12/02/2023
La Manufacture
Le 12 février 2023
La Manufacture, 62 bd des Gobelins, 75 013 Paris
De 7h à minuit (8h à 23h30 le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 13
Ambiance : 14
Café : 13
Prix d’un café : 2,40 €
Aux mots croisés du jour : « Ne sont pas imprimés pour être lus » (Tissus)
La « Manufacture Royale des meubles et des tapisseries de la Couronne », c’est ce majestueux bâtiment où les meilleurs tapissiers, peintres, orfèvres, graveurs et ébénistes du Royaume avaient été regroupés par Colbert dès 1662*.
Actuellement dédiée à l’approvisionnement en tapisseries et tapis des palais officiels de la République, il est possible (et instructif !) de visiter les coulisses de ses ateliers de restauration*.
Quelques mètres plus haut, c’est une autre Manufacture qui nous attend … qui n’en a pas moins un lien avec la précédente : pour un peu, on se croirait dans l’atelier d’un de ses artisans. Les inscriptions d’« artiste cartonnier » et « maître licier tapissier » sont d’ailleurs toujours gravées sur le mur. Au fond, d’anciennes armoires dont les vitrines grillagées laissent apparaître de nombreuses fioles de teinture. Elles disposent aussi de longs et fins tiroirs aux vieilles étiquettes indiquant (dans une superbe écriture cursive tracée à la plume !) les noms des couleurs : « jaune caille », « jaune souffre », « jaune de Naples » etc. Quelques gros radiateurs en fonte et meubles rétro complètent le décor, ainsi que … d’énormes nounours, nombreux, et parfois installés dans des positions acrobatiques !
Des ouvriers s’accoudent au zinc, tandis que les habitués retrouvent leur place en salle … et les accros à la cibiche** celles en terrasse : c’est un bistrot populaire qui semble rallier tout le quartier .
Mon cher et tendre apprécie la mousse du crème, de bonne qualité (de plus en plus difficile à trouver !), mais le café lui-même a plus de force que de saveur ; je dirai même plus : il faut pas le chercher !
Pour conclure : un café de bonne facture.
https://www.oubruncher.com/brunch-la-manufacture-75013-7592.php
* Au milieu du XVè siècle, Jehan Gobelin était un teinturier de laine réputé, installé près d’un moulin sur la Bièvre, connue pour ses qualités tinctoriales. Ses descendants agrandissent les ateliers qui sont rachetés en 1662 par Colbert, Ministre de Louis XIV, pour en faire une Manufacture Royale.
** Terme ancien et familier pour désigner une cigarette.
12/04/2020
Coronavirus Café / 4
Dimanche 12 avril 2020
Disparus les nounours* des Gobelins ? Non, confinés … comme nous !
Au 25 de l’avenue, le premier de ces plantigrades en peluche parcourt toujours le numéro du « Journal de Paris »
du 21 novembre 2018, date à laquelle il fit la une. Philippe, un humaniste, voulait « amener le sourire aux riverains
et combattre la morosité ». Puisant dans sa propre b-ourse, il en avait ainsi acquis une cinquantaine pour les installer
dans sa librairie, les distribuer à ses compères** ou les prêter à des gobeliniens***. Devenu viral, le phénomène
s’était alors propagé dans tout le quartier et même au-delà … jusqu’au Japon !
Avec le climat anxiogène généré par la pandémie, il a jugé plus que jamais nécessaire d’offrir un peu de douceur
et d’humour. Et quoi de plus apaisant qu’un nounours qui nous rappelle le compagnon de notre enfance ?
Ou Baloo chantant qu’« il en faut peu pour être heureux ». De quoi nous aider à prendre notre mal en patience …
Il les a donc remis au goût du jour : ses nounours font leurs courses de première nécessité, en respectant, bien sûr,
le mètre de distance réglementaire. Et les affichettes « confinement » ou « distanciation » scotchées sur leurs jolis bedons, rappellent les conseils de prudence.
D’autres apparaissent aux fenêtres à 20h pour applaudir les soignants.
Et alors que nous ne sommes plus autorisés à fréquenter les troquets depuis 4 semaines (et donc d’en tester de nouveaux pour nos lecteurs !!), les nounours sont les seuls à pouvoir y rester.
Au Café de la Manufacture, QG des instigateurs de ce projet, l’un est toujours au comptoir tandis que deux autres sont assis contre la baie vitrée : le derrière bien au chaud contre les radiateurs en fonte, ils saluent discrètement les rares passants
qui se pressent sur l’avenue.
Mais certains de nos ursidés présentant les symptômes du coronavirours, le bistrot a dû être réquisitionné pour permettre les dépistages nécessaires. L’éminent Dr Raours a été appelé à la rescourse et se démène à présent pour tenter de pourfendre le mal avec son traitement à la mieloquine. Nul doute qu’avec ce régime, ils reprennent du poil de la bête.
Pour conclure : un café dans la c-ourse.
https://www.facebook.com/nounours.gobelins.paris
* Peluches géantes de 1,34m et 4,9 kg – et même 2,40m pour leur patriarche !
** Michel le pharmacien, Eric le caviste, Guilhem le photographe, Gaëlle la serveuse et Jérôme le jeune patron du café
« la Manufacture ».
*** Le libraire les envoie gratuitement en immersion dans les magasins environnants ou chez les riverains.
Il suffit de lui demander par mail (lesnounoursdesgobelins@gmail.com), venir le chercher et partager sa vie pendant
48 heures en prenant des photos du nounours en situation pour les lui envoyer … sachant que la photo publiée la plus vue fait gagner un nounours des Gobelins.
10/02/2019
La Manufacture de Café
Le 10 février 2019
La Manufacture de Café, 12 rue Saint Sabin, 75 011 Paris
De 8h30 à 19h00 (Samedi 19h30, dimanche 9 à18h, fermé le lundi)
Note globale : 17
Situation : 13
Cadre : 16
Accueil : 19
Ambiance : 17
Café : 19
Prix d’un café : de 2,50 € (assemblage Signature) à 15€
Aux mots croisés du jour :
La meilleure def’: « Il broie du noir » (torréfacteur)
Après la Manufacture du Chocolat, Alain Ducasse, célèbre chef étoilé, a inauguré celle du café dans le même quartier de la Bastille ; c’était vendredi ! Parce qu’il est l’ultime plaisir gustatif d’un repas, il a voulu en savoir plus : visite de plantations, échanges avec des torréfacteurs … une nouvelle passion est née.
« Comme en cuisine, la torréfaction est une cuisson ; un art hautement technique dans lequel il faut beaucoup de sensibilité et un peu de magie ». De la sélection des crus à leur préparation, il y a mis son exigence de la grande cuisine et inventé, à l’instar de la gastronomie, la « cafénomie* ».
Quelles bonnes effluves ! On approche ! Une architecture métallique ; trois espaces : vente, production et dégustation.
Pas de tables mais un comptoir en étain, plus convivial, derrière lequel officie Tom, ancien joueur de rugby professionnel reconverti après un accident.
Notre « cafelier » prépare nos boissons avec minutie : il trie les grains un par un, les pèse et les mouds avec une extrême précision, tout en nous détaillant les étapes du grain à la tasse : un passionné ! Tellement, qu’il vient de remporter le championnat de France de barista le 30 janvier : devant 4 juges certifiés – comme vous, sourit-t-il en nous désignant avec les deux autres consommateurs – il a été évalué sur le goût, la créativité, la compétence technique, la présentation générale de ses expressos. Et fort de cette réussite, prépare celui du monde, le 10 avril prochain !
Mon assemblage « Signature » – un véritable nectar ! – semble flotter dans sa tasse à double paroi, transparente et design. Le cappucino de mon cher et tendre est servi avec une cuillère évidée pour remuer le sucre sans casser la crème : jusqu’au moindre détail ! Pour les accompagner, une mini tablette de chocolat noir et une madeleine parfumée au citron vert tout juste sortie du four et d’une légèreté incroyable : divin !
Pour conclure : menue facture pour un café d’exception.
https://www.lecafe-alainducasse.com
* Connaissance et art du café, du grain à la tasse.
** Terme inventé (et déposé) par Ducasse pour désigner celui qui conjugue l’expertise du café et le sens du service.