16/05/2021
Pourboire …
Corona Café / 36
Dimanche 16 mai 2021
A nous le petit noir en terrasse ! Ce sera mercredi* : il était temps ! Les cafetiers n’en peuvent plus, ils sont à sec. Ils vont vraiment avoir besoin de pourboires.
Ca tombe bien, les clients reviennent pour boire et nombre d’entre eux paieront en liquide.
Certains refusaient de verser un pourboire en verre et contre tout – voire préféraient être mal servis pour l’économiser ! D’autres faisaient les malins et demandaient un verre d’eau pour déclarer ensuite : « Gardez, c’est pour-boire ! ». Mais beaucoup laissaient quelques pièces … ou plus : des serveurs arrivaient ainsi à doubler leur salaire !
Problème : les donateurs les plus généreux sont souvent les plus âgés (donc pas éternels !) et avec l’avènement des cartes bancaires**, le pourboire se fait plus rare.
Comment en récupérer ? Un serveur, qui a de la bouteille, nous livre ses secrets :
- Souriez, c’est la base !
Gare au sale-air, les clients viennent pour passer un bon moment.
Et puis, présentez-vous. Si vous annoncez : « Bonjour, je m’appelle Félix***, c’est moi qui m’occupe de vous ce midi ; avez-vous une idée de ce que vous voulez commander ? », vous recevrez 30 % de plus que si vous prenez juste la commande.
Et si vous avez un accessoire (cravate ou autre), encore davantage ! - Regardez vos clients, ils verront que vous êtes attentif à leurs besoins.
Répétez la commande, c’est un gage de compétence (augmentation de 68% !) ; accessoirement, cela vous évitera d’éventuelles erreurs ! - Manifestez votre considération, cela influencera positivement vos clients.
On a tendance à aimer ceux qui nous estiment,
ils seront donc instinctivement dans une disposition favorable.
Félicitez-les pour leur choix en notant leur commande ou adressez-leur un message agréable : “C’était un plaisir de vous servir ce midi, passez une très belle journée”. - Créez une bonne ambiance (toujours dans la juste distance !) : faites un bon mot, racontez une histoire drôle ou trouvez des points communs avec votre client.
Et mettez-vous les petits d’hommes dans la poche s’il y en a, leurs géniteurs seront conquis ! (coloriages, tours de magie etc.) - Soignez la touche finale : les recherches montrent qu’on est très fortement influencé par ce qu’on a vu ou entendu en dernier. Cela impacte donc le pourboire :
ajoutez une douceur, griffonnez un smiley ou un « Merci » sur la note … ou annoncez simplement du beau temps !
* Après 37 semaines de fermeture depuis mars 2020 !
Il faudra attendre le 9 juin pour l’intérieur et le 30 juin la fin du couvre-feu.
** En France, le pourboire ne peut être intégré à la facture.
Pourtant, la machine peut proposer d’en indiquer le montant avant d’entrer son code, comme c’est l’usage au Québec par exemple.
*** Ce prénom est issu du latin et signifie « heureux ».
11/11/2020
Cafetiers reconfinés
Dimanche 8 novembre 2020
Les cafetiers ? Ils sont comme nous : reconfinés !
Depuis 10 jours et pour un mois au moins.
Dans leur bistrot, un cafetier et sa cafetière sont désespérés …
Roger
– A quoi y sert maintenant, le père Colateur ?
Gisèle
– Ouaih, y’en a marc : c’est pas un grain qu’on s’prend, c’est une tornade.
Roger
– Et café le gouvernement, hein, tu peux m’le dire ? ?
Gisèle
– Ah ça, pour nous écraser, ils ont mis le paquet.
Roger
– Maintenant mon rad, il est en rade ; y s’rendent pas compte :
c’est qui qui va payer les traites ? Y en a pour 2000 sacs ! Pourtant, j’ai de la bouteille …
Gisèle
– T’en as même plusieurs !
Roger
– Eh ben la coupe, elle est pleine.
Gisèle
– Et la tasse vide.
Roger
– La caisse surtout. Avec ça, la pression, elle est au max.
Gisèle
– Et la dépression pas loin.
Roger
– J’travaille plus mais j’suis moulu. Plus d’café, c’est la bière, direct !
Gisèle
– Faut quand même pas voir tout en noir, Roger.
Roger
– Les clients ont pas l’droit d’rentrer, nous on n’a pas l’droit d’sortir :
où qu’c’est qu’tu la vois, la lumière, toi ?
Gisèle
– C’est vrai qu’nous interdire d’ouvrir, c’est fort de café quand même.
Roger
– J’en ai ras la cafetière : s’il vient le ministre, j’vais lui parler sans filtre, moi.
Mon café, y vaut plus rien : y a rien contre quoi je peux le troquer.
Gisèle
– T’as raison, parce qu’si ça continue comme ça, on va finir par la boire, la tasse.
Roger
– Si j’peux plus la préparer, j’vais la faire parler, moi, la poudre.
Et quand j’s’rai mort, c’est allongé que j’le prendrai mon café !