Café Lapérouse

Le 5 septembre 2021
Café Lapérouse, Hôtel de la Marine, 2 place de la Concorde, 75008 Paris
Tous les jours de 8h30 à minuit
Note globale : 15
Situation : 17
Cadre : 17
Accueil : 13
Ambiance : 14
Café : 13 
Prix d’un café : 5,00 €

Aux mots croisés du jour : « On peut y être mené en bateau » (île)

 

Amarré place de la Concorde, l’Hôtel de la Marine est bâti au XVIIIe siècle par le Premier architecte du Roi. En 1798, il devient le siège du Ministère de la Marine*, puis musée 200 ans plus tard. Après 4 ans de restauration, il a rouvert ses portes en juin dernier … avec un nouveau café**, « Limonadier du Roi depuis 1766 » !

Nous voilà donc au cœur de Paris … et de son principal nœud de circulation ! Pourtant, quand ils y accèdent depuis les arcades de la place ou bien par la rue Royale, les explorateurs découvrent une véritable oasis de calme. C’est ici qu’il faut s’installer ! Certes, les salons intérieurs sont somptueux et appellent au voyage, hommage à La Pérouse*** : fauteuils coquillages – tout comme le bar qui en est recouvert -, suspensions poissons et bateaux dessinés aux murs. Mais l’ensemble est trop chargé. Et de toute façon, ils ne sont accessibles qu’à l’heure du déjeuner, de même que la seconde terrasse côté Place de la Concorde.

Nous nous installons donc dans la cour d’honneur : fleurs sur les tables, coussins sur les banquettes ; non seulement l’architecture est sublime mais le cadre soigné !
En costume noir inspiré du XVIIIè (siècle !), avec jaquette à boutons dorés, la serveuse se consacre aux âmes matinales venues se retrouver autour d’un petit déjeuner : jus de fruit, boisson chaude, viennoiserie, toasts, œuf à la coque estampillé « Lapérouse » et précoupé par ses soins avec un toque œuf****, étonnant mais visiblement efficace. Ornée de bleu (marine, il va sans dire !), la vaisselle est siglée – comme le sucre et le chocolat qui accompagnent mon expresso.
Chic et raffiné, donc … mais attention au coup de canon : avant de prendre le large, il faut sortir les grosses coupures !

Pour conclure : une escale à ne pas manquer !

https://www.hotel-de-la-marine.paris/Autour-de-la-visite/Gastronomie/Le-Cafe-Laperouse

* Où le Service Hydrographique et Océanique de la Marine a eu des bureaux : mon père y officiait il fut un temps quand il ne sillonnait pas les mers sur le d’Entrecasteaux ou le Lapérouse …
** Egalement un restaurant et son célèbre chef, et très bientôt, une cave, une épicerie fine, une chocolaterie et un glacier.
*** Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse (1741-1788) est un officier et grand navigateur français. Originaire d’une famille noble d’Albi, il s’engage dans la Marine royale. En 1785, Louis XVI le choisit pour diriger une expédition autour du monde visant à compléter les découvertes de James Cook dans l’océan Pacifique. Mais trois ans après son départ de Brest,  elle disparaît à Vanikoro. Après le naufrage, le vice-amiral d’Entrecasteaux dirige des secours, en vain (1791-1794). Le mystère est (en partie) levé en 1828, avec la découverte de l’épave de L’Astrolabe par Dumont d’Urville, puis de La Boussole par Discombe en 1964.
**** Le toque œuf, un objet du quotidien (2’23) : https://www.youtube.com/watch?v=TCnRwivZgqg




Trêve estivale

La trêve ? Le rêve !

Finie la trépidante vie parisienne et sa course contre la montre !
Oubliés les z’écrans ! S’ils nous ont bien souvent sauvé la mise ces dix-huit derniers mois – pandémie oblige – ,
bonjour la fatigue visuelle, les maux de tête et autres douleurs à la nuque, aux épaules, aux poignets et aux mains !

A présent, cap sur le farniente … et la découverte de nouveaux cafés 😉
Pour nous, ils seront bretons, mais nous en garderons le secret :
je reprendrai la plume à la rentrée.

Il fait trop chaud ?

. Première option : le café glacé.
A l’origine,  le mazagran. Préparé à partir de sirop de café et d’eau fraîche, il est servi dans un verre haut et étroit.
Les troupes françaises le découvrent en 1837, quand l’Algérie leur cède la citadelle du même nom.
Cette boisson connaît deux variantes avec du rhum :
celle des autrichiens qui y ajoutent des glaçons et celle des portugais avec du citron.
Dans l’hexagone, certains cafés en vogue le servent mais on peut aussi le fabriquer :
soit on l’infuse froid, soit on ajoute simplement quelques glaçons.

. Second option : le café frappé.
Bien plus récent et d’origine grecque*, il doit son nom au fait qu’il est secoué pour obtenir une mousse épaisse devenue sa marque de fabrique. On le prépare avec du café instantané* et une infime quantité d’eau qu’on verse ensuite dans un verre avec des glaçons. Du sucre et/ou de lait concentré non sucré l’agrémentent parfois.
A partir de là, on peut le décliner à l’infini :
avec de la mousse, de la vanille, de la cannelle, du cacao ou du caramel.

Il ne reste plus qu’à le déguster entre amis. Sur la terrasse, au jardin ou à la plage, les doigts de pieds en éventail :
on a tout l’été !

 

* Foire commerciale internationale de Thessalonique, 1957 : un assistant veut profiter de sa pause pour se faire un café instantané. Mais impossible de trouver de l’eau chaude. Que faire ? Il décide alors de le préparer en le mélangeant à de l’eau froide grâce à un shaker : le premier café frappé de l’histoire est né !

** C’est une boisson dérivée des grains de café broyés appelée aussi « café soluble » ou « café en poudre ».
Préparé par lyophilisation ou atomisation, le café doit être réhydraté pour être consommé.

 




Café Léa

 Le 4 juillet 2021
Café Léa, 5 rue Claude Bernard, 75005 Paris
Tous les jours de 9h à 2h (10h le dimanche)
Note globale : 13
Situation : 13
Cadre : 12
Accueil : 15
Ambiance : 15
Café : 14 
Prix d’un café : 2,00 €

Aux mots croisés du jour :
« Passage d’une berge à l’autre » (anniversaire)

 

Léa, est notre café du jour … et le prénom de l’aînée de nos amis : ceci explique cela !
Bien situé, en bas de la Mouffe*, il ne paye pas de mine mais c’est un vrai bistrot populaire,
à l’ambiance conviviale des petits cafés parisiens.

Son intérieur est gentiment désuet, mais chaleureux avec ses murs orange, jaune et mauve dont la peinture s’écaille.
Nous lui préférons les chaises alignées à l’angle des deux rues, le long des baies vitrées : vue imprenable sur les scooters garés juste devant, certes, mais bénéfice des doux rayons de l’astre suprême … entre deux averses !

La matinée est tranquille : des habitués lisent le journal qu’ils ont récupéré à l’entrée et trempent de généreuses tartines dans leur café au lait. Les accros de l’expresso – dont je fais partie ! 😉 – apprécient qu’il soit servi sur un joli petit plateau argenté avec ses spéculoos et sucres en sachets – sans compter le verre d’écolier rempli d’eau : un service royal vu le prix !

L’atmosphère s’anime à midi ; on s’y presse pour le plat du jour. Ce n’est pas de la haute gastronomie, mais un bon repaire où se détendre les papilles, avec un goût de revenez-y. Du coup, il est plus prudent de réserver son rond de serviette.

Avec l’après-midi arrive une nouvelle parenthèse de calme : les habitants du quartier s’y retrouvent pour discuter ou simplement bouquiner. Pendant l’année universitaire, l’ambiance est carrément studieuse. Entre les étudiants de la Fac voisine** qui révisent leurs cours et les professeurs qui corrigent leurs copies, ça phosphore sec …

Le soir, la tension neuronale retombe et l’animation revient. La salle devient même bruyante : c’est vite bondé ! 

Pour conclure : un bon quartier général.

https://www.petitfute.com/v17231-17300-paris-75005/c1169-s-amuser-sortir/c182-bar-cafe/21050-cafe-lea.html

* La rue Mouffetard est l’une des rues les plus anciennes et les plus pittoresques de la capitale. Longue et pavée,
elle dégringole en pente douce de la montagne Sainte-Geneviève, bordée de nombreux commerces et restaurants.
** Appelée aussi Sorbonne Nouvelle ou Paris 3, elle fait partie des treize nouvelles universités qui ont remplacé l’ancienne Université de Paris, dissoute après les événements de mai 1968. Son siège est à la Sorbonne, bâtiment historique qu’elle partage avec deux autres universités. Elle dispense principalement des enseignements en lettres, langues, arts du spectacle, communication et études européennes.




Noir Barista’s Coffee

 Le 27 juin 2021
Noir Barista’s Coffee, 120 bd Haussmann, 75008 Paris
Tous les jours de 8h à 18h (10h le dimanche)
Note globale : 15
Situation : 15
Cadre : 12
Accueil : 17
Ambiance : 14
Café : 17 
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour :
« Un certain humour » (noir)

 

Noir de monde ! Mais qu’est-ce qui les attire tous ? Attroupés sur le large trottoir du boulevard, les employés du quartier Saint Augustin bavardent un gobelet à la main. Certains sont devant des tables hautes, d’autres sur des chaises de jardin,
la plupart juste debout. Derrière eux, une boutique minuscule et son unique comptoir …

Depuis le 4 janvier, ce coffee-shop propose des cafés d’exception, achetés en direct chez de petits producteurs puis fraîchement torréfiés par l’Arbre à café*, son partenaire. Sa devise ? Un café extraordinaire pour les jours ordinaires !
Et ça marche : les caféinomanes du secteur se précipitent, mais aussi de nombreux profanes devenus depuis de véritables adeptes. Ils les emportent ou les dégustent sur place.

Finement extraits par Erwan, barista chevronné, il y en a pour tous les goûts. On les découvre sur le tableau noir : expresso, cappuccino, mocaccino**, flat white***, latte****. Je choisis le guatémaltèque, un arabica puissant au goût légèrement chocolaté. Mon cher et tendre, lui, préfère le latte, légèrement caramélisé. Malgré le gobelet en carton, leur goût n’est pas altéré. Surprise : le règlement ne se fait que par carte bancaire. Au moins, on ne peut pas dire qu’ils travaillent au noir !
Et le tarif est somme toute très raisonnable au regard de la qualité.

Le samedi après-midi, les inconditionnels peuvent s’inscrire aux ateliers pratiques :
– Le premier leur permet de découvrir l’histoire et le marché du café, voyager à travers les meilleurs terroirs et suivre la route du grain, de la terre à la tasse. A deux, trois ou quatre, ils observent, touchent, sentent et dégustent une sélection des meilleurs crus et apprennent à réaliser une extraction espresso de qualité.
– Le second les initie aux Latte pour pouvoir donner la bonne texture au lait grâce à la buse à vapeur, le verser pour obtenir de superbes motifs … et épater leurs amis !

Pour conclure : il y a des fois où on a envie de tout voir en noir. 

https://noirbarista.com

* Célèbre torréfacteur parisien alliant un savoir-faire artisanal pointu et les dernières avancées techniques.
** Mélange d’expresso, de liqueur ou de sirop de chocolat, de crème fouettée et de lait (Une vraie bombe !)
*** Boisson à base d’expresso et de lait cuit à la vapeur avec de fines bulles d’une consistance veloutée et brillante.
**** Cf. Top 30 et films des plus beaux dessins sur cafés en bas de cet article : http://lescafesdottilie.fr/artscafe-montreal/ 




Café Beaujolais

 Le 20 juin 2021
Café Beaujolais (ou Beau Joël !), 28 avenue de Suffren, 75 007 Paris
Tous les jours de 7h à 2h (8h le dimanche)
Note globale : 14
Situation : 14
Cadre : 14
Accueil : 14
Ambiance : 14
Café : 14 
Prix d’un café : 2,50 € (Brunch du WE : 28€)

Aux mots croisés du jour :
« Un homme qui en vaut deux » (paire)

 

Balade sur les quais jusqu’à la Dame de fer*. Pour la fête des pères, on a déniché une brasserie de quartier à l’ambiance familiale dans ce secteur pourtant on ne peut plus touristique.

Si l’intérieur n’est pas immense (mais chaleureux avec ses pierres et boiseries), la terrasse s’étale largement sur le trottoir. Face à l’avenue (calme à cette heure), certains choisissent l’ombre des tilleuls, pour profiter des lauriers roses et des jasmins. On leur préfère celle d’un paparasol, en attendant notre aîné et sa dulcinée …

Ils arrivent. Notre héros du jour range sa père-de-lunettes et on attaque le brunch.
Originaire de l’Aveyron (où l’on aime les bonnes choses !), le gérant porte une attention toute particulière au choix de ses produits. Et tout est fait maison, hormis le pain et les viennoiseries. 

– Croissant, boisson chaude et jus fraîchement pressé nous ouvrent l’appétit.
Sachant que carottes, pommes et poires composent le troisième, c’est parti pour la détox !

– Une planche salée, soigneusement présentée, constitue le plat principal. Variée avec sa mini-cocotte d’oeufs brouillés et champignons à la truffe, son saumon gravlax** (ou bacon), son avocat sur tranche de pain toastée et son morceau de Comté. Une salade César bien assaisonnée ajoute une petite touche de verdure.

– Le point final est un trio de mini-douceurs sur ardoise : la tranche de pain père-du (pas perdu pour tout le monde !) me replonge dans mon enfance. Ah, ceux de ma mère-grand ! Quant au cheese cake aux fruits rouges, il me rappelle notre dernier périple aux States. Parfumée à la menthe fraîche, une salade de mangues, fraises et ananas vient ensuite à point nommé pour faire glisser tout ça …

On sort repus mais pas ruinés : de quoi poursuivre cette première journée sans couvre-feu – autant dire de fête !
Alors qui sait ? Peut-être reviendra-t-on ce soir pour siroter un mojito … Pardon : un mojitard !

Pour conclure : père okay pour cette belle fête !

https://restaurant-lebeaujolais.fr/fr

* Surnom donné à la tour Eiffel en raison de sa construction à base de ce métal (7 300 tonnes !)
** Spécialité de la cuisine traditionnelle nordique, à base de filets de saumon cru longuement marinés, macérés et séchés avec du sel, du sucre, du poivre et de l’aneth. 




L’Usine de Charonne

 Le 13 juin 2021
L’Usine de Charonne, 1 rue d’Avron, 75 020 Paris
Tous les jours de 7h30 à 2h, 8h le WE (23h pendant le couvre-feu) 
Note globale : 13,5
Situation : 13
Cadre : 15
Accueil : 11
Ambiance : 14
Café : 14 
Prix d’un café : 2,50 €

Aux mots croisés du jour : « Il nous met au courant » (électricien)

 

Charonne* était à l’origine un village agricole. Après son rattachement à Paris**, il s’industrialise de manière prodigieuse. Puis, dans les années 60, usines et ateliers disparaissent peu à peu, au profit d’immeubles de logements …

Seuls les anciens se souviennent aujourd’hui de cette époque. Le cadre rétro indus’ de notre Usine leur rappelle sans doute la Centrale de production électrique. Des éléments ont été récupérés un peu partout : un voltmètre***, un tableau électrique et ses bobines, une banderole (« Non à la fermeture de l’Usine ! »), des turbines et des engrenages.
On pense à l’affiche du film « Les temps modernes » où Charlot travaillait à la chaîne. Il finissait par sombrer dans la folie, à force de resserrer des boulons à une cadence infernale.

Mais ici, l’ambiance est toute autre, c’est la cantine du quartier. On s’y retrouve autour de la « gamelle du jour »,
dans une ambiance bruyante et chaleureuse. Le lieu porte bien son nom, c’est l’usine !
On y vient aussi avant le turbin, pour un petit noir au zinc. On y retourne après, pour partager la Cuvée du Syndicat entre camarades travailleurs. Pour un peu, on ne serait pas surpris de voir débarquer Arlette**** !
Côté détente, pas besoin de congés payés : l’Usine dispose d’une terrasse. Elle est un peu bruyante certes – on est sur le boulevard Charonne ! -, mais vaste et ensoleillée.

« Toute la chaîne de production de l’Usine vous souhaite la bienvenue » lit-on. Pourtant, le service tient du minimum syndical : il est efficace mais distant. Peut-être s’agit-il de diesels, on est à l’ouverture après tout …

Pour conclure : un bon tuyau !

https://usinedecharonne.fr  

 

* A l’est de la capitale et à deux pas de la Nation.  
** En 1860 par Napoléon III.
*** Appareil, dont l’unité de mesure est le volt. Il mesure la tension ou différence de potentiel électrique entre deux points.
**** Militante syndicale, Arlette Laguiller devient porte-parole de Lutte Ouvrière. Elle est la première femme à se présenter à l’élection présidentielle en 1974. Elle se représentera les 5 fois suivantes et obtiendra de 1,33 à 5,72 % des suffrages. A ce jour, elle détient le record du nombre de candidatures présidentielles en France.




Madison Caffè

Le 6 juin 2021
Madison Caffè, 10 Chaussée de la Muette, 75 116 Paris
Tous les jours de 9h à 21h (Minuit hors couvre-feu) 
Note globale : 16
Situation : 14
Cadre : 15
Accueil : 14
Ambiance : 15
Café : 14 
Prix d’un café : 2,50 €
Brunch le WE de 11h à 16h

 

Octobre 2019, une trattoria remplace le Grand Bistrot de la Muette : le Madison* Caffè. Pourtant, son nom évoque plutôt l’autre côté de l’Atlantique. On pense au Madison Square Garden à l’époque de la prohibition, avec sa mythique salle de boxe. D’ailleurs, tout nous le rappelle : les briques rouges brûlées aux murs, tuyauteries apparentes, ventilateurs vintage, sols carrelés, chaises Tolix dépareillées, tables taguées au chalumeau, jusqu’aux longs néons rouges. On y est !  

Il suffit de prendre place pour boire un verre ou manger un morceau sur l’une des balançoires géantes ou cages de combat suspendues : nous voilà transportés cent ans en arrière. Au mur, des boxeurs iconiques, des gants de boxe en tous genres et des jambons crus en guise de punching ball. On assiste à un combat de boxe sur Madison Avenue. Les adversaires arrivent ; ils montent sur le ring, le match commence …

– Première reprise : le pizzaiolo enfourne ses pizzas** dans le four à bois en hurlant devant la jeunesse du quartier qui attend ses Napolitaines. L’ambiance est survoltée, le Prosecco coule à flots. Son adversaire a baissé la garde, il jette l’éponge. Un coup de gong interrompt l’affrontement …

– Deuxième reprise : le pastaiolo a retrouvé ses esprits. Dans son aquarium de verre, il fait le show. Ses mains expertes confectionnent en live pas moins de dix sortes de pâtes extra-fraîches***, servies dans des casseroles en cuivre XXL. Attablées devant leur verre de chianti, des célébrités le regardent médusées, Lenny Kravitz, Alice Taglioni, Laurent Delahousse et tutti quanti. Le pizzaiolo est mis KO.

… Je sors de ma rêverie : ça, c’était dans une autre vie, celle d’avant le Covid ! Pour l’heure, seule la terrasse est accessible. Mais c’est déjà un luxe : il y a seulement deux semaines, nous nous contentions d’en rêver depuis des mois. Et plutôt que de prendre des coups … on les boit !

Pour conclure : « La boxe est réputée être le plus dur de tous les sports, alors qu’en fait, c’est juste un coup à prendre. »
Marc Escayrol****

https://www.madisoncaffe.fr

* Danse en ligne, créée à la fin des années 1950 aux États-Unis et popularisée au début des années 1960.
** A la farine bio italienne qu’il a laissée reposer six jours, les moins chères de Paris : 5 € !
*** Orecchiete, linguini, mafaldines, lasagnes, tagliatelles, coquillettes, fusilli, ravioli, spaghetti et macaroni.
**** Auteur et humoriste français né en 1957,  cf. « Mots et Grumots », dictionnaire humoristique.




Mother

Le 30 mai 2021
Mother, 103 bd Jean Jaurès, 92100 Boulogne-Billancourt
Tous les jours de 8h30 à 21h (Couvre-feu) 
Note globale : 16
Situation : 15
Cadre : 16
Accueil : 16
Ambiance : 15
Café : 16 
Prix d’un café : 2,90 €
Brunch (tous les jours) : 22€

 

Mother a déboulonné El Rancho ! C’était il y a un an : l’ancien restaurant de chaîne est devenu brasserie.
Depuis, les Boulonnais s’y retrouvent, sur la Grand-Place de la ville, pour un petit-déjeuner business, un brunch familial, un repas entre amis ou un simple café après une séance de ciné ou un shopping au centre commercial voisin.

Aux manettes, deux passionnées :
Charlotte a repris l’établissement de son père (et sa cave à vin exposée dans la salle !),
Nathalie a quitté le graphisme pour la cuisine (où elle est révélée au public en 2011 lors de sa participation à MasterChef*).
Un portrait de l’arrière-grand-mère, le cheval d’arçon (du grand-oncle ?) et l’impressionnante collection de Guide Michelin du début du siècle dernier complètent la touche familiale.
Le reste de la déco est tout aussi soigné : murs lambrissés, fauteuils confortables et meubles de bois clair, abat-jours en paille et plantes vertes à foison. De beaux volumes et différentes ambiances achèvent de rendre l’atmosphère ultra cosy et conviviale. Et des chaises hautes permettent aux mères de caler leurs petits d’hommes. C’est vrai que c’est leur fête** aujourd’hui, notre fête … et aussi celle de notre aîné qui souffle ses 32 bougies ! 😉

Mais pour l’heure, impossible de consommer à l’intérieur***.
Va pour l’une des terrasses : avec sa fresque murale verdoyante, son store rayé et ses banquettes de rotin couleur soleil, elle a un avant-goût d’été. Après ces mois de confinements, l’heure est à la détente. Ca tombe bien, notre saturomètre est au plus haut ! Plus besoin de préparer son café, on est servis, et avec le sourire : pour moins de 3€, j’ai l’impression d’être la Reine d’Angleterre !
Il vient du Café Coutume****. Sa texture est soyeuse et son arôme développe les saveurs loin en bouche. Un pur moment de bonheur ! Le Latte de mon cher et tendre affiche un magnifique cœur mais sa mousse, quasi inexistante, se révèle décevante … et la note finale quelque peu amère.

Pour conclure : on espère que Mother fera des petits !

https://www.facebook.com/mother.boulogne/ (Cf. Photo)

* MasterChef est un concours de cuisine télévisé ouvert à ceux qui n’ont jamais travaillé dans un métier de bouche.
** C’est une Américaine qui a milité pour une journée des mères (« Mother’s Day « ). Son état, la Virginie, a choisi le 2è dimanche de mai en 1905, puis l’ensemble des Etats-Unis en 1914. L’Allemagne, le Canada et la majorité des pays ont suivi. Pas la France qui avait dédié ce jour à Jeanne d’Arc : en 1950, elle a donc opté pour le dernier dimanche de mai.
*** Jusqu’au 9 juin encore, le gouvernement n’autorise que les terrasses des restaurants et des brasseries.
**** Torréfacteur à Paris depuis 2011, il sélectionne ses cafés pour permettre la découverte de terroirs insoupçonnés.




Chez Fred

Le 23 mai 2021

Chez Fred, 19 place du Palais, 33 000 Bordeaux
Du lundi au samedi de 7h30 (9h le WE) à 2h (21h pendant le couvre-feu) 
Note globale : 16
Situation : 17
Cadre : 15
Accueil : 17
Ambiance : 17
Café : 14 
Prix d’un café : 2,00 €

 

Enfin ! Depuis mercredi, tous les signaux sont au verre … ou presque :
pour le petit noir au comptoir, nous attendrons le 9 juin.
Pour l’heure, ceux qui n’ont pas été terrassés par le Covid se contentent de savourer leur première gorgée de bière* en terrasse. Les conditions sont encore restreintes : jauge à 50%, moins de 6 par table, gel hydroalcoolique, masque lors des déplacements et horaires contraints – même si le couvre-feu est plus tardif**. Mais ni ces restrictions, ni la pluie (première cliente !), ne douchent notre enthousiasme : à nous la terrassothérapie !

Ca repart très fort : les cafetiers passent de la dépression à la pression – du moins, c’est mon impression. Tables et chaises fleurissent sur les trottoirs. Et sur les places de stationnement adjacentes, de nouvelles terrasses émergent, bâties en hâte avec des palettes. Quant aux clients, ils se bousculent. Les serveurs sont obligés de filtrer ; comme ils ne peuvent ouvrir qu’à moitié de leur capacité, certains préfèrent les champions de la descente (capables de boire pour 2 !)
Mais rien n’arrête les sevrés du café, pas même la météo. S’il le faut, ils viennent avec écharpe, couvre-chef, ciré et parapluie. De petits malins font mine de s’inquiéter :
« On a réservé sur Doctolib, combien de temps faut-il entre 2 doses d’expresso ? »

A Bord’eaux aussi, c’est l’effervescence. Non loin de la Garonne, Fred, le patron du Bar des Vedettes, a ressorti son mobilier et ses guirlandes de loupiotes. La placette a pris des airs de fête ; on dirait le sud !*** L’atmosphère est chaleureuse et tranquille. Pas une voiture, bien qu’on soit au cœur du centre historique. On aperçoit d’ailleurs la majestueuse silhouette de la Porte Cailhau****, monument emblématique s’il en est. Que dis-je ? Chais d’œuvre !!
Et quand le soleil se couche sur la place, la terrasse de Fred devient un lieu mag’hic.
Pas étonnant que les bordelais s’y précipitent …

Pour conclure : avec le lancement du barathon, n’oubliez pas la modération !

http://www.barchezfred.com

* Cf. « La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules » est un recueil de Philippe Delerm (1997).  Pour lui, le bonheur tient en 34 « plaisirs minuscules ». Il évoque, sous forme de petites séquences, la satisfaction immense qu’il tire de petits gestes insignifiants et nous rappelle que prendre le temps, socialement ou pour soi, n’est pas une perte de temps. 
** Il passe de 19 à 21h.
*** Chanson écrite et interprétée par Nino Ferrer en 1975, son plus grand succès.
**** Appelée aussi porte du Palais, elle faisait office à la fois de porte défensive et d’arc de triomphe. Construite en 1450, elle est classée monument historique depuis le 28 mai 1883.




Pourboire …

Corona Café / 36

Dimanche 16 mai 2021

 

A nous le petit noir en terrasse ! Ce sera mercredi* : il était temps ! Les cafetiers n’en peuvent plus, ils sont à sec. Ils vont vraiment avoir besoin de pourboires.
Ca tombe bien, les clients reviennent pour boire et nombre d’entre eux paieront en liquide.
Certains refusaient de verser un pourboire en verre et contre tout – voire préféraient être mal servis pour l’économiser ! D’autres faisaient les malins et demandaient un verre d’eau pour déclarer ensuite : « Gardez, c’est pour-boire ! ». Mais beaucoup laissaient quelques pièces … ou plus : des serveurs arrivaient ainsi à doubler leur salaire !
Problème : les donateurs les plus généreux sont souvent les plus âgés (donc pas éternels !) et avec l’avènement des cartes bancaires**, le pourboire se fait plus rare.

Comment en récupérer ? Un serveur, qui a de la bouteille, nous livre ses secrets :

  • Souriez, c’est la base !
    Gare au sale-air, les clients viennent pour passer un bon moment.
    Et puis, présentez-vous. Si vous annoncez : « Bonjour, je m’appelle Félix***, c’est moi qui m’occupe de vous ce midi ; avez-vous une idée de ce que vous voulez commander ? », vous recevrez 30 % de plus que si vous prenez juste la commande.
    Et si vous avez un accessoire (cravate ou autre), encore davantage !
  • Regardez vos clients, ils verront que vous êtes attentif à leurs besoins.
    Répétez la commande, c’est un gage de compétence (augmentation de 68% !) ; accessoirement, cela vous évitera d’éventuelles erreurs !
  • Manifestez votre considération, cela influencera positivement vos clients.
    On a tendance à aimer ceux qui nous estiment,
    ils seront donc instinctivement dans une disposition favorable.
    Félicitez-les pour leur choix en notant leur commande ou adressez-leur un message agréable  : “C’était un plaisir de vous servir ce midi, passez une très belle journée”.
  • Créez une bonne ambiance (toujours dans la juste distance !) : faites un bon mot, racontez une histoire drôle ou trouvez des points communs avec votre client. 
    Et mettez-vous les petits d’hommes dans la poche s’il y en a, leurs géniteurs seront conquis ! (coloriages, tours de magie etc.)
  • Soignez la touche finale : les recherches montrent qu’on est très fortement influencé par ce qu’on a vu ou entendu en dernier. Cela impacte donc le pourboire :
    ajoutez une douceur, griffonnez un smiley ou un « Merci » sur la note … ou annoncez simplement du beau temps !

* Après 37 semaines de fermeture depuis mars 2020 !
Il faudra attendre le 9 juin pour l’intérieur et le 30 juin la fin du couvre-feu.
** En France, le pourboire ne peut être intégré à la facture.
Pourtant, la machine peut proposer d’en indiquer le montant avant d’entrer son code, comme c’est l’usage au Québec par exemple.
*** Ce prénom est issu du latin et signifie « heureux ».