://www.largument.fr

* Clin d’œil à Ségo** et sa bravitude.      
** Ségolène Royal, quand elle s’était présentée à la Présidentielle de 2007.
*** Cf la célébrissime publicité de Nescafé du non moins célébrissime acteur Georges Clooney.V




Chanceux

Le 8 janvier 2023
Chanceux, 57 rue Saint-Maur, 75 011 Paris
De 8h30 à 17h (D à Ma) ou minuit (Me à S), 10h le dimanche 
Note globale : 14+
Situation : 13
Cadre : 13
Accueil : 16 
Ambiance : 15
Café : 16  
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : «  Vert de terre » (Ecolo)

Chanceux, les habitants du quartier Saint-Maur : l’ancien salon de tatouage a été transformé l’an dernier en coffee shop-restaurant-caviste-épicerie (d’aucuns parlent même d’« épicetuerie » !) Tout ça dans un même (petit) lieu ; un concept très répandu aux Etats-Unis qu’ont voulu reproduire ici le couple de fondateurs. Farah qui, en cuisine, nous fait découvrir de nouvelles saveurs chaque semaine à partir de produits frais et de saison. Et Thomas qui, en salle, assure le service ; ancien torréfacteur*, il veille tout particulièrement à la qualité du café. A noter par ailleurs que les fromages de chèvre sont ceux de son agriculteur de père.

Dès l’extérieur, les caissettes de poires (pour la soif !) et de potimarrons exposés sur le banc donnent le ton.
Et à travers la grande baie vitrée, on aperçoit d’autres cageots de fruits sur des parpaings et une vitrine de fromages et charcuteries faisant office de comptoir. Un mur de briques, une échelle de jardin croulant sous les tresses d’ail, des étagères remplies de bouteilles ou bocaux et une dizaine de tables : le cadre est brut mais chaleureux et provincial.

C’est convivial, et l’accueil suit : sourire, bonne humeur et totale gentillesse. 
A peine installés, on nous sert des verres d’eau en nous laissant la carafe (rare !)
Je commande un expresso – méfiante (ne sont-ce pas des bobos-blabla-bios ?), mon cher et tendre son Latte.
La surprise est bonne, je dirais même plus, très bonne : mea culpa **, ce sont des pros !
Les clients ne s’y trompent pas qui viennent nombreux :
des bandes de copains, des familles du coin … et des touristes venus (comme nous !) pour l’expo Tintin*** !

Pour conclure : une chance à saisir !

https://fr.newtable.com/restaurant-chanceux-6391.php

* Pour améliorer la notoriété du café français, il avait crée « Belleville Brûlerie », entreprise de torréfaction bien connue.
** Expression d’origine latine, Mea culpa signifie « ma faute » ou « mon erreur », c’est une reconnaissance d’avoir mal agi.
*** « Tintin, l’aventure immersive » est une création unique conçue pour l’Atelier des Lumières, premier centre d’art numérique (38 rue Saint-Maur). Du 21 octobre au 22 janvier, elle propose, aux petits et aux grands (« de 7 à 77 ans »), de (re)plonger dans l’univers créatif et fictionnel d’Hergé, l’un des plus grands auteurs de bande dessinée du XXe siècle.




L’Imprévu

Le 1er janvier 2023
L’imprévu, 30 bd Bonne Nouvelle, 75 010 Paris
Tous les jours de 8h à 2h 
Note globale : 13
Situation : 15
Cadre : 13
Accueil : 8 
Ambiance : 15
Café : 14  
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Planches à billets » (théâtre)

Comme lui*, j’aime flâner sur les grands boulevards, 
Y a tant d’cinés, tant de théâtres**, tant de cafés pour boire.
J’en ai choisi au hasard : « L’imprévu » et sa terrasse
En retrait des voitures et passants trop pressés, 
Inattendu avec ses chaises en osier
Recouvertes de fourrures moelleuses à souhait,
Où, tranquillement installés,
On en oublie le temps qui passe …

Un lendemain de Saint Sylvestre
La coupe (de champagne) est pleine :
On préfère l’café sans conteste
Et les belles bulles d’la mousse du crème …
Trop tôt pour croiser, à l’improviste, des acteurs,
Mais les touristes américains ne boudent pas leur bonheur :
Improbable, leur petit déjeuner, œufs au plat sur viande grillée
avec frites aux truffes et jus d’oranges pressées.

« Meilleurs voeux 2023 ! » s’enthousiasme un habitué ;
« Pour passer une bonne année », bougonne le patron,
« Il faut faire des efforts qui sont payants dit-on, 
Mais moi qui avais du mal à en faire, si en plus il faut payer … »
On n’est pourtant tout près d’une Bonne Nouvelle, 
D’une belle rencontre, d’une jolie ritournelle,
Des lumières scintillantes et de grands espoirs, 
C’est pour ça qu’on aime flâner sur les grands boulevards …

Pour conclure : début d’année … Imprévu.

https://youtu.be/BXPAdwQ4YZs

* Yves Montand chantant « J’aime flâner sur les grands boulevards » (1950).
** Le Grand Rex (salle de cinéma aussi mythique que gigantesque, inscrite aux monuments historiques), le Gymnase (célèbre théâtre accueillant jusqu’à 800 spectateurs depuis 1820) et le Jamel Comedy Club (scène accueillant de jeunes talents pour des spectacles d’humour ou de world music).