Corona Café


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Cantate de Bach
07/03/2021

Cantate du Café

Corona Café / 26ème semaine sans cafés : une demi année !!

Dimanche 7 mars 2021

 

Cantate du Café* de Johann Sebastian Bach : pouvais-je rêver mieux pour conjuguer ma passion
à l’anniversaire du dernier concert de notre Chorale Franco-allemande** ?

C’est l’une des plus connues de Bach. Elle s’inspire d’une ode*** à la « cafémania » qui envahit alors l’Europe.
La haute société s’entiche de cette boisson tonifiante sans être alcoolisée. Mais les autorités tentent de l’interdire :
elle a la couleur du diable, ensorcelle les femmes et les rend stériles dit-on …

Notre compositeur est venu s’installer à Leipzig****, l’une des capitales musicales de l’époque.
S’il est connu pour être un protestant austère, il aime aussi la bonne chère, la compagnie*****
… et apprécie ses trois petites tasses de café quotidiennes.

Dans cette ville, les cafés sont alors particulièrement à la mode. Le Zimmermann est l’un d’eux ;
il accueille un collège musical dont Bach assure la direction. C’est pour lui qu’il a composé cette cantate.

Bach s’y moque des jeunes qui se passionnent pour le café et de la vieille garde rigide qui n’y voit que du mal :
un père ne supporte pas de voir sa fille prête à tout pour ses « trois tasses quotidiennes » (Tiens, tiens !)
Il la menace mais rien n’y fait :

           Père, ne soyez pas si dur ! 
           Si trois fois par jour je ne peux pas
, boire ma petite tasse de café,
           Alors dans mon tourment, je deviendrais comme une chèvre rôtie.
           Ah, comme le café a bon goût !

           Plus agréable que mille baisers, plus doux qu’un vin de muscat.
           Un café, je dois avoir un café,
           Et si quelqu’un veut me faire plaisir, ah, qu’il me donne juste un café !

Elle finit pourtant par céder quand il lui annonce que puisque c’est ainsi, elle ne pourra se marier …
Mais elle fait savoir secrètement qu’aucun homme ne l’épousera sans un contrat qui l’autorise à boire
autant de cafés qu’elle le veut !

https://www.francemusique.fr/emissions/la-cantate/cantate-bwv-211-schweigt-stille-plaudert-nicht-ubenden-caffe-dite-cantate-du-cafe-62028

* Oeuvre profane, et même légère, elle se distingue de ses autres cantates car elle n’est ni religieuse
ni dédiée à un prince. Son fils a même porté la mention « cantate comique » sur la partition.
Elle se présente en effet comme un amusant commentaire satirique sur l’addiction au café.
Si Bach n’a pas écrit d’opéras, une mise en scène costumée illustre souvent cette cantate.
Une flûte traversière, un alto et deux violons accompagnent enfin ténor (narrateur), basse (père) et soprane (fille).

** A cause de la pandémie, la Chorale Franco-Allemande a dû suspendre ses activités juste après ce concert ;
elle ne devrait malheureusement pouvoir reprendre qu’en septembre. 
*** Christian Friedrich Henrici, dit « Picander » et grand ami de Bach, l’a publié en 1732.
**** Leipzig, « ville des tilleuls » (lipzk), est à l’est de l’Allemagne.
Bach, puis Mendelssohn, Schumann et Wagner y ont vécu.
***** Il a eu tout de même vingt enfants de deux épouses, dont neuf lui ont survécu !


Réouverture des cafés

Corona Café / 25

Dimanche 28 février 2021

Scoop dans les soucoupes !

 

Après 3 mois de fermeture au printemps 2020, nos cafés-restaurants ont à nouveau baissé rideau le 30 octobre.
On évoquait une réouverture le 20 janvier, puis mi-février ;  on parle à présent du 6 avril, à moins que …

Scoop lors de la réunion des dirigeants de l’Union européenne jeudi.
Notre Président évoque leur réouverture prochaine avec la mise en place d’un « Pass sanitaire ».
Et les membres du gouvernement se réunissent dès cette semaine pour régler les nombreuses questions
techniques et juridiques : respect des données individuelles, défense de nos libertés etc.

Un récent décret détaille déjà ses grandes lignes au  Journal officiel du 12 février dernier.
Une nouvelle option de l’application TousAntiCovid* destinée aux restaurants et cafés permettrait
de scanner un QR code** que les clients trouveraient à l’entrée.
Autre scoop : les cinémas, théâtres, musées, salles de sport et autres établissements accueillant du public
seraient également concernés.

Quelqu’un se déclare ensuite positif dans l’application ? Tous les clients présents sur la même plage horaire
reçoivent une alerte orange, à « risque modéré ». Ils doivent alors se faire tester.
Trois personnes se déclarent en même temps ? Ces mêmes clients reçoivent une alerte rouge de « risque élevé ».
Ils doivent s’isoler et se faire tester en priorité.

Ces niveaux d’alerte se baseront sur plusieurs critères dont la taille de l’établissement.
S’il est petit, dès qu’un cas est détecté, l’application prévient l’ensemble des clients présents.
S’il est plus grand, elle ne sonne le tocsin qu’aux plus proches et adresse une simple alerte aux autres.
Le seuil n’est pas encore fixé mais pourrait concerner les surfaces de 100 à 200 m2.

Un scoop qui signe la fin du tunnel pour les restaurateurs et cafetiers ?
Et nous promet le retour à la « vraie » vie et ses petits plaisirs.
D’aucuns rêvent au premier café qu’ils prendront au zinc avant d’aller travailler.
D’autres, au plat du jour qu’ils partageront avec leurs collègues à la pause déjeuner.
D’autres encore au dernier verre qu’ils siroteront en terrasse avant de rentrer.
Voire … les trois ! 

https://www.linternaute.com/sortir/sorties/resto/2519119-restaurant-et-covid-un-pass-sanitaire-en-vue-de-la-reouverture/

* TousAntiCovid est une application mobile de recherche des cas contacts. Mise en place en France dans le cadre de la pandémie de Covid-19, elle permet d’avertir d’une éventuelle transmission avec une personne infectée. A ce jour, plus de
13 millions de Français l’ont déjà enregistrée sur leur smartphone (téléphone mobile muni d’un écran tactile, d’un appareil photographique numérique, des fonctions d’un assistant numérique personnel et de certaines fonctions d’un ordinateur portable).
** Un  QR code (de l’anglais, « quick response code », soit code à réponse rapide) est un type de code-barres en deux dimensions. Il est constitué de modules noirs disposés dans un carré à fond blanc. L’agencement de ces points définit l’information que contient le code.


Cafe Museum de Vienne

Corona Café / 24

Dimanche 21 février 2021

Vienne et ses cafés : pas de boissons, des révisions !

 

Si les étudiants parisiens ont (partiellement) retrouvé le chemin de la Fac début janvier,
leurs cafés sont toujours fermés … depuis 24 semaines : une éternité !

A mille kilomètres, les Autrichiens subissent eux aussi les restrictions liées au Covid, plus draconiennes encore :
ils n’ont pas échappé à un 3è confinement alors que bars et restaurants ont de nouveau fermé leurs portes en novembre.
Tous ? Non ! Soucieuse de ses étudiants particulièrement affectés par les mesures sanitaires (plus de lycée ni d’université, de cinéma, concert, sport ou Kaffeehaus* – et donc de liens), la Ville de Vienne a autorisé l’ouverture de certains cafés pour eux.

L’objectif est double : faciliter leurs études grâce à ces nouveaux espaces vastes et paisibles ; leur offrir un peu
de convivialité pour rompre leur isolement. Quant aux établissements concernés, ils retrouvent un sentiment d’utilité
après des mois d’inactivité et espèrent, qui sait, garder cette nouvelle clientèle une fois la pandémie jugulée …

Dans le centre historique de la capitale, le « Café Museum » est l’un d’eux, élégant et confortable.
Depuis 1899, de grands écrivains s’y sont installés pour rédiger leurs ouvrages et nombre d’artistes y ont fait salon**.
A présent, seuls les étudiants peuvent occuper ses tables rebaptisées « Lerntisch »***. S’ils ne sont pas autorisés
à consommer, ils trouvent une bouteille d’eau et une friandise (pour le moral des troupes !), sans compter l’indispensable connexion internet.

Après avoir sacrifié au rituel du gel hydro alcoolique, Jakob s’installe dans la salle du fond aux murs couverts de livres : propice à l’étude ! Il apprécie le confort des banquettes de velours rouge et la tranquillité. Ici, contrairement à sa (bruyante) colocation, seules quelques notes de piano accompagnent sa réflexion.
A quelques mètres, Carlotte savoure l’espace, elle qui tourne en rond depuis des mois dans son studio de 17m2.
Changer de cadre lui permet aussi de séparer travail et vie quotidienne : des atouts incommensurables à ses yeux !

Bien que l’opération soit avant tout destinée aux étudiants en manque d’espace, de calme ou de wifi pour travailler
chez eux, seul le nombre limite de fait les entrées****. 

Après Vienne … Paris ?

https://www.youtube.com/watch?v=xCse9eB2Njk&feature=emb_err_woyt

* Véritable institution, le Kaffeehaus joue un rôle capital dans la vie sociale de Vienne et est si emblématique
qu’il a été inscrit à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel autrichien en 2011.
** Les écrivains, Karl Kraus et Elias Canetti, les peintres Gustave Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka  
ou les architectes Otto Wagner et Adolf Loos.
***  Tables d’études.
**** 15 jeunes pour 300 m², les étudiants réservant en ligne leur créneau horaire.


Pour fêter la Saint Valentin

Corona Café / 23

Dimanche 14 février 2021

Valentin savoure son café.

 

Valentin est à la fête aujourd’hui, oh les coeurs !
Impossible d‘inviter le mien au café*, il me faudra donc lui en concocter un … dans les règles de l’art.

Vous voulez connaître mes secrets ?

– Adoucissez l’eau pour profiter de tous ses arômes car le calcaire et le chlore peuvent en altérer le goût.
Un filtre fixé au robinet ou une carafe filtrante feront l’affaire, voire une bouteille d’eau minérale.

– Stockez vos grains dans une boîte en acier inoxydable, pour leur éviter lumière et humidité. Avec un anneau de silicone, elle sera plus hermétique. Et si elle permet la conservation par vide d’air**, c’est encore mieux !
Rangez-la à température et non au réfrigérateur comme on l’entend souvent : le froid ralentit l’oxydation, certes,
mais il modifie les paramètres organoleptiques et détruit certains arômes. Accessoirement, le café est une éponge :
il absorbera toutes les odeurs des autres aliments (si vous rêvez d’un café au goût de Camembert, vous savez
ce qu’il vous reste à faire !)
Dernière précaution : achetez vos grains (d’arabica, de préférence !) en petite quantité,
car ils ne gardent leurs arômes, après ouverture, que 2 mois.

– Ne faites pas bouillir l’eau, elle doit juste frémir. « Café bouillu, café foutu », dit le proverbe !
La température idéale ? 96° Celsius – pas plus, mais guère moins ! Alors, à vos thermomètres*** !
A moins que vous ne préfériez une bouilloire électrique …

Moulez-le juste avant de le boire pour qu’il conserve tous ses arômes (encore, et encore !)
Le must ? Un vieux moulin à café, pour la touche vintage et les bonnes effluves qui embaument petit à petit la pièce
(et aussi pour muscler vos biceps !)

– Dosez-le à votre convenance : une bonne cuillère (à café, bien sûr !) pour une tasse expresso****,
moins si vous le préférez plus doux.

Voilà ! Il ne vous reste plus qu’à le savourer bien chaud, pelotonnés sur le canapé. Sans sucre ni lait pour en apprécier pleinement la longueur en bouche : le café se boit noir comme la nuit, brûlant comme l’enfer et suave comme le plaisir. Vous l’accompagnerez d’un carré de chocolat bien noir*****. Ensemble, chacun rehausse la saveur de l’autre et fait ressortir son goût : le mariage sera parfait !

* Vingt-troisième semaine que nos cafés préférés sont fermés !
** Une boîte sous vide d’air a un système qui permet d’aspirer l’air hors du récipient à l’aide d’une pompe. Ainsi les aliments ne se dessèchent plus ou, pour les produits secs, ne s’humidifient plus et le processus de dégradation est ralenti. Elle permet donc de prolonger leur utilisation tout en gardant leur consistance, leur fraîcheur et leurs arômes.
*** Traditionnel ou laser.
**** Soit 5 à 7 g de pour 7 à 10 cl d’eau.
***** « Noir Subtil » à 70%, chez Lindt : mon préféré 😉


Boire la tasse
07/02/2021

Boire la tasse

Corona Café / 22

Dimanche 7 février 2021

Boire la tasse …

 

Nos bistrotiers n’en finissent plus de boire la tasse : 22 semaines de fermeture déjà !
Quant à nous, nous essayons de tuer le temps, faute de pouvoir occire le Covid. Nous avons cultivé, récolté, torréfié 
notre café. Dans quelle tasse le boire à présent ? Selon le moment de la journée, le lieu ou l’évènement, on la choisira :

  • Comestible

. A base d’un biscuit élaboré pour contenir un liquide chaud sans se désagréger* : gourmande et green … car zéro déchet !

  • Pratique

. En plastique ou carton, version gobelet : légère et empilable, mais côté gustatif, ça ne fait pas un carton !
A réserver plutôt aux pique-niques ou expéditions.

. En verre : plus économique et écologique, elle va même au lave-vaisselle.
Prévoir toutefois une épaisseur suffisante pour isoler de la chaleur … sinon, gare aux doigts !

. Version « mug** », pour un ami qui passe, une pause-travail ou le petit-déjeuner familial – avec un prénom,
un surnom, une photo, un souvenir, une déclaration (« A mon papa chéri ! ») : dépareillés, délavés ou ébréchés,
on ne peut s’en séparer !

  • Design

. En céramique pour un repas avec des proches, la tasse sera classique, humoristique ou bariolée, avec sa soucoupe
(convexe si un petit chocolat accompagne le café ; il pourra ainsi être posé sur son bord sans risquer de fondre).

. En verre transparent à double paroi pour la touche de modernisme, mais aussi parce que cette tasse gardera
notre nectar bien au chaud et évitera de nous brûler.

  • Raffinée

. En porcelaine, pour clore un déjeuner plus sélect (on n’hésite pas à ressortir le service de l’aïeule) :
parfaite pour conserver chaleur et arômes, sa soucoupe et ses motifs délicats lui confèrent une élégance rare.
Assortie, la première assure une meilleure stabilité à la tasse, recueille les éventuelles gouttes … et évite les tâches !

     Le café est servi au salon. Sur le plateau préparé à l’avance, l’hôte a posé les tasses (petite cuillère à droite
sur la soucoupe, jamais à côté ni dans la tasse !), le sucrier, la pince à sucre et les douceurs qu’un invité aura éventuellement apportées.
Au moment de le boire, l’usage veut que l’on tienne soucoupe et tasse de la main gauche ; la droite porte la tasse
aux lèvres (et inversement pour les gauchers). 
Vous ne voulez pas avoir l’air bê-tasse ?
Sachez que se déplacer avec la tasse sans sa soucoupe, reposer l’autre moitié de sucre dans le sucrier***,
lever le petit doigt en buvant ou, pour l’hôte, oublier de proposer une 2ème tasse sont des fautes de goût.

* Elaborée en 2017 par Tassiopée, jeune startup au croisement de la foodtech et de l’économie circulaire.
** Large tasse cylindrique munie d’une anse, semblable à une chope.
*** Le mettre sur sa soucoupe.


Toréfaction à la maison

Corona Café / 21

Dimanche 31 janvier 2021

La torréfaction, comment ça marche* ?

 

La semaine dernière, vingtième sans pouvoir aller dans vos cafés préférés, vous aviez appris à cultiver un caféier :
que faire des 2,5 kg de cerises produits chaque année ?

Première étape : retirez l’écorce, la pulpe puis la peau du noyau pour ne garder que les graines internes – ou grains de
café. Trèèèèès long : invitez des proches pour une veillée « décorticage » ou visionnez un film … en lien avec le café !**
Il ne reste plus qu’à les faire sécher sur un tamis. Ils deviennent alors des grains de café vert, durs comme de la pierre
et impossibles à moudre.

Place à la torréfaction pour les alléger et les rendre (délicieusement) comestibles. 
Vous avez planté votre caféier la semaine dernière ? La récolte n’est pas pour tantôt !
Direction le magasin bio pour trouver des grains de café entiers non torréfiés.
Nos grands-parents se servaient de leur cheminée avant-guerre mais de nos jours, on utilise :

Une poêle : les grains grillent peu à peu et l’eau qu’ils contiennent s’évapore, ce qui entraîne des crépitements.
On les remue, ils changent de couleur ; plus on les laisse, plus ils s’assombrissent et plus fort est l’arôme.

Un four : étalez vos grains sur une plaque percée à rebord, proches mais sans les superposer.
Une fois le four préchauffé à 230°, mettez-les à cuire 15 à 20′ à mi-hauteur.
Aux premiers crépitements, remuez pour que la torréfaction soit uniforme.

Une machine à pop corn : placez-la sur la gazinière à feu moyen. Versez-y les grains, replacez le couvercle
et tournez la manivelle. Après 4 à 7′, vous entendez des crépitements : mettez votre hotte en marche et ouvrez
une fenêtre pour laisser la fumée s’échapper (S’il y en a trop … faites le 18 !)

Une machine à torréfier domestique : suivez le mode d’emploi et laissez cuire jusqu’à la couleur souhaitée.

Quelle que soit la méthode choisie, basez-vous sur le volume, le crépitement, l’odeur, la couleur mais aussi votre instinct.
La torréfaction est un art car quelques secondes ou degrés en trop et c’est la catastrophe !
Et ne vous croyez pas tirés d’affaire une fois les grains grillés à votre goût : si vous ne les retirez pas aussitôt
pour les verser dans une passoire en métal et les remuer jusqu’à ce qu’ils aient refroidi … ils continuent à cuire !

–> On a torréfié nos 2,5 kg de cerises et obtenu 400 g de café : 
sachant qu’il faut 9 g par tasse, combien de tasses pourra-t-on servir ? 

–> On a torréfié à côté de notre alarme incendie … que la fumée a déclenché :
les voisins ont appelé les pompiers : on est t’horrifiés !

https://www.youtube.com/watch?v=awv7kDxJWbw

* Référence à Michel Chevalet, journaliste scientifique, qui utilisait cette phrase en transition de la présentation sommaire
d’une nouveauté technique et son mode d’utilisation détaillée.
** Charlot, garçon de café (1914), Café de Paris (1938), Le café du pont (2010 … sur la vie d’un café du sud-ouest en 1947), Butterfly Café (Philadelphie, 2011) etc.


Un caféier dans mon salon
24/01/2021

Caféier

Corona Café / 20

Dimanche 24 janvier 2021

Un caféier dans mon salon

 

Vingt semaines sans pouvoir aller au café ! Ca n’en finit pas …
Et si, pour tromper l’attente, on se lançait dans la caféiculture ?

Le caféier pousse dans les pays tropicaux ? Exit le balcon, bonjour le salon !
Il réclame une température de 18 à 25°C ? Nous aussi ! De la lumière ? Itou !
Il n’aime ni les rayons directs du soleil, ni les courants d’air ? Nous non plus ! 
On est vraiment faits pour s’entendre ! 😉
Coup de pot, il est facile à cultiver. Ah, bien sûr, il n’atteindra pas plusieurs mètres,
mais on héritera d’une plante à feuilles persistantes joliment décorative.    

Comment devenir un parfait caféier* ? Il faut :

  • Graines* (en magasin de jardinage) ou, pour les moins intrépides,
    jeune plant de café (dans les pépinières au printemps).
  • Pot plus haut que large, d’au moins 40 cm de diamètre et de profondeur
    pour une bonne croissance des racines, troué au fond pour le drainage.
  • Couche épaisse d’argile expansée pour la première strate.
  • Mélange de sable (1/3) et de terreau pour plantes vertes (2/3),
    sur un lit de gravillons maintenus humides ensuite.
  • Couche de billes d’argile enfin sur le dessus pour maintenir l’humidité
    … et décourager les chats !
  • Engrais liquide de type universel (tous les quinze jours d’avril à octobre).

Petit caféier deviendra grand pour peu qu’on lui offre chaleur, lumière et eau :
on n’oublie pas de l’arroser deux fois par semaine l’été, une l’hiver – mais sans pour autant
le laisser tremper dans sa soucoupe, sinon, gare au pourrissement des racines.

Après quelques mois, notre caféier ne se développe plus ? Il est à l’étroit !
On le rempote au printemps dans un contenant plus grand (Prudence avec ses racines, longues et fragiles).
Et quand l’opération n’est plus possible, un surfaçage suffit :
on change alors seulement les premiers centimètres de terre.

Il faut aussi tailler régulièrement son tronc pour le solidifier. Quand la pousse principale compte plus de 3 nœuds,
on l’étête au dessus du dernier : de nouvelles tiges apparaissent alors, dont on ne garde que la plus vigoureuse …

Un caféier peut mettre jusqu’à 7 ans pour produire des fruits. Un truc pour accélérer le processus ? Le stresser !
Avec moins d’eau – sans l’assécher tout de même -, ou une taille plus serrée, on génère la réaction idoine. CQFD !

https://www.youtube.com/watch?v=2qxW9iipg3c (Rempotage, 4’12)

* Le terme désigne autant l’arbuste que le propriétaire de la plantation.
** Appelées « cerises » qu’on fait tremper 48 h. On les plante alors à 4 cm de profondeur avant de les recouvrir de paille. Dans un endroit sombre à près de 25°, ils sont humidifiés régulièrement sans être détrempés et mettent jusqu’à 2 mois pour germer.


Cafe-fleuriste
17/01/2021

Desirée

Corona Café / 19

Dimanche 17 janvier 2021

Désirée, 96 rue de Meaux, 75 019 Paris
De 9h à 19h, jusqu’à 13h le dimanche, fermé le lundi
Actuellement, et pour la dix-neuvième semaine depuis la pandémie,
vente uniquement à emporter et jusqu’à 17h (fleurs, café et gâteaux)
Prix du café-enlevé : 3,00 €

 

« Désirée » … comme la fin du Covid !
C’est aussi le nom de ce café-fleuriste, où l’on peut étancher sa soif et repartir un bouquet à la main.

Aux racines de ce bar à fleurs, deux amies qui géraient les achats de fromages AOC*. Jusqu’à ce que l’une d’elles, passionnée par les fleurs depuis sa plus tendre enfance, entraîne l’autre vers la filière horticole.
Toutes deux se reconvertissent et deviennent fleuristes. Elles réalisent bientôt, en côtoyant des producteurs,
que 85% des fleurs vendues dans l’hexagone proviennent de l’étranger.

C’est ainsi que leur vient l’idée d’une boutique où l’on ne trouverait que des fleurs françaises et de saison.
La première Désirée ouvre dans le 11e arrondissement**, suivie d’une seconde dans le 19è,
entre le Bassin de la Villette et les Buttes Chaumont.
Férues de nourriture saine, elles proposent aussi une formule autour d’un plat du jour à base de légumes et céréales,
avec pâtisseries et boissons pour l’accompagner.
Le cadre est minimaliste mais une jolie verrière sépare l’espace fleurs de celui de restauration :
ainsi les clients peuvent-ils profiter de l’ensemble de l’activité et les règles d’hygiène et de température être respectées.

L’entre prise était florissante … jusqu’à la crise sanitaire. Elles s’adaptent et mettent en place un système de commande
et retrait en magasin. Elles imaginent aussi des « paniers perchés » composés d’un bouquet, de légumes et de pâtisseries qui fleurent bon : de quoi remonter le moral des troupes !

En ce début d’année, des brassées d’anémones, renoncules, tulipes, œillets et mimosas égaient la partie droite jusqu’au trottoir. Derrière la vitrine de gauche, d’appétissants gâteaux invitent les gourmands à s’arrêter : moelleux au chocolat, marbrés et cookies. A chacune des deux portes, une simple table fait office de comptoir. Je passe commande d’un café.
Ce sera un filtre, le seul qu’elles proposent en ce moment, plutôt bon (malgré le gobelet en carton !), mais cher, très cher, trop cher *** : de quoi me mettre les nerfs … à fleur de peau ! Voilà pourquoi, malgré une idée originale, je ne pourrai les couvrir de fleurs : leurs prix donnent le verre-tige !!

https://desireefleurs.fr

* Appellation d’Origine Contrôlée, label permettant d’identifier un produit dont les étapes de fabrication sont réalisées dans une même zone géographique selon un savoir-faire reconnu.
** Désirée, 5 rue de la Folie Méricourt.        
*** A la brasserie d’en face, il est à … 1,30€ !


Paul Dequidt

Corona Café / 18

Dimanche 10 janvier 2021

Aventurier-torréfacteur, histoire d’une vie …

Du rêve ! On veut du rêve !
Après deux confinements (bientôt trois ?), des voyages annulés et dix-huit semaines de fermeture des cafés,
on tourne en rond sous notre masque.
On veut de l’aventure, du risque, de la passion, du café – du vrai.
Des gens qui iraient le chercher aux quatre coins du monde au péril de leur vie …

Paul Dequidt est l’un d’eux, « torréfacteur aventurier », comme il se qualifie. Informaticien chez Damart au départ,
il travaillait sur les premiers ordinateurs à cartes perforées. Passé ensuite chez Grand’Mère (celle qui portait un blouson
de cuir et savait faire un bon café !), il a découvert ce produit … qui est devenu sa passion !

– Aventurier, parce que pour dénicher les meilleurs arabicas, il parcourt sans cesse le globe. «  El Gringo*, c’est moi ! »,
se plait-il d’ailleurs à dire. En près de 40 ans, il a exploré des terres hostiles, découvert les tribus les plus reculées
et vécu des guet-apens. Ces expériences, il les partage avec ses clients, à travers ses mailings, son blog, ses livres.
« Je me suis fait tirer ­dessus plusieurs fois ; j’ai toujours aimé les expéditions qui me mettent en danger », dit-il.
Et, son chapeau à larges bords vissé sur la tête, il reprend ses récits de voyages dans des terres inconnues
où il rencontre des peuplades qui n’ont jamais eu de contact avec nos sociétés modernes.

– Torréfacteur dans son garage près de Lille au début ; son entreprise** comporte à présent une brûlerie de cafés précieux, où il ne torréfie que de grands crus d’arabicas … et moult autres bâtiments !

– Torré-facteur pourrait-il ajouter, car il ne le vend que par correspondance – et maintenant sur internet (il s’est même mis aux dosettes !) Mais aussi, as du marketing : au delà de la qualité de son café et des cadeaux qu’il offre dès le premier colis, il établit une relation très personnelle avec ses clients en se mettant en scène avec sa famille. En leur faisant suivre leurs aventures au fil des années***, il les fidélise. Et en les ouvrant à d’autres cultures, il leur offre du rêve. Le voilà donc,
celui-que nous cherchions ! Ce rêve a un prix car il va le chercher les armes à la main … gare au coup de fusil !

https://www.pauldequidt.com

* Référence à la célèbre publicité de Jacques Vabres après 85,
où cet expert de la sélection des grains parcourait la planète à la recherche des meilleurs cafés.
** Créée en 1983 ; chiffre d’affaires de plus de 17 millions d’euros en 2018.
*** ­« Un avion en perdition en Ethiopie », « Kidnappé par des Samburu au Kenya », « Les féticheuses Vaudou
au Togo », « Incarcérés au Cameroun », « Guérilla au Guatemala », « L’enfer vert des Yanomami » etc.


Cassette, rue de Rennes
03/01/2021

Cassette

Corona Café / 17

Dimanche 3 janvier 2021

Cassette, 73 rue de Rennes, 75 006 Paris
Tous les jours, de 7h à 2h à l’ordinaire,
actuellement et pour la dix-septième semaine depuis la pandémie,
du mercredi au dimanche de 12h à 20h :
vente uniquement à emporter (boissons, huîtres et crêpes)
Prix du café-enlevé : 1,60 €

L’Assoiffé dégringole la rue de Rennes de Montparnasse jusqu’au Cassette* :              

Au secours ! Au secours ! A l’assassin ! Au meurtrier !
Juste Ciel ! Je suis déshydraté, on m’a asséché le gosier, on m’a lyophilisé !
Qui est ce Covid ? D’où vient-il ? Où se cache-t-il ?
Comment faire pour l’arrêter ? Où me faire vacciner ?
Depuis que je suis masqué, mon esprit est troublé ;
j’ignore où je suis, qui je suis et ce que je fais.
Qu’on me donne un café !
Euh ? Que dites-vous ? Je suis arrivé ?

C’est un mirage, une oasis : ma Cassette !
Elle vient d’avoir 100 ans ? On ne le dirait point !
Elle est si joliment fleurie et colorée avec ses plantes luxuriantes**, ses parasols bariolés et ses drôles d’animaux chapeautés. Au loin, les cloches des bien nommées Notre-Dame-des-Champs et Saint-Germain-des-Prés se font écho ;
pour un peu, on se croirait au bout du monde.
Mais je suis loin d’être seul ; sa champêtre terrasse est visiblement très prisée. A distance réglementaire, chacun attend paisiblement son tour, que dis-je : son Graal ! Il fait un froid de gueux, les chauds breuvages sont ardemment espérés. 
Le garçon s’active derrière sa rangée de tables transformées en comptoir …

Cassette : « coffret destiné à conserver des objets précieux ».
Jamais taverne n’aura si bien porté son nom, tant il est vrai que le Café est désormais devenu un trésor.
Et en ce jour glacial, une telle découverte a de quoi réchauffer le cœur !

https://www.cafecassette.com

* Librement inspiré de l’Avare de Molière (Monologue d’Harpagon, acte IV, scène 7)
** Artificielles et donc quelque peu kitsch … mais non dépourvues de charme 😉


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