Baroche

Le 5 décembre 2021
Baroche, 101 rue La Boétie, 75008 Paris
Du lundi au samedi de 7h à 2h.
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 15
Accueil : 13
Ambiance : 14
Café : 13 
Prix d’un café : 2,60 € 

Aux mots croisés du jour : « Il est impérial en Chine » (pâté)

 

« Baroche David : 4è ! »
Il est au pied du podium. Lauréat, non pas d’un concours de baristas mais du (très sérieux) championnat du monde de pâté en croûte. Car ce jeune quadra est un charcutier mayennais. Il a hérité de son père et de son grand-père dont il a repris le métier, l’amour du cochon.
Et puis, au service militaire, il est affecté à la cuisine de Matignon* … et y prend goût. Avec sa femme**, ils reprennent le Café du Théâtre puis, en 2011, cet ancien restaurant chinois à l’angle de deux rues hyper fréquentées***.

D’abord la déco : un style contemporaino-vintage****, vieilles pierres aux murs, mobilier chiné, fauteuils et canapés « club » confortables. Sans oublier quelques tentations culinaires qu’on ne peut manquer : l’énorme pain Gosselin trône dès l’entrée et de généreux jambons***** pendent au-dessus du comptoir.

Si l’on en croit les habitués, parmi lesquels de nombreux pros de la restauration dont le chef des cuisines de l’Elysée, on y mange bien. Pour peu qu’on ait un portefeuille quelque peu garni : on est quand même dans le Triangle d’or ! (= loyer stratosphérique !)
Le café est moins leur tasse de thé – si j’ose dire !-, il manque un peu de finesse. Dans une jolie tasse noire siglée Florio, accompagné d’un spéculoos et d’une carafe d’eau, il est servi avec diligence et amabilité.

Alors exit les Champs et ses attrape-touristes ! Vous voulez vous poser dans un endroit confortable et humain ?
Quittez la célèbre avenue : c’est à quelques mètres i

Pour conclure : d’excellentes charcuteries servies par des gens bons.

http://www.baroche.paris

* Lionel Jospin est alors Premier ministre de Jacques Chirac lors de la cohabitation (Juin 1997 – mai 2002 : presque 5 ans !)
** Cuisinière de métier, elle est diplômée de l’école Ferrandi, qui forme l’élite de la gastronomie et de l’hébergement.
*** Rue La Boétie et rue de Ponthieu. 
**** Ne cherchez pas dans le dictionnaire : je viens de l’inventer ! = vintage et contemporain à la fois (j’adore !)
***** Jambons de Belota Ibériques de los Pedroches, pièces uniques de qualité protégées par l’appellation d’origine.




Zouzou

Le 28 novembre 2021
Zouzou, 8 rue Léopold Bellan, 75002 Paris
Du lundi au vendredi de 9h à 17h, samedi (brunch) de 10h à 18h.
Note globale : 12+
Situation : 12
Cadre : 11
Accueil : 11
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 2,40 €

Aux mots croisés du jour :
« Souvent pressée dès le réveil » (orange)

 

Zouzou : l’héroïne* du film ? Non, un coffee-shop voisin de la grouillante rue Montorgueil qu’on a repéré samedi dernier.
Il était plein comme un œuf : bon signe ! 

A l’ouverture aujourd’hui, pas un chat ! Première question avant même d’entrer : « Vous avez réservé ? »
Heu … Ouf, comme il est tôt, on a l’autorisation de s’installer.
Le cadre est comme l’accueil : fonctionnel et dépouillé. Pas plus que de sourire, on ne trouve de plantes vertes, coussins ou tableaux colorés. A trop vouloir épurer et se concentrer, il manque l’essentiel : un peu d’âme ! Pourtant, si la patronne** quitte l’industrie du luxe en 2017, c’est – renseignements pris – pour être « au cœur de l’humain et du rapport à la nature ».

Une superbe Marzocco*** me rassure néanmoins : avec une telle bécane, mon expresso ne peut être qu’à la hauteur, d’autant qu’il est préparé avec un café de spécialité. Mais mon cher et tendre fait grise mine : ni dessin, ni même mousse sur son Latte servi dans un verre tristement banal. Décidément, ce n’est pas notre jour !

Coup d’œil sur la carte : courte (ce qui est en général de bon augure) et inventive, elle change quotidiennement. Aujourd’hui, le jus de fruits réalisé sur commande est à base de pommes-poires-gingembre, le moelleux (qui attend sagement sous sa cloche de verre) aux noisettes et au caramel, et le brunch doit être fameux … si l’on en croit les clients qui arrivent à présent par grappes.

Les habitués s’agglutinent au comptoir, une (nombreuse) famille réquisitionne la table d’hôtes tandis que des duos investissent les banquettes. L’ambiance devient nettement plus chaleureuse.
La devise de Zouzou ? « Good food = good mood ! »  Mais cette bonne humeur, c’est surtout aux consom’acteurs qu’on la doit.

Pour conclure : des recettes qui font recette.

www.zouzoucafe.com

* Qui a donné son nom au film réalisé par Marc Allégret en 1934, avec Joséphine Baker et Jean Gabin.
** A 59 ans, Sophie Lambert est une passionnée de cuisine. Elle s’est inspirée des coffee-shops australiens, pour proposer,
avec sa fille et le chef-cuisinier, non seulement un bon café mais aussi de petits plats bios, faits maison, frais et de saison.
*** Machine à café expresso haut de gamme produite par l’entreprise italienne du même nom, fondée en 1927 à Florence.




Joe & the juice

Le 21 novembre 2021
Joe & the juice, 92 avenue Victor Hugo, 75116 Paris
Tous les jours de 8h à 20h
Note globale : 10
Situation : 13
Cadre : 11
Accueil : 5
Ambiance : 7
Café : 14 
Prix d’un café : 2,60 €

Aux mots croisés du jour :
« Libéré au bénéfice du doute » (euh)

 

Joe & the juice ? Kaspar (et non Joe !) en a l’idée en 2002, en découvrant les nouveaux cafés présents dans les magasins de Copenhague. Il quitte son agence de publicité et crée un bar à jus dans la boutique de vêtements de ses amis. Elle devient coffee shop et sandwicherie à base de produits sains, dans une ambiance urbaine pour millennials*.
Depuis, la marque ne cesse de se développer : New-York, Londres, Singapour, Séoul, Hong Kong. En France, elle débarque àl’aéroport de Nice, puis sous la coupole des Galeries Lafayette** en décembre 2019, et ici l’an dernier.

Gros tuyaux au plafond, photos en noir et blanc et néons rose fluo : il y a comme un air d’American Graffiti*** ! Sur le comptoir, des paniers géants débordant de pommes nous montrent que, oui, les fameux jus**** sont bien préparés à partir de produits frais. Quelques sièges le long des murs mais surtout un vaste espace au centre pour permettre le ballet des livreurs d’Ubereats et Déliveroo : s’asseoir n’est pas vraiment le concept ! « L’accueil » nous le confirme : ni bonjour, ni sourire … et l’impression d’être un peu des intrus ! Casquettes à l’envers, tatouages à l’endroit, les jeunes serveurs se concentrent sur la préparation des commandes. « New-York, new wave » lit-on sur leurs tee-shirts : elle est si glaciale, la nouvelle vague new-yorkaise ? On se sent à mille lieues du Danemark d’origine, pays le plus heureux du monde …

Heureusement, le café se révèle d’une grande délicatesse, avec ses arômes de fruits exotiques et sa légère acidité. Originaire du Honduras – nous précise le mur ( !) – il est servi dans un gobelet en carton avec une cuillère en bois « pour limiter l’impact environnemental ». Tant pis si c’est au détriment du goût !

Pour conclure : on dérange ?

https://www.joejuice.com

* Génération des personnes nées entre 1980 et 2000, qui ont grandi avec la révolution internet et vu émerger les technologies de l’information et de la communication digitale.
Le mot vient de l’adjectif anglais « millennial » qui signifie « millénaire ».
** Au deuxième étage de ces grands magasins du boulevard Haussmann … avec vue sur la coupole !
*** Film comique américain coécrit et réalisé par George Lucas en 1973  (NB. « Graffiti américain » au Québec) 
**** De fruits ou de légumes frais, dont le « Joe’s Identity » à base de chou frisé, brocoli, épinard, citron et concombre. 
Et pour les fans d’épices, « Herb Tonic » avec pomme, gingembre, curcuma, ananas et poivron rouge …




Le Brébant

Le 14 novembre 2021
Le Brébant, 32 bd Poissonnière, 75 009 Paris
Tous les jours de 7h30 à 4h30
Note globale : 13
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 10
Ambiance : 15
Café : 10 

Prix d’un café : 3,00 €

Aux mots croisés du jour : « Vers à pieds » (alexandrin)

 

Brébant ? « Le maître-queux, le général en chef des restaurants ! » disait-on.
Ce chef-cuisinier avait repris cet établissement des Grands Boulevards en 1865. Il y accueillait les « dîners » où les hommes d’influence de l’époque se retrouvaient à rythme régulier. « Académique » pour l’élite des institutions politiques, économiques et culturelles, « Quatre Saisons », « Spartiates » ou « Rigobert* » pour les artistes, «  Bœuf nature », « Homme à la Bêche** » ou «  Canard aux navets*** » pour les intellectuels, chacun avait son nom … dont certains laissaient penser qu’on y passait, aussi, de joyeux moments !

On les imagine, les Flaubert, Renan, Zola ou Goncourt, attablés dans cette salle immense aux gigantesques miroirs et statues dorées. Plus de sept mètres de haut !
Le style a changé, il est à présent plutôt néobaroque avec des accents tropicaux, mais les volumes restent impressionnants. Un long zinc cuivré de 15 mètres, d’énormes bouquets de lys à l’odeur entêtante, des forêts d’ampoules et une végétation luxuriante qui dégringole du plafond : tout est démesuré !

A l’arrivée, on s’installe comme dans un moulin. D’ailleurs c’est un moulin !
La patronne virevolte avec son plateau en donnant des ordres à ses employés. Une serveuse passe à grandes enjambées et nous tend les cartes d’un geste sec, sans s’arrêter. Pas besoin, nous savons ce que nous voulons ! Nous a-t-elle seulement entendus ? Eh, si : son collègue arrive peu après avec nos boissons. Impeccable dans son costume de limonadier (bretelles et cravate noires sur chemise et tablier blancs) … et nettement plus affable !

Notre crème est servi dans une chope siglée (original !) mais pour l’expresso, c’est une tasse basique, blanche, sans biscuit ni chocolat – autant dire, le minimum syndical. Le prix par contre est maximum ; la démesure est décidément partout ! J’ai limite dû prendre un crédit à la consommation pour pouvoir ajouter un sucre !

Pour conclure : la limonade est amère quand le patron se sucre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Brébant

* En cherchant comment le nommer, on réalisa que le Saint du jour était Rigobert … d’où ce nom pittoresque !
Auguste Lepage les décrit en 1884 : « Ces dîners sont très gais ; on y dépense beaucoup d’esprit, on y dit pas mal de bêtises et jamais on ne s’occupe de choses sérieuses, ce qui est le comble de l’esprit. Si, par hasard, une question grave est imprudemment mise en circulation, elle est aussitôt étouffée sous les rires et les plaisanteries. »
** Celui des rimeurs publiés par la Maison Lemerre, dont la couverture représentait bonhomme vêtu de cet instrument aratoire.
*** Nom trouvé dès le premier dîner au Brébant quand Cham, un caricaturiste, improvisa une fable intitulée « les Deux Canards » …




Le Saint-Patrick

Le 7 novembre 2021
Le Saint-Patrick, 24 rue Sainte-Barbe, 35 400 Saint-Malo
De 11h à 1h, 12h le samedi, 15h le dimanche
Note globale : 16
Situation : 16
Cadre : 16
Accueil : 14
Ambiance : 18
Café : 13 
Prix d’un café : 1,80 €

Aux mots croisés du jour : « Espace verre » (bar)

 

La nuit tombe sur la Cité corsaire … et la pluie ! Près de la Porte Saint-Vincent, des silhouettes furtives pressent le pas.
Au coin d’une ruelle, une lumière tremblote. Sur une vieille bâtisse aux volets verts, on distingue une enseigne :
le Saint-Patrick. La couleur est donnée, c’est un pub irlandais.

Poussons la porte. Surprise : une pièce sombre au cadre aussi vieillot que pittoresque, mélange d’Irlande et de cité malouine. Sur trois niveaux, les salles s’enchaînent, biscornues et encombrées d’un joli capharnaüm.
Tout est de bric et de broc, mais on fait de belles trouvailles : les bouteilles de whisky servent d’abat-jours, les tonneaux et fûts de rhum de tables. Pas de doute, on est dans un vrai pub marin !

Avis aux amateurs de football, handball et rugby :
des maillots recouvrent le plafond du bar et vous pouvez suivre les matchs sur de grands écrans.
Au premier étage, vous pouvez même les voir d’une banquette circulaire surplombant le rez-de-chaussée (insolite !) ou d’un des vieux strapontins qui l’entourent.
Vous préférez les fléchettes ? Lancez-vous dans une partie endiablée sur fond de vieux rocks bien choisis !
Pour une soirée entre amis, c’est vraiment le bon plan ! L’ambiance est toujours animée, même en basse saison, voire enflammée *. Les graffitis laissés sur les murs en témoignent. Eh, oui ! Ici, l’expression est libre. Les petits d’hommes qui accompagnent leurs géniteurs ce matin sont éberlués … et ravis !

Par contre, mieux vaut ne pas être PMR** : les escaliers sont (très) raides, et en plus, il faut prendre sa conso en bas puis l’emporter à l’étage. Heureusement, on y boit bien – avec modération, of course ! : bières au Fût (dont la Saint-Patrick, uniquement brassée pour eux), whiskies au choix hallucinant, Irish coffee … mais aussi simple café (Ouf !).
Les téméraires pourront tenter le Chouchenn, voire le rhum au piment maison … mais l’accompagneront de saucisson*** (c’est atrocement fort !) Me croirez-vous : il y a même un vin alsacien et les meilleurs bretzels du coin 😉

Pour conclure : un rocher sur lequel il est bon de s’échouer.

https://www.facebook.com/lesaintpatrickirishpub/

* Soirées étudiantes le jeudi, concerts le samedi – sans compter la Saint-Patrick ou « Paddy’s Day » :
chaque 17 mars, les Irlandais du monde entier se retrouvent pour la célébrer.
Le vert, couleur de leur pays, est de sortie et la bière coule à flots.    
** Personne à Mobilité Réduite.                                                        
*** Saucisson de qualité avec planche à découper (5 €).  

NB. Au 3 de la même rue, un café encore plus incroyable : http://lescafesdottilie.fr/la-java-saint-malo/ 




Le Barn’s

Le 31 octobre 2021
Le Barn’s, 33 place du Général Leclerc, 22 300 Lannion
Tous les jours de 9h à 1h,
Note globale : 14
Situation : 17
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 1,50 €

Aux mots croisés du jour : « Un monde de bruts» (cidrerie)

 

Le Barn’s* : sans doute le café le plus photographié de la Côte de Granit Rose ! Installé dans l’une des emblématiques maisons à pans de bois du centre historique de Lannion**, sa façade est classée et daterait de 1602.

Au printemps 2018, un Trébeurdinais le reprend et y entreprend d’importants travaux. Mais deux ans et un Covid plus tard, il jette l’éponge.
Deux amis*** s’y intéressent alors ; pour eux, la crise est passée, les affaires vont reprendre. Ils l’acquièrent le 28 octobre 2021 … jour du deuxième confinement – et donc de fermeture des commerces « non essentiels ». Pas de chance pour nos bistrotiers, d’autant qu’ayant signé à cette date, ils ne sont éligibles à aucune aide de l’État. Pourtant, ils restent confiants, le Barn’s rouvrira : « Il ne va pas fermer avant d’avoir ouvert, ça c’est certain », assurent-ils. Ici l’on sait, que si on ne peut changer la direction du vent, on ajuste ses voiles pour atteindre sa destination …

Bien vu ! Le 19 mai, tables, chaises et tonneaux (les mange-debout du cru !) trouvent enfin place sur le parvis. Une terrasse aussitôt plébiscitée – surtout le jeudi, jour du marché. Trois semaines plus tard, l’intérieur ouvre à son tour. Peu à peu, les conditions drastiques du départ sont levées**** ; le Passe sanitaire suffit à présent. De quoi profiter du cachet de la bâtisse (parquet, faïences, pierres apparentes et poutres en chêne massif), et en cette période d’Halloween, des ribambelles de fantômes et citrouilles … assorties aux banquettes de velours orange !

L’équipe est aux petits soins et les locaux au rendez-vous, heureux de partager un café, une bolée de cidre ou une chope de bière (il y a même de la Delirium rouge***** !)

Pour conclure : résurrection après une mise en bière. 

https://www.facebook.com/Le-Barns  

* Anciennement « Lannionais », Alain Malo, son ancien propriétaire l’a cédé à Manu Berthou qui l’a rebaptisé « Le Barn’s ».
** Capitale du Trégor, Lannion est réputée pour ses maisons à colombages, dont certains murs exposés aux intempéries sont recouverts d’ardoises, comme on le voit souvent en Bretagne.
*** Nicolas Le Gros, patron du Breizh Shelter, et Mathieu Le Huérou, son ami d’enfance et associé.
**** Cf. Première terrasse après la réouverture : http://lescafesdottilie.fr/chez-fred-bordeaux/ 
***** Bière belge à la robe rouge et aux notes puissantes de cerise.      




Café Crème

Le 24 octobre 2021
Café Crème, 2 rue de la Barillerie, 72000 Le Mans
De 11h à 1h, 9h le samedi, 11h30 à minuit le vendredi
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 13 
Prix d’un café : 1,80 €

Aux mots croisés du jour : « Finit en queue de poisson » (sirène)

 

Le Café Crème ? Une boisson réconfortante à l’entrée de l’automne … mais pas seulement : au Mans, c’est une institution. C’est que leur Café Crème est au cœur de la cité sarthoise, autant dire, incontournable !

Sa bâtisse se dresse à l’angle de deux petites rues pavées et de sa terrasse, on aperçoit l’enseigne du vieil hôtel particulier* qui lui fait face. Elle représente une sirène jaillissant des flots qui a donné son nom à la place. Au centre, une sculpture reproduit aussi ces créatures mythiques** tandis que l’eau d’une fontaine ruisselle tranquillement à l’ombre d’un bel érable : bucolique et apaisant pour les passants désireux de se poser. Et ils sont nombreux aujourd’hui, les touristes notamment. Ils ont raison, la vieille ville a été superbement restaurée : Le Mans mérite plus que 24 heures !

La crise Covid et sa longue fermeture des bars et restaurants imposée avait permis au nouveau propriétaire de réaliser d’importants travaux. A la réouverture, en mai dernier, les Manceaux ont ainsi découvert un nouveau logo sur la façade. Et à l’intérieur, un mobilier volontairement sobre qui met en valeur les vieilles briques et poutres, et nous replonge des siècles en arrière. Sur les deux étages, de petites salles se succèdent, un vrai dédale !

Mon café ? Une crème ! Non, qu’il ait un parfum formidigieux***, mais j’apprécie sa jolie tasse en porcelaine peinte de vieilles boutiques en noir et blanc, ainsi que le mini carambar qui l’accompagne … et me rappelle nos friandises des années soixante 😉

Pour conclure : tel Mans charmant.

https://www.facebook.com/cafecremelm/

* Datant de 1726, il est l’un des premiers hôtels particuliers construit au Mans et aurait appartenu au négociant en étamine Véron du Verger. La statue de la sirène est en fait un bas-relief et marque l’expansion outre-Atlantique du commerce de cette étoffe mince et légère si recherchée, que Jean Véron avait inventée au XVIIe siècle.
** Intitulée « Sirènes » et créée en 1991 par Claude Ribot, sculpteur dessinateur né au Mans (1934-2010).
*** Formidable et prodigieux à la fois !        




Maison Péret

Le 17 octobre 2021
Maison Péret, 6 rue Daguerre, 75014 Paris
Tous les jours, de 8h à 23h30
Note globale : 14
Situation : 15
Cadre : 13
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 13 
Prix d’un café : 2,70 € 

Aux mots croisés du jour : « Elle se trouve en tête » (cervelle)

 

Péret* ? Je dirais même plus : pérenne ! C’est que, depuis 1908, 4 générations s’y sont déjà succédées. Dans la célèbre rue Daguerre**, qui s’étire joyeusement dans une ambiance de grande rue de village, ce bistrot à vins est une institution.
Au milieu des boulangers, fromagers, cavistes et marchands des quatre saisons, sa terrasse s’étale sur le large trottoir. Parfait pour profiter de l’ambiance conviviale de cette rue piétonne et ses vendeurs à la criée : sons et images assurés ! 

Si sa terrasse ressemble à n’importe quelle autre, l’intérieur nous plonge un siècle en arrière : plafond voûté, boiseries, appliques et gravures anciennes, barres de laiton, banquettes et mobilier de bistrot ; même si tout a été refait il y a vingt ans, on s’y croit. Le marron, unique couleur, est décliné sur tous les tons. Sombre donc, limite triste. Mais la gaité est ailleurs : notre serveur, pourtant sanglé dans un costume on ne peut plus traditionnel, est d’humeur badine. Il a la réplique malicieuse, l’œil qui frise et les bacchantes*** retroussées : au client qui déclare manger bio, vegan et sans gluten et demande ce qu’il peut commander, il répond tranquillement, sans sourciller : un taxi !

Le vin est à l’honneur : une cinquantaine des plus belles appellations de chaque région, servies au verre.
Pour les accompagner, des plats du terroir aux couleurs auvergnates. Les produits sont frais et soigneusement sélectionnés. Pas question d’utiliser un congélateur ou un micro-ondes : ici, on cuisine à l’ancienne, oui Monsieur !
Les cuisses de canard, par exemple, sont confites avec manchon.
Le café ? S’il n’est pas un grand cru, il n’en reste pas moins tout à fait honorable. On vous l’apporte avec un peu d’eau servie dans un très élégant verre à pied : classe !

Pour conclure : mérite d’être re-Péret !

https://www.maisonperet.com/fr/

* « Péret » désigne un lieu planté de poiriers ; il peut aussi être le diminutif du prénom Pierre.
** Louis Daguerre  et Nicéphore Niépce ont mis au point le daguerréotype, procédé photographique qui produit une image sans négatif sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir, exposée directement à la lumière.
Voir aussi dans la même rue : http://lescafesdottilie.fr/la-chope-daguerre-denfert-rochereau/
*** Moustaches (mot familier)            




L’Entrepot’s de Ménilmontant

Le 10 octobre 2021
L’Entrepot’s, 2 rue Sorbier, 75020 Paris
De 7h à 2h sauf le dimanche
Note globale : 12,5
Situation : 10
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 10 
Prix d’un café : 2,00 €

Aux mots croisés du jour : « Coup de bar » (apéro)

 

Ménilmontant, que Maurice Chevalier* chantait en son temps :
« un p’tit coin sans égal et ses gars, toujours remontant, 
et même redescendant, les rues de Ménilmuche, le coeur ardent 
»

En la remontant justement, on trouve ce vrai bistrot parigot, bien connu des alpinistes de la rue Ménilmontant. Par cette fraîche journée d’automne, on délaisse sa terrasse ouverte sur le square pour se réfugier près du vieux poêle en faïence.

L’entrée étonne : on croirait une bouche de métro** ! L’intérieur détonne avec sa déco unique … mais pas uniforme : c’est un bric à brac vintage et bigarré, avec quelques vraies pièces de musées : retour dans le passé ! On se lance dans un inventaire à la Prévert*** pour répertorier le nombre d’objets – incongrus parfois ! – accrochés aux murs et au plafond : une caisse enregistreuse du siècle dernier, une vieille machine à café en cuivre, des téléphones d’une autre époque, casiers de bouteilles, tableaux, dessins, affiches ou encore un antique vélo et des petites voitures d’un autre âge.

L’espace ne manque pas et l’ambiance est bon enfant ; les habitués sont légion.
– Tu forces un peu, Robert !
– C’est l’toubi’ : faut boire au moins 1 litre et demi par jour qu’il m’a dit !
– Ouaih, mais c’était d’l’eau !
– Eh ben, c’est d’l’eau d’vie que j’prends !

On s’y retrouve aussi entre potes autour d’un plateau de cochonnailles. Et les spectateurs des salles branchées voisines**** viennent y commenter les concerts. C’est vite bruyant d’autant qu’à l’occasion de rencontres musicales, on y chante même tout en sirotant une bonne bière brassée dans le quartier …

Pour conclure : le bon plan de Ménilmontant.

https://www.facebook.com/Lentrepots-1246315752125138/

* Il est né le 12 septembre 1888 dans le XXe, dans cet ancien centre industriel de Paris. Chanteur, acteur, écrivain, parolier, danseur, imitateur, comique, il fut même, brièvement, chroniqueur et homme d’affaires. Il décède le 1ᵉʳ janvier 1972.
** Elle rappelle les accès aux stations de métro conçus par Guimard au début du XXᵉ siècle, dans un style Art nouveau.
*** A l’origine de cette expression, un poème de Jacques Prévert, appelé « Inventaire », issu de son célèbre recueil « Paroles » (1946). On y retrouve des éléments sans lien apparent, donnant à l’ensemble une dimension confuse.
**** « La Maro » (ou Maroquinerie), installée dans une vieille usine, et le « Vingtième Théâtre », juste à côté.




Ten Belles

Le 3 octobre 2021
Ten Belles, 10 rue de la Grange aux Belles, 75010 Paris
De 8h à 17h en semaine, 9h à 18h le week-end
Note globale : 14
Situation : 13
Cadre : 12
Accueil : 13
Ambiance : 15
Café : 17 
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Est à Londres » (east)

 

Ten Belles ? C’est le nom d’un coffee-shop ouvert par deux anglaises*, en référence au numéro et au nom de la rue ET en souvenir d’un pub de l’est londonien fréquenté par elles autrefois. Dans le quartier du canal Saint-Martin, il est incontournable. A côté d’un fleuriste dont les plantes s’étalent largement sur le trottoir, de hautes fenêtres éclairent son étroite façade. It’s raining again : on est heureux de s’y réfugier pour se mettre au sec !

L’intérieur est un peu étriqué mais lumineux. Avec ses meubles en bois aux pieds de couleurs vives, il est chaleureux bien que rudimentaire. Face aux banquettes et tabourets, on compte une douzaine de (toutes) petites tables rondes : 3 sur le trottoir, autant face au comptoir, 2 dans l’arrière salle et 4 dans la mezzanine, soit le double de convives au maximum – pas plus, mais guère moins !

Un doux parfum de café fraîchement torréfié flotte dans l’air. Tout droit venu de la brûlerie de Belleville**, il se révèle digne d’un grand cru. Le Latte de mon cher et tendre est d’aussi bonne facture et son dessin parfaitement exécuté ; dommage que la mousse ne soit pas plus crémeuse …

D’autres bonnes effluves nous parviennent, celles des douceurs confectionnées sur place – aux accents british, of course : cookies, scones, muffins, banana bread, cakes en tout genres … dont le fameux carotte cake glacé au beurre de cacahuète !
A midi, l’ardoise affiche une soupe, une salade et deux sandwiches dont un grillé – avec une mention spéciale pour le pain au levain dont la croûte bien foncée et la mie aérée ravissent les amateurs …

Pour conclure : rien ne cloche*** !

https://www.tenbelles.com

* Le duo en a ouvert deux autres : 53 rue du Cherche-Midi dans le VIè et 17 rue Bréguet dans le XIè.
** Torréfacteur de café frais et d’assemblage de spécialité, il s’adresse aux particuliers et aux professionnels.
NB. On peut aussi assister à la torréfaction (14b Rue Lally-Tollendal, XIXè) et participer à des cupping.
*** Traduction de « bell » en anglais 😉